Utilisateur:Leonard Fibonacci/Jean Baptiste et ésséniens

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Si Jean le Baptiste n'apparaît d'aucune façon dans les Manuscrits de la mer Morte, il se pourrait qu'il ait, un temps appartenu au groupe des Esséniens[1] (Yahad)[2], « pour le moins jusqu'à sa vocation (Lc 3,2), lui qui était de famille sacerdotale[3]. » Cet apparentement ne peut toutefois être ni récusé, ni confirmé[3]. François Blanchetière note que « l'existence d'un essénisme chrétien a été postulé » par certains chercheurs et « relève de l'éventualité envisageable[3]. » Tout d'abord « parce qu'il existe une parenté indéniable entre les mouvements baptistes, dont celui de Jean le cousin de Jésus et le nazaréisme primitif. Ensuite parce qu'on retrouve tout un ensemble d'idées communes aux milieux esséniens ou péri-esséniens et à la « communauté johanique », enfin parce que l'on a identifié une parenté d'idées entre ces mêmes milieux des écrits de la mer Morte et l'épître aux Hébreux[3]. » De même, la Didachè et l'Épître de Barnabé, un temps incluses dans le canon du Nouveau Testament, « reprennent à leur manière la thématique des deux voies, celle du bien et celle du mal, qui figure déjà dans le Manuel de Discipline[4] » retrouvé à Qumran. On retrouve aussi dans les deux mouvements une exaltation du « désert », ainsi que certains thèmes comme la lignée davidique du Messie présents dans les évangiles synoptiques. On y trouve aussi des expressions, comme celle de « pauvres en esprit », présentes à la fois dans le passage de l'évangile selon Matthieu appelé « les Béatitudes » et dans certains fragments retrouvés à Qumrân où elle désigne les fidèles observateurs de la loi. De plus, le terme de notzri (nazôréen) apparaît à plusieurs reprises dans les textes du mouvement du Yahad, notamment dans les Hymnes, pour symboliser la communauté de la Nouvelle Alliance[5]. Pour André Paul, le sens du mot était gardien et associé à Yahad (unité, alliance) pouvait se traduire par « gardien de [la nouvelle] Alliance »[6]. C'est la formulation qu'utilise le christianisme qui énonce qu'avec la venue de Jésus, une « Nouvelle Alliance » a été formée avec Dieu.

Se fondant sur les écrits de certains pères de l'église, sur l'« Écrit de Damas » du mouvement du Yahad et sur les découvertes archéologiques de Claudine Dauphin, François Blanchetière estime que « Kokaba, non loin de Damas a pu constituer l'un des points de contact entre les Esséniens et les proto-nazaréens[3]. » « Reste qu'un essénisme proto-nazaréen demeure, faute de preuves suffisantes, une simple hypothèse[3], » précise-t-il.

Pour André Paul, « il n'est pas adéquat de présenter les groupes d'ascètes des environs occidentaux de la mer Morte comme réellement baptistes. Il y avait cependant de vrais groupes baptistes à l'époque[7]. »

l'existence de groupes baptistes

Aujourd'hui, avec du recul, on ne peut affirmer qu'il y ait pour autant identité entre l'expérience des ascètes de Qumrân et les mœurs esséniennes. Nonobstant, il semblerait que, de part et d'autre, le régime des lustrations ou ablutions purificatrices, en ces lieux retirés, ait visé à suppléer les rites sacrificiels du Sanctuaire de Jérusalem. Mais il n'est pas adéquat de présenter les groupes d'ascètes des environs occidentaux de la mer Morte comme réellement baptistes. Il y avait cependant de vrais groupes baptistes à l'époque.

