Oecophylla smaragdina

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La Fourmi tisserande (Oecophylla smaragdina) est une espèce d'insectes de la famille des Formicidae, de la sous-famille des Formicinae, de la tribu des Oecophyllini et du genre Oecophylla. C'est l'espèce type pour le genre.

Description[modifier | modifier le code]

La reine, de couleur vert clair, mesure de 13 à 16 mm. Le mâle, de couleur noire, est beaucoup plus grêle et mesure de 6 à 6,5 mm. Les ouvrières sont d'une couleur variant du rouge à l'orangé et mesurent entre 3,5 et 9,5 mm[1]. Les ouvrières sont divisées en 2 ou 3 : les majeures, les mineures et parfois même des ouvrières plus petites, les minimes.[réf. nécessaire]

Biologie[modifier | modifier le code]

Nid

Elle a la particularité de coudre les feuilles des arbres où elle habite avec le fil de soie que ses larves produisent[2],[3],[4],[5]. Une colonie adulte (généralement âgée de trois ans ou plus[6]) contient environ 500 000 individus[7]. Les colonies (dispersées en plusieurs nids) peuvent être formées d'une ou de plusieurs reines (cas plus rares)[7],[3].

Dans de nombreux pays on la mange pour son gastre riche en vitamine C et pour son goût acidulé. Sous cette forme alimentaire, cette fourmi est appelée « kroto ». Mais ce mets est surtout destiné aux oiseaux en captivité.

Le rôle d'Oecophylla smaragdina dans la lutte contre les insectes ravageurs (tels que les Alcidodes (en), les Helopeltis (en) et Selenothrips rubrocinctus) a été établi de nombreuses fois[4],[8],[9],[10],[11],[12],[13]. O. smaragdina protège par exemple le cocotier du coréidé Amblypelta cocophaga[14] et aussi le figuier Ficus racemosa[15]. Elle serait efficace contre au moins 40 espèces d'insectes ravageurs[16]. Les fourmis de ce genre sont par exemple des prédatrices des moucherons de la famille des Cecidomyiidae[17]. O. smaragdina est aussi un moyen efficace de lutter contre Bactrocera jarvisi[17], une mouche des fruits causant des problèmes chez le papayer ou encore le manguier. Leur emploi à ce poste remonterait au moins au IVe siècle apr. J.-C., en Chine[18]. Cependant, leur utilisation dans les vergers pourrait entraîner des effets négatifs à l'exemple d'une diminution de l'activité des pollinisateurs (notamment des méliponides du genre Trigona) sur les arbres[19]. Elles sont même efficaces dans la protection des plantations de cocotiers contre les rongeurs[16].

Ces fourmis sont associées aux bactéries acétiques et aux bactéries de la famille des Lactobacillaceae[9]. En outre, elles sont victimes d'endoparasitisme d'hyménoptères de la famille des Chalcididae[20]. Les larves d'Oecophylla smaragdina sont victimes des larves de Liphyra brassolis (un papillon de la famille des Lycaenidae) et de Smicromorpha doddi (Chalcididae)[21]. Elles sont aussi la proie de l'araignée Cosmophasis bitaeniata, qui infiltre les colonies en imitant le profil chimique des fourmis[22]. Parmi les autres fourmis, O. smaragdina est en compétition avec les Iridomyrmex, les Podomyrma (en), Anonychomyrma gilberti et Pheidole megacephala[23],[5].

Distribution[modifier | modifier le code]

L'aire de répartition de cette espèce comprend l'Inde, le Sri Lanka, la république populaire de Chine, l'Australie (où ce serait la seule espèce du genre Oecophylla) et les Philippines[1]. Elle est notamment présente sur les îles Baratang, Andaman du Sud et de La Petite Andaman[24]. D'autres sources indiquent également la Papouasie-Nouvelle-Guinée, l'Indonésie, la Malaisie et la Thaïlande. Elles existent aussi en Afrique de l'Est[25].

Oecophylla smaragdina (Parc national du Gunung Mulu, Malaisie)

Systématique[modifier | modifier le code]

Synonymie[modifier | modifier le code]

Formica smaragdina Protonyme

  • Camponotus smaragdinus (Fabricius)
  • Echophylla virescens (Fabricius)
  • Formica Smaragdina Fabricius
  • Formica macra Guérin-Méneville
  • Formica virescens Fabricius
  • Formica viridis Kirby
  • Formica zonata Guérin-Méneville
  • Lasius virescens (Fabricius)
  • Oecophylla macra (Guérin-Méneville) [Senior synonym of macra Roger, 1863b: 10; Dalla Torre, 1893: 176]
  • Oecophylla virescens (Fabricius) [Senior synonym of virescens: Mayr, 1872: 143; Taylor & Brown, D.R. 1985: 127]
  • Oecophylla viridis (Kirby) [Senior synonym of viridis: Smith, F. 1857a: 53; Taylor & Brown, D.R. 1985: 127]
  • Oecophylla zonata (Guérin-Méneville) [Senior synonym of zonata Roger, 1863b: 10; Dalla Torre, 1893: 176]

Noms vernaculaires[modifier | modifier le code]

  • Fourmi tisserande en français. Asian Weaver Ant en anglais.

