Juge en chef des États-Unis

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 27 décembre 2014 à 09:48 et modifiée en dernier par (:Julien:) (discuter | contributions). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.

Juge en chef des États-Unis
Image illustrative de l’article Juge en chef des États-Unis
Sceau officiel de la Cour suprême

Image illustrative de l’article Juge en chef des États-Unis
Titulaire actuel
John Roberts
depuis le

Création
Premier titulaire John Jay
Rémunération 212 100 $ par an
Site internet http://www.supremecourt.gov/

Le juge en chef des États-Unis (en anglais Chief Justice of the United States) est le plus haut magistrat du système judiciaire fédéral américain et le président de la Cour suprême des États-Unis.

Il préside également le Sénat lors d'un procès d'impeachment à l'encontre du président des États-Unis. La tradition veut que ce soit devant lui que le président des États-Unis prête serment à sa prise de fonction.

Le 17e et actuel juge en chef des États-Unis est John G. Roberts Jr.. Il a été nommé par le président George W. Bush et a pris ses fonctions le 29 septembre 2005 après sa confirmation par le Sénat.

Histoire

La Constitution américaine n'établit pas explicitement la fonction de juge en chef mais pré-suppose son existence par une simple référence dans l'article I, Section 3: « When the President of the United States is tried, the Chief Justice shall preside.» Rien d'autre n'est dit dans la Constitution sur sa fonction, ni aucune distinction entre le juge en chef et les juges associés, les autres membres de la Cour suprême, qui ne sont jamais mentionnés dans la Constitution.

Le juge en chef des États-Unis, comme les autres juges, est nommé par le président des États-Unis puis confirmé à son siège par le Sénat américain. La Constitution américaine statue que tous les juges de la Cour « shall hold their offices during good behavior » ce qui signifie que leur nomination est à vie, ne se terminant seulement quand un magistrat choisit de se retirer, meurt ou est démis par la Chambre des représentants, décision qui doit être confirmée par le Sénat.

Quelques juges en chef, comme William H. Rehnquist, furent nommés par le président après avoir été juge associé. Un juge nommé alors qu'il est déjà membre de la Cour suprême doit aussi être confirmé par le Sénat (un rejet par le Sénat ne remet pas en cause sa précédente position de juge assesseur). La plupart des juges en chef, dont Roberts, ont été nommés à la plus haute fonction de la Cour sans avoir été auparavant membre de cette dernière ; certains comme John Marshall et Earl Warren, ont été nommés sans expérience judiciaire.

Le poste est souvent incorrectement nommé « juge en chef de la Cour suprême » (Chief Justice of the Supreme Court). Le titre 28, de l'United States Code, sec. 1 spécifie le titre de « Chief Justice of the United States » et non seulement de la Cour seule. Le titre a changé sur suggestion du sixième juge en chef des États-Unis, Salmon P. Chase, qui souhaitait donner plus d'importance au rôle de la Cour, comme égal au gouvernement. Par contre, les huit autres membres de la Cour sont juges assesseurs de la Cour suprême des États-Unis et non "juges associés des États-Unis".

Le salaire du juge en chef des États-Unis, fixé par le Congrès, est légèrement supérieur à celui d'un juge assesseur. En 2007, il se montait à 212 100 dollars annuels[1].

Devoirs

En plus des devoirs d'un juge assesseur, le juge en chef des États-Unis a plusieurs autres devoirs.

Procès d'Impeachment

L'article I, section 3 de la Constitution américaine dispose que le juge en chef des États-Unis doit présider au Sénat les procès d'impeachment du président des États-Unis. Deux juges en chef des États-Unis, Salmon P. Chase et William Rehnquist, ont eu à présider un tel procès au Sénat qui faisait suite à une procédure d'impeachment du président – Chase en 1868 pour les procédures à l'encontre du président Andrew Johnson et Rehnquist en 1999 pour les procédures à l'encontre du président Bill Clinton.