Jean le Baptiste et l'essénisme[modifier | modifier le code]

Version de l'article « Esséniens »

Si Jean le Baptiste n'apparaît d'aucune façon dans les Manuscrits de la mer Morte, il se pourrait qu'il ait, un temps appartenu au groupe des Esséniens[8] (Yahad)[9], « pour le moins jusqu'à sa vocation (Lc 3,2), lui qui était de famille sacerdotale. Cet apparentement ne peut toutefois être ni récusé, ni confirmé[3]. » Pour André Paul, « il n'est pas adéquat de présenter les groupes d'ascètes des environs occidentaux de la mer Morte comme réellement baptistes. Il y avait cependant de vrais groupes baptistes à l'époque[7]. »

François Blanchetière note que « l'existence d'un essénisme chrétien a été postulé » par certains chercheurs et « relève de l'éventualité envisageable[3] », même si elle demeure hypothétique. « D'abord parce qu'il existe une parenté indéniable entre les mouvements baptistes, dont celui de Jean le cousin de Jésus et le nazaréisme primitif. Ensuite parce qu'on retrouve tout un ensemble d'idées communes aux milieux esséniens ou péri-esséniens et à la « communauté johanique », enfin parce que l'on a identifié une parenté d'idées entre ces mêmes milieux des écrits de la mer Morte et l'épître aux Hébreux[3]. » De même, la Didachè et l'Épître de Barnabé, un temps incluses dans le canon du Nouveau Testament, « reprennent à leur manière la thématique des deux voies, celle du bien et celle du mal, qui figure déjà dans le Manuel de Discipline[4] » retrouvé à Qumran. On retrouve aussi dans les deux mouvements une exaltation du « désert », ainsi que certains thèmes présents dans les évangiles synoptiques, comme la lignée davidique du Messie. Trois éléments du document appelé 4QApocalypse araméenne (4Q246), appliqués à un « héros aux traits royaux et victorieux[10] », se retrouvent littéralement dans la première page de l'évangile selon Luc[10]: « (1) « Il sera grand » ; (2) « fils du très haut ils l'appelleront » et (3) « son règne sera un règne éternel »[10]. » Dans l'Annonce faite à Marie de l'évangile selon Luc, ces traits s'appliquent bien-sûr à Jésus. Dans l'écrit de Qumran, ils s'appliquent à un personnage inconnu, qu'il soit réel ou qu'il s'agisse d'une figure céleste, peut-être le roi-Messie intervenant à la fin des temps[10]. « Les similitudes sont pour le moins frappantes[10]. » On trouve aussi dans les manuscrits, des expressions comme celle de « pauvres en esprit », présentes à la fois dans le passage de l'évangile selon Matthieu appelé « les Béatitudes » et dans certains fragments retrouvés à Qumrân où elle désigne les fidèles observateurs de la loi[11]. De plus, le terme de notzri (nazôréen) apparaît à plusieurs reprises dans les textes du mouvement du Yahad, notamment dans les Hymnes, pour symboliser la communauté de la Nouvelle Alliance[12]. Pour André Paul, le sens du mot était gardien et associé à Yahad (unité, alliance) pouvait se traduire par « gardien de [la nouvelle] Alliance »[13]. C'est la formulation qu'utilise le christianisme qui énonce qu'avec la venue de Jésus, une « Nouvelle Alliance » a été formée avec Dieu.

Se fondant sur les écrits de certains Pères de l'Église, sur l'« Écrit de Damas » du mouvement du Yahad et sur les découvertes archéologiques de Claudine Dauphin, François Blanchetière estime que « Kokaba, non loin de Damas a pu constituer l'un des points de contact entre les Esséniens et les proto-nazaréens[3]. » « Reste qu'un essénisme proto-nazaréen demeure, faute de preuves suffisantes, une simple hypothèse[3], » précise-t-il.

Certains chercheurs ont proposé d’identifier les fragments 7Q5 et 7Q4 comme étant des extraits de l'évangile de Marc et d'une lettre à Timothée. Toutefois ceux-ci ne comportent que moins de cinq morceaux de mots non significatifs et non consécutifs. Il a été démontré que l'on pouvait retrouver cet agencement de mots dans de multiples écrits antiques, dont par exemple l'Illiade.

Le baptême et Jean chez Flavius Josèphe[modifier | modifier le code]

« Attestés par Philon d'Alexandrie, Flavius Josèphe et Pline l'Ancien, et à leur suite par les Pères de l'Église, les Esséniens évoquent à leur façon les mouvements baptistes de l'Antiquité pré-chrétienne. Une partie des textes retrouvés près de la mer Morte entre 1947 et 1956 atteste des croyances et des pratiques assez proches des leurs. Aujourd'hui, avec du recul, on ne peut affirmer qu'il y ait pour autant identité entre l'expérience des ascètes de Qumrân et les mœurs esséniennes. Nonobstant, il semblerait que, de part et d'autre, le régime des lustrations ou ablutions purificatrices, en ces lieux retirés, ait visé à suppléer les rites sacrificiels du Sanctuaire de Jérusalem. Mais il n'est pas adéquat de présenter les groupes d'ascètes des environs occidentaux de la mer Morte comme réellement baptistes. Il y avait cependant de vrais groupes baptistes à l'époque.

