Roger Vieillard

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Roger Vieillard (, Le Mans - ) est un graveur buriniste et illustrateur français, proche des artistes de la nouvelle École de Paris.

Biographie

Roger Vieillard naît au Mans où son père est en garnison. Son grand-père paternel exploite une fabrique de faïence à Bordeaux et l'un de ses arrière-grand-pères, le peintre Albert Maginel, avait été élève puis ami d'Ingres. Roger Vieillard se passionne pour le tennis et fait à Paris des études classiques, de lettres et de droit, fréquentant les cours à la Sorbonne de Henri Focillon. En 1930 il effectue son service militaire dans la météorologie, est envoyé au Maroc et commence à dessiner. Continuant de pratiquer l'entraînement sportif et la compétition, il exerce la profession de banquier pour assurer son indépendance financière, et effectuera une brillante carrière à la Banque nationale pour le commerce et l'industrie qui l'amènera à travailler avec la bourse de New York.

Au début des années 1930, Roger Vieillard fait la connaissance du peintre Jean Bazaine et du graveur anglais Stanley William Hayter à l’Atelier 17. Il y découvre la technique du burin, dans laquelle il se spécialisera. À partir de 1935, il fréquente assidûment pendant deux ans cet atelier et se perfectionne auprès de Hayter et de son ami Joseph Hecht. En 1939, il installe une presse dans son premier atelier. La même année, il épouse l'artiste peintre américaine Anita de Caro, originaire de New York, arrivée en France en 1936, qu'il a rencontrée à l’Atelier 17.

Extrait du catalogue du premier Salon de Mai à Paris en 1945.

À la déclaration de la guerre, ils mettent à l'abri une partie de l'œuvre de Joseph Hetch en utilisant le vélo comme moyen de transport. Roger Vieillard, mobilisé, commence son roman Les Rives du Scamandre. En 1943, la galeriste Jeanne Bucher organise sa première exposition personnelle et publie son recueil Paysages de France. Roger Vieillard entretient une correspondance avec Hayter qui réside à New York et ils collaborent sur Les noces de la sirène. Les années 1947 à 1958 sont marquées par de nombreuses expositions à Rotterdam avec Jacques Houplain et Michel Ciry, à la Galerie Billiet-Caputo, à la Biennale de Venise (en 1948 et 1950), et à celle de São Paulo en 1953-1954. Ses planches sont inspirées par le monde industriel et son travail à la banque. Le couple voyage et fréquente Jenny Bradley, Dora Maar, Marc et Vava Chagall, ainsi qu'Aimé et Yoyo Maeght. Vers 1957, « Le style du buriniste essentiellement graphique et linéaire, évolue vers des recherches de clair obscur, des formes abstraites et des espaces plus ambigus (La nuit danse, les planches de retour du Pays d'ombres). » [1]

À partir de 1960, Roger Vieillard perfectionne un procédé qui combine des moulages en stucs et ses matrices de métal encrées. Imprimant sa plaque sur stuc, il désire donner à l'œuvre moulée, une matière, un volume un poids qui échappe au papier. Le tirage sur plâtre, appelé par l'artiste « Relief gravé », se limite à rarement plus de deux épreuves. En 1967, il organise une exposition des œuvres de son ami Jacques Villon à Lisbonne. Il prend sa retraite et peut se consacrer uniquement à la gravure. Il s'essaie à de nouvelles techniques, en réalisant un bas-relief en pierre de cinq mètres carrés pour l'École normale de Troyes. Il découpe plusieurs petits cuivres qu'il imprime sur une plaque de zinc elle-même détourée, obtenant ainsi des effets de gaufrage.

Nommé chevalier de la Légion d'honneur en 1955, sociétaire de la Jeune gravure contemporaine, cofondateur du Salon de Mai en 1943, Roger Vieillard est aussi vice-président du Comité national du livre illustré français et président de la Société des peintres graveurs. Il est élu en 1989 membre de l'Académie des beaux-arts dans la section de gravure, au fauteuil d'Albert Decaris et meurt peu après sa réception[2].

L'œuvre

L’œuvre de Roger Vieillard, qui compte 662 estampes, est très personnelle, il utilise un trait précis d’une grande habileté, il possède un style unique et identifiable. Il est considéré comme « Le plus pur de nos burinistes »[3]. L'art du burin est exigeant, peu d'artistes s'y engagent. Auprès de celles d'Henri-Georges Adam, Pierre Courtin, Albert Flocon, Ferdinand Springer, Raoul Ubac, Marcel Fiorini, avec qui il a souvent exposé[4], son œuvre est considérée comme l'une des plus importantes dans la gravure du XXe siècle. Il a pratiqué aussi occasionnellement la xylographie pour les lettrines de ses livres illustrés.

En 1981, Roger Vieillard écrit : « La ligne du burin est ainsi capable d’interprétations impossibles à la peinture et au dessin. Sa sensibilité est plus vive. Quant au cuivre, le travail terminé, il n’est plus une surface. Il devient un espace et prend trois dimensions. La gravure est plus proche du bas-relief et donc de la sculpture que la peinture ou le dessin. Comme la sculpture elle poursuit dans une matière monochrome les parcours de la ligne dans l’espace. » - Janine Bailly-Herzberg, Le dictionnaire de l’estampe en France 1830-1950, Arts et métiers graphiques.

L'illustration de livres, une trentaine, représente la moitié de son œuvre gravé :

Signature de Roger Vieillard.

Collections publiques

Notes et références

  1. Anne Guérin, Roger Vieillard Anita de Caro, le trait et la couleur, 2008.
  2. Jean-Marie Granier (1922-2007) lui succède en 1992.
  3. Jean Bersier, La gravure, les procédés, l’histoire, La table ronde, Paris.
  4. notamment: Techniques traditionnelles et contemporaines de la gravure en creux, Musée d'art moderne de la ville de Paris, 1967.

Annexes

Bibliographie

Liens externes