ʿĪsā

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Le Messie, Jésus, fils de Marie, est également connu sous le nom d'« Ésaü » en hébreu ancien, de « Josué » en hébreu contemporain et de « Jésus » dans le Nouveau Testament. Il est le Messager de Dieu et le Messie dans l'Islam. Il est considéré comme l'un des messagers les plus puissants [3]. Il a été envoyé pour conduire les enfants d'Israël au Livre Saint. Il est nouveau, qui est l'Évangile [4], et les musulmans préfèrent ajouter l'expression « que la paix soit sur lui ». lui » après son nom, comme tous les prophètes, par respect pour eux. La croyance en Jésus (et en tous les prophètes et messagers) est l’un des piliers de la foi, et il n’est pas valable pour une personne de devenir musulmane sans lui. Jésus est mentionné nommément dans le Coran 25 fois.[5][6] Le Coran déclare que Jésus est né de Maryam bint Imran et que sa naissance est considérée comme un miracle, car elle est tombée enceinte de lui alors qu'elle était vierge sans intervention humaine, sur ordre de Dieu. Pour soutenir son message, Jésus avait la capacité d’accomplir certains miracles, comme ressusciter les morts et guérir les aveugles et les lépreux, si Dieu le veut. Selon le Coran, Jésus n'a pas été crucifié ni tué d'une autre manière, mais Dieu l'a plutôt élevé vers Lui. De même, Jésus est un musulman comme tous les messagers de l'Islam, c'est-à-dire qu'il s'est soumis au commandement de Dieu. et conseilla à ses disciples de choisir le droit chemin. L'Islam rejette l'idée de la Trinité, selon laquelle Jésus est Dieu incarné, le Fils de Dieu ou que Jésus a été crucifié ou ressuscité. Le Coran déclare que Jésus lui-même n’a pas revendiqué ces choses, et indique également que Jésus niera sa prétention à la divinité le Jour de la Résurrection.[7] Le Coran souligne que Jésus est un humain mortel, comme tous les prophètes et messagers, et qu’il a été choisi pour diffuser le message de Dieu. Les textes divins interdisent l'association de Dieu avec les autres, et que le monothéisme de Dieu est la seule voie de salut. Les musulmans croient que le Messie, Jésus, fils de Marie, est un messager pour les enfants d'Israël uniquement pour leur rendre permis une partie de ce qui leur a été interdit. Les apôtres, un groupe des enfants d'Israël, ont cru en son message, et un groupe des Enfants d'Israël n'a pas cru. Dieu lui a donné des miracles : il a parlé aux gens alors qu'il était enfant, a ressuscité les morts, si Dieu le voulait, et a guéri les aveugles. Et le lépreux, si Dieu le veut, sera fait d'argile en la forme d'un oiseau et soufflé dedans et il deviendra un oiseau, si Dieu le veut.

Les Juifs croient au Messie (le Sauveur) à la fin des temps, et il est différent du Messie auquel croient les chrétiens. De même, certaines sectes musulmanes, comme les chiites, croient au Mahdi à la fin des temps. L'idée du Messie-Sauveur est similaire à l'idée du Mahdi. Ils croient que Jésus, fils de Marie, reviendra sur terre à la fin des temps, et que sa plus grande mission sera de combattre l'Antéchrist (ou Antéchrist).

Origine du nom[modifier | modifier le code]

Isa est un nom propre, arabisé à partir du nom hébreu « Yeshua », qui signifie « le Sauveur ». Le mot « Jésus » est traduit par « Yeshua » en inversant les lettres, après avoir rendu le dictionnaire obsolète [c'est-à-dire après avoir créé le Shin Sinaï]. Ceci est courant dans les traductions de l'hébreu vers l'arabe. Sein du Christ et de Moïse : Shein en hébreu, et aussi Sein-Shams, qu'ils ont dans deux dictionnaires.

Sources[modifier | modifier le code]

Dans le Coran, ʿĪsā occupe une place prééminente sur les autres prophètes[1]. Alors que ce texte sacré n'apporte que peu d'éléments biographiques concernant Mahomet qui n'y est cité que quatre fois[2], il mentionne ʿĪsā dans quinze sourates et lui consacre 93 versets qui fondent la christologie coranique[3]. Celle-ci s'est enrichie de traditions présentes dans les évangiles apocryphes de l'Enfance et de la littérature mystique chrétienne[3], certains chercheurs évoquant le Diatessarion comme source possible d'inspiration[4].

