Royaume de Provence
Royaume de Basse-Bourgogne
(oc) Reiaume de Proensa
Capitale | Vienne |
---|---|
Langue(s) | Latin, Ancien occitan |
Religion | catholicisme |
843 | Traité de Verdun : l'Empire carolingien est divisé entre les trois fils de Louis le Pieux : Charles II le Chauve (Francie occidentale, dont la Bourgogne franque), Lothaire Ier (Francie médiane, dont la Bourgogne impériale) et Louis II de Germanie (Francie orientale). |
---|---|
855 | Traité de Prüm : la Francie médiane est divisée entre les 3 fils de Lothaire Ier : Lothaire II de Lotharingie (Lotharingie, dont la Haute-Bourgogne : la Bourgogne transjurane), Charles de Provence (Basse-Bourgogne : Bourgogne cisjurane et Provence) et Louis II d'Italie (Italie). |
863 | Mort de Charles de Provence. Son royaume est partagé entre ses frères Lothaire II de Lotharingie (comtés de Lyon, de Vienne et Vivarais) et Louis II d'Italie (tout le reste de la Basse-Bourgogne). |
870 | Traité de Meerssen : Charles II le Chauve et Louis II le Germanique se partagent la Lotharingie de leur neveu Lothaire II. |
879 | Profitant de la crise de succession carolingienne, le bivinide Boson parvient à se faire élire roi de Provence par le concile de Mantaille. |
880 | Traité de Ribemont : pour lutter plus efficacement contre Boson de Provence, Louis III de France et Carloman II (rois de Francie occidentale) accordent la totalité de la Lotharingie à Louis III de Germanie contre sa neutralité dans le conflit. |
905 | Pour récupérer le trône d'Italie, Bérenger Ier de Frioul fait crever les yeux de Louis III de Provence. La régence est assurée par son cousin Hugues, comte d'Arles. |
933 | Hugues d'Arles « cède » le royaume à Rodolphe II de Bourgogne pour le trône d'Italie. Union du Royaume de Basse-Bourgogne (cisjurane et Provence) avec le Royaume de Haute-Bourgogne (transjurane). |
855-863 | Charles de Provence |
---|---|
863-875 | Louis II d'Italie |
875-877 | Charles II le Chauve |
877-879 | Louis II le Bègue |
879-887 | Boson de Provence |
887-928 | Louis III l'Aveugle |
Entités précédentes :
Entités suivantes :
- Royaume d'Arles, le « Royaume des Deux-Bourgognes » :
- Royaume de Haute-Bourgogne (transjurane)
- Royaume de Basse-Bourgogne (cisjurane et Provence)
Le Royaume de Provence (ou royaume de Basse-Bourgogne ou Bourgogne Cisjurane) était un État féodal qui a existé au Xe siècle. En ancien provençal, le nom est "Reiaume de Proensa".
Issu de la partition de la Bourgogne impériale lors du Traité de Prüm de 855 (elle-même issue de la division du Royaume de Bourgogne à la suite du traité de Verdun de 843), son territoire s'étendait du Lyonnais à la mer Méditerranée.
Vers 933, sous le règne de Rodolphe II, roi de la Bourgogne transjurane, le royaume de Haute-Bourgogne et le royaume de Provence s'unissent. Le royaume ainsi formé prend le nom de « Royaume des Deux-Bourgognes », et se place sous la suzeraineté du Saint-Empire Romain germanique à partir de 1032.
Historique
Le traité de Verdun de 843 déchire à jamais l'unité du vieil empire de Charlemagne. La « mutilation » que le traité fait subir à la Bourgogne, donne naissance, à l’ouest de la Saône, à une Bourgogne franque rattachée à la Francie occidentale, et à l’est de cette même rivière, à une Bourgogne impériale, lot de l’empereur Lothaire, rattachée à la Francie médiane. A la mort de l'empereur en 855, la Francie médiane est partagée entre ses trois fils lors du traité de Prüm : le benjamin Charles, acquit la Provence et la Bourgogne cisjurane où il se fait couronner roi de Provence. À sa mort en 863, le royaume est partagé : Lothaire II récupère les comtés de Lyon, Vienne et Vivarais, tandis que la Provence proprement dite, c'est-à-dire les provinces ecclésiastiques d'Arles, d'Aix et d'Embrun, passe, quant à elle, sous l'autorité directe de son frère aîné Louis II le Jeune, empereur d'Occident et roi d'Italie.
