Rosso Fiorentino

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Rosso Fiorentino
Giovanni Battista di Jacopo di Gaspare
Naissance
Décès
Nom de naissance
Giovanni Battista di Jacopo
Activité
Peintre
Formation
Maître
Andrea del Sarto,
Mouvement
maniériste
Mécène
François Ier
Moïse défendant les filles de Jethro
Galerie des Offices à Florence

Giovanni Battista di Jacopo dit Rosso Fiorentino (soit « [Le] Maître roux [de Florence] » en français à cause de la couleur de ses cheveux, est un peintre et décorateur italien né à Florence en 1494 et mort à Paris en 1540[1]. Il appartient selon les historiens d'art à l'école maniériste ou à la Renaissance tardive qui marquent l'école de Fontainebleau.

Les théoriciens allemands du maniérisme ont pris les lieux de la carrière du Rosso Fiorentino, à savoir Florence, Rome, Arezzo, Venise, Fontainebleau comme emblématiques des premières périodes de ce vaste mouvement artististique européen englobant peinture, sculpture ainsi que de nombreux arts décoratifs.

Biographie

Rosso Fiorentino se forme dans divers ateliers en étudiant Michel-Ange et Le Parmesan ou Parmigianino, même s'il est d'abord connu comme élève du maître maniériste Andrea del Sarto, à l'instar du Pontormo, son alter-ego dans la peinture pendant de longues années. Il entre en 1516 dans la corporation des peintres florentins, entité qui deviendra sous la férule de Giorgio Vasari la somptueuse et élitiste Académie du dessin de Florence.

Ce jeune artiste florentin est l'un des initiateurs du courant maniériste européen qui révèle un tournant décisif dans l'art de la Renaissance italienne en voie d'exportation transalpine. En Toscane, ce "maître sans maître", ainsi qu'il se revendique par un art émancipé, prend les voies déroutantes de la modernité : inspiration étrange, dessin sous l'influence de Dürer et de Baccio Bandinelli, utilisation de couleurs aigues ou stridentes.

Il exécute plusieurs œuvres importantes :

  • l’Assomption de la Vierge (1517) que son maître Andrea del Sarto avait commencé et qu'il est chargé de finir, au cloître de l’Annunziata porte son nom à la notoriété,
  • la Madone entre quatre saints (1518) aujourd'hui à la galerie des Offices de Florence dévoile sa palette provocante de couleurs, la finesse de ses grands drapés, la fougue diabolique émanant de sa composition,
  • la Déposition de Croix à la Pinacothèque de Volterra (1521) révèle ses recherches de formes synthétiques,
  • le Mariage de la Vierge est une commande faite pour l'église San Lorenzo à Florence (1523) qui atteste le succès du maître roux.

Un bref séjour à Rome en 1524 lui fait découvrir les fresques de la chapelle Sixtine. C'est aussi l'émerveillement devant l'autre pilier fondateur, avec Michel-Ange, de la première maniera européenne, Raphaël et son école qui compte Perino del Vaga et Le Parmesan. Il travaille ensuite beaucoup pour les graveurs, en particulier pour Caraglio. Il s'épuise aussi à égaler les fresques à la mode michelangélesque, comme le montre Moïse défend les filles de Jethro.

La période de doute et de mélancolie dépressive qui accablent ensuite le maître, période caractérisée par ses "Christ mort" dont un exemplaire est exposé à Boston, est mal connue. Il s'installe à Rome.

En 1527, au moment du sac de la ville sainte par l'armée de Charles Quint, il est capturé par la soldatesque allemande et dépouillé de ses biens. Il réussit à se faire libérer la même année, et se réfugie à Borgo san Sepolcro. Mais il mène trois années de vie errante et difficile entre Pérouse, Borgo san Sepolcro, Città di Castello, Arezzo. Le maître se fait toutefois remarquer par une peinture de manière affirmée, assimilant la leçon romaine à son inspiration pathétique : couleur brillante, art du clair-obscur, hardiesse et variété dans le plan d'ensemble, notamment la peinture de groupes représentés. L'étonnante déposition marque l'histoire de la peinture maniériste. Il réside en Italie jusqu’en 1530.

Alors qu'il se trouve à Venise, hôte de Pierre l'Arétin en 1530, il saisit une commande de François Ier qui célèbre le mariage du roi avec Éléonore d'Autriche. Rosso choisit de peindre une allégorie Mars et Vénus. Il s'agit d'une allusion à la récente Paix des Dames : Le roi, comme Mars, abandonnait les armes pour Vénus. Avec la recommandation de Pierre l'Arétin, premier conseiller artistique du souverain à Venise et en Italie, le souverain Très Chrétien charmé remercie et appelle l'artiste à la cour de France. Le Rosso choisit l'exil et arrive à Paris en octobre 1530[2]..

En pleine Renaissance française, le roi Valois est un admirateur de l'art italien. Sa Majesté est conquise par cet artiste cultivé et musicien. Elle le comble de largesses et lui confie la décoration du château de Fontainebleau. Pendant près d'une décennie, Le Rosso tout en créant des œuvres indépendantes dirige la décoration de Fontainebleau. Il dessine le pavillon de Pomone, le pavillon des Poesles, la galerie basse (tous détruits). Mais c'est surtout la grande galerie François Ier reliant l'ancien et le nouveau château de Fontainebleau, réalisée principalement entre 1533 et 1537, qui demeure son chef-d’œuvre fait d'un décor orné de peintures, de frises, de fresque et de modèles de cuir et de stuc. Un motif récurrent de la galerie est l'emblème animal du roi, la salamandre. Le Rosso est récompensé par sa nomination de premier peintre du roi et de chanoine de la Sainte-Chapelle.