Flavius Josèphe rapporte une expérience singulière. Dans sa jeunesse et cherchant sa voie, il séjourna chez les Esséniens, puis auprès de Bannos, sorte de moine[Interprétation personnelle ?] du désert dont les traits et les mœurs rappellent d'assez près ceux de Jean Baptiste. Voici ce qu'il écrit :

« Ayant entendu parler d'un certain Bannos qui vivait au désert, se contentait pour vêtement de ce que lui fournissaient les arbres, et pour nourriture, de ce que la terre produit spontanément, et usait de fréquentes ablutions d'eau froide de jour et de nuit, par souci de pureté, je me fis son émule (Autobiographie 11). »

Josèphe était par ailleurs bien informé sur la vie d'un représentant célèbre du mouvement baptiste, Jean. Ce dernier pratiquait un rite d'immersion individuelle appelé « baptême ». Devenu homme au rayonnement notoire, on l'affubla d'un surnom qui dit bien l'objet de sa réputation : « le Baptiste », littéralement « l'Immerseur ». Ce mot dérive du grec baptizein, « plonger », « immerger ». On n'employait ce verbe que rarement pour un bain complet ; on avait recours à d'autres formules. Josèphe étaie le témoignage des Évangiles[14]. Il atteste lui-même le titre de Baptiste, ho baptistês, qui valait à Jean sa notoriété. Il précise qu'on venait à ce dernier « pour s'unir dans le baptême », dans un rite véritable d'initiation. Le but de l'acte était l'entrée signifiée, consacrée, dans un groupe d'élus. Pour Josèphe, le baptême de Jean servait également à « purifier le corps », l'âme étant purifiée au préalable « par la justice ». Voilà donc un mouvement judaïque que l'on peut dire sans ambages baptiste. Il compte parmi les sources directes du christianisme : Jean le Baptiste fut proclamé par les tout premiers témoins « précurseur » et « annonceur » du fondateur, Jésus de Nazareth dit le Christ. Mais la religion chrétienne se développa sur la base d'un corps de doctrines et de rites qui dépasse très largement le cadre baptismal. (À partir du XVIIe siècle, un courant baptiste totalement nouveau se distinguera, dans l'Église d'Angleterre d'abord. Il en naîtra les Églises baptistes, toujours vivantes, mais minoritaires par rapport aux grandes institutions d'où elles sont issues.) La survivance d'éléments judaïques ou judéo-chrétiens liés au courant baptiste de Jean est attestée au Ier siècle par les Actes des apôtres (19, 1-7) et jusqu'au IIIe par d'autres témoins[7]. »

En travaux[modifier | modifier le code]

André Paul[modifier | modifier le code]

Dans son analyse des mouvements baptistes, André Paul ne parlent pas des Sabéens, ni n'utilisent les sources islamiques pour examiner les différents groupes dans il cite l'existence: les Esséniens, Masbotéens, Ebionites, Elkasaïtes, Mandéens, l'ermite Banus chez qui Flavius Josèphe a effectué un stage.

« Du IIe siècle avant Jésus-Christ jusqu'au IIIe ou même IVe siècle après, divers mouvements, dits couramment sectaires, se manifestèrent dans le Proche-Orient ancien et en Occident jusqu'à Rome. On les qualifie de « baptistes ». Ils virent le jour dans les marges du judaïsme et plus précisément dans ce que l'on appelle judéo-christianisme. La région du Jourdain, en Transjordanie et dans les abords de la mer Morte, est attestée comme leur lieu choisi d'implantation. Peut-être nombre d'entre eux y prirent-ils naissance. Tous recherchaient volontiers l'eau courante d'un fleuve pour le bain par immersion qui les caractérise, en grec baptisma. Mais cela ne suffit pas à les distinguer. Certes, l'acte baptismal, répété chez d'aucuns quotidiennement, demeure central dans le système doctrinal et la vie religieuse de ces divers groupes. Dans certains cas, on peut le dire sacramentel sinon magique, sous l'influence de courants syncrétistes, grecs ou orientaux qui, plus ou moins directement, préparaient ou imprégnaient la Gnose[7]. »

