République cisalpine

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 20 octobre 2019 à 12:07 et modifiée en dernier par Mywiz (discuter | contributions). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.

République cisalpine
(it) Repubblica Cisalpina

17971799
18001802

Drapeau
Drapeau
Blason
Description de cette image, également commentée ci-après
Carte du Nord de la péninsule italienne en 1799.
Informations générales
Statut République constitutionnelle
République sœur de la Drapeau de la France République française
Capitale Milan
Langue(s) Italien
Monnaie Milanese scudo (en)
Histoire et événements
Création
Reconnue par l'Autriche
Occupée par l'Autriche
Restaurée par la France
Réformée par la France
Renommée en République italienne
Président du directoire
1797-1799 Francesco Melzi d'Eril
Chef du gouvernement
1797 Pietro Verri
1797-1798 Giuseppe Parini
1798-1799 Alessandro Volta

Entités suivantes :

La République cisalpine est une « république sœur » créée le 27 juin 1797 par le général Bonaparte, par la réunion des républiques cispadane et transpadane. Elle prit le nom de République italienne le 26 janvier 1802, puis de royaume d'Italie le 17 mars 1805.

Première République

Ayant vaincu les Autrichiens et les Sardes et imposé à Cherasco la paix à ces derniers (28 avril 1796), Napoléon remodèle de sa propre autorité le visage politique de l'Italie du Nord. Il crée au nord du la République transpadane et au sud du Pô la République cispadane.

Le 29 juin 1797, ces deux républiques s'unirent pour donner naissance à la République cisalpine, à laquelle Brescia, le Mantouan, Ferrare et la Romagne s'unirent plus tard. Enfin, la nouvelle république s'agrandit encore, le 22 octobre 1797, de la Valteline et des comtés de Chiavenna et Bormio, qui avaient proclamé (19 juin) leur séparation et leur indépendance des Ligues grisonnes (alliées des Cantons suisses).

Cette république, avec Milan pour capitale, est dirigée sur le modèle français par un directoire de cinq membres assisté d'un Grand Conseil. C'est en fait une émanation pure et simple de Napoléon Bonaparte. Un traité signé le 21 février 1798 impose à la république l'entretien d'une armée française de 25 000 hommes, d'une armée nationale de 22 000 hommes et le versement de 18 millions[Quoi ?].

La République cisalpine est reconnue par l'Autriche par le traité de Campoformio (17 octobre 1797) qui obtient en échange ce qu'il reste de l'éphémère République vénitienne, née le 29 juin 1797. La République cisalpine disparait au printemps 1799 lorsque Milan fut reprise par les Austro-Russes le 29 avril.

Forme institutionnelle

La forme institutionnelle de l'État est fixée en août 1796 et prend modèle sur la Constitution française : il s'agit d'une forme de gouvernement directorial.

Le territoire est divisé en départements dans lesquels sont élus des juges de paix et des magistrats. Les électeurs, un habitant sur 200, élisent deux conseils : celui des Anciens (Seniori) et celui des Juniors (Giuniori). Le premier est composé de 40 à 60 membres et a pour rôle l'approbation des lois et de promouvoir d'éventuelles variations de la charte constitutionnelle, le second est formé de 50 à 120 membres et a la fonction de proposer les lois. Les actes communs que réalisent les conseils sont l'approbation des traités, le choix d'un directoire et la détermination de contributions.

Le directoire est formé de cinq ministres et représente le pouvoir exécutif. L'autorité suprême reste au commandant des troupes françaises en Lombardie.

Le calendrier français est aussi adopté.

Le 8 juillet 1797 la constitution cisalpine est adoptée, modelée sur celle française de 1795.

La tête du directoire est occupée par des hommes politiques locaux comme le duc Gian Galeazzo Serbelloni et Francesco Melzi d'Eril, alors que dans le corps législatif sont nommés des personnages célèbres comme les hommes de lettres Pietro Verri et Giuseppe Parini et des scientifiques comme Alessandro Volta et Lorenzo Mascheroni.

