Annona ambotay

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Annona ambotay est une espèce de petit arbre appartenant à la famille des Annonaceae, connue en Guyane sous le noms de Vilataille (Créole), Ɨwi tay (Wayãpi), Envira-taia, Envira-cajú (Portugais)[2] et anciennement Ambotay (Galibi). En bolivie, on l'appelle Rononopa (Chácobo)[3].

Description[modifier | modifier le code]

Annona ambotay est un arbre élancé (parfois un arbrisseau grimpant) haut de 3-7 m. Les jeunes rameaux sont densément tomenteux-ferrugineux.

Le limbe des feuilles mesurant 15-24 x 5-11 cm (pour une pétiole de 7-10 mm), est de forme obovales ou elliptiques ou ovales-lancéolées, à base arrondie ou subaiguë, et longuement acuminée à l'apex, discolore, vert en dessus, glauque en dessous (surtout quand il est jeune), papuleux, couvert de poils mous ferrugineux. Les nervures sont poilues-ferrugineuses sur les 2 faces et plus ou moins saillantes en dessous, avec environ 12 paires de nervures secondaires.

Les inflorescences poilues-ferrugineuses sont peu nombreuses, situées au milieu des entrenœuds, infrapétiolaires, subsessiles, pauciflores, avec un pédicelles long de 5 mm. On note une bractée au-dessus de la base. Les fleurs sont généralement de couleur rouge foncé, avec des sépales mesurant 2 mm poilus-ferrugineux en dehors, et six pétales : ceux externes sont connés à la base et s'étalant à leur extrémité, mesurant 15-25 x 7 mm, de forme oblongue, poilus-ferrugineux au dehors, et ceux internes moitié plus petits. Les connectifs sont finement apiculés.

Les fruits sont globuleux, lisses à rugueux, non aréolés, et mesurent 3-5 cm de diamètre[4],[5].

Répartition[modifier | modifier le code]

Annona ambotay est présent en Colombie, au Venezuela (Bolívar : bas Río Caura, Amazonas : Culebra), au Guyana, au Suriname, en Guyane, au Pérou, dans le Brésil amazonien et en Bolivie[4].

Écologie[modifier | modifier le code]

On rencontre Annona ambotay au Venezuela dans les forêts sempervirentes de plaine, et les lisières forestières autour de 100-300 m d'altitude[4].

Utilisations[modifier | modifier le code]

Chez les Galibi de Guyane, l'écorce d’Annona ambotay était autrefois bouillie et employée pour soigner les ulcères[6].

Les feuilles et l'écorce d’Annona ambotay servent à fabriquer un puissant remède fébrifuges et sudorifiques chez les Wayãpi[2].

Selon les Waimiri-Atroari (en) l'écorce d’Annona ambotay est utile pour traiter les troubles mentaux[7].

À Alter-do-Chão, les Caboclos emploient la fumée du bois d’Annona ambotay sert à soulager les femmes post-partum, pour éloigner les insectes piqueurs, et la tisane d'écorce contre les maux d'estomac[8].

Les Chacobo de Bolivie utilisent l'écorce de la tige d’Annona ambotay pour soigner les entorses[3].

Les propriétés pharmacologiques d'extraits d’Annona ambotay ont été évaluées, notamment ses propriétés antibactériennes[9], antimalariales[10], antifongiques, antioxydantes antitumorales[11] et sa toxicité[12].

L'écorce des racines d’Annona ambotay entre dans la composition de curares[13],[14].

Chimie[modifier | modifier le code]

On a isolé du tronc d’Annona ambotay une azaanthracène géovanine originale ainsi que de la liriodénine, de la O-méthylmoschatoline, des flavonoïdes, du kaempférol, de la quercétine, du (+)-dihydrokaempférol, du (+)-dihydroquerétine, du (±)-périodictiol et de la (+)-catéchine, des stéroïdes sitostérol et de la 5α-stigmastan-3,6-dione[15], mais aussi de l'argentilactone et un acide gras original (l'acide 5-hydroxydodeca-cis-2,trans-6- diénoïque[3].

Son huile essentielle a aussi été analysée[16].

Protologue[modifier | modifier le code]

En 1775, le botaniste Aublet décrit cette plante pour la première fois et propose la diagnose suivante[1] :

« 1. ANNONA (ambotay) foliis amplis, ſubtùs villoſis & rufeſcentibus. (Tabula 149.)

Frutex octo-pedalis ; caulibus tortuoſis, ramoſis. Folia alterna, ampla, ovata, acuta, integerrima, ſupernè viridia, glabra, infernè tomentoſa, ferruginea, brevi petiolata. Flores exigui, ſubvirides, ſolitarii, axillares. Non lieuit obſervare fructum. Cortex ramorum odorem romaticum exhalat ; ſapore eſt acri & aromatico.
Florebat Novembri.
Habitat in ſylvis Sinémarienſibus.
Nomen Caribæum AMBOTAY.

[…]

LE COROSSOL Ambotay.