La fin de l'artiste est obscure. L'artiste avare aurait accusé son ami fidèle, Pellegrino d'avoir volé ses économies. Ce dernier soumis à la torture sauve son innocence. Le Rosso, désespéré d'avoir perdu son ami, se serait supprimé par empoisonnement à la fin de l'année 1540. La biographie rédigée par Giorgio Vasari qui s'appesantit sur cette fin tragique est aujourd'hui mise en doute.

Le Primatice, son adjoint bellifontain depuis 1532 et de plus en plus son rival autoritaire et affiché, supprime après 1540 sous prétexte d'agrandissement ou de sa prédilection pour la sculpture en piédestal nombre d'œuvres décoratives du maître roux.

De la dernière période de sa vie, mis à part les dessins préparatoires à l'attention des sculpteurs Fanluzzi, Boyvin ou l'inconnu maître L.D, il ne reste que de rares peintures, à l'exemple de la Pieta visible au musée du Louvre. Par son influence, Le Rosso est le créateur de la première école de Fontainebleau, initiateur de la Renaissance française[3]. Ce décorateur érudit, attiré par le bizarre et le spectaculaire, tout en racontant une histoire à plusieurs niveaux de lecture ou d'émotion, bouscule les genres établis et demeure une source d'évolution durable de l'art d'ornementation des cours princières du Nord de l'Europe.

Œuvres

  • Portrait de jeune fille, 1515, peinture, Musée des Offices, Florence[4]
  • Fresque du cycle des épisodes de la vie de la Vierge ou Storie della Vergine (1517), au cloître de l' Annunziata, à Florence
  • Vierge et l'Enfant en majesté, aux côtés de saint Jean-Baptiste, saint Antoine Abbé, saint Etienne et saint Jérôme (Madonna con quattro santi) (1518), peinture sur bois, 172 × 141 cm, Galerie des Offices, Florence
  • Portrait d'un jeune homme tenant une lettre, 1518, National Gallery, Londres[5]
  • Marie et l'Enfant Jésus, Elisabeth et son fils Jean (Madonna col Bambino sant'Elisabetta (ou sant'Anna?) e san Giovannino) (1520), Country Museum of Art, Los Angeles
  • Chevalier de saint Jean, 1520, National Gallery, Londres
  • La Descente de Croix ou Déposition (1521), huile sur bois, 133 × 196 cm, Pinacothèque communale, Volterra
  • Vierge entre deux saints (Madonna con due santi) (1521), église paroissiale (Chiesa Parrocchiale), Villamagna
  • Ange jouant du luth, 1521-1524, peinture sur bois, 39 × 47 cm, Musée des Offices, Florence. Fragment de retable.
  • Vierge à l'Enfants avec dix saints (Pala Dei), 1522, peinture sur bois, 350 × 259 cm, Galerie Palatine, Palais Pitti, Florence. Commandée par la famille Dei pour l'Eglise Santo Spirito
  • La Vierge accompagnée de plusieurs saints, au palais Pitti de Florence.
  • Moïse défendant les filles de Jethro, v. 1524, huile sur toile, 160 × 117 cm, Musée des Offices, Florence
  • Le Mariage de la Vierge (Lo sposalizio della Vergine) (1523), San Lorenzo, Florence
  • Le Péché originel (I peccati) (1524), chapelle Cesi, église Santa Maria della Pace, Rome
  • La Création d'Ève (1524), chapelle Cesi, église Santa Maria della Pace, Rome
  • Le Christ à la rencontre des anges (Cristo con angeli) (1524-1527), musée des beaux-arts de Boston
  • Portrait d'un jeune homme, v. 1527, huile sur toile, 120 × 86 cm, Musée Capodimonte de Naples
  • Déposition (Deposizione) (1527-1528), église San Lorenzo, Borgo Sansepolcro
  • La Transfiguration, retable au Dôme de Città di Castello
  • Léda courtisé par le cygne, Leda e il Cigno (1530), Royal Academy, Londres
  • Pietà, 1530-1540, transposé de bois sur toile, 127 × 163 cm, Musée du Louvre, Paris. peint alors que Rosso était au service du roi de France[6]
  • La Vierge recevant les hommages de sainte Élisabeth, Christ au tombeau (1537-1540), Musée du Louvre, Paris.
  • Le Défi des Piérides, transposé de bois sur toile, 31 × 63 cm, Musée du Louvre, Paris[6]

Voir aussi

Bibliographie

  • Pascale Climent-Delteil, Il Rosso Fiorentino pittore della Maniera, Presses Universitaires de la Méditerranée, Montpellier, 2007 (ISBN 978-2-84269-797-6)

Articles connexes

Liens externes

Sur les autres projets Wikimedia :

Giorgio Vasari cite Rosso Fiorentino et décrit sa biographie dans Le Vite : Page ?? - édition 1568

Notes et références

  1. Nombre de dictionnaires antérieurs à 1950 ou ouvrages des XVIIIe et XIXe siècles le dénomme Le Rosso ou le maître roux florentin, et propose 1541 comme année de décès, ainsi le dictionnaire Larousse qui le nomme même Rosso del Rosso. Il semble que cet artiste à la réputation excentrique soit mort de maladie ou se soit suicidé au cours de l'hiver 1540-1541.
  2. Jean-François Solnon, La Cour de France, Fayard, 1987, 734 pages. Lire page 90
  3. Beauseigneur E, Rosso Fiorentino au château de Fontainebleau, Dossier de l'art de l'art no 184, avril 2011, p. 92-95
  4. Portrait de Jeune fille, Offices
  5. National Gallery
  6. a et b Vincent Pomarède, 1001 peintures au Louvre : De l’Antiquité au XIXème siècle, Musée du Louvre Editions, , 589 p. (ISBN 2-35031-032-9), p.310-311