Nombre octaédrique centré

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Construction de Haüy d'un octaèdre à l'étape 5 ; le solide est formé de cubes.

En mathématiques, plus précisément en combinatoire, les nombres octaédriques centrés ou nombres octaédriques de Haüy sont des nombres figurés, cas particuliers de nombres polyédriques centrés. Ils comptent également les sommets d'un réseau entier tridimensionnel situés à l'intérieur d'un octaèdre centré à l'origine[1]. Ce sont donc des cas particuliers de nombres de Delannoy, lesquels dénombrent aussi certains chemins dans un réseau bidimensionnel.

La formule générale pour le nombre octaédrique centré d'ordre est .

Les premières valeurs (pour ) sont :

1, 7, 25, 63, 129, 231, 377, 575, 833, 1159,… , suite A001845 de l'OEIS.

Historique[modifier | modifier le code]

Le nom "nombre octaédrique de Haüy" honore René Just Haüy, minéralogiste français actif à la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècle. l'"octaèdre" de Haüy est un polycube formée par la superposition de couches concentriques de cubes sur un cube central. Quand le nombre de couches augmente, le polycube se rapproche d'un véritable octaèdre plein. Les nombres octaédriques centrés comptent le nombre de cubes utilisés dans cette construction. Haüy a proposé cette construction, ainsi que d'autres constructions similaires de polyèdres, comme modèle pour la structure des minéraux cristallins.

Définition comme nombre de points entiers d'une partie d'un réseau[modifier | modifier le code]

Le nombre octaédrique centré d'ordre est, de façon équivalente, le nombre de points du réseau situés à une distance d'au plus pas de l'origine, autrement dit, le nombre de points à coordonnées entières de l'octaèdre plein qui est aussi le nombre de Delannoy .

Cet octaèdre peut être vu comme une boule fermée de rayon pour la distance de Manhattan, c'est pourquoi Luther & Mertens[2] appellent les nombres octaédriques centrés «volumes de boules de cristal».

Détermination et formules[modifier | modifier le code]

En répartissant les cubes en couches horizontales, le nombre octaédrique centré d'ordre , peut être vu comme la somme est le nombre carré centré d'ordre .

On obtient alors [1].

On en déduit la définition par récurrence :

.

La fonction génératrice est :

.

Les nombres octaédriques centrés peuvent aussi être obtenus comme sommes de deux nombres octaédriques (non centrés) consécutifs : puisque .

Obtention par la méthode générale des nombres polyédriques centrés[modifier | modifier le code]

L'octaèdre ayant 8 faces, 12 arêtes et 6 sommets, la couche octaédrique ajoutée à l'étape possède points correspondants aux intérieurs des faces ( est le nombre triangulaire non centré avec points sur chaque côté), plus points situés à l'intérieur des arêtes, plus 6 points situés aux sommets. On a donc , ce qui donne bien la même relation de récurrence.

Avec des faces centrées[modifier | modifier le code]

Si on ajoute à l'étape des faces centrées, il faut remplacer par est le nombre triangulaire centré d'ordre et l'on obtient .

Partant de , on obtient .

Les premiers de ces nombres sont 1, 15, 65, 175, 369, 671, 1105, 1695, 2465, 3439, ... (suite A005917 de l'OEIS), qui sont aussi les nombres dodécaédriques rhombiques centrés (à faces non centrées).

Par exemple, car il y a 6 points sur les sommets, 8 au centre de chaque face et 1 au centre de l'octaèdre.

Autres interprétations[modifier | modifier le code]

  • Les nombres octaédriques centrés sont aussi des nombres pyramidaux pentagonaux centrés (autour du centre de la pyramide pentagonale). Si l'on forme une suite de coquilles concentriques en trois dimensions, où la première coquille se compose d'un seul point, la deuxième coquille se compose des six sommets d'une pyramide pentagonale, et chaque coquille successive forme une pyramide pentagonale plus grande avec un nombre triangulaire de points sur chaque face triangulaire et un nombre pentagonal de points sur la face pentagonale, alors le nombre total de points redonne un nombre octaédrique centré. Cela conduit en effet de nouveau à la relation :.
Tracé des chemins de Delannoy joignant (0,0) à (3,3).
  • Comme vu ci-dessus, les nombres octaédriques centrés sont aussi les nombres de Delannoy , lesquels ont pour définition première de dénombrer certains chemins de à dans .

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b (en) Elena Deza et Michel Deza, Figurate Numbers, Singapour, World Scientific Publishing, , 456 p. (ISBN 978-981-4355-48-3, lire en ligne), p. 107-108,133
  2. (en) Sebastian Luther, Stephan Mertens, « Counting lattice animals in high dimensions », Journal of Statistical Mechanics: Theory and Experiment,‎ (lire en ligne)
  3. (en) Elena Deza et Michel Deza, Figurate Numbers, Singapour, World Scientific Publishing, , 456 p. (ISBN 978-981-4355-48-3, lire en ligne), p. 125
(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Centered octahedral number » (voir la liste des auteurs).