Le juge en chef des États-Unis présiderait un procès d'impeachment du vice-président si, sous les termes du 25e amendement de la Constitution, le vice-président sert comme président par intérim. Cependant, aucun vice-président n'a eu de procédure d'impeachment (Spiro Agnew démissionna avant, sous la menace d'une telle procédure), et aucun n'a été président par intérim plus de quelques heures.

Ancienneté

Le juge en chef des États-Unis est considéré comme le juge ayant le plus d'ancienneté, indépendamment du nombre d'années de service à la Cour. Il en résulte qu'il préside les conférences où les cas sont discutés et votés par les juges. Habituellement, le juge en chef parle le premier, et a donc une influence sur la suite que prend la discussion.

Le juge en chef des États-Unis établit le calendrier des réunions hebdomadaires où les juges passent en revue les pétitions pour certiorari (en), pour décider d'entendre ou refuser chaque cas soumis. Moins d'un pour cent des cas soumis à la Cour suprême sont acceptés et entendus. Alors que les juges assesseurs peuvent ajouter des points à l'agenda hebdomadaire, en pratique le pouvoir du juge en chef d'établir l'agenda initial à une grande influence sur la direction de la Cour.

En dépit de son ancienneté et de son prestige supplémentaire, le vote du juge en chef des États-Unis n'a pas plus de poids que le vote d'un autre juge de la Cour. Cependant, lors de chaque vote, le plus ancien des juges dans la majorité du vote, à le pouvoir de décider qui rédigera l'"Opinion de la Cour". Comme le juge en chef est toujours considéré comme le membre le plus ancien, s'il ou elle est dans la majorité du vote, alors il décide qui écrira l'Opinion de la Cour. Ce pouvoir de choisir l'auteur (dont la possibilité de se choisir lui-même) permet au juge en chef qui est dans la majorité du vote, d'influencer la rédaction de la décision. Deux juges qui sont dans une même majorité de vote et à qui est donnée cette opportunité de rédaction, peuvent écrire l'opinion majoritaire de manière très différente (résultat de beaucoup d'opinions qui se sont confrontées lors du débat); confier la rédaction de la décision à un juge associé dont le vote n'est pas certain peut éventuellement permettre d'assurer une majorité (une tactique qu'Earl Warren aurait utilisé ). Un juge en chef qui connait ses assesseurs peut donc, par le simple acte de choisir le rédacteur, avoir une grande influence sur la teneur de l'opinion, ce qui pourra ensuite influer sur l'interprétation de cette opinion dans les cas soumis aux cours de niveaux inférieures dans les années qui suivent (jurisprudence). Il est dit que certains juges en chef, notablement Earl Warren et Warren Burger, ont parfois changé leur vote pour être dans une majorité avec laquelle ils n'étaient pas d'accord, et ce afin de pouvoir choisir le juge associé qui rédigerait l'Opinion de la cour.

Prestation de serment

Le juge en chef des États-Unis reçoit la prestation de serment lors de l'inauguration du mandat du président des États-Unis. Cette responsabilité est une tradition mais n'est pas constitutionnellement obligatoire. Tout juge fédéral ou juge d'État, aussi bien que les notaires publics sont habilités par la loi à recevoir des serments ou des déclarations.

Le juge en chef des États-Unis n'a pas reçu les prestations de serment de sept présidents[2]. Robert Livingston, en tant que chancelier de l'État de New York, administra la prestation de serment de George Washington lors de son premier mandat; William Cushing, un juge assesseur de la Cour suprême, administra le second. Le père de Calvin Coolidge, un notaire public, administra la prestation de serment de son fils après le décès de Warren Harding[3]. Cela fut cependant contesté lors du retour de Coolidge à Washington et le serment fut refait par le juge A. Hoehling de la Cour suprême du district de Columbia[4]. Les serments de John Tyler, Millard Fillmore, Chester A. Arthur, Theodore Roosevelt et Lyndon Johnson reflétaient la nature inattendue de leur prise de fonctions. Ainsi la juge Sarah T. Hughes de la United States District Court administra dans Air Force One à Dallas la prestation de serment de Johnson après l'assassinat de John Kennedy.

