Moetai Brotherson

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Moetai Brotherson
Illustration.
Moetai Brotherson en 2017.
Fonctions
Président de la Polynésie française
En fonction depuis le
(11 mois et 11 jours)
Élection 12 mai 2023
Vice-président Eliane Tevahitua
Gouvernement Brotherson
Législature XVIIIe
Coalition Tavini
Prédécesseur Édouard Fritch
Député français

(5 ans, 11 mois et 19 jours)
Élection 18 juin 2017
Réélection 18 juin 2022
Circonscription 3e de la Polynésie française
Législature XVe et XVIe (Cinquième République)
Groupe politique GDR
Prédécesseur Jean-Paul Tuaiva
Successeur Mereana Reid Arbelot
Représentant à l'Assemblée de la Polynésie française

(4 ans, 11 mois et 25 jours)
Élection 6 mai 2018
Réélection 30 avril 2023
Circonscription 3e section des Îles du Vent (2018-2023)
Section des Îles Sous-le-Vent (2023)
Groupe politique Tavini huiraatira
Prédécesseur Lui-même
Successeur Ah Ky Temarii
Conseiller municipal de Faaa

(6 ans, 1 mois et 27 jours)
Élection 30 mars 2014
Maire Oscar Temaru
Président de la Délégation aux outre-mer de l'Assemblée nationale

(10 mois et 15 jours)
Élection 25 juillet 2022
Législature XVIe (Cinquième République)
Prédécesseur Olivier Serva
Successeur Davy Rimane
Biographie
Nom de naissance Moetai Charles Brotherson
Date de naissance (54 ans)
Lieu de naissance Papeete (Polynésie française)
Nationalité Française
Parti politique Tavini huiraatira (depuis 2004)
Conjoint Teua Temaru
Entourage Oscar Temaru (beau-père)
Diplômé de EISTI
Profession Fonctionnaire territorial
Résidence Palais Présidentiel de la Polynésie française, Papeete

Moetai Brotherson
Présidents de la Polynésie française

Moetai Brotherson, né le à Papeete (Polynésie française), est un homme politique français de Polynésie française.

Vice-président du parti indépendantiste Tavini huiraatira d'Oscar Temaru, il est député de la troisième circonscription de la Polynésie française de 2017 à 2023. Il est également élu à l'Assemblée de la Polynésie française à partir de 2018.

À la suite des élections territoriales de 2023, il devient président de la Polynésie française.

Situation personnelle[modifier | modifier le code]

Origines, formation et carrière[modifier | modifier le code]

Moetai Brotherson naît en 1969 dans une famille métissée, d'une mère institutrice et d'un père infirmier d'origine danoise[1].

Dans sa jeunesse, il pratique le rugby et les échecs[2].

En 1990, il devient titulaire d'une maîtrise en sciences informatiques de l'École internationale des sciences du traitement de l'information (EISTI)[3].

Après avoir obtenu un diplôme d'ingénieur en informatique et télécommunication, il travaille en France, au Japon, en Allemagne et aux États-Unis (où il assiste aux attentats du 11 septembre 2001)[4], puis revient à Tahiti, où il travaille à son compte jusqu'en 2004[5].

Vie privée et familiale[modifier | modifier le code]

Moetai Brotherson est marié en secondes noces à Teua Temaru, fille du dirigeant indépendantiste Oscar Temaru avec qui il a un enfant[1]. Il est également père de quatre enfants issus d'un premier mariage[1].

Il est membre de l'Église adventiste du septième jour[1].

Parcours politique[modifier | modifier le code]

Représentant à l'Assemblée de la Polynésie[modifier | modifier le code]

En 2004, Moetai Brotherson rejoint le parti indépendantiste Tavini huiraatira, présidé par Oscar Temaru, et y devient dans un premier temps conseiller en matière d'économie numérique[1]. Entre 2005 et 2008, il occupe la fonction chef du service des Postes et des Télécommunications au sein du gouvernement Temaru[6].

Il est conseiller municipal de Faaa à partir de 2014, ainsi que directeur de cabinet du vice-président de la Polynésie française Antony Géros de 2011 à 2013. Au sein du Tavini huiraatira, il est chargé des affaires internationales ; il en devient vice-président en 2017[7].

