Ligne de Portet-Saint-Simon à Puigcerda (frontière)

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Ligne du transpyrénéen oriental
de Portet-Saint-Simon à Puigcerda
Voir la carte de la ligne.
Carte de la ligne
Voir l'illustration.
La ligne et le château de Carol à Porta (Pyrénées-Orientales) en avril 2022.
Pays Drapeau de la France France,
Drapeau de l'Espagne Espagne
Villes desservies Toulouse, Pamiers, Foix, Tarascon-sur-Ariège, Ax-les-Thermes, Latour-de-Carol, Puigcerdà
Historique
Mise en service 1861 – 1929
Électrification 1929 – 1930
Concessionnaires Cie du Midi (1857 – 1937)
SNCF (1938 – 1997)
RFF (1997 – 2014)
SNCF (depuis 2015)
Caractéristiques techniques
Numéro officiel 672 000
Longueur 155 km
Écartement standard (1,435 m)
Électrification 1500 V continu
Pente maximale 40 
Nombre de voies Voie unique
Signalisation BAPR-VB de Portet à Pamiers et d'Ax-les-Thermes à Latour-de-Carol
BM-VU SNCF de Pamiers à Ax
Trafic
Propriétaire SNCF
Exploitant(s) SNCF
Trafic Intercités de nuit, TER
Fret
Schéma de la ligne

La ligne de Portet-Saint-Simon à Puigcerda (frontière)[1], parfois dénommée Transpyrénéen Oriental, est une voie ferrée secondaire du sud de la France. Elle relie Portet-sur-Garonne, situé au sud de Toulouse, sur la ligne de Toulouse à Bayonne, à Latour-de-Carol[2] et Puigcerdà, villes situées de part et d'autre de la frontière espagnole, en Cerdagne. Elle constitue la ligne 672 000 du réseau ferré national français.

La traversée des Pyrénées par chemin de fer, pour établir des relations entre la France et l'Espagne, donne lieu en 1865 à la création d'une commission mixte franco-espagnole[3]. Elle va étudier douze projets, le onzième : « de (Toulouse) Ax-les-Thermes à Ripoll (province de Barcelone) par le col du Puymorens et la Cerdagne[3] » est l'un des trois retenus, appelé ensuite « itinéraire oriental » ou « Pyrénéen oriental », la ligne de Portet-Saint-Simon à Puigcerdà (frontière) représente la partie française de cette relation internationale.

Elle est parcourue quotidiennement par un train Intercités de nuit, reliant Paris à Latour-de-Carol, et par des TER de Toulouse à Pamiers, Foix, Ax-les-Thermes et Latour-de-Carol. Le tronçon Latour-de-Carol – Puigcerdà comporte deux voies : une voie à écartement standard et une voie à écartement espagnol ; il est parcouru quotidiennement par les trains Rodalies R3 de Catalogne, exploités par la Renfe.

Tracé[modifier | modifier le code]

Histoire[modifier | modifier le code]

Chronologie des ouvertures[modifier | modifier le code]

De Toulouse à Foix[modifier | modifier le code]

Passage en gare de Pamiers.

En 1846, les projets de chemins de fer abondent, T. Lebens dans son Mémoire sur les chemins de fer des Pyrénées présente un projet de tracé de la ligne de Toulouse à Foix et à Tarascon, commune avec la ligne de Toulouse à Bayonne jusqu'au Portet où elle bifurque en franchissant la Garonne pour se diriger vers Auterive. La ligne de Portet-Saint-Simon à Foix est déclarée d'utilité publique en même temps que la ligne de Toulouse à Bayonne sur laquelle elle s'embranche par un décret impérial le [5]. La description initiale, proche du tracé définitif, trouve sa concrétisation dans la convention signée par le ministre de l'agriculture du commerce et des travaux publics avec la Compagnie des chemins de fer du Midi et du Canal latéral à la Garonne le [6]. L'article premier comporte une liste de chemins de fer, la ligne de Toulouse à Bayonne et son embranchement sur Foix est le numéro un de cette liste[6]. La convention est approuvée par le décret impérial du [6].

De Foix à Ax-les-Thermes[modifier | modifier le code]

Passage en gare de Foix.