Durant les années suivantes, les royaumes carolingiens sont ravagés au nord par les Normands, et au sud par les Sarrasins rendant difficile l'administration des territoires. La mort de Louis II le Bègue en 879, conduit à une nouvelle crise de succession.
Le , une assemblée de notables et de prélats réunis à Mantaille élut comme roi le beau-frère de Charles II le Chauve, Boson, comte d'Autun, exerçant les fonctions ducales dans le Lyonnais, le Viennois, et en Provence. Le couronnement du bivinide Boson fut à l'origine du royaume de Provence. S'il reçoit le titre royal, Boson ne prend toutefois pas la qualité de roi de Bourgogne cisjurane. Son « royaume de Provence », appelé aussi « royaume d’Arles ou de Vienne », s’étend au nord depuis les rives du Doubs jusqu’aux rives de la Méditerranée au sud ; il déborde sur l’Helvétie et l’Italie. Sous sa couronne se trouvent réunis une partie de la Bourgogne, le Bugey, la Bresse, le Dauphiné, le Forez, la Tarentaise, la Provence et une partie du Languedoc. Boson prend Vienne pour capitale et se dote d’une chancellerie dirigée par Adalgaire, l’abbé de Flavigny[1].
En 880, pour lutter plus efficacement contre Boson de Provence, Louis III de France et Carloman II accordent, par la signature du traité de Ribemont, la totalité de la Lotharingie à Louis II le Germanique contre sa neutralité dans le conflit. La même année la coalition carolingienne formée contre Boson remporte une victoire contre Boson à la bataille d'Attigny mais échouent à prendre Vienne.
En 887, à la mort de Boson, son fils Louis III lui succède. Il est reconnu « roi de Provence » à Valence en 890 sous la tutelle de sa mère Ermengarde ; il réunit pour une courte période les titres d'empereur et de roi d'Italie. Mais son compétiteur Béranger, duc de Frioul, lui fait crever les yeux[Note 1]. Louis III, infirme, délègue son autorité à Hugues d'Arles, comte de Provence jusqu'à l'année 926, date à laquelle ce dernier occupe le trône d'Italie. Vers 928/930 éclate une crise successorale autour du royaume du souverain infirme.
En 928, à la mort de Louis l'Aveugle la souveraineté sur le royaume de Provence fut très incertaine[2]. Les négociations entamées dans le courant de l'année entre Raoul de France (fils de Richard le Justicier et donc cousin de feu Louis l'Aveugle) et Hugues d'Arles, qui tentait alors d'évincer Charles-Constantin, restèrent sans effet.
En 933, le roi de Bourgogne transjurane Rodolphe II Welf (régnant alors sur la Souabe, le Brisgau, l'Alsace et l'Helvétie, mais aussi sur l'Outre-Saône, future Franche-Comté ou Comté de Bourgogne) en compétition avec Hugues d'Arles pour la couronne d'Italie, aurait obtenu de ce dernier la cession de l'ancien royaume de Provence en échange de l'abandon de ses ambitions italiennes. Poupardin cite Liutprand de Crémone[3] : « Quand le roi Hugues l’apprit, il lui envoya des députés, et donna à Rodolphe toute la terre qu’il avait tenue en Gaule avant de monter sur le trône, en même temps qu’il recevait de lui le serment qu’il ne rentrerait jamais en Italie ». Cet accord, dont l'existence est discutée[4], aurait écarté définitivement Charles-Constantin de Vienne de la succession de son père, aurait conduit le fils de Louis l'Aveugle à faire appel au roi des Francs.
