Pour une poignée de dollars

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Pour une poignée de dollars
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Titre original Per un pugno di dollari
Réalisation Sergio Leone
Scénario Sergio Leone
Adriano Bolzoni
Victor Andrés Catena
Jaime Comas Gil
Musique Ennio Morricone
Acteurs principaux
Pays de production Drapeau de l'Italie Italie
Genre Western spaghetti
Durée 100 minutes
Sortie 1964

Série Trilogie du dollar

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

Pour une poignée de dollars (Per un pugno di dollari) est un western spaghetti réalisé par Sergio Leone, sorti en 1964 avec Clint Eastwood.

Ce film est le premier volet de la Trilogie du dollar de Sergio Leone, qui comprend également Et pour quelques dollars de plus (Per qualche dollaro in più, 1965) et Le Bon, la Brute et le Truand (Il buono, il brutto, il cattivo, 1966). C'est un remake du Garde du corps (Yōjimbō, 1961), un chanbara réalisé par Akira Kurosawa.

Synopsis[modifier | modifier le code]

Clint Eastwood - l'Etranger dans une scène du film.

Un anonyme étranger (Clint Eastwood) arrive monté sur une mule à San Miguel, une petite bourgade mexicaine, proche de la frontière avec les États-Unis. Il observe d'abord d'un air indifférent un gamin et son père se faire rosser par des brutes du village, puis il se dirige vers le centre du village. Le sonneur de cloche lui indique qu'ici on devient riche ou on meurt. Peu après, trois hommes rassemblés s'amusent à tirer sur le sol entre les pattes de sa mule effrayée. L'étranger entre alors dans une auberge minable où l'aubergiste lui sert un repas et lui conseille ensuite de partir, lui expliquant que ce village est un cimetière. Entre-temps, l'étranger aperçoit le croque-mort barbu et joyeux chantant en préparant des cercueils et clouant les planches.

Il apprend ensuite de l'aubergiste que deux clans se disputent le pouvoir dans cette bourgade : la famille du Shérif, les Baxter, originaires du Texas, qui font en secret du trafic d'armes, et la famille des Rodos (Rojo en VO) qui font du trafic d'alcool.

L'étranger se trouve face aux hommes qui avaient tiré sur son mulet, et provoque le chef du clan, John Baxter, en l'interpellant. Ayant vu l'étranger exécuter les hommes de Baxter, Don Benito Rodos l'engage en lui donnant une poignée de dollars. L'étranger entend une dispute entre Don Benito et son frère Esteban, qui lui reproche d'avoir donné trop de billets et lui propose de supprimer l'étranger d'une balle dans le dos. Il aperçoit plusieurs fois derrière une fenêtre de la résidence des Rodos une belle et mystérieuse femme, Marisol.

Le lendemain, un convoi comportant une diligence arrive en ville, sous bonne escorte. L'étranger essaie de voir discrètement ce qu'il y a dans la malle mais un garde armé le repousse. Le lendemain matin, il questionne l'aubergiste, mais celui-ci n’a pas obtenu de réponse aux nombreuses questions qu’il a posées au commandant du convoi. Interrogé sur la belle Marisol, l’aubergiste accepte seulement de dire que c'est une femme dont Ramón, le chef des Rodos, est amoureux.

Ils voient alors les soldats s'en aller discrètement. L'étranger enfourche un cheval et les suit, accompagné de l'aubergiste. Ils les retrouvent à la frontière. Le chef du convoi échange une caisse d'or avec un lieutenant nordiste contre des armes. Il s'agit en fait d'une traîtrise : Ramón est caché dans un chariot yankee sous une bâche et surprend tous les Mexicains en tirant avec une mitrailleuse. Les nordistes ont en fait été eux aussi assassinés par les Rodos qui ont mis leurs uniformes pour tromper la bande et récupérer l'argent. Ramón abat froidement un dernier survivant qui tentait de s'enfuir à cheval.

L'étranger retrouve Ramón au village et le félicite. Ramón feint de vouloir la paix et lui annonce qu'il a invité les Baxter à dîner pour arrêter les tueries entre les deux clans. L'étranger répond ironiquement qu'il ne connaît pas la paix, et refuse de participer au repas pour éviter les disputes qu'il pourrait créer à cause des quatre hommes des Baxter qu'il a tués. Ramón déclare alors à ses hommes qu'il faut se méfier de l'étranger qui a l'air un peu trop malin à son goût. Il leur explique ensuite pourquoi il arrête les hostilités pour le moment : il ne veut pas être soupçonné du massacre du Rio Bravo, mais précise que sitôt l'enquête terminée, la famille Rodos éliminera les Baxter.

