Loup des Malouines

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Dusicyon australis

Le Loup des Malouines ou Renard des Malouines (Dusicyon australis[2],[3], anciennement nommé Canis antarcticus), aussi connu sous le nom local de Warrah ou occasionnellement Loup Antarctique, était le seul mammifère terrestre indigène des îles Malouines. Le dernier spécimen connu s'est éteint en 1876 sur l'île occidentale de l'archipel. L'espèce la plus proche du genre Dusicyon parmi les renards de l'hémisphère sud est le culpeo ou renard de Patagonie qui a été introduit aux Malouines.

Description[modifier | modifier le code]

Illustration du Loup Antarctique par le « Zoology of the Voyage of H.M.S. Beagle »

La fourrure du renard des Malouines était de couleur fauve, et le bout de sa queue était blanc. Son régime alimentaire est inconnu. Étant donné l'absence de rongeurs insulaires, il était probablement composé aussi bien d'oiseaux nichant à terre tels les oies et les manchots, de larves et d'insectes, que de charognes marines[4]. On le décrit quelquefois comme vivant dans des terriers.

Taxinomie[modifier | modifier le code]

La première observation enregistrée fut effectuée par le capitaine Strong en 1692[5]. Louis Antoine de Bougainville utilisa le mot loup-renard à son sujet. Quand Charles Darwin visita les îles en 1833, il nomma l'espèce Canis antarcticus et la décrivit « commune et docile ». Les colons anglais considéraient ce renard comme une menace pour leurs moutons, et organisèrent des empoisonnements et des chasses à grande échelle. L'absence de forêts conduisit à un succès rapide de la campagne d'extermination. Celle-ci fut facilitée par la docilité de l'animal, commune chez les espèces insulaires en raison de l'absence de prédateurs : les trappeurs l'attiraient d'une main à l'aide d'un morceau de viande, et le tuaient à l'aide d'un couteau ou d'un bâton de l'autre. Un warrah vivant fut emmené en 1868 au zoo de Londres, en Angleterre, mais il ne survécut que quelques années. En 1880, après son extinction, Thomas Huxley le classa comme un parent du coyote. En 1914, Oldfield Thomas le classa dans le genre Dusicyon, avec le Pseudalopex culpaeus (également appelé culpeo) et les renards sud-américains.

Distribution[modifier | modifier le code]

Lieu de vie du loup des Malouines : îles Malouines

L'inhabituelle distribution géographique de cet animal (les seules autres espèces canines natives d'îles océaniques sont le renard gris insulaire de Californie et le renard de Darwin du Chili, mais ces habitats ne sont pas aussi reculés que les Malouines) et quelques détails relatifs à son crâne suggèrent que ce renard ait accompagné à l'origine des populations indigènes visitant les îles, en tant qu'animal de compagnie, à l'état semi-domestique. Si cela s'avère, la forme ancestrale, située sur le continent sud-américain, se serait éteinte durant le dernier âge glaciaire. Des analyses de l'ADN de spécimens de musées n'ont pas vraiment été convaincantes en ce qui concerne la parenté exacte de cet animal, certaines suggérant même une hybridation (durant le procédé de domestication) avec un parent ou un ancêtre du coyote. On ne sait pas si cela aurait été biologiquement possible. Une autre possibilité est que, pendant l'âge glaciaire, un passage terrestre entre les îles Malouines et l'Amérique du Sud ait permis aux ancêtres du renard de traverser la distance qui les séparait. Dans tous les cas, le loup des Malouines est un mystère biogéographique.

Extinction[modifier | modifier le code]

La population restée sur le continent s'est éteinte, laissant dans les îles Malouines le seul échantillon de sa lignée, qui a survécu aux conditions difficiles des îles pendant des dizaines de milliers d'années, jusqu'à ce que la chasse par les colons britanniques l'élimine à jamais de la surface de la terre. Il a été constamment chassé et tué par les éleveurs britanniques, jusqu'à son extinction totale, car pour eux ce canidé n'était qu'un prédateur de leurs troupeaux de moutons qui devaient être complètement anéantis de tout l'archipel. Bien que déjà auparavant, en 1830, les chasseurs de loups américains l'avaient dépecé en masse pour obtenir sa fourrure. Cet animal était si paisible que d'une main on pouvait lui offrir un morceau de viande et de l'autre on pouvait le tuer.

La première mention historique de cet animal remonte au voyage du capitaine John Strong en 1690 et il était encore assez commun à l'époque où Charles Darwin visitait les îles Malouines en 1833. Darwin a également prédit l'extinction du renard[6]

Les effectifs de ces loups diminuent rapidement : ils ont déjà disparu de la moitié de l'île située à l'est de la langue de terre qui s'étend entre la baie de Salvador et le détroit de Berkeley. Dans quelques années, lorsque ces îles seront habitées, le renard sera sans doute classé, comme le dodo, parmi les animaux disparus de la surface de la terre.

Au cours du dix-neuvième siècle, la population a considérablement diminué. Les colons britanniques ont mis une prime sur les animaux et ont fait le trafic de leurs peaux. On pense que le dernier spécimen a été abattu en 1876[7],[6]. Environ onze spécimens empaillés sont conservés dans divers musées.

Le Loup des Malouines et l'homme[modifier | modifier le code]

Dans les Malouines, on commémore l'espèce de différentes manières : une des rivières de l'est des Malouines est appelée la rivière Warrah ; ce dernier est aussi représenté sur la pièce locale de cinquante pence. Une des publications écologiques[8] des îles est intitulée Le Warrah[9].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (fr + en) Référence ITIS : Dusicyon australis
  2. (en) Référence Mammal Species of the World (3e  éd., 2005) : Dusicyon australis
  3. (en) Référence Animal Diversity Web : Dusicyon australis
  4. G. M. Allen, Extinct and Vanishing Mammals of the Western Hemisphere sur OpenLibrary, 1942
  5. (en) Site web Messy beast, incluant plusieurs illustrations
  6. a et b (es) « El Warrah o lobo-zorro de las Malvinas », sur Mentes Curiosas, (consulté le )
  7. Claudio Sillero-Zubiri (IUCN SSC Canid Specialist Group), « IUCN Red List of Threatened Species: Dusicyon australis », sur IUCN Red List of Threatened Species, (consulté le )
  8. Voir les annonces sur le site web "Falklands Conservation" et sur The British Library
  9. Ancienne URL de la publication (consultez la version archivée) : The Warrah

Liens externes[modifier | modifier le code]