Malgré l'intervention de Raoul de France († 936, ancien duc de Bourgogne, fils du Justicier) qui apparaît à Anse dès juin 932[5],[6], Charles-Constantin († 962) ne parvint à conserver que le gouvernement de Vienne et du Viennois. Celle d'Otton Ier († 973) contre Hugues d'Arles († 947), qui tenta un dernier retour à la mort de Rodolphe II en 937 en épousant Berthe de Souabe, permit finalement au jeune Conrad III († 993), d'accéder au trône.
La paix revenue après 940, un accord tripartite entre Français, Ottoniens et Bosonides, conforta la position du nouveau roi de Bourgogne par une série de mariages royaux : Conrad épousa Mathilde, la sœur du roi de France. Parallèlement, le puissant marquis-comte-duc Hugues le Noir († 952, frère cadet du roi Raoul) apparaît alors comme le gardien de l'héritage bivinide/bosonide aux marges du royaume de France et du royaume de Conrad.
Par l'accord de Visé-sur-Meuse en 942, Louis IV d'Outremer rétrocéda l'ancien duché de Vienne/Lyon et donc l'ancien royaume de Provence à Conrad de Bourgogne[7] : les différents royaumes de Bourgogne et de Provence réunis formèrent le royaume des Deux-Bourgognes ou royaume d'Arles.
Partition de la Bourgogne
Division de la Bourgogne lors des partitions successives de l'empire carolingien
-
Traité de Verdun (843) : l'Empire carolingien est divisé entre les trois fils de Louis le Pieux : Charles II le Chauve (Francie occidentale, dont la Bourgogne franque), Lothaire Ier (Francie médiane, dont la Bourgogne impériale) et Louis II de Germanie (Francie orientale).
-
Traité de Prüm (855) : la Francie médiane est divisée entre les 3 fils de Lothaire Ier : Lothaire II de Lotharingie, Charles de Provence (Basse-Bourgogne : Bourgogne cisjurane et Provence) et Louis II d'Italie.
-
Traité de Meerssen (870) : Charles II le Chauve (Francie occidentale) et Louis II le Germanique (Francie orientale) se partagent le royaume de leur neveu Lothaire II : la Lotharingie (Nord de la Francie médiane).
-
Traité de Ribemont (880) : pour lutter plus efficacement contre Boson de Provence, Louis III de France et Carloman II accordent la totalité de la Lotharingie à Louis III le Jeune contre sa neutralité dans le conflit.
Décomposition de la Bourgogne
-
Les pagi bourguignons au IXe siècle.
-
Les pagi carolingiens en « Bourgogne cisjurane » ou « Bourgogne viennoise » (IXe siècle).
-
La Bourgogne au Xe siècle :
- Le royaume de Basse-Bourgogne (en orange)
- Le royaume de Haute Bourgogne (en vert)
- Le duché de Bourgogne (en marron). -
La Bourgogne aux XIe et XIIe siècles. Les quatre Bourgognes :
- le duché de Bourgogne
- le comté de Bourgogne
- la Bourgogne transjurane
- la Bourgogne cisjurane avec la Provence. -
L'État bourguignon sous le duc Philippe II le Hardi (1363-1403) :
- Duché de Bourgogne
- Comté de Nevers
- Comté de Bourgogne
- Comté de Rethel
- Comté d'Artois
- Comté de Flandre. -
Les possessions de Philippe III de Bourgogne (1419-1467).
Bibliographie
- René Poupardin :
- Le royaume de Provence sous les Carolingiens (855 – 933), É. Bouillon, 1901.
- Le royaume de Bourgogne (888 – 1038) : étude sur les origines du royaume d'Arles, Librairie Honoré Champion, Paris, 1907 (lire en ligne).
- Honoré Bouche, Histoire de Provence.
- Frédéric Charles Jean Gingins de la Sarraz, Mémoires pour servir à l'histoire des royaumes de Provence et de Bourgogne jurane, Lausanne, 1851.