Le Coran présente donc ʿĪsā comme l'un des prophètes de l'islam, à l'instar de Mahomet, dont il est l'annonciateur et le garant, se tenant au second rang après lui[5]. Parmi les nombreux titres que lui confère le Coran, outre celui de « prophète » (nabi), on dénombre ceux d'« envoyé » (rasûl), de « béni » (mubarak), de « digne d'estime » (wajidh)[3]... Mais son appellation la plus commune est celle de « fils de Marie » (ibn Maryam) qui apparaît à 33 reprises[3]. Il est également qualifié — bien que de manière formelle et non définie[1] — de Messie (al-Masîh) à onze reprises[6], et, dans la mesure où il est né du souffle divin (rûh), d'« esprit émanant [de Dieu] » ou encore de « Verbe de Dieu » (kalimat Allah) « dans la mesure où il est le fruit de la seule parole créatrice de Dieu »[7], bien que certains chercheurs voient dans cette notion une continuité du nestorianisme[8].

Le Coran, s'il propose des similitudes avec les récits chrétiens et la tradition chrétienne primitive, cultive un certain flou sur les conditions, l'époque ou l'environnement dans lesquelsʿĪsā évolue[1] : ce flou a permis tant aux rédacteurs de hadîths que de compositions littéraires et hagiographiques ultérieures d'élaborer progressivement, à travers de nouveaux éléments d'enseignements ou de discours, un personnage distinct du Jésus de Nazareth des chrétiens, un « Jésus musulman » qui s'éloigne des traditions chrétiennes et qui sert notamment à défendre le point de vue musulman dans les polémiques adressées aux chrétiens[1] .

Biographie[modifier | modifier le code]

Maryam se nourrissant de dattes après avoir enfanté dans la douleur au pied du palmier (manuscrit turc du XVIe siècle).

Sa famille[modifier | modifier le code]

ʿĪsā dans les textes coraniques est un personnage indissociable de sa mère Maryam (Marie)[9]. Il est ainsi souvent désigné sous le nom de Al-Masih (le Messie)[10] ou ʿĪsā ibn Maryam (Jésus fils de Marie) et est présenté avec celle-ci comme modèles à suivre[9].

ʿĪsā fait partie des prophètes dits famille de 'Imrān avec sa mère, son cousin Yahyā (Jean le Baptiste) et le père de celui-ci Zacharie[11]. Le Coran et la foi populaire musulmane accordent une grande importance à ʿĪsā et Maryam[12]. Tandis qu'ʿĪsā est tourné vers la beauté du monde, il apparait souvent avec son cousin Yahyā, ascète radical, avec lequel il forme une sorte de « gémellité spirituelle permanente »[13].

L'insistance marquée sur la filiation à Maryam est un clair rejet de la filiation divine de ʿĪsā ; néanmoins, la tradition musulmane souligne le caractère miraculeux de sa naissance virginale sans père[6]. Contrairement au Credo de Nicée-Constantinople qui reconnait que Jésus est engendré, non pas créé, la tradition musulmane affirme que ʿĪsā est directement créé par la Parole de Dieu « kun » (« Sois » en arabe), l'« impératif divin » manifesté par un rûh de Dieu, souffle de vie divin intemporel insufflé en Maryam, le même souffle qui anime Adam[n 1], et qui transmet la révélation aux Messagers, notamment à Mahomet[7],[n 2]

Prophète[modifier | modifier le code]

Miniature persane représentant Jésus lors du sermon sur la montagne.

Dans le Coran, Maryam reçoit une visite de « l’Esprit de Dieu » tandis qu'elle se trouve dans le Temple. Selon la plupart des commentateurs musulmans, il s'agirait de l'Archange Gabriel[8]. En raison du vœu de virginité de Maryam, il lui annonce une maternité miraculeuse. La non-distinction entre l'Esprit de Dieu et l'ange ont amené certains exégètes musulmans à penser que Gabriel est le père d'ʿĪsā[14] .