Membres du directoire

29 juin 1797 - 31 août 1798 - Ier directoire
31 août 1798 - 14 décembre 1798 - IIe directoire
14 décembre 1798 - 29 avril 1799 - IIIe directoire
  • Girolamo Adelasio (2e mandat)
  • Marco Alessandri (3e mandat) (jusqu'en mars 1799)
  • Ferdinando Marescalchi (1764-1816) (à partir de mars 1799)
  • Giacomo Lamberti (3e mandat) (jusqu'en mars 1799)
  • Fedele Vertemate Franchi (à partir de mars 1799)
  • Giuseppe Luosi (2e mandat)
  • Fedele Sopransi (2e mandat)

Ministres

Source
www.lombardiabeniculturali.it

Traité d'alliance

Formellement la République cisalpine est un État indépendant allié de la France mais le traité d'alliance sanctionne la dépendance de la nouvelle république à la France.

Les termes du traité sont en faveur de la France qui maintient le contrôle de la police et une garnison militaire de 25 000 hommes dont la charge financière est assumée par la République cisalpine laquelle doit former, équiper et maintenir sa propre force armée de 33 000 qui participera aux campagnes napoléoniennes.

Le 4 mars 1798, le directoire cisalpin présente le traité au conseil des Juniors pour la ratification. Le conseil, nettement défavorable au traité, temporise plusieurs jours mais, suite aux menaces du général Berthier, il approuve le traité. La réaction du conseil des Seniors est très différente, exprimant sa profonde gratitude à la France, il refuse le traité considérant que le nouvel État n'est pas en mesure de faire face aux onéreuses dépenses imposées. Cette position déclenche la colère de l'armée et du directoire parisien ; les Seniors sont accusés de tenir des discours séditieux et le général Berthier menace d'imposer un gouvernement militaire. Le général Berthier est remplacé par Brune qui, à peine arrivé, destitue certains Juniors et Seniors et obtient l'approbation du traité. Le 8 juin 1798, le traité est ratifié.

Territoires et économie

Le territoire de la République dans sa taille maximum se compose de l'ancien duché de Milan (ex-République transpadane), du duché de Modène et de Reggio, de Bologne, Ferrare et Ravenne (ex-légations pontificales), des principautés de Massa et Carrare, du territoire de Mantoue et des territoires compris entre l'Adda et l'Adige, parmi lesquels Vérone et Rovigo, et la Valtellina.

L'État, divisé en 20 départements, s'étend en 1797 sur une superficie de 42 500 km² et se compose d'une population de 3 240 000 habitants. La capitale est Milan, qui est le centre le plus important et le plus peuplé (environ 124 000 habitants en 1765). Le pays est économiquement prospère malgré les spoliations des occupants durant les siècles antérieurs et l'économie est basée sur une agriculture de type céréalier avec une forte présence de sériciculture et de zootechnie. L'activité artisanale traditionnelle est solide et le développement de l'industrie soyeuse, florissante.

Les rapports avec la Suisse

Les rapports avec la Confédération sont difficiles en raison des prétentions hégémoniques de la République cisalpine destinées à unir en un seul État les personnes ayant la même culture et la même langue. L'objectif est donc d'annexer les territoires suisses du Sud des Alpes. Cela conduit à l'occupation de Campione d'Italia et à l'annexion de la Valteline. Un coup de main pour tenter d'annexer Lugano est tenté en 1797, mais avec la création de la République helvétique les prétentions se réduisent à des tentatives d'occupation du district de Mendrisio.

Seconde République

Au cours de la deuxième campagne d'Italie, la République cisalpine est dissoute après la défaite du général Moreau à Cassano d'Adda par les armées austro-russes (Deuxième Coalition). La coalition entre dans Milan le 28 avril 1799 et le gouvernement autrichien est rétabli pendant un an.

Après Marengo () la République cisalpine est restaurée, diminuée de la région de Pesaro, restée au pape, mais augmentée le 7 septembre 1800 du Novarais, détaché du Piémont. Le traité de Lunéville (9 février 1801) fixe sa frontière orientale sur l'Adige, avec la totalité de la ville de Vérone.

Au cours de cette période, trois gouvernements se succèdent[1] :

La fin de la République

26 janvier 1802,
La Consulte de la République cisalpine réunie en comices à Lyon pour décerner la présidence au Premier consul,
Nicolas-André Monsiau, 1806-08.