La section de Foix à Tarascon est concédée à la Compagnie des chemins de fer du Midi et du Canal latéral à la Garonne par une convention signée entre le ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics et la compagnie le . La convention est approuvée par un décret impérial à la même date[7].

Le tronçon de ligne entre Tarascon-sur-Ariège et Ax-les-Thermes est déclaré d'utilité publique et concédé à la Compagnie des chemins de fer du Midi et du Canal latéral à la Garonne par une loi le [8].

D'Ax-les-Thermes à la frontière avec l'Espagne[modifier | modifier le code]

Passage en gare d'Ax-les-Thermes.

La partie internationale de la ligne a fait l'objet d'une convention internationale entre la France et l'Espagne signée le . Cette convention a été approuvée par une loi le [9] et promulguée par un décret le [10].

Le [11] l'avant projet pour un « chemin de fer d'Ax-les-Thermes à la frontière d'Espagne » est approuvé par décision ministérielle.

Le tronçon d'Ax-les-Thermes à la frontière espagnole a été concédé à la compagnie des chemins de fer du Midi par une convention signée avec le ministre des Travaux publics le . La convention a été approuvée et le tronçon de ligne d'Ax-les-Thermes à la frontière espagnole a été déclaré d'utilité publique par une loi le [12].

Dès la ligne achevée, elle fut utilisée pour acheminer le minerai de fer de la mine de Puymorent exploitée dès le Moyen Âge. Il était transporté par câble jusqu'à la gare de l'Hospitalet.

Problème d'adhérence[13][modifier | modifier le code]

La section de ligne Ax-les-Thermes – Latour-de-Carol présente un profil difficile avec une vitesse limitée à 60 km/h pour les trains de voyageurs et à 50 km/h pour les trains de fret. La pente y atteint 40 / 1000 ce qui constitue une valeur extrême sur le réseau ferré national (RFN). De nombreux tunnels en ponctuent le tracé qui est, de plus, très sinueux. Cette situation occasionne de fréquents problèmes d'adhérence pour les trains qui parcourent cette ligne en hiver, à cause de ses conditions climatiques (neige, gel).

Infrastructures[modifier | modifier le code]

TER, assuré par une rame Régiolis, franchissant le viaduc de Carol à Porta.

Sur la plupart des bâtiments voyageurs, on peut lire encore l'indication de l'altitude, gravée dans un bloc de pierre (parfois est précisé : altitude du rail). Lors du passage aux arrêts non desservis, il est parfois difficile de relever l'altitude, le bloc de pierre peut être aussi caché par de la végétation. Ces altitudes sont inexactes aujourd'hui car le système de nivellement est maintenant différent (IGN-69).

La ligne est électrifiée en 1 500 V CC par le biais de sept sous-stations. La puissance électrique se révélant trop faible pour engager notamment des unités multiples de Z 56300, deux nouvelles sous-stations seront construites à Venerque - Le Vernet et Saverdun pour une livraison courant 2020[14].

On mentionnera, comme curiosités, le tunnel hélicoïdal de Saillens et, dans une moindre mesure, le tunnel de Runac-Berduquet constitué deux tunnels fusionnés[15],[16].

Matériel roulant[modifier | modifier le code]

Une rame Régiolis en gare de Tarascon-sur-Ariège

Les liaisons TER sont assurées par les automotrices électriques Z 27500 (AGC électrique) qui ont succédé, au cours des années 2000, aux automotrices électriques Z 7300 et aux RRR tractées ou poussées par des locomotives BB 8500. En 2017, certaines liaisons sont assurées par des automotrices Z 54900 (Régiolis).

Depuis 2020, les AGC ont intégralement laissé place aux Régiolis et Régio 2N. Seules les Régiolis Z 54900 montent jusqu'à Latour-de-Carol . Les Régio 2N et les Régiolis B 83500 sont limités à Ax-les-Thermes.

Les AGC se font très rares sur cette ligne et sont utilisés qu'en cas de manque de Régiolis et Régio 2N. Ils ne sont plus apte après Foix n'ayant plus leur pantographe pour la caténaire midi.