Le Coran le fait naître au pied d'un palmier[14] près d'une source (sourate 19, 22-26), ce récit semblant une transposition du thème de la station de Marie sous un palmier dans l'Évangile du Pseudo-Matthieu[15]. Pour Dye, « le récit coranique de la naissance de Jésus est particulièrement obscur »[16] cependant. Parlant dans son berceau, il conseilla alors à Maryam de manger les dattes et de se désaltérer à une source apparue miraculeusement[8]. Selon une tradition, transmise par al-Buk̲h̲ārī, ʿĪsā, comme Maryam, n'a pas été touché par le démon à sa naissance[14].

Dans le Coran, ʿĪsā, le Messie, fils de Maryam[n 3], est un prophète, annonciateur de Mahomet, qui prêche le monothéisme pur, accomplit des miracles, opère des guérisons, ressuscite les morts et connaît les secrets du cœur. ʿĪsā confirme la Torah, dont il atténue les prescriptions légales[17], tandis qu'il reçoit de la part de Dieu l'Injil (l'Évangile), présentée comme une « guidance et une lumière »[18] que les chrétiens auraient négligées. L'auteur soufi Ibn Arabi, lui confère le titre de « sceau de la sainteté », « le plus grand témoin par le cœur », tandis que Mahomet est le « sceau des prophètes », « le plus grand témoin par la langue »[7]. Sa prédication auprès des juifs aurait été un échec[19] et il est suivi des seuls apôtres.

Un miracle de ʿĪsā est d'avoir fait descendre une table recouverte de nourriture. Le terme utilisé semble désigner la table eucharistique. Le champ lexical semble qu'une confusion a été faite entre l'institution de l'Eucharistie, la multiplication des pains et le don de la manne[8].

La crucifixion[modifier | modifier le code]

Selon les commentateurs musulmans[20], Jésus de Nazareth n'a pas été crucifié par les Juifs, même si certains le revendiquaient par provocation. Pour eux, le Coran remet en cause explicitement la crucifixion de ʿĪsā par les Juifs : « Or, ils ne l'ont ni tué ni crucifié ; mais ce n'était qu'un faux semblant[n 4] ! Et ceux qui ont discuté sur son sujet sont vraiment dans l'incertitude : ils n'en ont aucune connaissance certaine, ils ne font que suivre des conjectures et ils ne l'ont certainement pas tué » (Sourate 4, 157)[21].

Plusieurs auteurs (Marx, Reynolds, Charfi, Moezzi…) estiment que le passage du Coran sur lequel se fonde l'affirmation des commentateurs musulmans est ambigu et prête à discussion[22],[23],[24]. Tandis que le Coran évoque à plusieurs reprises la mort de Jésus (S.19.33, S. 5.17), les traducteurs, pour faire coïncider les traductions avec la doctrine musulmane de sa non-mort, ont souvent essayé de trouver d'autres sens aux termes coraniques utilisés. Ainsi, si le verset 158 de la sourate An-Nisa présente traditionnellement l'« élévation » de Jésus, la comparaison de ce terme avec d'autres séquences coraniques permet de comprendre que ce verset évoque sa mort[25].

Entre illusion collective ou sosie, pour J. Chabbi, l'interprétation de la non-mort de Jésus ne se trouve pas dans le Coran mais dans la tradition[26]. Pour Lawson, le développement de cette théorie par les commentateurs permet de créer une distinction claire avec le christianisme et former une nouvelle religion[27]. Ainsi, à propos de la crucifixion Tabari (839-923) rapporte l'épisode suivant : « Les juifs traînèrent ʿĪsā à un endroit où ils avaient préparé une croix pour le crucifier, et un grand nombre de juifs se rassemblèrent autour de lui. Ils avaient un chef nommé Yesûʿa, qui était également parmi eux. Quand ils voulurent attacher ʿĪsā à la croix, Dieu l'enleva à leurs regards et donna la forme et l'aspect de ʿĪsā à Yesûʿa, leur chef. […] Quand ils regardèrent, ils virent Josué entièrement ressemblant à ʿĪsā, et ils le saisirent. Il dit : « Je suis Josué ». Ils répondirent : « Tu mens ; tu es ʿĪsā, tu t'es dérobé à nos regards par la magie ; maintenant la magie est passée et tu es devenu visible ». Il protesta en vain qu'il était Josué ; ils le tuèrent et l'attachèrent à la croix. Quant à ʿĪsā, Dieu l'éleva, au ciel comme il est dit dans le Coran : « Ils ne l'ont pas tué et ils ne l'ont pas crucifié, mais ce n'était qu'un faux-semblant » (Coran IV, 157)[28] ». Par la suite, la thèse du sosie crucifié est reprise par de nombreux commentateurs musulmans qui proposent plusieurs personnages crucifiés à la place de Jésus : Simon de Cyrène, Judas Iscariote (thèse popularisée par l'Évangile de Barnabé), l'apôtre Pierre, voire Ponce Pilate[29].

