Rhètes

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Les Rhètes sont un peuple ou un ensemble de tribus qui apparaît au Néolithique. Leur présence est attestée essentiellement dans les Alpes centrales ; leur territoire, la Rhétie, s'étendait approximativement sur les actuelles régions des Grisons en Suisse, du sud et de l'est du Tyrol autrichien ainsi que des vallées alpines du Trentin, des Dolomites et du Frioul (essentiellement le Val Camonica), dans le Nord de l'Italie[1].

Langue et ethnologie des Rhètes[modifier | modifier le code]

Les études archéologiques nous permettent de penser que les Rhètes se sont installés dans cette région vers 500 av. J.-C.. Leur ethnogenèse et leur origine ethnique sont quelque peu discutées : ils seraient apparentés aux Étrusques sans pour autant en être des descendants directs ou bien, tout comme sur l'île de la Corse ou de la Sardaigne où l'on soupçonne un substrat basque ou ibère (voir origines des Basques), les Ligures leur seraient apparentés. Il demeure cependant probable que l'on puisse partir du postulat d'une origine non celtique et, de façon plus globale, non indo-européenne[1],[2].

Une autre pierre d'achoppement se révèle dans l'homogénéité ethnique des Rhètes. En effet, une des questions qui se pose à leur propos est de déterminer si les Rhètes étaient un peuple unique à part entière, ou un ensemble de tribus autochtones vivant sur le même territoire, dont les cultures, les phénotypes et les dialectes étaient très proches. Au symposium de Coire de 1968 sur les Rhètes, les historiens et linguistes Ernst Meyer, Ernst Rish et Benedikt Frei, soulèvent et évoquent ce problème en plus de la situation géographique du territoire des Rhètes. Plus récemment, Stephan Schumacher et Helmut Rix, philologues et linguistes, tentent également de résoudre la question en mettant sur pied une théorie. Malgré tout, et à ce jour, les spécialistes ne possèdent que trop peu d'informations pour répondre de manière indubitable à la question[1].

La culture des Vases à Bouche carrée occupait la plaine du Pô à la fin du Néolithique (5100 à 3800 av. J.-C.), il est ainsi possible que les Rhètes aient été peu à peu poussés vers les Alpes avec l'arrivée des peuples proto-celtiques de la culture de Polada et de la civilisation des Terramares de l'âge du bronze. Il est néanmoins certain que les Rhètes appartenaient à la civilisation de Fritzens-Sanzeno au Second âge du fer, dont le faciès archéologique s'induit par la présence sur le territoire rhète supposé, de petits vases, la plupart du temps décorés et dont les parois ont un profil en "S" ou sont simplement droites - à la différence des peuples celtes voisins, les Helvètes et les Séquanes, dont le faciès archéologique est marqué par les champs d'urnes[1].

En outre, malgré la très faible quantité de textes d'origines rhètes qui nous est parvenue[2], on constate de manière évidente l'utilisation de différents signaires empruntés à des tribus ou peuples exogènes: le signaire de Sanzeno, de Magré, mais également le signaire vénète. Il est, par ailleurs, remarquable que l'ensemble de ces lettriers semblent bien dérivés de l'alphabet étrusque[1].

Les Rhètes dans l'histoire antique[modifier | modifier le code]

Les autres sources disponibles, hormis les quelques textes fragmentaires en langue rhétique, nous viennent essentiellement des rapports de personnalités littéraires romaines. Au IIe siècle av. J.-C., Caton l'Ancien évoque brièvement le vin rhétique ; l’historien grec Polybe fait également mention des Rhètes par le biais de la géographie. En 44 av. J.-C., une épitaphe romaine évoque une victoire sur les Rhètes. Enfin, aux alentours de la fin du Ier siècle av. J.-C., Strabon lui-même fait part, dans ses écrits, d'invasions sporadiques sur les territoires helvète et séquane. À la même époque, Pline fait un point bref en localisant les Rhètes approximativement aux sources du Rhin[1].

En l’an 15 avant notre ère, alors sous le règne d'Auguste, les Romains soumirent simultanément les Rhètes et leurs voisins celtes de la région des Alpes orientales. Le territoire des Rhètes devint une province romaine sous le nom de Rhétie (Raetia) ; s'ensuivit le processus de romanisation de ces derniers.
À partir du Ier siècle apr. J.-C., la langue et l'ethnie des Rhètes évolua par le biais d'un mélange et/ou d'une fusion au sein de la Rhétie avec les populations celtes proches.

Notons qu'au cours du Moyen Âge, et aujourd'hui encore, la population des Grisons revendique une appartenance et une identité de la culture rhète[1].

Le latin parlé par ces populations évolua au cours des siècles pour aboutir aux langues dites « rhéto-romanes », qui sont les dialectes romanches dans le canton suisse des Grisons, le ladin des Dolomites italiennes et le frioulan, parlé dans la province italienne du Frioul-Vénétie Julienne.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f et g Jürg Rageth, « Rhètes » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne, version du ..
  2. a et b J.P. Mallory, À la recherche des indo-européens, Seuil, .