État du Katanga

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État du Katanga

19601963

Drapeau Blason
Devise Force, espoir et paix dans la prospérité
Hymne La Katangaise
Le Congo durant la crise congolaise (1960-1965). Le territoire contrôlé par le Katanga est en vert.
Informations générales
Statut République
Capitale Élisabethville
Langue(s) Français et swahili
Monnaie franc katangais
Histoire et événements
Indépendance du Congo-Kinshasa
Sécession du Katanga
Chute de l'État du Katanga

Entités précédentes :

Entités suivantes :

L'État du Katanga est le nom pris par la province du Katanga, lorsqu'elle déclara unilatéralement son indépendance de la République démocratique du Congo le , soit moins de deux semaines après l'accession du Congo-Kinshasa à l'indépendance.

La sécession katangaise se fit sous l'impulsion de Moïse Tshombe, qui fut son unique président, et des milieux d'affaires pro-occidentaux, au premier rang desquels la toute-puissante Union minière du Haut Katanga (UMHK). L' Etat du Katanga finit par être réuni de force au Congo, trois ans plus tard, avec la participation des troupes de l'ONU.

Histoire

Le contexte de l'indépendance

En mai 1960, les élections en vue de l’indépendance donnent la victoire au MNC de Patrice Lumumba, qui cède néanmoins la présidence à Joseph Kasa-Vubu, après la proclamation de l’indépendance, à Léopoldville, le 30 juin 1960.

Dès cette date, les violences de ce que deviendra la crise congolaise se multiplient, tandis que les partis exclus du gouvernement contribuent aux troubles et que les forces armées congolaises se mutinent. Afin de ramener le calme et de protéger les Européens toujours présents dans le pays, les forces belges demeurées sur le territoire sont renforcées par des troupes venues de Belgique. La population interprète ces opérations comme une tentative de retour de la puissance coloniale. S’ensuivent des actes de violence contre les Européens, à Léopoldville en particulier.

Dès lors, la population d’origine européenne commence à émigrer massivement, et le retrait soudain d’une grande partie des capitaux étrangers conduit rapidement le pays à la catastrophe financière. Acculé, le gouvernement de Léopoldville puise dans les réserves de devises générées par le Katanga, ce que la majorité des sociétés, minières notamment, implantées au Katanga ne tolèrent plus. Elles réagissent rapidement et se rangent massivement aux côtés de la Confédération des associations tribales du Katanga (CONAKAT) pour demander la sécession de la province.

La sécession katangaise

Le 11 juillet 1960, soit moins de deux semaines après l’indépendance du Congo-Kinshasa, Moïse Tshombe proclame l’indépendance du Katanga avec l’appui de la puissante Union minière du Haut Katanga (UMHK) et demande l’aide militaire et logistique belge. En prenant le prétexte de la protection de ses nombreux ressortissants présents dans la province, la Belgique reconcentre des troupes au Katanga.Le nouvel Etat émet alors sa monnaie et crée sa police.

Cependant, l’État du Katanga ne sera jamais reconnu par l’ONU, puisque les deux superpuissances de l’époque, États-Unis et URSS, affichent alors des positions fermement anticoloniales. Allant plus loin encore, le Conseil de sécurité des Nations unies répond à l’appel du Premier ministre congolais Patrice Lumumba et demande le retrait des Belges.

La marge de manœuvre de l’ancienne puissance coloniale se réduit alors progressivement, et bien que le nouvel État du Katanga garde de nombreux cadres techniques et conseillers belges, il doit très tôt renforcer sa Gendarmerie katangaise en faisant appel à des mercenaires, les célèbres Affreux, parmi lesquels on compte notamment Bob Denard.

La force de l’ONU remplace alors progressivement les troupes belges, mais n’intervient pas directement. Dès lors, Patrice Lumumba se tourne ouvertement vers les Soviétiques. Pendant toute la crise l' économie Katangaise reste en bonne santé tandis que le reste du Congo sombre dans la misère.En effet pendant toute la sécession l 'activité minière bat son plein et les compagnies minières versent correctement leurs impots à l' Etat sécessioniste.

La chute de l'État du Katanga

Le 21 février 1961, le Conseil de sécurité décide d’envoyer des Casques bleus rétablir l’ordre au Congo. À la fin de l’année, l’armée nationale congolaise et les troupes de l’ONU lancent une attaque militaire contre celles de Tshombe. Alors qu’il négocie un cessez-le-feu entre les troupes de l’ONU et les forces katangaises, le secrétaire général de l’ONU, Dag Hammarskjöld, trouve la mort dans un accident d’avion, dont les circonstances n’ont jamais été élucidées. En décembre 1962, les forces de l’ONU prennent le contrôle d’Élisabethville et Moïse Tshombe est obligé de prendre la fuite pour se réfugier à Kolwezi. Le 15 janvier 1963, il finit par se rendre et obtient l’amnistie pour lui-même et ses partisans. En janvier 1964 ce même Tshombe deviendra Premier Ministre d'un Congo unifié.