Des témoignages complexes[modifier | modifier le code]

« Plusieurs témoins signalent en effet les attaches gnostiques de telle ou telle secte baptiste. On connaît surtout ces courants sectaires par les auteurs ecclésiastiques des quatre premiers siècles, Justin (100-165) à Rome, Irénée (130-200) à Lyon, Hippolyte (170-235) à Rome, Origène (185-255) et Eusèbe (265-340) à Césarée, Épiphane (315-403) à Salamine et d'autres, tous soucieux de dénoncer l'hérésie, la Gnose d'abord au IIe siècle. Essentiellement marqué par la polémique, le témoignage de ces personnalités est à prendre avec discernement sinon avec réserves. De quelques rares sectes nous sont aussi parvenues les œuvres. Il est difficile sinon impossible de faire l'histoire de ces mouvements baptistes comme celle d'un vaste courant unifié. En dépit des traits récurrents d'un groupe à l'autre, il n'y a guère d'unité entre eux. On doit se contenter d'un inventaire des particularités significatives et distinctives possédant entre elles un lot suffisant d'affinités. Certaines de ces sectes ont un fondateur ou un promoteur resté célèbre. D'elles sont nées de vraies religions : pour une part, le christianisme dérive du courant baptiste de Jean, et le manichéisme d'une réforme profonde de la « secte » d'Elkasaï. Un seul courant vraiment baptiste a persisté jusqu'à nos jours, celui des Mandéens[7]. »

Flavius Josèphe et Jean le Baptiste[modifier | modifier le code]

« Attestés par Philon d'Alexandrie, Flavius Josèphe et Pline l'Ancien, et à leur suite par les Pères de l'Église, les Esséniens évoquent à leur façon les mouvements baptistes de l'Antiquité pré-chrétienne. Une partie des textes retrouvés près de la mer Morte entre 1947 et 1956 atteste des croyances et des pratiques assez proches des leurs. Aujourd'hui, avec du recul, on ne peut affirmer qu'il y ait pour autant identité entre l'expérience des ascètes de Qumrân et les mœurs esséniennes. Nonobstant, il semblerait que, de part et d'autre, le régime des lustrations ou ablutions purificatrices, en ces lieux retirés, ait visé à suppléer les rites sacrificiels du Sanctuaire de Jérusalem. Mais il n'est pas adéquat de présenter les groupes d'ascètes des environs occidentaux de la mer Morte comme réellement baptistes. Il y avait cependant de vrais groupes baptistes à l'époque.

Flavius Josèphe rapporte une expérience singulière. Dans sa jeunesse et cherchant sa voie, il séjourna chez les Esséniens, puis auprès de Bannos, sorte de moine[Interprétation personnelle ?] du désert dont les traits et les mœurs rappellent d'assez près ceux de Jean Baptiste. Voici ce qu'il écrit :

« Ayant entendu parler d'un certain Bannos qui vivait au désert, se contentait pour vêtement de ce que lui fournissaient les arbres, et pour nourriture, de ce que la terre produit spontanément, et usait de fréquentes ablutions d'eau froide de jour et de nuit, par souci de pureté, je me fis son émule (Autobiographie 11). »

