La Vie de Mohammed, prophète d'Allah

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

La Vie de Mohammed, prophète d'Allah
Image illustrative de l’article La Vie de Mohammed, prophète d'Allah
Page de titre de La Vie de Mohammed, prophète d'Allah. Au-dessus du titre se trouve la chahada, calligraphiée en arabe dans le style thuluth.

Auteur Étienne Dinet et Sliman ben Ibrahim
Pays Drapeau de la France France
Genre biographie
Éditeur Henri Piazza
Date de parution 1918
Nombre de pages 178

La Vie de Mohammed, prophète d'Allah est une sîra (c'est-à-dire une biographie de Mahomet, dernier prophète de l'islam) rédigée et illustrée par Étienne Dinet, un peintre orientaliste français converti à l'islam, en collaboration avec son ami l'essayiste algérien Sliman ben Ibrahim, avec des enluminures du calligraphe et miniaturiste algérien Mohammed Racim.

Histoire[modifier | modifier le code]

Cette biographie de Mahomet est rédigée juste avant[1] ou pendant[2] la Première Guerre mondiale. En 1914, afin de se documenter pour sa rédaction, Dinet se rend au Cabinet de dessin, un service de l'académie d'Alger. Il y rencontre Mohammed Racim qui va réaliser les enluminures de l'ouvrage[3].

Le livre est publié en 1918 par Henri Piazza à la demande du ministère des Armées, en hommage aux musulmans morts pour la France pendant la guerre[4],[5]. Cette démarche se retrouve à la même époque dans la construction de la Grande mosquée de Paris, pour laquelle Dinet a d'ailleurs aussi milité[6].

Contenu[modifier | modifier le code]

Louis Brunot indique que cet ouvrage « ne doit pas être considéré comme une vie de Mohammed qui serait traitée par des historiens des religions, mais comme la biographie du Prophète telle que la considèrent les Musulmans éclairés s'en tenant à la parole d'Allah et aux écrits des pères de l'orthodoxie de l'Islam »[7]. Selon Pierre Prier, cet « ouvrage est celui d'un croyant. S'appuyant sur la sunna, la tradition islamique, le récit respecte une stricte orthodoxie »[4].

Illustrations de Dinet[modifier | modifier le code]

La Prière autour du temple sacré de la Kaâba à Mekka, première illustration du livre.

Le livre est illustré de 27 tableaux peints par Dinet[8] :

Aucune de ces illustrations ne représente le prophète, ni aucun des événements dont il est le héros. À ce sujet, les auteurs expliquent en préface que même si les principes de l'islam ne sont pas aussi hostiles qu'on peut le penser à la représentation figurée, ils interdisent tout de même la représentation du divin, qui est un blasphème menant à l'idolâtrie, ainsi que la représentation des prophètes, qui est un sacrilège ; ils ont donc choisi une méthode d'illustration indirecte, représentant le prophète par la manière dont il se reflète dans les gestes de ses disciples, les musulmans[2], dans leur pratique religieuse ou simplement leur vie quotidienne de nomades[9]. Des lieux saints de l'islam sont également représentés[10],[11] : la Kaaba à La Mecque et la mosquée du Prophète à Médine.

Pour autant, ces illustrations n'apparaissent pas dans toutes les rééditions, certaines adoptant une interprétation plus restrictive de l'interdit des représentations figurées[12].

Éditions[modifier | modifier le code]

L'ouvrage, ayant rencontré un grand succès[13], a connu de nombreuses éditions[14],[15],[16] :

