Confédération paysanne

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Confédération paysanne
Cadre
Forme juridique Syndicat
But Une agriculture paysanne, respectueuse de l'environnement, de l'emploi agricole et de la qualité des produits.
Zone d’influence Drapeau de la France France
Fondation
Fondation 1987
Origine Union de la FNSP et de la CNSTP
Identité
Siège 104 rue Robespierre
93170 Bagnolet
Secrétaire général Marie-Noëll Orain & Mikel Hiribarren
Porte-parole Laurent Pinatel
Affiliation européenne Coordination paysanne européenne
Affiliation internationale Via Campesina
Membres 10 000 paysans[1]
Représentativité 18,5 % aux élections de chambre de 2013
Slogan « Pour une agriculture paysanne et la défense de ses travailleurs », entre autres
Site web confederationpaysanne.fr

La Confédération paysanne est un syndicat agricole français. Elle est membre de la coordination paysanne européenne et de Via Campesina.

Historique

La Confédération paysanne voit le jour en 1987. Elle est le fruit de la réunion de deux syndicats minoritaires, la FNSP et la CNSTP[2].

La Confédération paysanne obtient 18,5 % des voix lors des élections aux chambres d'agriculture de 2013[3]. Elle a obtenu 19,6 % en 2007 et 26,8 % en 2001. Elle a dirigé deux chambres d'agriculture de 2013 à 2018: le Puy-de-Dôme (en union avec la Coordination rurale) et de La Réunion.

La Confédération paysanne est présente dans la quasi-totalité des départements français, régions ultra-marines comprises[4].

Elle est classée à gauche alors que le premier syndicat agricole, la FNSEA, est classé à droite[5],[6] et que la Coordination rurale est parfois considérée comme proche de l'extrême-droite[7],[8].

Porte-paroles

Jean-Émile Sanchez, ancien porte-parole.
  • Yves Manguy, agriculteur, de 1987 à 1989
  • Guy Lefur, agriculteur
  • Gabriel Dewalle, agriculteur
  • François Dufour, agriculteur, de 1996 à 2000
  • José Bové, agriculteur, d'avril 2000 à avril 2004
  • Brigitte Allain et Jean-Émile Sanchez, agriculteurs, élus le lors du 10e congrès de la Confédération qui s'est déroulé à Strasbourg
  • Gérard Durand (qui a démissionné le 2 février 2007) et Régis Hochart, agriculteurs, élus le lors du congrès de Die, puis réélus le à l'assemblée générale de Bagnolet
  • Philippe Collin, agriculteur céréalier en Bourgogne (mai 2009), élu après le congrès de Saint-Étienne (avril 2009)
  • Laurent Pinatel, agriculteur éleveur dans la Loire ; élu après le congrès de Nevers (avril 2013), réélu à Saint-Jean-Pied-de-Port (avril 2015) puis au congrès de Muzillac (avril 2017)
  • Nicolas Girod, agriculteur en lait à comté dans le Jura ; élu après le congrès de Tours (avril 2019)[9],[10]

Objectifs et revendications

La Confédération paysanne milite pour une agriculture paysanne, respectueuse de l'environnement, de l'emploi agricole et de la qualité des produits. Avec le réseau Via Campesina, elle se bat pour une reconnaissance du droit à la souveraineté alimentaire.

Avec cette revendication et sa participation aux forums sociaux, la « Conf » est également un acteur important au sein du mouvement social. Le syndicat est solidaire avec les paysans du monde entier face aux multinationales de l'agro-alimentaire. Il milite pour une meilleure répartition des subventions agricoles, pour que celles-ci ne soient plus données en majorité aux « agri-managers », pour un plafonnement par actif et depuis des années pour une régulation publique des marchés, seule solution pour permettre une formation du revenu des producteurs par les prix (selon elle).

La Conf milite avant tout pour que l'ensemble des paysans ait droit à un revenu décent, dans des conditions de travail acceptables, pour des paysans nombreux dans une campagne vivante.

Revendications

Actions

En août 1999, la Confédération paysanne dirige des actions spectaculaires comme le démontage du McDonald's de Millau contre la taxation des produits agricoles emblématiques par les États-Unis (roquefort, canards gras, moutarde de Dijon, etc.) à la suite du refus de l'Union européenne d'importer du bœuf aux hormones (hormone de croissance) ; des actions également contre les projets de l'Organisation mondiale du commerce et contre l'utilisation des organismes génétiquement modifiés (OGM). Ces actions rencontrent un écho important au sein de l'opinion publique nationale et internationale.