Organisation politique

L’organisation politique du Katanga se distingue très nettement du régime en place alors à Kinshasa. En effet, contrairement au pouvoir kinois où l’exécutif est confié à la fois au Premier Ministre et au Président de la République, l’État du Katanga est un régime résolument présidentiel. En effet, bien qu’élu par l’Assemblée nationale et le Grand Conseil réunis en congrès, le Président du Katanga dispose d’une marge de manœuvre considérable. Par ailleurs, la Constitution n’a jamais été réellement mise en application puisque l’état d’urgence, s’il n’est officiellement décrété qu’en octobre 1960, est, dans les faits, mis en place dès juillet.

Pouvoir exécutif

Le pouvoir exécutif est confié au Président du Katanga[1], qui, en vertu de la Constitution, se trouve être, à la fois, chef d’État et chef du gouvernement. Il est élu à la majorité des deux tiers par l’Assemblée nationale et le Grand Conseil réunis en congrès, et ce, pour un mandat de quatre ans reconductible[2].

En tant que détenteur exclusif du pouvoir exécutif, il est le garant de l'indépendance nationale, de l'intégrité du territoire, du respect des traités et accords internationaux. Il est le chef suprême des armées, il veille au respect de la Constitution et assure la continuité de l'État.

En sa qualité de chef de l'exécutif, il peut désigner ses ministres, avec l’accord de l’Assemblée nationale, et les révoquer. Il peut aussi nommer aux emplois civils et militaires, ainsi que, fait exceptionnel, nommer, révoquer et suspendre les magistrats du parquet[3]. Le Président du Katanga détient également, en période de crise, des pouvoirs exceptionnels[4]. En cas de décès, de démission ou d’empêchement absolu, l’intérim de la Présidence est assuré par le Président de l’Assemblée nationale pour une durée ne pouvant excéder 60 jours[5]. Enfin, le Président du Katanga peut prononcer la dissolution ainsi que l’ajournement de l’Assemblé nationale[6].

À noter, qu’élu en août 1960, Moïse Tshombe sera le seul et unique Président du Katanga indépendant.

Pouvoir législatif

Le pouvoir législatif est confié à l’Assemblée nationale ainsi qu’au Président du Katanga, qui disposent conjointement du droit d’initiative et d’amendement[7]. L’Assemblée nationale comprend :

- 85 % de députés élus au suffrage universel direct,

- 15 % de députés cooptés par les élus municipaux du pays ou les chefs coutumiers[8].

L’Assemblée nationale vote la loi et consent l’impôt[9]. Pour assurer l'indépendance de l'Assemblée nationale à l'égard des autres pouvoirs et renforcer la liberté du député, celui-ci bénéficie de certains privilèges juridiques (l'immunité). Ces immunités protègent le député dans l'exercice de son mandat parlementaire en le mettant à l'abri des poursuites civiles ou pénales à l'occasion de votes ou d'opinions émises par lui dans l'exercice de ses fonctions.

Si l’Assemblée nationale constitue le seul organe habilité à voter la loi, certaines questions nécessitent l’avis préalable du Grand Conseil. Assemblée de 20 notables, élus par les chefs coutumiers du pays[10], le Grand Conseil joue, en certains cas, le rôle de chambre haute. Ainsi, il doit donner son avis préalable concernant les projets de loi sur l’organisation politique du pays, la fiscalité, l’octroi de concessions minières, et le droit coutumier. En cas d’avis non-conforme, le projet de loi ne peut-être adopté qu’à la majorité des deux tiers de l’Assemblée nationale[11].

Par ailleurs, le mandat des conseillers est directement lié au mandat des députés. Ainsi en cas de dissolution de l’Assemblée nationale, les chefs coutumiers sont convoqués pour élire un nouveau Grand Conseil[12].

Culture

Emblème et devise

Armes du Katanga

Attribut essentiel de la souveraineté nationale, le Katanga sécessionniste dut se doter rapidement d’un drapeau, ainsi que d’un emblème.

Le choix se porta sur un drapeau rouge et blanc barré obliquement de vert et comportant trois croisettes monétaires katangaises. Ce drapeau avait été conçu par une agence de publicité d'Élisabethville : la barre et les couleurs correspondaient au souhait émis en mai 1960 par les membres katangais du Collège exécutif général du Congo quant au choix du futur drapeau congolais.

Le rouge symbolise la bravoure du peuple et le sang qu'il verse pour défendre sa patrie, le vert l'espoir et le blanc la pureté; quant aux croisettes katangaises, elles sont un emblème ancien de la région et symbolise sa richesse minière, elles sont par ailleurs déjà reprises dans le blason d'Élisabethville.

Le drapeau a ensuite été reproduit sous la forme d'un blason pour former les armoiries de l'État. Bien qu’elles soient fréquemment utilisées par les autorités, il n'est pas sûr qu’elles aient été officialisées. Quoi qu’il en soit le blason pourrait être décrit comme suit : Taillé de gueules et d'argent à la barre de sinople brochant sur la partition et accompagnée en pointe de trois croisettes monétaires (katangaises) au naturel (couleur cuivre rouge).

Codes

Le Katanga, à l'époque de son indépendance, avait pour codes :

Notes

Liens externes