La liaison directe de Latour-de-Carol à Paris est assurée par les voitures Corail de nuit ; ces trains sont appelés Lunéa à la fin des années 2000, puis Intercités de nuit depuis 2012. En 2022, le départ du train de nuit à Latour-de-Carol - Enveitg est à 19 h 16 et à 21 h 29 depuis Paris-Austerlitz[17].

Circulations[modifier | modifier le code]

Une rame Régiolis en gare de Latour-de-Carol Enveitg

Depuis 1967, la desserte des trains français s'arrête à Latour-de-Carol. En effet, bien que la voie à écartement normal continue jusqu'à Puigcerdà (du côté espagnol de la frontière), en étant toujours armée et électrifiée depuis Latour-de-Carol, seule la voie dite ibérique, dont l'écartement est plus large de 23,3 cm, relie encore les deux états en service commercial. La correspondance avec les convois espagnols (Renfe) s'effectue donc à la gare de Latour-de-Carol - Enveitg[18], qui a ainsi un statut de gare internationale. Les trains concernés, faisant partie des Rodalies de Catalunya (ligne R3), poursuivent leur trajet bien au-delà de la gare de Puigcerdà, puisqu'ils atteignent leur terminus à L'Hospitalet de Llobregat ; circulant 4 à 5 fois par jour, ils passent notamment par Ripoll, Vic et Barcelone, pour un plein tarif de 12  (en 2010)[19].

Problématiques[modifier | modifier le code]

Une rame Régiolis en gare de Mérens-les-Vals.

Cette ligne constitue un tronçon d'une liaison entre Toulouse et Barcelone, mais un changement de train est nécessaire à Latour-de-Carol et le trajet dure de 6 à h entre les deux villes. Son intérêt s'est fortement réduit avec la mise en service d'une relation TGV directe, en h 20, entre Toulouse et Barcelone par Perpignan fin 2013 (une liaison quotidienne), circulant toutefois uniquement de début avril à fin septembre (depuis 2016).

La ligne pâtit aussi du manque de coopération entre la SNCF et les régions autonomes espagnoles, l'exploitant français affiche les horaires des trains et vend des titres de transports pour les liaisons nationales espagnoles mais pas pour les liaisons régionales pilotées comme en France par les régions autonomes. Il n'est donc ni possible pour un voyageur français de réserver ses billets pour Barcelone par ce tronçon, ni de consulter les horaires des trains espagnols en correspondance à Latour-de-Carol (bien que ce trajet soit moins coûteux que la liaison rapide par Perpignan).