Député à l'Assemblée nationale française[modifier | modifier le code]

Le , il est élu député dans la troisième circonscription de la Polynésie française, comprenant une partie de Tahiti (Fa’a’ā et Puna’au’ia), ainsi que toutes les îles Sous-le-Vent : il l'emporte au second tour avec 52,5 % des suffrages exprimés face à Patrick Howell (Tāpura huira’atira)[8]. Il succède à Jean-Paul Tuaiva, qui ne se représentait pas à la suite de sa condamnation judiciaire en 2016, dont la procédure d'appel n'est alors pas encore terminée. Il s'inscrit au groupe de la Gauche démocrate et républicaine (GDR) et est nommé membre de la commission des Affaires étrangères et de la délégation aux outre-mer.

Il est élu représentant à l'Assemblée de la Polynésie française lors des élections territoriales de 2018 sur la liste de son parti, qui remporte huit sièges[9].

Candidat à un second mandat sous les couleurs de la NUPES aux élections législatives de 2022, il l'emporte au second tour avec 61,3 % contre Tuterai Tumahai (Tāpura (ENS)[10]. À cette occasion, le Tāvini huira’atira remporte les trois sièges de députés à pourvoir en Polynésie[11]. Le suivant, Brotherson est élu président de la délégation aux outre-mer face au président sortant, Olivier Serva (LIOT) et à Nicolas Metzdorf (REN)[12],[13].

Après la victoire du Tāvini huira’atira aux élections territoriales de 2023, Moetai Brotherson annonce que s'il est élu à la présidence de la Polynésie française, il renoncera à son mandat de député au profit de sa suppléante Mereana Reid Arbelot, ainsi qu'à la présidence de la délégation aux outre-mer[14].

Président de la Polynésie française[modifier | modifier le code]

En 2023, Moetai Brotherson se porte candidat à la présidence de la Polynésie française. Aux élections territoriales, c'est cependant Oscar Temaru qui est toujours tête de liste du Tāvini huira’atira[15],[16].

Moetai Brotherson est réélu représentant mais cette fois-ci dans la section des Îles Sous-le-Vent[17]. Ces élections donnent au Tāvini une majorité de 38 sièges sur 57, une victoire inédite pour les indépendantistes, qui l'emportent dans le cadre d'une triangulaire les opposant à deux listes autonomistes. Après cette victoire, Moetai Brotherson déclare qu'il espère un référendum d'autodétermination « dans dix à quinze ans »[18].

Le 12 mai 2023, lors d'un vote de la nouvelle Assemblée de Polynésie française, il est élu président de la collectivité d'outre-mer par 38 voix contre seize au président autonomiste sortant, Édouard Fritch, et trois à une autre candidate autonomiste, Nicole Sanquer[19]. Trois jours plus tard, il forme son gouvernement, dans lequel il est chargé du Tourisme, des Transports aériens internationaux, de l'Égalité des territoires, des Affaires internationales, du Développement des archipels, de l'Économie numérique et des Conséquences des essais nucléaires[20].

Prises de position[modifier | modifier le code]

Essais nucléaires en Polynésie française[modifier | modifier le code]

Dans une lettre ouverte adressée au président de la République Emmanuel Macron en 2020, Moetai Brotherson demande un plan de retrait et de retraitement des déchets radioactifs causés par les essais nucléaires réalisés par l'armée française en Polynésie jusqu'aux années 1990[21].

En avril 2021, il dépose une proposition de loi visant à réformer le système de réparation sur les conséquences de ces mêmes essais nucléaires. Ce projet de loi, visant à modifier et compléter la loi Morin définissant les conditions d'indemnisation et de réparations, prévoit la création d'une commission nationale visant à évaluer les dégâts environnementaux causés par les radiations, chargée de définir un plan de dépollution des sites touchés[22]. La proposition de loi vise également à élargir les obligations de l'État envers les victimes touchées par les conséquences des essais nucléaires et leur famille, en élargissant le nombre de personnes éligibles aux indemnisations par le principe de « présomption de causalité », en garantissant une prise en charge intégrale des frais médicaux engendrés et en assurant une couverture totale des frais d'éducation des enfants des victimes par l'Etat[22]. Cette proposition est finalement rejettée en juin 2021 par l'Assemblée nationale[23].