Enterrement de l'agriculture paysanne organisé par la Confédération paysanne le 20 novembre 2014 pour protester contre l'Open AgriFood.

En 2008, la Confédération paysanne mène plusieurs actions et obtient, entre autres, dans la réforme de la PAC de 2008, un rééquilibrage des aides en faveur des éleveurs de moutons.

Lors de la crise laitière de 2009, le syndicat multiplie ses actions en faveur des producteurs de lait. Les actions de la Loire (occupation du centre-ville de Saint-Étienne, grève du lait, blocage de la préfecture, etc.), qui réunissent de très nombreux paysans, permettent de mettre sur la table le problème de la contractualisation dans la production laitière. Depuis la fin de la grève du lait, la Conf est le seul syndicat agricole à remettre en cause l'accord du 3 juin sur le prix du lait.

En 2010, la Confédération occupe le CNIEL (Maison du lait à Paris qui héberge l'interprofession laitière) du 8 septembre au 14 octobre, date à laquelle elle est expulsée par les forces de l'ordre. Elle demandait par cette action un fonctionnement pluraliste, démocratique et transparent des interprofessions, et remettait aussi en cause les CVO (cotisations volontaires obligatoires). Dans le cadre de cette action, trois de ses responsables mènent une grève de la faim complète, pendant 21 jours. La Confédération paysanne devient membre de l'interprofession laitière le 4 mars 2014[14].

En 2013 et 2014, la Confédération se mobilise contre le projet de ferme des mille vaches dans la Somme. Afin de rendre public le risque que ce genre d'exploitation fait courir au monde agricole, trois actions de démontage/occupation y sont menées (12 septembre, 16 janvier puis 28 mai). Plusieurs militants sont placés en garde à vue à la suite de ces actions, dont le porte-parole Laurent Pinatel par trois fois. Le 28 octobre, neuf militants sont convoqués au tribunal d'Amiens[15]. Ils sont alors condamnés à des peines allant de 300 euros d'amende pour refus de prélèvement ADN à 5 mois de prison avec sursis (Laurent Pinatel) pour dégradation en réunion[16]. En appel, les neuf militants ont vu leur peines allégées (amendes avec sursis au lieu de prison et dispense de peine pour les ADN seuls). Dans son délibéré, le juge considère que ces militants sont des « lanceurs d'alerte »[17].

En 2018, elle organise une manifestation à l'encontre des investisseurs chinois achetant des centaines d'hectares de terre en France.

En 2019, la Confédération, se basant sur les travaux Maxime Renahy [18], [19], accuse Lactalis d'évasion fiscale, d'avoir mis en place un système de refacturation complexe à l'intérieur de l'entreprise et d'avoir pratiqué des achats fictifs d'action. Elle saisit le Parquet national financier[20].

Activités

Publication

La Confédération édite un mensuel, Campagnes solidaires.

Lobbying

La Confédération paysanne mène ponctuellement des actions de représentation d'intérêts sur différentes thématiques touchant à l'agriculture[21].

Elle participe à la fédération Nature et progrès ainsi qu'à Via Campesina Europe[22].