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Le nom officiel de la ligne, selon SNCF Réseau, ne comporte pas d'accent à « Puigcerdà » ; cf. « Lignes par type : Ligne de Portet-St-Simon à Puigcerda (frontière) », sur SNCF Open Data, [cf. l'onglet des informations] (consulté le ).
  2. L'orthographe « La-Tour-de-Carol », nom de la commune au XIXe siècle, tend à être maintenue par la SNCF dans le nom de la gare.
  3. a et b Site pyrenees-pireneus.com, Les transpyrénéens : Historique, extrait de l'ouvrage : Géographie des chemins de fer français de H. Lartilleux, Imprimerie Chaix, 1950, extrait (consulté le 11 novembre 2011).
  4. a b c d et e Dossier de Presse, Plan Rail Midi-Pyrénées 2007-2013, La ligne Portet-Tarascon : historique et caractéristiques de la ligne, avril 2011, p. 11 ; lire (consulté le 11 novembre 2011).
  5. « N° 4100 - Décret impérial qui déclare d'utilité publique l'établissement des lignes de chemins de fer de Toulouse à Bayonne, d'Agen à Tarbes et de Mont-de-Marsan à ou près Rabastens : 23 octobre 1856 », Bulletin des lois de l'Empire Français, Paris, Imprimerie Impériale, xI, vol. 8, no 438,‎ , p. 839-840.
  6. a b et c France, Collection complète des lois, décrets d'intérêt général, traités internationaux, arrêtés, circulaires, instructions, etc, volume 57, Recueil Sirey, 1857, p. 498 ; intégral (consulté le 12 novembre 2011).
  7. « N° 16363 - Décret impérial qui approuve la convention passée, le 10 août 1868, entre le ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics et la Compagnie des chemins de fer du Midi et du Canal latéral à la Garonne : 10 août 1863 », Bulletin des lois de l'Empire Français, Paris, Imprimerie Impériale, xI, vol. 32, no 1642,‎ , p. 640-648.
  8. « N° 4890 - Loi qui déclare d'utilité publique l'établissement de divers chemins de fer et approuve la convention passée avec la Compagnie des chemins de fer du Midi et du Canal latéral à la Garonne, pour le concession de ces chemins de fer : 14 décembre 1875 », Bulletin des lois de la République Française, Paris, Imprimerie Nationale, xII, vol. 11, no 285,‎ , p. 1276-1281 (lire en ligne).
  9. « N°48723 - Loi portant approbation de la convention et du protocole additionnel signés, les 18 août 1904 et 8 mars 1905, entre la France et l'Espagne, au sujet de l'établissement de communications par voies ferrées à travers les Pyrénées centrales : 10 janvier 1907 », Bulletin des lois de la République Française, Paris, Imprimerie Nationale, xII, vol. 74, no 2811,‎ , p. 1368-1369 (lire en ligne).
  10. « N° 48983 - Décret portant promulgation de la convention et du protocole additionnel signés, les 18 août 1904 et 8 mars 1905, entre la France et l'Espagne, au sujet de l'établissement de communications par voies ferrées à travers les Pyrénées centrales : 6 février 1907 », Bulletin des lois de la République Française, Paris, Imprimerie Nationale, xII, vol. 74, no 2827,‎ , p. 2074-2078 (lire en ligne).
  11. Site gallica.bnf.fr, « Chemin de fer d'Ax-les-Termes à la frontière d'Espagne : situation des études et travaux de cette ligne », dans Rapports et délibérations - Pyrénées-Orientales, Conseil général, 1916, p. 29 ; intégral (consulté le 11 novembre 2011).
  12. « N° 49858 - Loi concernant : 1° La déclaration d'utilité publique des chemins de fer de Saint-Paul-Saint-Antoine à Lavelanet et à Bélesta, de Condom à Castéra-Verdazan, d'Ax-les-Termes (Ariège) et de Bedous (Basses-Pyrénées) à la frontière espagnole ; 2° La concession éventuelle du chemin de fer d'Oust (Ariège) à la frontière espagnole : 2 août 1907 », Bulletin des lois de la République Française, Paris, Imprimerie Nationale, xII, vol. 76, no 2884,‎ , p. 13-20 (lire en ligne).
  13. « Mérens-les-Vals - BEA-TT », sur www.bea-tt.developpement-durable.gouv.fr (consulté le )
  14. « De nouvelles sous-stations pour l'Ariège », sur Actu TER Occitanie, (consulté le ).
  15. « Tunnel remarquable : tunnel de Runac Berduquet », sur inventaires-ferroviaires.fr (consulté le )
  16. Jean-Paul Lasserre du Rozel, « Le Transpyrénéen : un tunnel oublié », sur AFAC Centre-Loire, (consulté le )
  17. Marjolaine Contassot, « Ariège : le train de nuit Latour-de-Carol Enveitg - Paris reprend du service », La Dépêche du midi,‎ (lire en ligne).
  18. Bernard Collardey, « 1968-2019 : La longue révolution du rail en Occitanie : Un demi-siècle de chemin de fer en Occitanie », Rail Passion, no 34H (hors-série : Le rail en Occitanie),‎ , p. 13-14 (ISSN 2264-5411).
  19. « Site des chemins de fer catalans ».

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • T Lebens, « Ligne de Toulouse à Foix et à Tarascon », dans Mémoire sur les chemins de fer des Pyrénées et spécialement sur un projet de chemin de fer de Toulouse à Bayonne, E. Devroye et cie., 1846, pp. 10-12 (intégral)
  • Garau, M., « Les transpyrénéens, La pénétration de la voie d’écartement européen en Espagne », Revue géographique des Pyrénées et du Sud-Ouest, no 4-4, 1933, pp. 449-471.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

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Lien externe[modifier | modifier le code]