Rôle eschatologique[modifier | modifier le code]

La représentation de ʿĪsā dans le Coran lui confère également une dimension eschatologique[30] : son retour sur terre, en tant que Masîh (Messie) musulman, est le signe de la fin du monde et du Jugement dernier tandis que beaucoup de hadîths le présentent comme le principal compagnon du Mahdi, Sauveur de la fin des temps[31].

La seule mention coranique d'un retour d'ʿĪsā se trouve dans la sourate XLIII. Celle-ci fait l'objet de plusieurs lectures[14]. Pour Pons et Hilali, Jésus juge le monde à la fin des temps. Cette tradition est particulièrement présente dans le corpus des hadiths[32]. Les traditions racontent un retour par le jardin des oliviers ou, pour une tradition plus tardive, en atterrissant sur la mosquée de Damas[33]. Pour Reynolds, selon une tradition du début de l'islam, Jésus remettra alors l'islam en place et luttera contre les chrétiens et les juifs[34]. Pour ces traditions, « il tuera les porcs, brisera la croix, détruira les synagogues et les églises, et tuera les Chrétiens sauf ceux qui croiront en lui »[14].

Pour les traditions musulmanes, son retour, après que l'islam soit devenue la seule religion, annoncera une période de paix. Il mourra quarante ans plus tard et sera enterré à Médine[14].

Nature de ʿĪsā[modifier | modifier le code]

La nature de ʿĪsā est particulièrement complexe à déterminer. Pour Ali Merad, « Il faut noter que l'ambiguïté du vocabulaire coranique appliqué au Christ se prête bien à ce genre de question »[35]. Le Coran nie explicitement la divinité d’ʿĪsā (Coran V, 17). Néanmoins, sa naissance particulière en fait un homme à part. Selon Charfi, la place importante de ʿĪsā est en partie liée à son absence de père, à l'instar d'Adam[36]. Selon Ali Merad, à propos de la condition des prophètes dans le Coran, « on s'aperçoit qu'il y a presque toujours une référence à leur condition d'homme charnel ». Ainsi à la différence de Mahomet (S. 17 93), ʿĪsā n’est jamais désigné par le terme bachar, qui aurait déterminé sa nature humaine sans ambiguïté[37].

De même, sa nature - Kalima (Parole)[38], Rûh’ (Esprit) - possède une dimension spirituelle forte. Son titre « Esprit de Dieu » est « difficile à interpréter »[36]. Plusieurs interprétations ont été faites de ce terme[14].

Jean-Baptiste annonce en ʿĪsā, un « Verbe émanant de Dieu »[9]. El-Badawi et Djaït rapproche le titre de « kalima » de celui évangélique de « Logos » pour désigner Jésus[39]. La nature de ʿĪsā se rapproche de celle du Coran qui se veut Verbe et Esprit. Pour El-Badawi, « Jésus est au même niveau que le Coran » tandis que Mahomet n'est qu'un simple messager[40]. Pour Robinson, ʿĪsā ne possède pas l'idée d'incarnation d'hypostasis divine préexistante[8]. Pour Robinson, la doctrine de ʿĪsā comme Parole de Dieu est dans la continuité du nestorianisme[8].

Messie[modifier | modifier le code]

Pour Anawati, le terme Messie appliqué à ʿĪsā possède « un sens étroit […] qui ne recouvre nullement le concept chrétien ». Dans le Coran, ʿĪsā n'est « qu'un envoyé de Dieu », au même titre que Mahomet[14]. Ainsi, pour Tabari, Messie possède deux sens : « purifié » et « couvert de bénédictions »[41].

Le terme Messie dans le Coran se retrouve à 11 reprises et uniquement dans des versets médinois[14]. Le terme, d'origine juive, était répandu en Arabie à l'époque pré-islamique par l'intermédiaire du syriaque[14]. Horovitz y voit plutôt une origine éthiopienne[41]. Pour Wensinck et Bosworth, Mahomet « a naturellement pris ce mot aux chrétiens arabes chez qui le nom de ʿAbd al-Masīḥ était connu à l’époque préislamique, mais il est douteux qu’il ait connu le vrai sens du terme »[41].

