Catherine Quicquat

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Catherine Quicquat
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Condamnation

Catherine Quicquat est une Veveysanne condamnée au bûcher pour sorcellerie dans la région de Vevey en mars 1448[1]. Son procès fait partie de la première chasse aux sorcières organisée dans le Pays de Vaud[2].

Biographie[modifier | modifier le code]

Procès[modifier | modifier le code]

Le procès de Catherine Quicquat se déroule en mars 1448 à Vevey, et fait partie de trois premières affaires qui ont été jugées dans le Pays de Vaud, alors sous administration savoyarde[2]. Ces procès présente les premières applications pratiques du concept du sabbat, tel qu'il a été élaboré dans les premières décennies du XVe siècle[1],[2]. Les inquisiteurs forcent les accusés à donner une image riche en détails de leurs prétendues activités nocturnes[2]. Dans la première moitié du XVe siècle des clercs et des magistrats commencent à croire et à faire croire aux autres que des personnes se rendent la nuit dans des endroits isolés assister à des assemblées secrètes présidées par le diable[3].

Le procès de Catherine Quicquat est exemplaire parce que l'inquisiteur Pierre d'Aulnay, ayant affaire à une femme l'interroge longuement et avec insistance sur ses pratiques sexuelles[4] avec le diable, et Catherine Quicquat, décrite comme entourée d'animaux est renvoyée au rang de la bestialité. Or la pratique de Pierre d'Aulnay est différente lorsqu'il interroge, dans le même type de procédures, des hommes. Ceci peut s'expliquer par le fait que les instructeurs du procès disposent d'un exemplaire des Errores gazariorum, traité qui théorise notamment pour la première fois le sabbat des sorcières[5],[1].

Contexte historique[modifier | modifier le code]

Le pape Jean XXII publie d'abord en 1317 une bulle élargissant les droits des inquisiteurs, à la suite d'affaires d'empoisonnement dans lesquelles les protagonistes ont tenté de faire usage de pratiques magiques.

En 1320, Jean XXII consulte des spécialistes afin de déterminer le caractère potentiellement maléfique de la magie savante pratiquée par les magiciens de cour, dans les cas où le praticien invoque des démons afin de les mettre à son service. C'est dans le cadre de cette réflexion menée à la tête de l'Église que, peu à peu, la sorcellerie se trouve assimilée à une hérésie[6] et l'Inquisition chargée de sa répression[1],[2],[6],[3].

En août 1326 la bulle pontificale Super illius specula, assimilant pratiquement la sorcellerie à l'hérésie[7] permettant d'inculper et poursuivre par un tribunal ecclésiastique dans le cadre d'un procès les personnes ayant recours à ces pratiques[2].

Interrogatoires et aveux[modifier | modifier le code]

Catherine Quicquat est supposément corrompue par Blandis Loquuis (aussi dénommée Sybille Gonra) et Perronet Mercier qui l'invitent à partager un repas[3].

Dans ses aveux[8],[2] lorsqu'elle est interrogée par l'inquisiteur Pierre d'Aulnay[5] à Vevey le 17 mars 1448 après avoir subi des tortures la veille, Catherine indique s'être rendue menée par Jeannette Avonsaz, Pierre Flour et Sibylle Blandis Loquiis dans le pré de Gilamont appartenant à Jean Got.

Là, elle aurait refusé de prêter hommage au maître de la synagogue, un renard appelé Rabiel. Catherine Quicquat situe la tenue de ces assemblées vers 1437.

Elle affirme également que les dénommés Jean Got et Jean Boverat de Vevey, tous deux notaires, étaient présents. Jean Boverat est également poursuivi pour sorcellerie à diverses reprises. Mis en cause une première fois en 1441 à la suite d'accusations d'Aymonet Sauter, il adresse une supplique au Pape et semble échapper à une condamnation puisqu'on retrouve trace de ses activités notariales entre 1446 et 1447. Cependant en 1448, il est à nouveau accusé par Jacques Duriet de Blonay de participer à des repas cannibales, les aveux de Catherine Quicquat venant renforcer les suspicions initiales[9].

Catherine Quicquat est condamnée au bûcher en 1448.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Martine Osterero, Folâtrer avec les démons, sabbat et chasse aux sorcières à Vevey, 1448, Université de Lausanne, Faculté des lettres, Section d'histoire, 2008
  • Martine Osterero, Faire croire, faire peur : diabolisation de la sorcellerie et construction de l'altérité au Moyen Âge , Revue suisse sur les didactiques de l’histoire, 2012

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d Planté, Christine. et Chène, Catherine., Sorcières et sorcelleries, Lyon, Presses universitaires de Lyon, , 139 p. (ISBN 2-7297-0698-4 et 9782729706982, OCLC 300396012, lire en ligne)
  2. a b c d e f et g Ostorero, Martine., "Folâtrer avec les démons" : sabbat et chasse aux sorciers à Vevey (1448), Lausanne, Université de Lausanne/Faculté des lettres/Section d'histoire, , 323 p. (ISBN 978-2-940110-61-2 et 2-940110-61-1, OCLC 995509778, lire en ligne)
  3. a b et c « À la table du Diable Les nourritures diaboliques dans l'imaginaire du sabbat au XVe siècle. page 8. » (consulté le )
  4. « Penser les procès en sorcellerie au-delà du féminicide: interview de Gwendolin Ortega », sur rts.ch, (consulté le )
  5. a et b « Faire croire, faire peur : diabolisation de la sorcellerie et construction de l'altérité à la fin du Moyen Âge », sur ecoleclio.hypotheses.org, Revue suisse sur les didactiquesde l’histoire, (consulté le )
  6. a et b Levack, Brian P. (trad. de l'anglais), La Grande chasse aux sorcières : en Europe aux débuts des temps modernes, Seyssel, Champ Vallon, , 281 p. (ISBN 2-87673-120-7 et 9782876731202, OCLC 24945767, lire en ligne)
  7. Martine Ostorero, « Alain Boureau, Satan hérétique. Naissance de la démonologie dans l'Occident médiéval (1280-1330). Paris, Odile Jacob, 2004, 318 p. », Médiévales. Langues, Textes, Histoire, no 48,‎ , p. 165–168 (ISSN 0751-2708, lire en ligne, consulté le )
  8. « Aveux de la sorcière Catherine Quicquat à Vevey (1448) », sur Sources Médiévales (consulté le )
  9. Chantal Ammann-Doubliez, Le notaire : Entre métier et espace public en Europe VIIIe – XVIIIe siècle, Presses universitaires de Provence, , 302 p. (ISBN 978-2-8218-8570-7, lire en ligne)