  • La Vie de Mohammed, prophète d'Allah, Paris, Piazza, 1918, 178 p.
  • La Vie de Mohammed, prophète d'Allah, Paris, Maisonneuve, 1927, 305 p.
  • La Vie de Mohammed, prophète d'Allah, 3e éd., Paris, Maisonneuve, 1937, 306 p.
  • La Vie de Mohammed, prophète d'Allah, 4e éd., Paris, Maisonneuve, 1947, 305 p.
  • La Vie de Mohammed, prophète d'Allah, Paris, Maisonneuve, 1961, 276 p.
  • La Vie de Mohammed, prophète d'Allah, Paris, Éditions d'art les Heures claires, 1975, 298 p.
  • La Vie de Mohammed, prophète d'Allah, Médéa, Éditions populaires de l'armée, s.d. (préface Ahmad Djedou, reprint de l'édition de 1961).
  • La Vie de Mohammed, prophète d'Allah, Alger, la Maison des livres, 1989, 205 p.
  • La Vie de Muhammad, prophète d'Allah, rev., annotée et préf. par Abderrazak Mahri, Paris, Maison d'Ennour, 2003, 408 p. (ISBN 2-910891-35-6).
  • Muhammad, l'envoyé de Dieu, rev. et annotée par Muhammad Diakho, Beyrouth, Albouraq, 2005, 385 p. (ISBN 978-2-84161-256-7).
  • La Vie de Muhammad, prophète d'Allah, nouvelle éd. revue, annotée et préf. par Abderrazak Mahri, Paris, Maison d'Ennour, 2006, 468 p. (ISBN 2-910891-35-6).
  • La Vie de Muhammad, Prophète d'Allah, Al-Burda, 2006, 418 p. (ISBN 2-914154-02-X).
  • Muhammad, l'envoyé de Dieu, rev. et annotée par Muhammad Diakho, Beyrouth et Paris, Albouraq, 2009, 333 p. (ISBN 978-2-84161-368-7).
  • La Vie de Mohammed, prophète d'Allah, préf. par Ysabel Saïah-Baudis et Dominique Baudis, Paris, Orients et Klincksieck, 2014, 270 p. (ISBN 978-2-9540792-8-8) : publié à l'occasion du centenaire de la Première Guerre mondiale, sans toutefois obtenir le label de la mission du centenaire[4].
  • La Vie de Muhammad, prophète d'Allah, Ermont, Héritage, 2021, 407 p. (ISBN 978-2-9576491-9-8) [lire en ligne] [lire en ligne].

Éditions en anglais :

  • The Life of Mohammad, the Prophet of Allah, Paris, The Paris Book Club, 1918 [lire en ligne].
  • The Life of Mohammad : the Prophet of Allah, Karachi, Taj Company, 1973.
  • The Life of Mohammad, Prophet of Allah, Londres/Paris, Studio Editions, 1990 (ISBN 1-85170-220-2 et 1-85170-929-0).
  • The Life of Mohammad, Prophet of Allah, Secaucus, Chartwell Books, 1990 (ISBN 1555215130).
  • The Life of Mohammad, the Prophet of Allah, HardPress Publishing, 2012 (ISBN 978-1-4077-4971-6).
  • The Life of Mohammad, the Prophet of Allah, Forgotten Books (ISBN 9781330275931 et 9780265867402).

Éditions en arabe, traduction par Abdel-Halim Mahmoud, le grand imam de la mosquée Al-Azhar au Caire, et son fils Mohamed[17] :

  • محمّد رسول الله [Muḥammad Rasūl Allâh], Le Caire, 1956.
  • Beyrouth et Saida, Librairie Moderne, 1965.

Critique[modifier | modifier le code]

Lorsque La Vie de Mohammed connut une édition populaire en 1937[18], Jacques Berque en fit un compte-rendu[19], l'une de ses premières publications[20].

Selon Michel Chodkiewicz, La Vie de Mohammed est « médiocre »[21].

Selon Édouard Montet, c'est une « merveille d'art » grâce aux « illustrations admirables » de Dinet et aux illuminations de Racim, qui en font une « publication magistrale au point de vue artistique »[22].