SI le sens premier d'"oint" est connu des commentateurs, ceux-ci proposent que le terme Messie proviendrait du schème "voyager", faisant d'Īsā un grand voyageur[42].

Approche critique[modifier | modifier le code]

ʿĪsā possède de nombreux points communs avec Jésus tel qu'il est décrit dans les évangiles : fils d'une vierge, sans péché, faisant des miracles, comme dans les écrits chrétiens. Certaines recherches coraniques soutiennent le rôle de la théologie nazaréenne dans la rédaction de certaines parties du Coran[43] ou dans la reprise de textes chrétiens, en particulier dans des lectionnaires utilisés dans les Églises chrétiennes de Syrie, au sein même du Coran[44]. (La présence de Chrétiens, tel Waraqa ibn Nawfal, est attestée dans l'entourage de Mahomet).

Points de convergence avec le christianisme[modifier | modifier le code]

ʿĪsā est le fils d'une vierge qui s'appelle Maryam (« Marie » en français), modèle éminent de vertus pour toutes les croyantes[n 5]. ʿĪsā est un prophète rempli d’Esprit saint (sourate 2 [Al-Baqarah], 87) et messie[n 6] dans les deux religions. Il est aussi « fils pur » donné à Maryam (sourate 19 [Maryam], 19), préservé de Satan[n 7], ʿĪsā n'a jamais péché[n 8] ; ʿĪsā est « la parole de Vérité » (sourate 19 [Maryam], 34), il est « la Parole de Dieu » (Sourate 4 [AN-NISA'], 171) et il est le signe au monde de la Miséricorde, de la paix et de la joie de Dieu (sourate 19 [Maryam], 21 et 32) ; ʿĪsā, par la puissance et la volonté de Dieu, guérit les aveugles et les lépreux, ressuscite les morts et connaît ce qu'il y a à l'intérieur des cœurs (sourate 3 ['Ali `Imran], 49) ; ʿĪsā est monté au ciel (sourate 4 [An-Nissa], 158 ; sourate 3 ['Ali `Imran], 55) et il est vivant ; ʿĪsā reviendra à la fin des temps (Hadith 46.31).

Points de divergence avec le christianisme[modifier | modifier le code]

En définitive, on trouve dans l'islam quatre négations catégoriques concernant ʿĪsā, par crainte d'associationnisme (shirk)[7] : il n'est ni Dieu, ni son fils, ni le troisième d'une triade — la Trinité étant assimilée au polythéisme —, pas plus qu'il n'a été crucifié car cela aurait été « indigne » d'un prophète de son importance[45], quatre éléments fondamentaux d'une théologie essentiellement « négative » qui caractérise la christologie coranique[1].

Si l'islam reconnait ʿĪsā comme proche de Dieu, comme les anges, il reste une créature créée. Le Coran réaffirme l'unicité de Dieu contre le dogme de l'unicité trinitaire chrétienne. Celui-ci est incompris par le Coran qui l'imagine sur le modèle des triades pré-islamiques, comme une « triade composée d’Allāh, de Marie, sa parèdre et de Jésus leur enfant »[14]. Cela peut aussi s'expliquer par la présence de sectes hétérodoxes chrétiennes en Arabie[14].

Certains auteurs musulmans, hors de l'orthodoxie classique, ont une approche différente sur la filiation divine. Pour Ghazali, « par un privilège spécial, le Christ aurait eu permission d'user de « locutions thépathiques », ces locutions n'ayant de valeur que purement métaphorique »[35].

Jésus dans l'ahmadisme[modifier | modifier le code]

Une minorité musulmane apparue à la fin du XIXe siècle[n 9] résidant dans les montagnes du Kashmir, les Ahmadis, voue à Jésus un culte tout comme aux saints de l'islam autour d'un tombeau qu'elle dit être celui de Yuz Asaf qu'elle assimile à « Jésus le Rassembleur ». Le lieu de culte est situé à Srinagar. Ce courant développe une christologie particulière[46] selon laquelle Jésus est un prophète de Dieu qui aurait été déposé de la croix en état de coma et non mort et, une fois soigné, serait venu finir sa vie au Kashmir à l'âge de 120 ans[47]. La doctrine de la survie de Jésus à la crucifixion est appelée l'« évanouissement ».

