Thégan

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Fibule de la période Carolingienne. Cuivre, or et turquoise. Trouvée à Chalandry. Musée de Laon

Thégan (~ 800 - ~ 850) était un prélat franc appartenant à l'Église catholique romaine et l'auteur de Vita Ludovici imperatoris, une biographie de Louis le Pieux, empereur du Saint-Empire, le fils et successeur de Charlemagne.

Biographie

On connaît peu de choses sur la vie de Thégan. Il serait issu d'une noble famille franque de la région Rhin-Moselle[1]. Ce qui est certain, c'est qu'il fut chorévêque de Trèves de 825 à sa mort, et probablement praepositus du monastère de Saint-Cassius de Bonn. Il fut également un bon ami de Walafrid Strabon, qui fut le premier éditeur de sa Vita Ludovici imperatoris et qui divisa cette dernière en chapitres, comme il le fit pour la Vita Karoli Magni d'Eginhard[2].

Seuls quelques-uns de ses poèmes et une de ses lettres ont été conservés jusqu'à aujourd'hui. La lettre est adressée à un Hatton de la région rhénane de Kreuznach et à un important marchand dans un effort de réconciliation entre Louis le Pieux et son fils Louis II de Germanie au milieu des années 830[3]. On retrouve cette préoccupation de trouver un accord entre Louis et son fils dans sa Vita Ludovici imperatoris.

Thégan meurt avant 853[réf. nécessaire].

Vita Ludovici imperatoris

Thégan écrit son histoire de Louis le Pieux, en 836-837. Le texte est sous forme narrative en latin vulgaire, comme jugé selon les standards de l'époque[4], écrit dans le but d'exhorter et fondé sur ses connaissances personnelles et sur ses discussions avec des amis. Préfacée par un court prologue de Walafrid Strabon, Vita Ludovici imperatoris commence par un compte-rendu de saint Arnoul de Metz, décrivant les vicissitudes des frères de Louis, et détaille plus le règne de Louis durant les années 814-835. Le récit a été sans doute poursuivi plus tard par un autre auteur[réf. nécessaire].

Le récit est clairement partisan. Les mérites de Louis y sont mis en avant et exagérés, même si ses conseillers et le manque de jugement de Louis prenant leurs conseils y sont parfois dénigrés. Tandis que les actions de Louis, fils de Lothair et celles de nombre d'évêques, en particulier l'évêque Ebon de Reims, sont sévèrement critiquées[5]. La description d'Ebon faite par Thégan est si virulente que Walafrid juge nécessaire de faire des excuses dans son court prologue.

La plupart des historiens modernes attribuent l'aversion de Thégan pour Ebon aux origines modestes de ce dernier et à sa contribution à la rébellion qui a renversé brièvement Louis (rébellion menée par Lothaire, Louis, et Pépin dès 830, rejointe par Ebon en 833). Plus récemment, Tremp a suggéré qu'Ebon avait mis sur pieds une tentative de réforme du statut de chorévèque, ce qu'était Thégan, et que cela avait attisé la haine qu'il lui vouait[6]. Quelle que soit la raison, il ressort clairement des écrits de Thégan que son aversion pour Ebon est de nature très personnelle.

Diffusion

Ce texte ne fut pas beaucoup lu du vivant de Thégan mais devint beaucoup plus populaire pendant le règne de Charles le Mauvais. Rosamund McKitterick a suggéré qu'il fallait voir en cela la préoccupation des rois Carolingiens tardifs de donner un côté historique à leur propre image[7]. En effet, la plupart du temps, on retrouve les textes de Thégan comme parties de manuscrits contenant des textes tels que Annales regni Francorum, des généalogies des Carolingiens et une histoire de Troyens, et très souvent dans le Vita Hludowici imperatoris de l'auteur anonyme connu sous le nom de L'Astronome.

Éditions modernes

Vita Ludovici imperatoris a été traduit en allemand par Ernst Tremp dans la série Monumenta Germaniae Historica : Scriptores in Rerum Germanicarum in usum Scholarum separatim editi. Une traduction en anglais est disponible dans le volume Carolingian Civilization : A reader par Paul Dutton.

Notes et références

  1. Tremp 1988
  2. Walafrid lui donna également le nom sous lequel elle est connue : Gesta et Laudes comme il le mentionne dans son prologue. MGH SS rer. Germ. 64 'Walahfridi Prologus' 14.
  3. Innes, M. State and Society in the Early Middle Ages (Cambridge, 2000) p. 207
  4. Kathleen Mitchell, reviewing Tremp 1988 in Speculum 65.4 (October 1990:1066). Walafrid Strabon, dans son prologue, demande que Thégan soit excusé pour son pauvre niveau scolaire, prétextant qu'il était occupé par bien d'autres affaires ecclésiastiques. MGH SS rer. Germ. 64 'Walahfridi Prologus' 11-12.
  5. Thégan fait référence à Ebon en le nommant "vil paysan". Vita Ludovici imperatoris comprend une longue tirade adressée à Ebon au ch. 44. Dutton, p. 171
  6. Tremp, 1995
  7. Dans Carolingian Culture (1994) et History and Memory in the Carolingian World (2004) p. 272

Autres lectures

  • (en) P. Dutton, Carolingian civilization : a reader, Ontario, Broadview Press, (ISBN 1551114925)
  • (en) M. Innes, Humour, history and politics in late antiquity and the early Middle Ages, Cambridge, Cambridge University Press, (ISBN 0521811163), « "He never even allowed his white teeth to be bared in laughter" : the politics of humour in the Carolingian Renaissance »
  • (en) R. McKitterick, Carolingian Culture, Cambridge, Cambridge University Press, (ISBN 9780521405867, lire en ligne), p. 209-211
  • (en) K. Mitchell, « Review of Studien zu den Gesta Hludowici Imperatoris des Trierer Chorbischofs Thegan by Ernst Tremp », Speculum, vol. 65, no 4,‎ , p. 1065-1066 (lire en ligne, consulté le )
  • (de) E. Tremp, Studien zu den Gesta Hludowici imperatoris des Trierer Chorbischofs Thegan, Hannover, Hahn, (ISBN 3775251545)
  • (en) E. Tremp, Charlemagne's Heir, Oxford, Clarendon Press, (ISBN 0198219946), « Thegan und Astronomus, die beiden Geschichtsschreiber Ludwigs des Frommen »
  • (de) E. Tremp, Thegan. Das Leben Kaiser Ludwigs ; Astronomus ; herausgegeben und übersetzt, Hanovre, Hahnsche Buchhandlung, (ISBN 3775253521)

Liens externes