Références[modifier | modifier le code]

  1. Janin 1937, p. 367.
  2. a et b Roded 2002, p. 343.
  3. Mustapha Orif, « De l'"art indigène" à l'art algérien », Actes de la recherche en sciences sociales, vol. 75 « Sur l'art »,‎ , p. 35–49 (DOI 10.3406/arss.1988.2867).
  4. a b et c Pierre Prier, « Étienne Dinet, peintre français, orientaliste et musulman », sur Orient XXI, .
  5. Geneviève Delrue, « Religions du monde : 2. Spéciale commémoration du centenaire de la Guerre 1914-18 », RFI, .
  6. Brahimi 1991, p. 140–142 et 152.
  7. Brunot 1938.
  8. Roded 2002, p. 344.
  9. Brahimi 1991, p. 128.
  10. (en) Roger Benjamin, « Colonial Tutelage to Nationalist Affirmation : Mammeri and Racim, Painters of the Maghreb », dans Jill Beaulieu (dir.) et Mary Roberts (dir.), Orientalism's Interlocutors : Painting, Architecture, Photography, Durham et Londres, Duke University Press, coll. « Objects/histories », , 227 p. (ISBN 0-8223-2859-3 et 0-8223-2874-7, DOI 10.1215/9780822383857-003), p. 61–62 [lire en ligne].
  11. (en) Roger Benjamin, chap. 4 « Orientalists in the Public Eye », dans Orientalist Aesthetics : Art, Colonialism, and French North Africa, 1880-1930, Berkeley, University of California Press, , 352 p. (ISBN 0-520-22217-2, DOI 10.1525/9780520924406-007), p. 94 [lire en ligne].
  12. Roded 2002, p. 359.
  13. François Pouillon, « Étienne Nasreddine Dinet et la peinture orientaliste en Algérie », dans Abderrahmane Bouchène (dir.), Jean-Pierre Peyroulou (dir.), Ouanassa Siari Tengour (dir.) et Sylvie Thénault (dir.), Histoire de l'Algérie à la période coloniale : 1830-1962, Paris, La Découverte, coll. « Poche / Essais », , 717 p. (ISBN 978-2-7071-7837-4), p. 293–296 [lire en ligne].
  14. François Pouillon, « Legs colonial, patrimoine national : Nasreddine Dinet, peintre de l'indigène algérien », Cahiers d'études africaines, vol. 30, no 119 « Maghreb : récits, traces, oublis »,‎ , p. 329–363 (359) (DOI 10.3406/cea.1990.1611, JSTOR 4392279).
  15. Pouillon 1997a, p. 304.
  16. Barkahoum Ferhati, « Le musée national Nasr Ed din Etienne Dinet de Bou-Saâda : Une expérience avortée », Naqd, no 17,‎ printemps-été 2003, p. 73–96 (93) (DOI 10.3917/naqd.017.0073).
  17. Charles Pellat, « Dinet, Alphonse Étienne », dans Clifford Edmund Bosworth, Emeri van Donzel, Bernard Lewis et Charles Pellat (dir.), Encyclopédie de l'Islam : Supplément, vol. 3-4 : Batriyya-D̲j̲awhar, Leyde et Paris, Brill et Maisonneuve et Larose, , 2e éd. (ISBN 90-04-06381-1, DOI 10.1163/9789004206106_eifo_SIM_8475), p. 224–225 [lire en ligne].
  18. Pouillon 1997a, p. 122.
  19. Berque 1937–1938.
  20. François Pouillon, « L'hôtesse arabe (Hodna 1932) : À propos de “Aspects du contrat pastoral à Sidi-Aïssa” (1936) », Revue du monde musulman et de la Méditerranée, nos 83–84 « Enquêtes dans le bibliographie de Jacques Berque - Parcours d'histoire sociale »,‎ 1997b, p. 45–66 (54) (DOI 10.3406/remmm.1997.1771).
  21. Michel Chodkiewicz, « Revue des livres : Commentaire du Coran par Abû Jaʻfar Muḥammad Ibn Jarîr al-Ṭabarî, abrégé, traduit et annoté par Pierre Godé, Éd. Les Heures Claires, Paris 1983, 256 p. », Studia Islamica (en), no 59,‎ , p. 189–191 (191) (DOI 10.2307/1595303, JSTOR 1595303, lire en ligne).
  22. Édouard Montet, « Histoire de l'islam », Revue historique, no 138,‎ , p. 94–101 (98) (JSTOR 40943936, lire en ligne).
  • Koudir Benchikou, « Catalogue raisonné », dans Denise Brahimi, La Vie et l'Œuvre d'Étienne Dinet, Courbevoie, ACR, coll. « Les Orientalistes » (no 2), (1re éd. 1984), 304 p. (ISBN 2-86770-006-X) :
  1. Notice no 427, p. 259.
  2. Notice no 416, p. 256.
  3. Notice no 173-A, p. 291.
  4. Notices nos 107-108, p. 186.
  5. Notice no 379, p. 250.
  6. Notices nos 102-103, p. 185.
  7. Notice no 419-1, p. 294.
  8. Notice no 381, p. 250.
  9. Notice no 134, p. 192.
  10. Notices nos 421-422, p. 257.
  11. Notice no 434, p. 260.
  12. Notice no 373, p. 248.
  13. Notice no 409, p. 255.
  14. Notice no 382, p. 250.
  15. Notice no 440, p. 262.
  16. Notices nos 375-376, p. 249.
  17. Notice no 353, p. 243.
  18. Notices nos 316-317, p. 233.
  19. Notices nos 425-426, p. 258.
  20. Notices nos 384-385-386, p. 251.
  21. Notices nos 436-437, p. 261.
  22. Notice no 432, p. 260.
  23. Notice no 383, p. 251.
  24. Notice no 146, p. 194.
  25. Notice no 420, p. 257.
  26. Notice no 423, p. 258.
  27. Notice no 149, p. 195.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Comptes-rendus :