Les feuilles de cet arbre ſont ovales, terminées en pointe, de huit pouces environ de longueur, ſur trois de largeur. Elles ſont de conſiſtance ferme, & chargées en deſſous de poils roux, & principalement les nervures. Elles ſont vertes en deſſus ; leur pédicule eſt fort court, velu. Les jeunes pouſſes ſont également couvertes de poils roux.
Les fleurs ſont très petites, velues, ſolitaires aux aiſſelles des feuilles.
Je n'ai pas pu obſerver le fruit.
Cet arbre eſt de moyenne grandeur ; il eſt nommé AMBOTAY par les Galibis. Son écorce a un goût piquant & aromatique. Ils l'emploient en décoction pour guérir les malingres qui ſont des ulcères malins. étant attaqué du même mal, j'ai fait uſage de ce remède avec ſuccès.
J'ai trouvé cet arbre dans les forêts de Sinémari, au bord d'un ruiſſeau, dans le mois de Novembre. »

— Fusée-Aublet, 1775.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Jean Baptiste Christian Fusée-Aublet, HISTOIRE DES PLANTES DE LA GUIANE FRANÇOISE, rangées suivant la méthode sexuelle, avec plusieurs mémoires sur les différents objets intéreſſants, relatifs à la culture & au commerce de la Guiane françoiſe, & une Notice des plantes de l'Iſle de France. volume I, Londres et Paris, P.-F. Didot jeune, Librairie de la Faculté de Médecine, quai des Augustins, , 616-617 p. (lire en ligne)
  2. a et b Pierre Grenand, Christian Moretti, Henri Jacquemin et Marie-Françoise Prévost, Pharmacopées traditionnelles en Guyane : Créoles. Wayãpi, Palikur, Paris, IRD Editions, , 663 p. (ISBN 978-2-7099-1545-8, lire en ligne), p. 109-110
  3. a b et c (es) José Antonio Bravo, Jean-Marie Chantraine, Gloria Saavedra et Michel Sauvain, « ARGENTILACTONE FROM ANNONA AMBOTAY », REVISTA BOLIVIANA DE QUÍMICA (The Bolivian Journal Of Chemistry), vol. 19, no 1,‎ (lire en ligne)
  4. a b et c (en) Julian A. Steyermark (eds.), Paul E. Berry (eds.), Kay Yatskievych (eds.) et Bruce K. Holst (eds.), Flora of the Venezuelan Guayana, vol. 2, Pteridophytes, Spermatophytes, Acanthaceae–Araceae, St. Louis, MISSOURI BOTANICAL GARDEN PRESS, , 706 p. (ISBN 9780915279746), p. 318-319
  5. Albert Lemée, Flore de la Guyane française : Tome I - Ptéridophytes à Droséracées, Brest, LIBRAIRIE LECHEVALIER, , 701 p., p. 614
  6. (en) Mark Plotkin, Brian M. Boom et Malorye Allison, THE ETHNOBOTANY OF AUBLET'S Histoire des Plantes de la Guiane Françoise (1775), vol. 35, (ISSN 0161-1542)
  7. (en) MILLIKEN (W),, MILLER (R.P.),, POLLARD (S.R.). et WANDELLI (EV), Ethnobotany of the Waimiri Atroari Indians of Brazil, Kew, Royal Botanic Gardens,, , 196 p. (ISBN 978-0947643508)
  8. (en) LC. BRANCH et M. SILVA, « Folk Medicine of Alter do Chao, Para, Brazil », Acta Amazonica, Ano XIII,, nos 5-6,‎ , p. 737-798 (lire en ligne)
  9. (en) Jacqueline A. Takahashi, Cássia R. Pereira, Lúcia P. S. Pimenta, Maria Amélia D. Boaventura et Luiz G. F. E Silva, « Antibacterial activity of eight Brazilian annonaceae plants », Natural Product Research (Formerly Natural Product Letters), vol. 20, no 1,‎ , p. 21-26 (DOI 10.1080/14786410412331280087)
  10. (en) Gina Frausin, Renata Braga Souza Lima, Ari de Freitas Hidalgo, Paul Maas et Adrian Martin Pohlit, « Plants of the Annonaceae traditionally used as antimalarials: a review », Rev. Bras. Frutic., vol. 36 (spe1),‎ (DOI 10.1590/S0100-29452014000500038)
  11. (en) Alexandre AB Lataliza, Laura A Junqueira, Marcos AF Brandão, Nádia RB Raposo, Cristine B Amarante et Rafael C Dutra, « Assessment of Different Pharmacological Activities of Annona Ambotay (Aubl.) », Biomedical Journal of Scientific & Technical Research, vol. 35, no 4,‎ , p. 27925-27931 (DOI 10.26717/BJSTR.2021.35.005746, lire en ligne)
  12. (en) Steffen Lang et Ulrich Groth Prof., « Total Syntheses of Cytotoxic, Naturally Occurring Kalasinamide, Geovanine, and Marcanine A† », Angewandte, vol. 48, no 5,‎ , p. 911-913 (DOI 10.1002/anie.200804388)
  13. (en) B. A. Krukoff et A. C. Smith, « Notes on the Botanical Components of Curare », Bulletin of the Torrey Botanical Club, vol. 64, no 6,‎ , p. 401-409 (DOI 10.2307/2481123)
  14. (en) B. A. Krukoff et A. C. Smith, « Notes on the Botanical Components of Curare-II », Bulletin of the Torrey Botanical Club, vol. 66, no 5,‎ , p. 305-314 (DOI 10.2307/2480853)
  15. (en) Alaíde B. De Oliveira, Geovane G. De Oliveira, Fernando Carazza et Jose Guilherme S. Maia, « Geovanine, a new azaanthracene alkaloid from Annona ambotay aubl. », Phytochemistry, vol. 26, no 9,‎ , p. 2650-2651 (DOI 10.1016/S0031-9422(00)83902-3)
  16. (pt) Silva, M.L. da, Luz, A.I.R., Zoghbi, M. das G.B., Ramos, L.S. et Maia, J.G.S., « Oleos essenciais, oleaginosas e latices da Amazonia. 8. Estudo da composicao quimica de algumas especies da Familia Anonacea: Annona ambotay e Tetrameranthus duckei » [« Essential oils, oleaginous plants and latex from the Amazon. 8. Study of the chemical composition of some species of the Anonacea family: Annona ambotay and Tetrameranthus duckei »], Cienc. Cult. (Sao Paulo) Supl, vol. 34, no 7,‎ , p. 510

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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