Taxinomie[modifier | modifier le code]

Liste des sous-espèces
  • Oecophylla smaragdina smaragdina
  • Oecophylla smaragdina fuscoides
  • Oecophylla smaragdina gracilior
  • Oecophylla smaragdina gracillima
  • Oecophylla smaragdina selebensis
  • Oecophylla smaragdina subnitida

Élevage[modifier | modifier le code]

Oecophylla smaragdina, comme la plupart des espèces de fourmis, peut être maintenue en captivité.

  • On peut maintenir Oecophylla smaragdina dans un arbre à tube. Un arbre à tube est un assemblage de tubes classiques d’élevage de fourmi attachés à un bâton planté.
  • Mais la meilleure méthode d'élevage de cette espèce consiste à lui fournir un arbuste en pot trempant dans une cuvette d'eau qui évitera que certaines fourmis s'évadent. L’élevage est très impressionnant et encombrant.

Pour un élevage dans un espace plus confiné, il est possible de garder la colonie dans un petit arbre bonsaï, et d’y accrocher des tubes, faisant ainsi un combiné des deux méthodes précédentes.

Contrairement aux autres espèces de fourmi, elle aura besoin de beaucoup d’air ainsi que d’une humidité relativement faible

Cette fourmi est très complexe à maintenir en élevage et est conseillé à des éleveurs ayant une forte expérience en élevage de fourmi, un grand espace dédié, et des compétentes en arboriculture.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b (en) « Species: Oecophylla smaragdina (Fabricius, 1775) », AntWeb (consulté le ).
  2. Pascal Goetgheluck et Vincent Albouy, Insectes, Artémis, , 224 p. (ISBN 2-84416-394-7), Fourmis tisserandes d'Asie pages 167, 168 et 169
  3. a et b Sudd, John H., The Behavioural Ecology of Ants, Springer Netherlands, , 206 p. (ISBN 978-94-009-3123-7 et 9400931239, OCLC 858944068, lire en ligne)
  4. a et b Resh, Vincent H. et Cardé, Ring T., Encyclopedia of insects, Elsevier/Academic Press, , 1168 p. (ISBN 978-0-08-092090-0 et 008092090X, OCLC 500570904, lire en ligne)
  5. a et b (en) Lach, Lori., Parr, Catherine L. et Abbott, Kirsti L., Ant ecology, Oxford, Oxford University Press, , 402 p. (ISBN 978-0-19-954463-9, 0199544638 et 9780199592616, OCLC 430496986, lire en ligne)
  6. Dorthe Birkmose, Joachim Offenberg, Mogens Gissel Nielsen et Renkang Peng, « Potential of using multiple founding queens and pupae transplantation to boost early colony growth of the weaver ant, Oecophylla smaragdina », Asian Myrmecology, vol. 5, no 1,‎ , p. 177–184 (DOI 10.20362/am.005018, lire en ligne, consulté le )
  7. a et b (en) E. A. Schlüns, B. J. Wegener, H. Schlüns et N. Azuma, « Breeding system, colony and population structure in the weaver ant Oecophylla smaragdina », Molecular Ecology, vol. 18, no 1,‎ , p. 156–167 (ISSN 1365-294X, DOI 10.1111/j.1365-294X.2008.04020.x, lire en ligne, consulté le )
  8. (en) Keith Christian, La Pham Lan et Renkang Peng, « Weaver Ant Role in Cashew Orchards in Vietnam », Journal of Economic Entomology, vol. 107, no 4,‎ , p. 1330–1338 (ISSN 0022-0493, DOI 10.1603/EC14039, lire en ligne, consulté le )
  9. a et b (en) Kok-Gan Chan, Wai-Fong Yin, Wah-Seng See-Too et Hoi-Sen Yong, « Microbial Community Composition Reveals Spatial Variation and Distinctive Core Microbiome of the Weaver Ant Oecophylla smaragdina in Malaysia », Scientific Reports, vol. 8, no 1,‎ , p. 10777 (ISSN 2045-2322, PMID 30018403, PMCID PMC6050294, DOI 10.1038/s41598-018-29159-2, lire en ligne, consulté le )
  10. RK Peng et K Christian, « The weaver ant,Oecophylla smaragdina(Hymenoptera: Formicidae), an effective biological control agent of the red-banded thrips,Selenothrips rubrocinctus(Thysanoptera: Thripidae) in mango crops in the Northern Territory of Australia », International Journal of Pest Management, vol. 50, no 2,‎ , p. 107–114 (ISSN 0967-0874, DOI 10.1080/09670870410001658125)
