Chien des buissons

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Le chien des buissons[1] (Speothos venaticus) est une espèce de canidés vivant en Amérique centrale et Amérique du Sud[2]. Présent dans la forêt guyanaise où il est appelé chyen-bwa en créole guyanais, il vit en groupe et ne s'éloigne pas des abords du bois. Bien que disposant d'une vaste aire de répartition, il y est très rare hors du Pérou et des Guyanes[3].

Il s'agit de la seule espèce du genre Speothos[2]. Des études génétiques l'ont identifié comme plus proche parent du lycaon[4]. Il ne doit pas être confondu avec le chien des buissons à oreilles courtes (Atelocynus microtis), génétiquement plus proche des renards du genre Lycalopex[4].

Caractéristiques[modifier | modifier le code]

Chien des buissons

Il mesure environ 30 cm de haut, 60 cm de long et pèse de 5 à 7 kg. Les adultes ont un pelage brun avec des zones rougeâtres de la tête au dos, tandis que les juvéniles sont entièrement noirs. La queue est courte mais touffue[3]. La tête est carrée, les oreilles petites et les pattes courtes[3]. Les doigts sont reliés par des membranes qui facilitent la natation[5].

Sa denture est parfaitement adaptée à son régime carné. Le chien des buissons est l'une des trois espèces de canidés, avec le dhole et le lycaon, à porter sur ses carnassières inférieures une lame tranchante destinée à couper la viande[6]. Les femelles ont quatre paires de glandes mammaires et les deux sexes ont de puissantes glandes odorantes de part et d'autre de l'anus[3].

Ecologie et comportement[modifier | modifier le code]

Alimentation[modifier | modifier le code]

Il se nourrit principalement de rongeurs de grande taille comme l'agouti, le capybara mais consomme également des oiseaux, des amphibiens et de petits reptiles.

Reproduction[modifier | modifier le code]

Chiens des buissons durant l'accouplement

Les chiens des buissons s'accouplent tout au long de l'année ; l'œstrus dure jusqu'à douze jours et se produit tous les 15 à 44 jours[7]. Comme beaucoup d'autres canidés, l'accouplement du chien des buissons comprend un verrouillage du pénis du mâle dans le vagin de la femelle, au cours duquel les deux individus sont attachés ensemble[7]. Le marquage olfactif par l'urine joue un rôle important dans leur comportement pré-copulatoire[8],[9]

La gestation dure de 65 à 83 jours et aboutit généralement à la naissance de trois à six petits, bien que des portées plus importantes allant jusqu'à 10 aient été rapportées[3]. Les petits naissent aveugles et pèsent alors de 125 à 190 grammes[3]. Les yeux s'ouvrent au bout de 14 à 19 jours et les petits sortent pour la première fois de leur tanière peu après[3]. Les petits sont sevrés à environ quatre semaines et atteignent la maturité sexuelle à un an[10]. Ils peuvent vivre jusqu'à 10 ans en captivité[3].

Comportement[modifier | modifier le code]

C'est un animal semi-aquatique qui plonge et nage avec une grande facilité.

Les chiens des buissons sont carnivores et chassent pendant la journée. Leurs proies habituelles sont les pacas, les agoutis, les acouchis et les capybaras, tous de gros rongeurs[11]. Bien qu'ils puissent chasser seuls, les chiens des buissons s'organisent généralement en petites meutes. Ils peuvent ainsi abattre des proies beaucoup plus grosses qu'eux, notamment des pécaris et des nandous, et une meute de six chiens a même été observée en train de chasser un tapir de 250 kg, en suivant l'animal et lui mordant les pattes jusqu'à ce qu'il tombe[réf. nécessaire]. Lorsqu'ils chassent le paca, une partie de la meute le poursuit sur terre et une autre l'attend dans l'eau, où il se réfugie souvent[3].

Le chien des buissons semble être l'espèce de canidé sud-américain la plus grégaire. Ils utilisent des troncs creux et des cavités, notamment des terriers de tatou, pour s'abriter. Les meutes sont composées autour d'un couple reproducteur, et ont un domaine vital de 3,8 à 10 kilomètres carrés[3]. Seul le couple dominant se reproduit, tandis que les autres membres de la meute aident à l'élevage et à la garde des petits[12]. Les membres de la meute communiquent avec des gémissements fréquents, peut-être pour se repérer dans les sous-bois denses où ils chassent[13].

Habitat et répartition[modifier | modifier le code]

Répartition[modifier | modifier le code]

Distribution géographique du chien des buissons

Les chiens des buissons sont présents au nord jusqu'au Costa Rica[14], à l'ouest jusqu'aux Andes et au sud jusqu'au Paraguay. Des ossements récents, datant de 300 à 900 ans après J.-C., ont été découverts sur le site de Manzanilla, sur la côte orientale de Trinité[4].

L'espèce comprend trois sous-espèces[3],[2]:

  • Speothos venaticus venaticus, dont l'aire de répartition comprend le sud de la Colombie et du Venezuela, les Guyanes, la majeure partie du Brésil, l'est de l'Équateur et du Pérou, la Bolivie et le nord du Paraguay.
  • Speothos venaticus panamensis, dont l'aire de répartition comprend le Panama, le nord de la Colombie et du Venezuela, l'ouest de l'Équateur.
  • Speothos venaticus wingei, dont l'aire de répartition comprend le sud du Brésil et du Paraguay, ainsi que l'extrême nord-est de l'Argentine. Les premières photos de cette sous-espèce ont été obtenues à l'aide de pièges photographiques en avril 2016 dans la réserve écologique privée Selva Paranaense Don Otto, située dans le département d'Eldorado de la province de Misiones en Argentine[15].