Notes et références

  1. Voir sur lefigaro.fr.
  2. Samuel Deguara, « Conditions d'émergence de la Confédération paysanne et conditions de production d'une nouvelle idéologie paysanne : éléments pour une socio-histoire du mouvement progressiste paysan », Quarderni,‎ , p. 12 (lire en ligne)
  3. Chambres d'agriculture France, « Élections 2013 Chambres d'agriculture », Chambres d'agriculture,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  4. « Élections chambres d’agriculture La Confédération paysanne espère l'emporter dans plusieurs départements », sur Terre-net (consulté le )
  5. Catherine Coroller, « Loi agricole: la droite aiguise ses fourches. », Libération, https://www.liberation.fr/france/1998/10/05/loi-agricole-la-droite-aiguise-ses-fourches-la-fnsea-pourtant-proche-du-rpr-est-plutot-favorable-au-_249594
  6. Ghislain de Montalembert, « Coordination rurale vs Confédération paysanne. Les challengers de la FNSEA », Le Figaro Magazine, semaine du 23 février 2018, page 26.
  7. Amandine Cailhol, « Syndicats agricoles : la FNSEA… et les autres », Libération.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  8. « Régionales: le vote FN nourri par un "sentiment d'abandon" dans le Sud », Public Senat,‎ (lire en ligne, consulté le )
  9. « Nicolas Girod, nouveau porte-parole de la Confédération paysanne », sur L'Humanité, (consulté le )
  10. « Le nouveau Secrétariat National de la Confédération paysanne », sur www.confederationpaysanne.fr (consulté le )
  11. « Poursuivies par un ours, 200 brebis chutent d’une falaise en Ariège », sur SudOuest.fr (consulté le ).
  12. « La Confédération paysanne », sur pyrenees-pireneus.com (consulté le ).
  13. « La confédération paysanne basque demande le retrait de Claverina et l’arrêt du plan ours », sur La-R%C3%A9publique-des-Pyr%C3%A9n%C3%A9es (consulté le )
  14. Voir sur lafranceagricole.fr.
  15. Voir sur liberation.fr.
  16. « Procès des mille vaches : la Confédération paysanne fait appel après les condamnations » (consulté le ).
  17. Laurence Girard, « ‘’Ferme des mille vaches’’ : peines allégées pour les militants de la Confédération paysanne », Le Monde.fr,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le ).
  18. « Lactalis accusé par la Confédération paysanne d'avoir soustrait 2 milliards au fisc », sur FIGARO, (consulté le )
  19. Christophe VIOLETTE, « INFO OUEST-FRANCE. La très complexe tuyauterie financière de Lactalis », sur Ouest-France.fr, (consulté le )
  20. « La Confédération Paysanne accuse Lactalis d'évasion fiscale et saisit le Parquet national financier », sur France Bleu, (consulté le )
  21. « La ferme des 1.000 vaches est le cas d’école de ce que l’on ne veut pas », sur terre-net.fr, .
  22. « Les membres de Via Campesina Europe », sur viacampesina.org (consulté le ).

Annexes

Bibliographie

  • Contester l'Europe Agricole. La Confédération paysanne à l'épreuve de la PAC de Élise Roullaud (2017)
  • La Confédération paysanne de José Bové, Yves Manguy (2003)
  • Qu'est-ce que la Confédération paysanne ?, éditions de l'Archipel, (2004)
  • Jean-Philippe Martin « La Confédération paysanne et José Bové, des actions médiatiques au service d'un projet ? », Ruralia, 2000-06, [lire en ligne].
  • Jean-Philippe Martin, Histoire de la nouvelle gauche paysanne. Des contestations des années 1960 à la Confédération paysanne, La Découverte, 2005.
  • Jean-Philippe Martin, La Confédération paysanne aujourd'hui. Un syndicat face aux défis du XXIe siècle, L'Harmattan, 2011.
  • Jean-Philippe Martin, « La Confédération paysanne et l’Organisation mondiale du commerce », p. 109-124, Mouvements paysans face à la politique agricole commune  et à la mondialisation (1957-2011), Rennes, PUR, 2013.
  • J. P. Martin, « Des paysans environnementalistes ? Comment les paysans contestataires se sont emparés de la question écologique ? », Ecologie et politique, « Syndicats et transition écologique », n°50, mars 2015, p. 101-111.
  • J. P. Martin, " Le syndicalisme agricole face à la question écologique : les exemples de la Confédération paysanne et de La Via campesina", dans (sous la direction de Alain Supiot), Le travail au XXIème siècle, Editions de l'Atelier, Paris, 2019, p. 121-134.
  • Ivan Bruneau, « La Confédération paysanne et le "mouvement altermondialisation". L'international comme enjeu syndical », Politix. Revue des sciences sociales du politique, 2004, n° 68, p. 111-134, [lire en ligne].
  • Franz Seifert, « Consensual NIMBYs, Contentious NIABYs: Explaining Contrasting Forms of Farmers GMO Opposition in Austria and France », Sociologica Ruralis, 2009, 49, p. 20-40 [1].
  • Pierre Bitoun et Yves Dupont, Le Sacrifice des paysans : une catastrophe sociale et anthropologique, L'échappée, 2016 (ISBN 978-2-3730901-3-0)

Articles connexes

Liens externes