Dans le cadre de sa campagne aux élections législatives de 2022, Brotherson indique qu'il souhaite proposer en tant que député le remboursement par l'État français des frais déboursés par la Caisse de prévoyance sociale polynésienne pour les traitements des maladies radio-induites causées par ces essais, qu'il estime à 100 milliards de Francs-Pacifique[24].

Questions environnementales[modifier | modifier le code]

En décembre 2022, Moetai Brotherson et les autres députés du Tāvini huira’atira à l'Assemblée nationale, Steve Chailloux et Tematai Le Gayic, rencontrent des représentants de la communauté amérindienne Kali’na originaire Guyane, opposés à la construction de la centrale électrique Ouest Guyane[25]. À cette occasion, Brotherson et ses confrères polynésiens affirment leur opposition à ce projet, prétextant que celui-ci causerait une destruction d'une partie du territoire de vie des populations Kali'na[25].

Il est favorable à l'instauration d'un moratoire sur l'exploitation des fonds marins[26]. En novembre 2022, dans le cadre d'une question au gouvernement, il affirme souhaiter qu'une éventuelle interdiction de l'exploitation des fonds marins s'applique y compris au sein des zones économiques exclusives détenues par la France[27].

Économie et social[modifier | modifier le code]

Dans le cadre d'un colloque organisé par le Sénat en septembre 2022, il déclare souhaiter un plan de construction de logements sociaux adaptés aux modes de vie ultramarins[28].

En janvier 2023, dans le cadre d'une question au gouvernement, Moetai Brotherson fait part de son inquiétude et de sa désapprobation au sujet du projet de réforme des retraites porté par le gouvernement Élisabeth Borne, estimant que cette réforme affecterait tout particulièrement les ultramarins, en raison d'une supposée plus faible espérance de vie en outre-mer qu'en France métropolitaine[29].

Il souhaite rendre la Polynésie, qui importe plus de 80 % de ce qu’elle consomme, plus autosuffisante, notamment en misant sur l’hydrogène pour limiter l’importation d’énergies fossiles. Il souhaite augmenter les impôts sur les salaires supérieurs à 5 000 euros pour limiter les inégalités sociales[2].

Santé[modifier | modifier le code]

Dans un contexte de mise sous tension des hôpitaux de Polynésie française liée à l'arrivée de la Covid-19 dans l'archipel, Moetai Brotherson demande, en application de l'accord FRANZ, la mise en place d'une aide logistique de la Nouvelle-Zélande et de l'Australie pour le territoire ultramarin[30].

En 2021, Brotherson critique la mise en place du « pass sanitaire » et du « pass vaccinal » en France, estimant que les applications mobiles utilisées pour son utilisation auraient un pouvoir de surveillance et de localisation des personnes trop important[31].

En mars 2023, dans le cadre d'une question au gouvernement, Brotherson demande une reconnaissance des savoirs médicaux polynésiens traditionnels par l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé, et demande la fin de l'interdiction de l'usage de certaines plantes polynésiennes à des fins médicales[32].

Sujets de société[modifier | modifier le code]

Moetai Brotherson est favorable à la légalisation du cannabis[6].