Habitat[modifier | modifier le code]

Ils vivent principalement dans les forêts de plaine jusqu'à 1 900 mètres d'altitude[3], les savanes humides et à proximité des rivières, mais on peut également les trouver dans le cerrado et les pâturages ouverts[16].

Conservation / Protection[modifier | modifier le code]

Il n'est pas autorisé ni à la chasse ni au commerce[17]. L'UICN le classe comme espèce quasi menacée (Near Threatened) sur l'ensemble de son aire de répartition. Ceci à cause notamment de la destruction de son habitat[18].

À noter qu'en Guyane Française, il est par contre classé comme "risque de disparition faible" (Least concern)[19].

Classification[modifier | modifier le code]

L'espèce fut décrite pour la première fois par Peter Wilhelm Lund en 1842 à partir de fossiles trouvés dans une caverne du Brésil. L'espèce était alors considérée comme éteinte, des individus vivant n'ayant été découverts que plus tard[3]. Certaines tribus indiennes du Brésil en élèvent comme animal de compagnie.

Speothos pacivorus, une espèce de canidé dont les fossiles datant du Pléistocène supérieur ont été retrouvés au nord du Brésil, était proche du chien des buissons[20].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Annexes au Journal officiel des Communautés européennes du 18 décembre 2000. Lire en ligne.
  2. a b et c Wilson, D. E. et Reeder, D. M., Mammal Species of the World: A Taxonomic and Geographic Reference, Johns Hopkins University Press, (ISBN 978-0-8018-8221-0, lire en ligne)
  3. a b c d e f g h i j k l et m (an) Beatriz de Mello Beisiegel, Gerald L. Zuercher, « Speothos venaticus », Mammalian Species, no 783,‎
  4. a b et c (an) Katrin Nyakatura and Olaf RP Bininda-Emonds, « Updating the evolutionary history of Carnivora (Mammalia): a new species-level supertree complete with divergence time estimates », BMC Biology,‎ (lire en ligne)
  5. (en) Attenbourough, David, « 5: Meat Eaters; The Life of Mammals », BBC / Discovery Channel (documentaire),‎
  6. José R. Castelló (trad. Anne Saint Girons), Les canidés du Monde : Loups, chiens sauvages, renards, chacals, coyotes, et apparentés, Paris, Delachaux et Niestlé, coll. « Guide Delachaux », , 332 p. (ISBN 978-2-603-02695-3, lire en ligne), p. 12
  7. a et b (en) Porton, Ingrid J.; et al., « Aseasonality of bush dog reproduction and the influence of social factors on the estrous cycle », Journal of Mammalogy, no 68,‎ , p. 867–871 (lire en ligne)
  8. (en) Porton, Ingrid J., « Bush dog urine-marking: Its role in pair formation and maintenance », Animal Behaviour, no 31,‎ , p. 1061–1069 (lire en ligne)
  9. (en) Kleiman, Devra G., « Social behavior of the maned wolf (Chrysocyon brachyurus) and bush dog (Speothos venaticus): A study in contrast », Journal of Mammalogy, no 53,‎ , p. 791–806
  10. (en) Bekoff, M.; et al., « Life-history patterns and sociality in canids: Body size, reproduction, and behavior », Oecologia, no 50,‎ , p. 386–390
  11. (en) Paschka, Nick, « Speothos venaticus (bush dog) », Animal Diversity Web. University of Michigan,‎ (lire en ligne)
  12. (en) Macdonald, D. W., « Social behaviour of captive bush dogs (Speothos venaticus) », Journal of Zoology, no 239,‎ , p. 525–543 (lire en ligne)
  13. (en) Macdonald, D., The Encyclopedia of Mammals, New-York, Facts on File, (ISBN 0-87196-871-1, lire en ligne), p. 31
  14. (en-US) « New Mammal Species Found in Costa Rica », sur Costa Rica Star News, (consulté le ).
  15. (en-US) « First photos of the Bush Dog (Speothos venaticus) with camera trap in Argentina. - Red Yaguarete », sur redyaguarete.org.ar (consulté le ).
  16. (en) DeMatteo, K.; Michalski, F.; Leite-Pitman, M. R. P., « Speothos venaticus », IUCN Red List of Threatened Species,‎ (lire en ligne)
  17. « Arrêté du 15/05/86 fixant sur tout ou partie du territoire national des mesures de protection des mammifères représentés dans le département de la Guyane | AIDA », sur aida.ineris.fr (consulté le ).
  18. « Liste rouge des mammifères de Guyane (2017) - UICN ».
  19. (en) « Liste rouge des espèces menacées - UICN (2011) » (consulté le ).
  20. (en) Annalisa Berta,, « The Pleistocene Bush Dog Speothos pacivorus (Canidae) from the Lagoa Santa Caves, Brazil », Journal of Mammalogy, no 65,‎ , p. 549–559

Liens externes[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Genre Speothos[modifier | modifier le code]

Espèce Speothos venaticus[modifier | modifier le code]