- E.-F. Grasset, Notice sur les chartes impériales du royaume d'Arles, existant aux archives départementales des Bouches-du-Rhône, parue dans : Répertoire des travaux de la société de statistique de Marseille.
- François Demotz :
- L’An 888. Le Royaume de Bourgogne. Une puissance européenne au bord du Léman, Lausanne, Presses polytechniques et universitaires romandes, coll. « Le savoir suisse », , 142 p., chap. 83.
- La Bourgogne, dernier des royaumes carolingiens, Lausanne, Société d'histoire de la Suisse romande, 2008.
- Bertrand Schnerb, L'État bourguignon 1363 – 1477, Éditions Perrin, 1999.
- Paul Bonenfant :
- Philippe le Bon : sa politique, son action, De Boeck Université, 1996, 476 p., (ISBN 2804121151).
- « La persistance des souvenirs lotharingiens », dans Bulletin de l'Institut Historique Belge de Rome, fascicule XXVII, 1952, p. 53 – 64.
- « Les projets d'érection des Pays-Bas en royaume du XVe au XVIIIe siècle », dans Revue de l'Université de Bruxelles, tome XLI, 1935-1936, p. 151 – 169.
- Chaume (Abbé), « Le sentiment national bourguignon de Gondebaud à Charles le Téméraire », 1922, dans Mémoires de l'Académie de Dijon, p. 195 – 308.
- Yves Cazaux, L'idée de Bourgogne, fondement de la politique du duc Charles, « 10e rencontre du Centre Européen d'Études Burgondo-médianes », Fribourg, 1967, Actes publiés en 1968, p. 85 – 91.
- « État bourguignon et Lotharingie », Académie royale de Belgique, dans Bulletin de la classe des lettres et des sciences morales et politiques, 5e série, tome XLI, 1955, p. 266 – 282.
- Alexandre Pahud, Les assemblées judiciaires du royaume de Bourgogne (Xe-XIe siècles), Orbe, Alexandre Pahud, coll. « Cahiers d'études indépendantes », , 83 p.
Liens externes
- Le retour des rois de Bourgogne (fin IXe – fin Xe siècle).
- Histoire du royaume de Bourgogne du IXe au XIe siècle.
- Hans-Dietrich Kahl, « Second royaume de Bourgogne » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne, version du .
- Dossiers sur le site des Archives départementales de la Savoie et de la Haute-Savoie - Sabaudia.org.
- Laurent Ripart, « Du royaume burgonde au royaume de Bourgogne : les terres savoyardes de 443 à 1032 » (consulté le ), p. 7.
Notes et références
- Cet article est partiellement ou en totalité issu de l'article intitulé « Royaume de Bourgogne » (voir la liste des auteurs).
Notes
- Louis III roi de Provence est rendu aveugle à Vérone en 905.
Références
- « Le haut Moyen Âge » dans Bourgogne, (textes rédigés avec la collaboration de Julie Roux), éditions MSN, 2002, (ISBN 2-911515-39-0), p. 95.
- René Poupardin, Le royaume de Provence sous les Carolingiens (855-933?), É. Bouillon, 1901
- Liutprand de Crémone, Antapodosis, l. III, c. 48.
- Carlrichard Bruhl, Naissance de deux peuples : Français et Allemands, IXe – XIe siècle, Fayard, 1995, 387 p.
- Cart. de Cluny, no 396. Lire en ligne.
- Jean Dufour, Recueil des actes de Robert Ier et de Raoul, rois de France (922 – 936), Paris 1978, no 17 et 18.
- Étienne Fournial, « Les origines du comté et les premiers comtes de Forez », « La souveraineté du Lyonnais au Xe siècle », dans Le Moyen Âge, t. 62, (1956). p. 436. Lire en ligne.
Annexes
Articles connexes
- Formation territoriale de la France
- Histoire de la Bourgogne
- Histoire de la Provence
- Liste des rois de Bourgogne