William Rehnquist (gauche) fait le serment de juge en chef devant l'ancien juge en chef Warren Burger en 1986, son épouse, Natalie, tient la bible sous le regard du président Ronald Reagan (à l'extrême droite, près du drapeau.

Autres devoirs

Le juge en chef des États-Unis :

  • est le chef de la Judicial Conference of the United States, chef du corps administratif des cours fédérales américaines. La Judicial Conference a le pouvoir par le Rules Enabling Act (en) de proposer des règles, qui sont alors promulguées par la Cour suprême, susceptibles d'un véto du Congrès, pour s'assurer d'un fonctionnement sans accroc des cours fédérales. Des parties importantes du Federal Rules of Civil Procedure et du Federal Rules of Evidence ont été adoptées par les plupart des législatures d'État et sont considérées comme canoniques par les écoles de droit américaines.
  • nomme les membres de l'United States Foreign Intelligence Surveillance Court (ou FISC), une « Cour secrète » qui supervise les demandes de mandats de surveillance des agences de police fédérale (en premier lieu le F.B.I.) contre des espions étrangers sur le territoire américain.
  • nomme les membres de la Judicial Panel on Multidistrict Litigation, un tribunal spécial composé de sept juges fédéraux en fonction, responsables du choix du lieu pour coordonner les procédures préparatoires au procès dans les situations où des actions fédérales liées entre elles ont été enregistrées dans des districts judiciaires différents.
  • est membre ex officio du Board of Regents, et par usage comme Chancelier de la Smithsonian Institution.

Liste des juges en chef des États-Unis

* nomination rejetée par la Sénat
** élevé de juge assesseur
***
était également président des États-Unis
§
était auparavant juge assesseur (membre de la Cour suprême)
§§
débat d'historiens pour savoir s'il a démissionné ou décliné la nomination à la commission ([1])
mort pendant son mandat
No. Titulaires Image Mandat Nommé par
1 John Jay 19 octobre 178929 juin 1795 George Washington
2 John Rutledge Fichier:John Rutledge.jpg 1er juillet 179515 décembre 1795 George Washington
William Cushing 3 février 17965 février 1796 George Washington
3 Oliver Ellsworth 8 mars 179615 décembre 1800 George Washington
4 John Marshall 4 février 18016 juillet 1835 John Adams (F)
5 Roger Brooke Taney 28 mars 183612 octobre 1864 Andrew Jackson (D)
6 Salmon Portland Chase 15 décembre 18647 mai 1873 Abraham Lincoln (R)
7 Morrison Remick Waite 4 mars 187423 mars 1888 Ulysses S. Grant (R)
8 Melville Weston Fuller 8 octobre 18884 juillet 1910 Grover Cleveland (D)
9 Edward Douglass White** 19 décembre 191019 mai 1921 William Howard Taft (R)
10 William Howard Taft*** 11 juillet 19213 février 1930 Warren G. Harding (R)
11 Charles Evans Hughes § 24 février 193030 juin 1941 Herbert Hoover (R)
12 Harlan Fiske Stone** 3 juillet 194122 avril 1946 Franklin D. Roosevelt (D)
13 Frederick Moore Vinson 24 juin 19468 septembre 1953 Harry S Truman (D)
14 Earl Warren 5 octobre 195323 juin 1969 Dwight D. Eisenhower (R)
15 Warren Earl Burger 23 juin 196926 septembre 1986 Richard Nixon (R)
16 William Hubbs Rehnquist** 26 septembre 19863 septembre 2005 Ronald Reagan (R)
17 John Glover Roberts, Jr. 29 septembre 2005 – en cours George W. Bush (R)

Notes et références

Voir aussi

Articles connexes