Maaouiya Ould Sid'Ahmed Taya

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Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya
معاوية ولد سيد أحمد الطايع
Illustration.
Le colonel Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya.
Fonctions
Président de la
République islamique de Mauritanie
[N 1]

(20 ans, 7 mois et 22 jours)
Élection
Réélection
Premier ministre Sidi Mohamed Ould Boubacar
Cheikh El Avia Ould Mohamed Khouna
Mohamed Lemine Ould Guig
Cheikh El Avia Ould Mohamed Khouna
Sghair Ould M’Bareck
Prédécesseur Mohamed Khouna Ould Haidalla
(président du Comité militaire de salut national de la République islamique de Mauritanie, de facto)
Successeur Ely Ould Mohamed Vall
(président du Conseil militaire pour la justice et la démocratie, de facto)
Premier ministre de Mauritanie

(7 ans, 4 mois et 6 jours)
Président Lui-même
(président du Comité militaire de salut national)
Prédécesseur Mohamed Khouna Ould Haidalla
Successeur Sidi Mohamed Ould Boubacar

(2 ans, 10 mois et 12 jours)
Président Mohamed Khouna Ould Haidalla
Prédécesseur Sid’Ahmed Ould Bneijara
Successeur Mohamed Khouna Ould Haidalla
Biographie
Date de naissance (82 ans)
Lieu de naissance Atar (Mauritanie)
Nationalité mauritanienne
Conjoint Aisha Mint Ahmed-Tolba
Profession Militaire

Maaouiya Ould Sid'Ahmed Taya
Premiers ministres de Mauritanie
Présidents de la République islamique de Mauritanie

Maaouiya Ould Sid'Ahmed Taya (en arabe : معاوية ولد سيد أحمد الطايع), né le à Atar[1], est un militaire et homme d'État mauritanien. Il a notamment exercé les fonctions de Premier ministre de 1981 à 1992 et de président de la République de 1984 à 2005.

Biographie

Formation et carrière militaire

Né dans la ville d'Atar (région de l'Adrar), Ould Taya a fréquenté une école primaire franco-mauritanienne de 1949 à 1955. Il a ensuite fréquenté le lycée de Rosso, dans le sud de la Mauritanie.

Issu de la tribu maraboutique maure des Smasside[2], Ould Taya a été engagé après des études secondaires au sein de l'armée nationale mauritanienne avant d'être nommé au grade de sous-lieutenant en 1961.

Promu capitaine en 1967, il remplit différentes missions et responsabilités, notamment au ministère de la Défense et à l'état-major national.

En 1974-1975, il effectue un stage à l'École supérieure de guerre de Paris avant d'occuper la fonction de chef d'état-major adjoint. En 1977, il devient préfet et commandant du secteur 1 de Bir Moghrein, avant de revenir à l'état-major national comme adjoint chargé des opérations et d'être promu au grade de lieutenant-colonel[1].

En , Ould Taya fait partie des officiers qui renversent le président Moktar Ould Daddah[3]. Après ce coup d'État, il est ministre de la Défense nationale entre 1978-1979[4]. En 1980, il occupe le poste de chef d'État-Major des armées pour la première fois, du 26 mars jusqu'au 15 juillet[5]. Ould Taya devient chef d'État-Major des armées pour une seconde fois en 1984, du 8 mars au 12 décembre[5].

Prise de pouvoir politique

Maaouiya Ould Taya commande la Gendarmerie nationale avant de devenir chef d'état-major puis Premier ministre (1981-1984) et ministre de la Défense. En mars 1984, le président Mohamed Khouna Ould Haidalla se nomme premier ministre en remplacement d'Ould Taya[3].

Ould Taya préside le Comité militaire de salut national qui renverse le président Ould Haidalla lors du coup d'État du , un coup d'État qui se déroule sans effusion de sang. Ould Taya déclare vouloir moraliser la vie politique et redonner de la crédibilité à l'État[3]. En 1991, il proclame une nouvelle Constitution approuvée lors d'un référendum[6], instaure le multipartisme et créé le Parti républicain démocratique et social. En 1992, il est élu président de la République et est réélu en 1997.

À partir de 1995, Taya instaure des relations étroites avec Israël, ce qui l'isole politiquement au sein de la Ligue arabe ainsi que dans son propre pays. La Mauritanie est en effet l'un des trois seuls pays de la Ligue arabe avec l'Égypte et la Jordanie à avoir des liens diplomatiques avec Israël[7],[8].

Taya réprime durement les mouvements islamistes qui se développent dans le désert[réf. nécessaire]. Les groupements salafistes profitent du désert mauritanien pour se réfugier et repartir ensuite en Algérie. Puisque les groupements salafistes algériens sont liés à Al-Qaïda, Ould Taya bénéficie du soutien militaire des États-Unis dans sa lutte[7]. Ould Taya réprime tout aussi durement son opposition politique.