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. "Les commentaires seront plus brefs en identifiant l'Esprit à l'ange Gabriel, qui est descendu sur Mahomet avec la révélation (1.97)" cf. Marie-Thérèse Urvoy, « Jésus », dans Mohammad Ali Amir-Moezzi (dir.), Dictionnaire du Coran, Robert Laffont, (ISBN 978-2-221-09956-8), p. 438-441
  2. Ainsi la sourate 4.171, dit : « Le Messie Jésus, fils de Marie, n'est qu'un Messager de Dieu, Sa parole qu'Il envoya à Marie, et un souffle venant de Lui. Croyez donc en Dieu et en Ses messagers. Et ne dites pas « Trois ». Cessez ! Ce sera meilleur pour vous. Dieu n'est qu'un Dieu unique. Il est trop glorieux pour avoir un enfant. C'est à Lui qu'appartient tout ce qui est dans les cieux et sur la terre et Dieu suffit comme protecteur. ». La sourate 19.35 : « Il ne convient pas à Dieu de S'attribuer un fils. Gloire et Pureté à Lui ! Quand Il décide d'une chose, Il dit seulement : “Sois ! ” et elle est. »
  3. Sourale 3,45 : (Rappelle-toi) quand les Anges dirent : "Ô Marie, voilà que Dieu t’annonce une parole de Sa part : son nom sera "al-Masih" "Hissa", fils de Marie, illustre ici-bas comme dans l’au-delà, et l’un des rapprochés de Dieu".
  4. Ce verset très allusif « wa lâkin shubiha lahum », qui peut se traduire par « mais ce n'était qu'un faux semblant » ou « mais cela leur a semblé ainsi », a donné beaucoup de difficulté aux exégètes musulmans. Ainsi, l'imam Jamaal-ud-Dine Ibn Muhammed Al-Qâsimî, dans son exégèse coranique Mahâsin-ut-Ta’wîl fî Tafsîr al-Qur’ân-ul-Karîm , a consacré une centaine de pages rien que sur ce passage ambigu.
  5. « Les éminentes femmes du Paradis sont Marie, fille de Imran (Mère de Jésus) ; Assia, fille de Mezahem, femme de Pharaon ; Khadîja, fille de Khuwaylid ; et Fâtima, fille de Muhammad. » (rapporté par l’imam Ahmed et El Hakem)[réf. incomplète].
  6. « (Rappelle-toi), quand les Anges dirent : « Ô Marie, voilà qu'Allah t'annonce une parole de Sa part : son nom sera « al-Masih » « Hissa », fils de Marie, illustre ici-bas comme dans l'au-delà, et l'un des rapprochés d'Allah ». » (sourate 3 ['Ali `Imran], 45).
  7. « Lorsque chaque être humain naît, Satan touche de ses deux doigts les deux côtés de son corps, sauf Jésus, fils de Marie, que Satan n’a pas réussi à toucher, n’effleurant que le placenta. » Sahih al-Bukhari, 4:54:506.
  8. Le Coran confirme ce que dit la Bible à ce sujet et mentionne les péchés des prophètes. Adam : sourate 7, 22-23 ; Abraham : sourate 26, 82 ; Moïse : sourate 28, 15-16 ; Jonas : sourate 37, 142 ; David : sourate 38, 24-25. De plus, Mahomet a aussi péché devant Dieu en préférant renseigner des gens importants socialement plutôt qu'un aveugle qui l'avait approché sur l'islam (sourate 80, 1-11), et en faisant le serment de ne pas avoir, durant un mois, de relations sexuelles avec sa femme Maria qui était innocente (Sahih al-Bukhari, Tome 3, Livre 43, Numéro 648).
  9. Fondée dans les Indes britanniques par Mirza Ghulam Ahmad, mort en 1908, originaire d'un milieu soufi sunnite ; cf. Reem A. Meshal et M. Reza Pirbhai, « Islamic Perspectives on Jesus »in Delbert Burkett (dir.), The Blackwell Companion to Jesus, éd. John Wiley and Sons, 2010, p. 245.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d et e Alfred-Louis de Prémarre, « Jésus-Christ », dans Cyrille Michon et Denis Moreau (dirs.), Dictionnaire des monothéismes : Judaïsme, christianisme, islam, Seuil, (ISBN 978-2-02-087147-1), p. 391-393
