Faust (film, 2011)

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Faust

Titre original Фауст
Réalisation Alexandre Sokourov
Scénario Iouri Arabov
Alexandre Sokourov
Marina Koreneva
d'après Johann Wolfgang von Goethe et Thomas Mann
Acteurs principaux
Sociétés de production Proline Film
Pays de production Drapeau de la Russie Russie
Genre Drame
Durée 134 minutes
Sortie 2011

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

Faust (Фауст) est un film dramatique russe écrit et réalisé par Alexandre Sokourov et sorti le . C'est le quatrième volet de la Tétralogie sur le pouvoir du réalisateur. Le film est une interprétation libre de la légende de Faust et de son adaptation littéraire par Johann Wolfgang von Goethe et Thomas Mann. Les dialogues sont en langue allemande. Le film a obtenu le Lion d'or à la 68e Mostra de Venise en 2011.

Synopsis[modifier | modifier le code]

Bien que penseur, rebelle et pionnier, le docteur Heinrich Faust n'en demeure pas moins un homme anonyme fait de chair et de sang conduit par la luxure, la cupidité et les pulsions.

Plus de détails sur le film[modifier | modifier le code]

Une vue d'ensemble sur une ville allemande du XIXe siècle entourée de montagnes, et l'on entre dans le cabinet du docteur Heinrich Faust et son atmosphère étouffante. Avec son disciple Wagner, un jeune homme pour le moins exalté, ce savant s'applique à rechercher l'âme en éviscérant des cadavres. Bien que savant reconnu, Faust manque d'argent ; il s'adresse tout d'abord à son père aussi médecin mais n'obtient de lui qu'une leçon de morale. Puis il se tourne vers Mauricius, un vieil usurier, hideux et souffreteux, qui est en fait l'incarnation du diable. Cependant Faust se laisse séduire, croyant obtenir du vieil homme le secret du miracle de la vie. Il est conduit par le vieil usurier dans un lieu où les lavandières s'acquittent avec joie de leur tâche. Là, il rencontre l'une d'entre elles, Marguerite. Subjugué par la beauté et la fraîcheur de la jeune fille, il ne pense qu'à une chose, la revoir. Dès lors se referme sur lui un piège savamment orchestré par le diable.

Fiche technique[modifier | modifier le code]

Distribution[modifier | modifier le code]

Production[modifier | modifier le code]

Le projet est annoncé par Sokourov en 2005[1]. Le film est produit par l'entreprise Proline Film située à Saint-Pétersbourg avec un budget de 8 millions d'euros[2].

Le tournage commence le en République tchèque pour une durée de deux mois. Le film a notamment été tourné aux châteaux de Točník, Lipnice nad Sázavou et Ledeč nad Sázavou ainsi que dans la ville de Kutná Hora. Les scènes en studio ont été tournées dans les studios Barrandov à Prague[3]. En octobre, l'équipe du film part en Islande pour quelques jours de tournage[4]

La phase de postproduction a été interrompue neuf mois faute d'argent. Commencée en Finlande, la postproduction a finalement été terminée à Londres où Bruno Delbonnel travaillait sur Dark Shadows de Tim Burton[5].

Analyse[modifier | modifier le code]

Après Moloch (1999) sur Adolf Hitler, Taurus (2001) sur Lénine et Le Soleil (2005) sur l'empereur japonais Hirohito, Faust est la dernière partie de la tétralogie de Sokourov sur le pouvoir[2]. Le projet a aussi une dimension politique importante. Le producteur Andrey Sigle explique : « Le film est grand projet culturel russe et est très important pour Poutine. Il le voit comme un film qui peut introduire la mentalité russe dans la culture européenne ; pour promouvoir l'intégration entre les cultures russe et européenne[2],[note 1] »

Le film est au format 1.33, comme au début de l'histoire du cinéma. Bruno Delbonnel, le chef opérateur, explique que c'est le format qui se rapproche le plus du format des toiles de peintres et que c'est un format qui permet une certaine tension. Par exemple, lorsqu'il y a un gros plan sur un visage, le visage remplit tout le cadre et peut ainsi paraître étouffant[5].

Réception critique[modifier | modifier le code]

Lors de la cérémonie de clôture de la Mostra de Venise de 2011, où Faust a reçu le lion d'or, le président du jury Darren Aronofsky déclare : « Il y a certains films qui vous font pleurer, certains films qui vous font rire et certains films qui vous changent pour toujours après les avoir vus et celui-là en fait partie[note 2],[6]. »

Dans Les Inrockuptibles, le critique Jacky Goldberg qualifie le film de sublime[7]. Sur Slate, le critique Jean-Michel Frodon parle d'« une œuvre d'une puissance et d'une richesse hors norme, ayant vocation à entrer directement parmi les titres qui marquent l'histoire du cinéma[8]. » Dans L'Humanité, Jean Roy y voit la clef de voûte de l'œuvre de Sokourov[9].

Distinctions[modifier | modifier le code]

Récompenses[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Citation originale : « The film is a big Russian cultural project and for Putin is very important. He saw it as a film that can introduce the Russian mentality into European culture; to promote integration between Russian and European culture. »
  2. Citation originale : « There are some films that make you cry, there are some films that make you laugh, there are some films that change you forever after you see them; and this is one of them. »

Références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Geoffrey Macnab, « Sokurov plans free fantasy version of Faust », Screen Daily,‎ (lire en ligne)
  2. a b et c (en) Nick Holdsworth, « Faust finishes Russian 'trilogy' », Variety,‎ (lire en ligne)
  3. (en) Irena Zemanová, « Production: Russian Faust starts shooting in Prague », Film New Europe,‎ (lire en ligne)
  4. (en) « Sokurov's Faust Shoot Moves to Iceland », sur Iceland Cinema Now (consulté le )
  5. a et b Didier Péron, « On parlait de Twombly, de Rothko, de geste esthétique radical », Libération,‎ (lire en ligne)
  6. (en) Nick Vivarelli, « Faust wins Golden Lion at Venice », Variety,‎ (lire en ligne)
  7. Jacky Goldberg, « Faust », Les Inrockuptibles,‎ (lire en ligne).
  8. Jean-Michel Frodon, « Faust, un chef-d'œuvre de Sokourov », Slate,‎ (lire en ligne)
  9. Jean Roy, « Alexandre Sokourov. Ce Faust nous captive, de manière irréversible », L'Humanité,‎ (lire en ligne)

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Cyril Béghin, « Comment Faust passa la montagne », Cahiers du cinéma, no 679,‎
  • Jacques Le Rider, « Entre Goethe, Murnau et Thomas Mann », Cahiers du cinéma, no 679,‎
  • Didier Péron, « Faust and furious », Libération,‎ (lire en ligne)
  • Arnaud Macé et Eugenio Renzi, « Sokourov Excelsior », Independencia,‎ (lire en ligne)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Article connexe[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]