Depuis 1999, plusieurs coups d'État tentent de renverser le président Taya dont celui des islamistes des Cavaliers du changement en juin 2003[8]. Le verdict du procès de ces putschistes est inattendu puisque les condamnés évitent la peine de mort[7].

En 2002, plusieurs Mauritaniens portent plainte en Belgique contre Taya pour génocide et crime contre l'humanité. Taya est accusé d'avoir épuré l'appareil d'État et l'armée des noirs en déportant et exécutant des Mauritaniens noirs[9],[10].

En , Ould Taya est réélu président de la République avec 67 % des voix dans un scrutin (en) dont la légitimité est contestée[7]. Ould Taya a préalablement dissous les deux principaux partis de l'opposition, l'Union des Forces démocratiques (en) d'Ahmed Ould Daddah et l'Action pour changement de Messaoud Ould Boulkheir. Les deux hommes se portent toutefois candidats en tant qu'indépendants[11].

En 2001, d'importants gisements pétroliers sont découverts au large de la côte mauritanienne[12] (ainsi que des mines d'or). L'extraction doit commencer en 2006 mais les revenus provenant du pétrole affluent déjà dans les caisses de l'État créant une embellie économique.[réf. nécessaire]

La chute

Le , l'Armée, au travers du Conseil militaire pour la justice et la démocratie (CMJD) présidé par le colonel Ely Ould Mohamed Vall, prend le pouvoir pour officiellement « mettre fin aux pratiques totalitaires du régime » du président Ould Taya et « créer les conditions favorables d'un jeu démocratique ouvert et transparent sur lequel la société civile et les acteurs politiques auront à se prononcer librement ». Le putsch se déroule alors que le président revient de Riyad où il a assisté la veille aux funérailles du roi Fahd d'Arabie saoudite. Son avion se pose à Niamey (Niger) avant qu'il ne se rende en Gambie puis au Qatar où il obtient finalement l'asile politique[13],[14].

Exil au Qatar

Depuis sa chute, Maaouiya Ould Taya vit en exil au Qatar où l'ancien émir, Hamad ben Khalifa Al Thani, lui a accordé l'asile politique (ainsi qu'à son épouse et à ses quatre enfants). Depuis lors, il vit dans une luxueuse et confortable résidence à Doha[14].

Depuis 2005, il n'a donné aucune interview et a été rarement aperçu dans les nombreux centres commerciaux et hôtels de la ville de Doha, les autorités qatariennes refusant qu'il s'exprime. Il n'a plus de contact avec la classe politique mauritanienne[15],[14].

Notes et références

Notes

  1. Président du Comité militaire de salut national du au .

Références

  1. a et b [PDF] Biographie du président déchu Maaouiya Ould Sid' Ahmed Taya.
  2. Ibrahima Dia, « Mauritanie : le président Mohamed Abdel Aziz et les deux tribus », sur www.financialafrik.com, (consulté le ).
  3. a b et c (en) The New York Times, « Mauritania coup ousts president », sur www.nytimes.com, (consulté le )
  4. Armée nationale mauritanienne, « Ministres de la défense », sur www.armee.mr, (consulté le )
  5. a et b Armée nationale mauritanienne, « Les Chefs d'Etat-major », sur www.armee.mr (consulté le )
  6. Ahmed Salem Ould Bouboutt, « La révision constitutionnelle du 20 mars 2012 en Mauritanie », L’Année du Maghreb, no 10, 2014, mis en ligne le 21 octobre 2013, consulté le 15 décembre 2015, lire en ligne.
  7. a b c et d Philippe Bernard, « Un coup d'Etat militaire renverse le président Ould Taya en Mauritanie », Le Monde,
  8. a et b Mahmoud Ould Mohamedou, « La Mauritanie est-elle une cible islamiste ? », Le Monde,
  9. « Belgique : plainte contre le président mauritanien », Libération,
  10. Olivia Marsaud, « Ould Taya m'a tuer », Afrik,
  11. Diallo Bios, « Mauritanie », dans L'État du monde 2003, La Découverte, , 107-109 p.
  12. « Mauritanie - Découverte pétrolière prometteuse », sur www1.rfi.fr, (consulté le )
  13. « Coup d'Etat militaire en Mauritanie », AFP et Le Monde,
  14. a b et c « Mauritanie : jours tranquilles à Doha pour Ould Taya », Jeune Afrique,
  15. « Mauritanie : Maaouiya Ould Taya a coupé tout lien avec ses ex-fidèles », Jeune Afrique,

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