  2. François Déroche, « Mahomet », dans Mohammad Ali Amir-Moezzi (dir.), Dictionnaire du Coran, Robert Laffont, (ISBN 978-2-221-09956-8), p. 512-516
  3. a b c et d (en) Georges Chehata Anawati, « ʿĪsā », dans E. van Donzel, B. Lewis, and Ch. Pellat (eds), Encyclopaedia of Islam, vol. IV, Brill, (ISBN 9004057455), p. 81-86
  4. voir notamment les travaux de Jan van Reeth, cf. (en) Gabriel Said Reynolds, The Qur’an in Its Historical Context, Routledge, , 320 p. (ISBN 978-1-134-10945-6, lire en ligne), p. 99
  5. Marie-Thérèse Urvoy, « Jésus », dans Mohammad Ali Amir-Moezzi (dir.), Dictionnaire du Coran, Robert Laffont, (ISBN 978-2-221-09956-8), p. 439
  6. a et b Marie-Thérèse Urvoy, « Jésus », dans Mohammad Ali Amir-Moezzi (dir.), Dictionnaire du Coran, Robert Laffont, (ISBN 978-2-221-09956-8), p. 438
  7. a b c et d Marie-Thérèse Urvoy, « Jésus », dans Mohammad Ali Amir-Moezzi (dir.), Dictionnaire du Coran, Robert Laffont, (ISBN 978-2-221-09956-8), p. 440
  8. a b c d e et f Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées :4
  9. a b et c Marie-Thérèse Urvoy, « Jésus », dans Mohammad Ali Amir-Moezzi (dir.), Dictionnaire du Coran, Robert Laffont, (ISBN 978-2-221-09956-8), p. 438-441
  10. L'Oint (ou le Voyageur)
  11. Pierre Lory, « Jean-Baptiste », dans Mohammad Ali Amir-Moezzi (dir.), Dictionnaire du Coran, Robert Laffont, (ISBN 978-2-221-09956-8), p. 435
  12. On les retrouve dans les sourates 3, 4, 5, 19, 21, 23, 43 et 61.
  13. Pierre Lory, article « Jean-Baptiste », op. cit.
  14. a b c d e f g h i j k et l Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées :1
  15. Jacques Jomier, Introduction à l'Islam actuel, Éditions du Cerf, p. 209.
  16. Lieux saints communs, partagés ou confisqués : aux sources de quelques péricopes coraniques (Q 19 : 16-33), dans Isabelle Dépret & Guillaume Dye (éds), Partage du sacré : transferts, dévotions mixtes, rivalités interconfessionnelles, p. 55-121
  17. Sourate 3,50, cité par Marie-Thérèse Urvoy, « Jésus », dans Mohammad Ali Amir-Moezzi (dir.), Dictionnaire du Coran, Robert Laffont, (ISBN 978-2-221-09956-8), p. 439
  18. Sourate 5,46, cité par Marie-Thérèse Urvoy, « Jésus », dans Mohammad Ali Amir-Moezzi (dir.), Dictionnaire du Coran, Robert Laffont, (ISBN 978-2-221-09956-8), p. 438-441
  19. Sourate 4, 65, cité par Marie-Thérèse Urvoy, « Jésus », dans Mohammad Ali Amir-Moezzi (dir.), Dictionnaire du Coran, Robert Laffont, (ISBN 978-2-221-09956-8), p. 439
  20. « Son sosie a été substitué à leurs yeux » (d'après Tabari, La Chronique, De Salomon à la chute des Sassanides, Éditions Actes Sud (ISBN 2-7427-3317-5) p. 114) ou encore « ils ont été victimes d'une illusion », cité par Marie-Thérèse Urvoy, « Jésus », dans Mohammad Ali Amir-Moezzi (dir.), Dictionnaire du Coran, Robert Laffont, (ISBN 978-2-221-09956-8), p. 439
  21. Hans Küng, Islam : past, present and future, Oneworld, , p. 498
  22. Michael Marx, Quel discours coranique sur Jésus, in Le Monde de la Bible, no 195, décembre 2010, p. 33-35.
  23. Reynolds G.S., The Muslim Jesus: Dead or alive?, Bulletin of SOAS, 72, 2 (2009), Cambridge University Press, p. 237–258.
  24. "Jésus et l'islam", Série documentaire de Gérard Mordillat et Jérôme Prieur(France, 2015, 7 × 52 min) - Coproduction : ARTE France, Archipel 33, passage 17:31
  25. Reynolds G.S., The Muslim Jesus: Dead or alive?, Bulletin of SOAS, 72, 2 (2009), Cambridge University Press, p. 237–258.