Josèphe était par ailleurs bien informé sur la vie d'un représentant célèbre du mouvement baptiste, Jean. Ce dernier pratiquait un rite d'immersion individuelle appelé « baptême ». Devenu homme au rayonnement notoire, on l'affubla d'un surnom qui dit bien l'objet de sa réputation : « le Baptiste », littéralement « l'Immerseur ». Ce mot dérive du grec baptizein, « plonger », « immerger ». On n'employait ce verbe que rarement pour un bain complet ; on avait recours à d'autres formules. Josèphe étaie le témoignage des Évangiles[15]. Il atteste lui-même le titre de Baptiste, ho baptistês, qui valait à Jean sa notoriété. Il précise qu'on venait à ce dernier « pour s'unir dans le baptême », dans un rite véritable d'initiation. Le but de l'acte était l'entrée signifiée, consacrée, dans un groupe d'élus. Pour Josèphe, le baptême de Jean servait également à « purifier le corps », l'âme étant purifiée au préalable « par la justice ». Voilà donc un mouvement judaïque que l'on peut dire sans ambages baptiste. Il compte parmi les sources directes du christianisme : Jean le Baptiste fut proclamé par les tout premiers témoins « précurseur » et « annonceur » du fondateur, Jésus de Nazareth dit le Christ. Mais la religion chrétienne se développa sur la base d'un corps de doctrines et de rites qui dépasse très largement le cadre baptismal. (À partir du XVIIe siècle, un courant baptiste totalement nouveau se distinguera, dans l'Église d'Angleterre d'abord. Il en naîtra les Églises baptistes, toujours vivantes, mais minoritaires par rapport aux grandes institutions d'où elles sont issues.) La survivance d'éléments judaïques ou judéo-chrétiens liés au courant baptiste de Jean est attestée au Ier siècle par les Actes des apôtres (19, 1-7) et jusqu'au IIIe par d'autres témoins[7]. »

Masbotéens et Ebionites[modifier | modifier le code]

« Dans leur désignation des hérésies juives ou judéo-chrétiennes, les Pères de l'Église signalent plusieurs courants explicitement baptistes. Au milieu du IIe siècle, le philosophe et débatteur chrétien Justin mentionne les Baptistaï, « Baptistes », dans son Dialogue avec Tryphon[16]. C'est dans une liste des « sept hérésies juives » qu'on les retrouve, avec des variantes, chez Eusèbe de Césarée, Épiphane de Salamine et d'autres. On peut assimiler ces Baptistes aux Masbothaïoï que signale l'historien Hégésippe vers 180, dans ses Hypomnemata ou « Mémoires » contre les Gnostiques. Les deux noms ont en effet le même sens, l'araméen masbûtâ signifiant « immersion » ou « baptême ». Hégésippe implique les Masbothéens dans la naissance de sectes gnostiques. L'idée était très répandue au sein des milieux chrétiens que les « hérésies » avaient des racines judaïques. Vers l'an 200, l'Africain Tertullien attribuait la pratique d'immersions quotidiennes à tous les Juifs, à cause de leur nature impure. À ces Baptistes ou Masbothéens, ajoutons les Hémérobaptistaï, « Hémérobaptistes ». Comme le dit l'étymologie – hêméra, « jour » et baptisma, « baptême » –, ceux-ci s'adonnent à des immersions quotidiennes. On sait peu de choses sur eux également. Épiphane, le grand chasseur d'hérésies, nous dit d'eux au VIe siècle qu'ils se plongeaient entièrement dans l'eau chaque jour, été comme hiver. À cette condition, ils seront purifiés au point de plaire à Dieu qui les mènera jusqu'au salut éternel.

Parmi les courants judéo-chrétiens à fort rayonnement baptiste, il faut classer les Ébionites, que l'on tend à considérer comme les successeurs de la première communauté de Jérusalem. Leur nom, Ébiônaïoï, est une forme grecque dérivée de l'hébreu ébyonîm, « pauvres ». Selon des sources anciennes auxquelles Épiphane fait écho, ils considéraient l'eau comme une chose divine. Ils sont comptés pour la première fois parmi les « hérétiques », comme secte gnostique plus précisément, dans le grand traité Contre les hérésies d'Irénée de Lyon (vers 180). Cela tient à la tradition d'Asie Mineure, d'où venait Irénée et où enseignait l'hérésiarque Cérinthe. Comme les Ébionites, ce dernier rejetait la doctrine de la conception virginale de Jésus, né d'une « jeune fille » (néanis en grec, selon la traduction d'Isaïe 7, 14 par Aquila) et non d'une « vierge » (parthénos, dans la version des Septantes reprise par le Nouveau Testament). De fait, le judéo-christianisme des Ébionites dut évoluer dans une direction gnostique, ce qui fit classer ces derniers parmi les hérétiques. Ces gens avaient leur propre Évangile, l'Évangile selon Matthieu. À leurs yeux, Paul de Tarse était un « apostat de la Loi ». Origène les mentionne à plusieurs reprises. Il les présente comme des Juifs qui croient en Jésus le Messie. Il les répartit en deux catégories : ceux qui acceptent que Jésus soit né d'une vierge et ceux qui le refusent. Ils vivent, précise-t-il, selon la Loi judaïque, préconisent la circoncision, interprètent les règles alimentaires de la Loi à la manière des Juifs, célèbrent la Pâque à la date fixée par ceux-ci. Ces Ébionites pratiquent de fréquentes lustrations voire immersions, tout habillés, surtout après les rapports sexuels et les contacts avec les étrangers. Autant d'actes rendus par le verbe baptizein. Nonobstant, ils s'astreignent parallèlement au baptême d'initiation typiquement chrétien, unique celui-ci.