En janvier 2018, il dépose une proposition de loi à l'Assemblée nationale visant à rendre inéligible à vie tout élu condamné pour corruption[33]. Cette proposition est rejetée par l'Assemblée[34].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d et e « Moetai Brotherson, très pacifique ».
  2. a et b « Moetai Brotherson, un indépendantiste pacifique à la tête de la Polynésie », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne).
  3. « Fiche de M. Moetai Brotherson (extrait) », sur lesbiographies.com (consulté le ).
  4. « 11-Septembre 2001 : le témoignage poignant de Moetai Brotherson », sur La Première.
  5. Antoine Samoyeau, « Législatives 2022 – Moetai Brotherson : “Indépendantiste depuis que j'ai 11 ans” », sur Tahiti Infos, (consulté le ).
  6. a et b Antoine Samoyeau, « Législatives 2022 – Moetai Brotherson : “Indépendantiste depuis que j'ai 11 ans” », sur tahiti-infos.com, .
  7. « Qui est mon député ? », sur lemonde.fr (consulté le ).
  8. « Elections législatives 2017 », sur elections.interieur.gouv.fr (consulté le ).
  9. « Vidéo - Assemblée de Polynésie française : qui entre et qui sort ? - Les 57 représentants ont été élus. Certains font leur entrée dans l’hémicycle. D’autres le quittent. », sur tntv.pf, (consulté le ).
  10. Jean-Pierre Viatge, « Moetai Brotherson réélu sur la 3e circonscription », sur tahiti-infos.com, (consulté le ).
  11. « Résultats des élections législatives 2022 », sur interieur.gouv.fr (consulté le ).
  12. « Election pour la présidence de la délégation aux Outre-mer à l’Assemblée nationale », la1ere.francetvinfo.fr, .
  13. « Moetai Brotherson, député de la Polynésie Française, élu président de la délégation aux outre-mer », lemonde.fr, .
  14. « Territoriales 2023 en Polynésie : Les indépendantistes vainqueurs, Moetai Brotherson futur président de la Collectivité », sur outremer 360, .
  15. « Moetai Brotherson candidat à la présidence de la Polynésie », la1ere.francetvinfo.fr, .
  16. « TAVINI : MOETAI BROTHERSON BRIGUE LA PRÉSIDENCE DU PAYS MAIS OSCAR TEMARU RESTE TÊTE DE LISTE », radio1.pf, .
  17. « Les liste (sic) des élus de la nouvelle Assemblée de la Polynésie française », noumeapost.com, .
  18. Mike Leyral, « En Polynésie, la victoire des indépendantistes, un premier pas vers un référendum d’autodétermination », Le Monde,‎ (lire en ligne Accès payant, consulté le ).
  19. « Moetai Brotherson, un indépendantiste pacifique à la tête de la Polynésie », sur lemonde.fr, .
  20. HeidiYiengKow, « La liste des ministres du gouvernement Moetai Brotherson - Polynésie la 1ère », sur francetvinfo.fr, (consulté le ).
  21. « Polynésie : un député réclame à Emmanuel Macron un "vaste projet" de retrait des déchets radioactifs issus des essais nucléaires », sur franceinfo, .
  22. a et b Charlie Réné, « Nucléaire : la proposition de loi de Moetai Brotherson étudiée en juin », sur radio1.pf, .
  23. « Le projet de loi de Moetai Brotherson sur le fait nucléaire, rejeté à l'assemblée nationale », sur La Première, .
  24. « Législatives 2022 – Moetai Brotherson : “Indépendantiste depuis que j'ai 11 ans” », sur Tahiti Info, .
  25. a et b Julie Postollec, « Projet de centrale électrique en Guyane : la délégation amérindienne reçue à l’Assemblée nationale », sur La Première, .
  26. Vaite Urarii Pambrun et Antoine Samoyeau, « Exploiter ou protéger les grands fonds marins, le dilemme du Tavini », sur Tahiti Infos, .
  27. Jean-Tenahe Faatau, « « Il n’y aura pas de licence d’exploitation » des grands fonds marins dans la ZEE française, assure Hervé Berville », sur outremer360.com, .
  28. « Logement social : M. Brotherson propose d'en construire en fonction du mode de vie », sur La Première, .
  29. Axelle Mésinèle, « Moetai Brotherson interpelle le gouvernement central sur la réforme des retraites », sur La Première, .
  30. « Coronavirus en Polynésie : le député Moetai Brotherson veut solliciter l'aide de la Nouvelle-Zélande et de l'Australie », sur La Première, .
  31. « Moetai Brotherson : "les applications qui sont mises en place pour gérer la situation sanitaire me posent question en tant qu'informaticien" », sur La Première, .
  32. « Moetai Brotherson interpelle le gouvernement sur la pharmacopée polynésienne », sur Radio1, .
  33. « Brotherson continue sa lutte contre les élus corrompus en lançant une pétition », sur La Première, .
  34. Benoit Buquet, « La proposition de loi de Brotherson sur l'inéligibilité à vie rejettée », sur radio1.pf, .

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]