Renommée République italienne le 26 janvier 1802, Bonaparte se fait proclamer président à la consulte de Lyon, Francesco Melzi d'Eril étant vice-président[2].

L'objectif de Melzi est de se libérer de la présence napoléonienne, d'obtenir la pleine indépendance et d'unir la péninsule sous un État unique. Le gouvernement de Melzi se propose de créer une administration moderne et une armée nationale ; dans ce but la conscription obligatoire est introduite, mais très mal accueillie par la population.

Melzi d'Eril est entouré d'hommes capables et fidèles comme Ferdinando Marescalchi, Giuseppe Prina et Alessandro Trivulzio, mais il doit subir les attaques de Joachim Murat, qui commande l'armée française en Italie et fait tout pour le discréditer auprès de Napoléon.

La Cisalpine espère alors s'agrandir à l'ouest, du côté du Piémont et de l'État de Parme, Plaisance et Guastalla. Le Premier consul français en décide autrement et décrète l'annexion du Piémont (11 septembre 1802) et de Parme (9 octobre), puis du Latium, de l'Ombrie et de la côte tyrrhénienne à la France[3].

Carte politique de l'Italie en 1812.

La vie brève de la République cisalpine, devenue République italienne, se termine trois ans après, le 18 mars 1805 lorsque Napoléon proclame le royaume d'Italie[3] après avoir été couronné empereur. Il en devient roi, Eugène de Beauharnais étant le vice-roi.

Le royaume subsiste jusqu'à la révolte de la fin avril 1814, le vice-roi Eugène de Beauharnais renonçant alors à succéder à une couronne que Napoléon a abdiquée quelques semaines plus tôt[4].

En avril 1815, le roi de Naples, Joachim Murat, prenant la tête d'une armée de libération de l'Italie, réoccupe les parties méridionales et centrales de l'ancien royaume d'Italie et y rétablit les administrations départementales anciennes. Mais dès le mois suivant, après la défaite de ses armées à Tolentino (2-3 mai 1815), Murat est obligé de se retirer dans son royaume[5], qu'il doit lui aussi quitter le 25 mai pour rejoindre la France.

Le drapeau

La république cisalpine hérite des couleurs de la République cispadane, ce sont les mêmes couleurs que celles de l'actuelle République italienne, née de l'onde des idées jacobines et napoléonienne qui venaient de France.

Les drapeaux de ces républiques sont conservés au Museo del Tricolore de Reggio d'Émilie.

Le drapeau de la république cisalpine a été modifié pendant la république italienne de 1802, parce que trop semblable au drapeau français et trop révolutionnaire.

Ambassadeurs français près le République cisalpine

Ambassadeur de la République cisalpine près la République française

Notes

  1. (en) « rulers.org : Italian states before 1861 » (consulté le ).
  2. Catherine Brice, Histoire de l'Italie, Hatier, 1992, p. 304-305.
  3. a et b Catherine Brice, Histoire de l'Italie, Hatier, 1992, p. 307.
  4. Catherine Brice, Histoire de l'Italie, Hatier, 1992, p. 309.
  5. Catherine Brice, Histoire de l'Italie, Hatier, 1992, p. 310.

Voir aussi

Bibliographie

  • (it) Carlo Zaghi, L'Italia di Napoleone dalla Cisalpina al Regno, 1991
  • (it) C.Montalcini, A. Alberti, R. Cessi, L. Marcucci (dir.), Assemblee della Repubblica Cisalpina, 11 vol., Bologna, Zanichelli, 1917-1948.
  • (it) Giorgio Vaccarino, I Giacobini piemontesi (1794-1814), Ministero per Beni culturali ambientali. Pubblicazioni degli Archivi di Stato, Saggi 13, Roma, 1989 (lire en ligne)
  • Anna Maria Rao, Introduction : L'expérience révolutionnaire italienne, dans Annales historiques de la Révolution français, 1998, no 313, numéro thématique : L'Italie du Triennio révolutionnaire 1796-1799, p. 387-407

Article connexe

Liens externes

Sources