Deux mouvements baptistes majeurs sont à traiter à part : les Elkasaïtes, dont le manichéisme sera une ligne dérivée au destin long et prospère ; les Mandéens, qui comptent encore plusieurs milliers d'adeptes[7]. »

Les Elkasaïtes[modifier | modifier le code]

« C'est une branche particulière du judéo-christianisme, à la fois baptiste et syncrétiste, que l'on repère au début du IIe siècle. C'est le seul groupe de l'époque que l'on puisse décrire comme une secte baptiste véritable et la plus influente des sectes baptistes. Hippolyte de Rome, Origène et Épiphane la connaissent. Ils rapportent qu'elle eut comme fondateur un prophète juif du nom d'Elkasaï, avec des orthographes diverses. Voilà une personnalité saillante des mouvements baptistes. Lui est attribué un livre de Révélation qui, selon Origène, serait tombé du ciel. L'ouvrage proclame une nouvelle absolution des péchés à la troisième année du règne de Trajan (vers 100), sous la forme d'un baptême. On y perçoit une position favorable aux Parthes orientaux et donc anti romaine, ce qui était courant à l'époque dans cette partie du Proche-Orient. Le mouvement débuta probablement aux alentours de la frontière syro-parthe sur le Haut-Euphrate, dans la Mésopotamie du Nord où il s'épanouit. Il s'étendit ensuite vers l'ouest, jusqu'à Rome, et vers le sud dans le secteur méridional de la Transjordanie. Ces déploiements s'opérèrent aux IIIe et IVe siècles, croisant alors des courants chrétiens.

La doctrine semble celle d'une secte juive marginale vite empreinte de christianisme, spécialement acquise aux croyances et pratiques judéo-chrétiennes. On pense ici à Alcibiade, un maître elkasaïte d'Apamée en Syrie. Sous le pontificat de l'évêque de Rome Calixte Ier (217-222) et au temps d'Hippolyte, cette personnalité intervint dans le débat sur la discipline pénitentielle : elle proposa le concept d'un « second baptême pour le pardon des péchés » au nom de la Trinité, en accord avec la pratique baptismale elkasaïte. Origène mentionne la secte à Rome en 247, tandis qu'une autre source la donne pour florissante en Babylonie. Le caractère judaïque de l'elkasaïsme se manifeste par l'observance rigoureuse du sabbat, la circoncision, la prière en direction de Jérusalem, le recours à des règles matrimoniales et alimentaires strictes. Il faut ajouter les ablutions ou immersions, dont Hippolyte fait une description précise. Un second baptême offrait aux pécheurs chrétiens également la « paix et une part au salut parmi les justes ». Le rite du baptême proprement dit empruntait à la pratique chrétienne ; il réclamait un ministre ou témoin de l'acte. L'immersion réitérée, appelée elle-même baptisma, prenait une forme nettement différente, sans l'intervention d'un quelconque agent. Épiphane souligne le rejet des sacrifices et du sacerdoce, ce qui semble signifier une dimension sacramentelle sinon magique du baptême.