  26. "Jésus et l'islam", Série documentaire de Gérard Mordillat et Jérôme Prieur(France, 2015, 7 × 52 min) - Coproduction : ARTE France, Archipel 33, passage28:10
  27. Shah M., The Crucifixion and the Qur’an: A Study in the History of Muslim Thought By Todd Lawson. Oxford: One World Publications, 2009. p. 180., Book reviews, Journal of Qur'anic Studies, Volume 12, Issue 1-2, October 2010.
  28. Tabarî, La Chronique, De Salomon à la chute des Sassanides, Éditions Actes Sud, p. 114.
  29. (en) Tobias Nicklas, Andreas Merkt et Jozef Verheyden, Gelitten, Gestorben, Auferstanden : Passions- und Ostertraditionen im antiken Christentum, Coronet Books Incorporated, , p. 152
  30. Marie-Thérèse Urvoy, « Jésus », dans Mohammad Ali Amir-Moezzi (dir.), Dictionnaire du Coran, Robert Laffont, (ISBN 978-2-221-09956-8), p. 439, 441
  31. Sur le Mahdi, les traditions sunnites et chiites divergent, les chiites n'attendant que son retour -Imam caché tandis que pour les sunnites, il ne naîtra que près de la fin des temps ».
  32. "Jésus et l'islam", Série documentaire de Gérard Mordillat et Jérôme Prieur (France, 2015, 7 × 52 min) - Coproduction : ARTE France, Archipel 33, passage 10 (Pons) 10.34 (Hilali)
  33. "Jésus et l'islam", Série documentaire de Gérard Mordillat et Jérôme Prieur (France, 2015, 7 × 52 min) - Coproduction : ARTE France, Archipel 33, passage 12.33 (Pons)
  34. "Jésus et l'islam", Série documentaire de Gérard Mordillat et Jérôme Prieur (France, 2015, 7 × 52 min) - Coproduction : ARTE France, Archipel 33, passage 13.07
  35. a et b Merad Ali. Le Christ selon le Coran. In: Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée, no 5, 1968. p. 79-94.
  36. a et b "Jésus et l'islam", Série documentaire de Gérard Mordillat et Jérôme Prieur (France, 2015, 7 × 52 min) - Coproduction : ARTE France, Archipel 33, passage 3:25 (Charfi)
  37. Merad Ali, « Le Christ selon le Coran », Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée, no 5,‎ , p. 88
  38. Paroles, langues et silences en héritage, Presses Univ Blaise Pascal, p. 42 et suivantes
  39. "Jésus et l'islam", Série documentaire de Gérard Mordillat et Jérôme Prieur (France, 2015, 7 × 52 min) - Coproduction : ARTE France, Archipel 33, passage 4.48(Djaït) et 6.24 (El-Badawi)
  40. Jésus et l'islam, Série documentaire de Gérard Mordillat et Jérôme Prieur (France, 2015, 7 × 52 min) - Coproduction : ARTE France, Archipel 33, passage 6.24 (El-Badawi)
  41. a b et c Wensinck, A.J. and Bosworth, C.E., “al-Masīḥ”, in: Encyclopédie de l’Islam.
  42. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées :7
  43. Jean-Jacques Walter, Marie-Thérèse Urvoy (dir.), Le Coran révélé par la Théorie des Codes, p. 39
  44. Chr. Luxenberg, Die Syro-Aramäische Lesart des Koran : : Ein Beitrag zur Entschlüsselung der Koransprache
  45. Merad Ali. Le Christ selon le Coran. In: Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée, no 5, 1968. p.  79-94.
  46. Asif Arif, L'Ahmadiyya : un islam interdit, Paris, l'Harmattan, , 308 p. (ISBN 978-2-343-03897-1, lire en ligne Inscription nécessaire), p. 66-70.
  47. voir Per Besko, « Jesus in Kashmir », in Delbert Burkett (dir.), The Blackwell Companion to Jesus, éd. John Wiley and Sons, 2010, p. 461-463, extraits en ligne

Annexes[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Sources[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]