  11. (en) Jose Mathew et G. K. Mahapatro, « Role of Red-Ant, Oecophylla smaragdina Fabricius (Formicidae: Hymenoptera) in Managing Tea Mosquito Bug, Helopeltis species (Miridae: Hemiptera) in Cashew », Proceedings of the National Academy of Sciences, India Section B: Biological Sciences, vol. 86, no 2,‎ , p. 497–504 (ISSN 2250-1746 et 0369-8211, DOI 10.1007/s40011-014-0474-9, lire en ligne, consulté le )
  12. Decha Wiwatwitaya, Nguyen Thi Thu Cuc et Joachim Offenberg, « The effectiveness of weaver ant (Oecophylla smaragdina) biocontrol in Southeast Asian citrus and mango », Asian Myrmecology, vol. 5, no 1,‎ , p. 139–149 (DOI 10.20362/am.005015, lire en ligne, consulté le )
  13. Peng, R. K., Implementing ant technology in commercial cashew plantations and continuation of transplanted green ant colony monitoring : a report for the Rural Industries Research and Development Corporation, Rural Industries Research and Development Corp, (ISBN 0-642-58798-1 et 9780642587985, OCLC 224067826, lire en ligne)
  14. Greenslade, P. J. M., A guide to ants of South Australia., South Australian Museum, (ISBN 0-7243-5370-4 et 9780724353705, OCLC 7810128, lire en ligne)
  15. Julie Lacaze (photogr. Didier Descouens / Muséum de Toulouse), « Quand les insectes se liguent avec les arbres », sur nationalgeographic.fr, National Geographic,
  16. a et b M. Way, « Role Of Ants In Pest-Management », Annual Review of Entomology, vol. 37, no 1,‎ , p. 479–503 (ISSN 0066-4170, DOI 10.1146/annurev.ento.37.1.479, lire en ligne, consulté le )
  17. a et b Siddiq, Muhammad, 1957-, Brecht, Jeffrey K., 1942- et Sidhu, Jiwan S.,, Handbook of mango fruit : production, postharvest science, processing technology and nutrition, , 320 p. (ISBN 978-1-119-01438-6, 1119014387 et 9781119014379, OCLC 975998407, lire en ligne)
  18. (en) Pei Yang et H. T. Huang, « The Ancient Cultured Citrus Ant », BioScience, vol. 37, no 9,‎ , p. 665–671 (ISSN 0006-3568, DOI 10.2307/1310713, lire en ligne, consulté le )
  19. (en) Koji Nakamura, Harlion, Ahsol Hasyim et Kazuki Tsuji, « Asian weaver ants, Oecophylla smaragdina, and their repelling of pollinators », Ecological Research, vol. 19, no 6,‎ , p. 669–673 (ISSN 1440-1703 et 0912-3814, DOI 10.1111/j.1440-1703.2004.00682.x, lire en ligne, consulté le )
  20. (en) Chris Darling, « A new species of Smicromorpha (Hymenoptera, Chalcididae) from Vietnam, with notes on the host association of the genus », ZooKeys, vol. 20,‎ , p. 155–163 (ISSN 1313-2970, DOI 10.3897/zookeys.20.195, lire en ligne, consulté le )
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  22. Blomquist, Gary J. et Bagnères, Anne-Geneviève., Insect Hydrocarbons : Biology, Biochemistry, and Chemical Ecology, Cambridge University Press, , 506 p. (ISBN 978-0-511-71256-2, 0511712561 et 9780511711909, OCLC 642205410, lire en ligne)
  23. Hölldobler, Bert., The ants, Springer-Verlag, (ISBN 3-540-52092-9, 9783540520924 et 0674040759, OCLC 59905118, lire en ligne)
  24. (en) K. Veenakumari, Ali Musthak et Mohanraj Prashanth, « Formicidae of the Andaman and Nicobar Islands (Indian Ocean: Bay Of Bengal) », Journal of Insect Science, vol. 10, no 1,‎ (PMID 21062206, PMCID PMC3016900, DOI 10.1673/031.010.14132, lire en ligne, consulté le )
  25. (en) A. C. Cole, Jr. et J. W. Jones, Jr., « A Study of the Weaver Ant, Oecophylla smaragdina (Fab.) », American Midland Naturalist, vol. 39, no 3,‎ , p. 641-651 (lire en ligne).
  26. Fabricius, 1775: Systema entomologiae, sistens insectorum classes, ordines, genera, species, adiectis synonymis, locis, descriptionibus, observationibus. Libraria Kortii, Flensburgi et Lipsiae. 832 pp.

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