L'influence du syncrétisme des sociétés ambiantes se devine dans le goût des Elkasaïtes pour l'astrologie et les croyances superstitieuses. Les tendances gnostiques sont claires aussi, avec la doctrine de la révélation et la transformation du Logos, le « Dieu très haut » et son « Envoyé », la doctrine des éléments et les anges, et les astres démonisés. De plus, le rôle joué par l'elkasaïsme dans la naissance du manichéisme implique un lien manifeste avec la Gnose. Le successeur le plus marquant d'Elkasaï fut Mani (217-274). Membre de la communauté elkasaïte durant vingt ans, ce dernier fut contraint de quitter le mouvement après des tentatives infructueuses de le réformer. Il fonda le manichéisme[7]. »

Les Mandéens[modifier | modifier le code]

« C'est le seul mouvement baptiste qui existe encore de nos jours. Quelques milliers de membres vivent toujours au sud de l'Irak, aux environs de Bassora, et, près de là, au sud-ouest de l'Iran. D'après une étymologie possible, leur nom, l'araméen mandayâ, les désignerait comme les hommes de la « connaissance » (mandâ). Eux-mêmes s'appellent les Nazoraïa, « Nazoréens », évocation d'une secte judéo-chrétienne des premiers siècles de notre ère. Les auteurs musulmans parlent volontiers des Sabayâ, « Baptistes ». Les Mandéens ne furent révélés à l'Occident qu'en 1652. Les voyageurs allèrent en nombre sur place s'informer sur eux. On les étudia réellement à partir du XIXe siècle. C'est alors qu'on édita leurs textes, avec traduction, et qu'on considéra savamment leur langue. Les exégètes du Nouveau Testament et les historiens du christianisme s'intéressèrent beaucoup à eux au début du XXe siècle, d'aucuns les considérant comme une source de la doctrine et des rites chrétiens (Bultmann). Ce qui supposerait leur grande ancienneté. Il est certain qu'à l'origine, ils avaient des liens idéologiques avec les mouvements évoluant en marge du judaïsme de Palestine, en Transjordanie exactement. Ce qui peut nous mener jusqu'au IIe siècle chrétien, mais guère plus haut. Sans nul doute, ils ont contribué à la formation de la Gnose ancienne, dont ils sont de quelque façon une variante orientale durable. Le corpus des écrits que l'on possède ne s'est constitué qu'au VIIIe siècle. Les sources attestent néanmoins le mouvement mandéen au IVe siècle siècle et même probablement vers l'an 200.

À la base du système doctrinal des Mandéens il y a un dualisme opposant le « monde d'en haut » et le « monde d'en bas », le « lieu de la lumière » et le « lieu des ténèbres ». Ce qui n'empêche pas Dieu d'intervenir par la création, comme dans les récits bibliques. Création qui se poursuit par l'action permanente de la Divinité et sa révélation par l'Envoyé céleste. Ce dernier est le fondateur de la religion de lumière opposée à sept religions de ténèbres, parmi lesquelles le mazdéisme, le judaïsme, le christianisme, le manichéisme et l'islam. Jésus/Îsâ est un faux prophète. Le vrai prophète, c'est Jean Baptiste, identifié à l'Envoyé ou « connaissance de vie ». D'aucuns pensent que les Mandéens remontent jusqu'au mouvement de ce dernier, ce qui est très improbable. La littérature mandéenne qui nous est parvenue est immense. Elle consiste en trois grands ensembles : d'abord et surtout, la Ginzâ ou « Trésor », ou encore Sidrâ Rabba, « Grand Livre » ; ensuite, le « Livre de Jean » ou « Discours des rois » ; enfin, le « Livre des âmes », avec une centaine de poèmes relatifs surtout au rituel du baptême et à la liturgie des morts.

Les pratiques baptismales des Mandéens consistent dans une immersion totale et régulière (masbûtâ, l'équivalent araméen de baptisma), chaque dimanche, dans une eau courante (appelée yardna, « Jourdain »). On se plonge trois fois dans l'eau, puis on se livre à d'autres ablutions bien codifiées (qui rappellent celles des musulmans), le prêtre prononçant des formules rituelles avec même invocation de « noms secrets ». Suit une onction à l'huile de sésame, trace d'une influence chrétienne possible, sur les rives du fleuve. On distribue enfin du pain et de l'eau. Ce baptême est administré sous une forme simplifiée aux enfants et aux mourants. À côté de la cérémonie baptismale festive du dimanche, on a recours, s'il le faut, à des ablutions fériales du matin ou simples immersions dans un fleuve, dans le cas de fautes spécifiques ou en des occasions particulières. Secte baptiste judaïque à l'origine, s'affirmant ensuite comme hostile au judaïsme et au christianisme, le mandéisme se développa comme une religion véritable, à l'instar du manichéisme[7]. »