  • Jacques Berque, « Dinet et El haj Sliman ben Ibrahim. — La Vie de Mohamed, prophète d'Allah. — 1937. Chez Maisonnave à Paris : 45 francs », Revue marocaine de législation, doctrine et jurisprudence chérifienne, nos 6–7,‎ 1937–1938, p. 23–25 (lire en ligne). Reproduit dans Pouillon 1997a, p. 138–140.
  • Louis Brunot, « E. Dinet et El Hadj Sliman ben Ibrahim. — La vie de Mohammed, prophète d'Allah. Paris, 1937. », Hesperis, vol. 25,‎ 1er trimestre 1938, p. 102–103 (lire en ligne).
  • Raymond Janin, « Dinet (E.) et El Hadj Sliman ben Ibrahim, La vie de Mohammed, prophète d'Allah », Échos d'Orient, vol. 36, no 187,‎ , p. 367–368 (lire en ligne).
  • (en) Fritz Krenkow (en), « New Books in Review : Muhammad the Prophet », Islamic Culture: The Hyderabad Quarterly Review, vol. 12, no 1,‎ , p. 122–123 (lire en ligne).
  • Isabelle Safa, « Notes de lecture : Étienne Dinet et Sliman Ben Ibrahim, La Vie de Mohammed prophète d'Allah, Orients/Klincksieck, 2014, 270 p., 55  », Les Cahiers de l'Orient, no 118,‎ , p. 124–125 (DOI 10.3917/lcdlo.118.0104, lire en ligne).

Autres sources centrées :

  • François Pouillon, Les deux vies d'Étienne Dinet, peintre en Islam : L'Algérie et l'héritage colonial, Paris, Balland, coll. « Le Nadir », 1997a, 312 p. (ISBN 2-7158-1142-X), p. 120–124.
  • (en) Ruth Roded, « Modern Gendered Illustrations of the Life of the Prophet of Allah: Étienne Dinet and Sliman Ben Ibrahim (1918) », Arabica, vol. 49, no 3,‎ , p. 325–359 (DOI 10.1163/157005802760253261, JSTOR 4057654).

Liens externes[modifier | modifier le code]