Nazôréens et chrétiens de saint-Thomas[modifier | modifier le code]

Extrait de en:Essenes#Scholarly_discussion

One theory on the formation of the Essenes suggested the movement was founded by a Jewish high priest, dubbed by the Essenes the Teacher of Righteousness, whose office had been usurped by Jonathan (of priestly but not Zadokite lineage), labeled the "man of lies" or "false priest".[17][18] Others follow this line and a few argue that the Teacher of Righteousness was not only the leader of the Essenes at Qumran, but was also identical to the original Jesus about 150 years before the time of the Gospels[19] Lawrence Schiffman has argued that the Qumran community may be called Sadducean, and not Essene, since their legal positions retain a link with Sadducean tradition.[20].

The Saint Thomas Christians (en) ("Nasrani") of southwestern India may have connections with the Essenes, according to the Manimekalai (en), one of the great Tamil epic poems, which refers to a people called "Issani"[21]. The high presence of Cohen DNA amongst today's Nazareans make further support to the full or part Essene origin of the Malabar Nazareans. The Essenes were often of Levite or Cohen heritage and this may further explain the frequent 'priestly heritage' claims of several Nazerean families of India.[22].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Flavius Josèphe pourrait avoir temporairement appartenu, lui aussi, aux Esséniens, ainsi qu'il le revendique dans son autobiographie (Vita, 2, 10-11), cf. François Blanchetière, op. cit., p. 213.
  2. Dans les Manuscrits de la mer Morte une centaine d'écrits est attribué à un groupe qui se désigne sous le nom de Yahad. Il est souvent assimilé aux Esséniens dont parlent essentiellement Flavius Josèphe et Philon d'Alexandrie, ou pour le moins à un groupe très proche.
  3. a b c d e f g h i j et k François Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, éd Cerf, Paris, 2001, p. 213.
  4. a et b François Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, éd Cerf, Paris, 2001, p. 212.
  5. André Paul, Encyclopædia Universalis, Article « NAZARÉENS, religion ».
  6. André Paul, Qumran et les Esséniens. L’éclatement d’un dogme, Cerf, 2008.
  7. a b c d e f g h et i André Paul, Les mouvements baptistes, 2005, sur http://www.clio.fr
  8. Flavius Josèphe pourrait avoir temporairement appartenu, lui aussi, aux Esséniens, ainsi qu'il le revendique dans son autobiographie (Vita, 2, 10-11), cf. François Blanchetière, op. cit., p. 213.
  9. Dans les Manuscrits de la mer Morte une centaine d'écrits est attribué à un groupe qui se désigne sous le nom de Yahad. Il est souvent assimilé aux Esséniens dont parlent essentiellement Flavius Josèphe et Philon d'Alexandrie, ou pour le moins à un groupe très proche.
  10. a b c d et e André Paul, La Bible avant la Bible, Cerf, Paris, 2005, p. 140.
  11. cf. par exemple 4Q171 dans lequel « les membres du yahad se présentent comme les « pauvres », dont il est dit qu'ils « posséderont la terre ». On croirait entendre Jésus de Nazareth (selon Mt. 5, 3-4) », André Paul, La Bible avant la Bible, Cerf, Paris, 2005, p. 155-156.
  12. André Paul, Encyclopædia Universalis, Article « Nazaréens, religion ».
  13. André Paul, Qumran et les Esséniens. L’éclatement d’un dogme, Cerf, 2008.
  14. Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, XVIII, 116-118.
  15. Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, XVIII, 116-118.
  16. Justin, Dialogue avec Tryphon, 80, 4.
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  20. James VanderKam and Peter Flint, The Meaning of the Dead Sea Scrolls, p.251.
  21. Manimekalai, by Merchant Prince Shattan, Gatha 27
  22. Weil, S. (1982)"Symmetry between Christians and Jews in India: The Cananite Christians and Cochin Jews of Kerala. Contributions to Indian Sociology