Une nouvelle fois, l'aubergiste recommande à l'étranger de partir. Mais celui-ci va au contraire chercher deux cadavres en uniforme au bord du fleuve, aidé du croque-mort. Pendant ce temps, les Baxter, méfiants, se rendent à l'invitation de Ramón.

L'étranger ramène avec l'aubergiste deux morts au cimetière et les appuie sur une tombe pour jouer une mise en scène. Les Baxter rentrent chez eux. Alors que la femme de leur chef va se coucher, elle est abordée par l'étranger qui lui raconte qu'il existe deux survivants du massacre dans le cimetière et qu'ils pourront témoigner contre Ramón. Les Baxter se précipitent au cimetière, bientôt suivis par les Rodos, eux aussi prévenus par l'étranger, qui est rémunéré 500 dollars par chaque famille pour ses renseignements. Les deux clans se retrouvent au cimetière où une nouvelle fusillade éclate, Ramón semblant tuer les supposés survivants et Esteban capturant Antonio Baxter.

L'étranger apprend de l’aubergiste que Ramón a accusé Julio de tricher lors d'un jeu de cartes et a fait prisonnière Marisol, la forçant à vivre avec lui. Cette nuit-là, alors que les Rodos fêtent leur victoire, l'étranger sort et va libérer Marisol, tirant sur ses gardes et détruisant la maison dans laquelle elle était détenue pour créer l'apparence d'une attaque des Baxter. Il donne de l'argent à Marisol, l'exhortant ainsi que sa famille à quitter la ville.

Lorsque les Rodos découvrent que l'étranger a libéré la belle Marisol, ils le capturent, le frappent et le torturent ; bien que sérieusement blessé, il parvient à leur échapper en rampant dans la poussière pour se cacher sous les baraquements du village, croyant qu'il est protégé par les Baxter. Les Rodos mettent le feu à leur maison et les massacrent alors qu'ils sortent un par un en fuyant le bâtiment. Après avoir prétendu qu'il épargnerait leur vie, Ramón tue froidement John et Antonio Baxter. Leur mère, Consuelo, apparaissant dans la fumée de la tuerie et trouvant sa famille morte, maudit les Rodos en les insultant pour avoir tué des hommes non armés. Elle est alors froidement abattue par Esteban.

Avec l'aide de Piripero, le fabricant de cercueils, l'étranger blessé s'échappe du village en se cachant dans un cercueil posé sur un chariot tracté par un cheval. Caché, dans une mine voisine du village, soigné et convalescent, il reçoit la visite de Piripero qui lui apprend que Silvanito l'aubergiste a été capturé et est torturé par les Rodos pour obtenir des informations à son sujet. Revigoré, mais encore convalescent, il retourne alors au village pour les affronter, en apparaissant derrière un rideau de fumée après une forte explosion, en faisant face aux Rodos. Avec une simple plaque d'acier servant de plastron astucieusement pendue à son cou et cachée sous son poncho, il nargue Ramón qui lui tire dessus et « vise le cœur » tandis que les balles rebondissent, jusqu'à ce que Ramón épuise les munitions de sa Winchester.

L'étranger vise et arrache d'une balle le fusil de Ramón, puis tue en rafale Don Miguel, Rubio et les autres hommes de main qui se tiennent à proximité. Il utilise ensuite la dernière balle de son arme pour libérer Silvanito, qui est suspendu à une corde par les mains, en coupant celle-ci. Après avoir défié Ramón de recharger son fusil plus vite qu'il ne peut recharger son propre revolver, l'étranger tue finalement Ramón. Esteban Rodos vise le dos de l'étranger depuis le balcon d'un bâtiment voisin, mais il est abattu par Silvanito qui s'est relevé armé d'un fusil. L'étranger fait ses adieux à Silvanito et Piripero et part en s'éloignant — dans le dernier plan du film —.

Thème[modifier | modifier le code]

Deux familles rivales, les Baxter et les Rodos (Rojo en VO), riches et puissantes grâce au trafic d’armes et d’alcool, se disputent la suprématie et la mainmise sur le village. Entre en scène un inconnu, « l’étranger » (l'homme sans nom, néanmoins appelé Joe peu après la 80e minute, campé par Clint Eastwood), qui va attiser cette guerre et provoquer la zizanie entre les deux clans afin de leur soutirer le plus d’argent possible en leur servant tour à tour d’informateur. Au-delà de l’appât du gain mis en avant, l’histoire confère au héros la dimension d’un défenseur du faible et de l’opprimé, qui préfère à toute chose le bien et la justice — notamment lorsqu’il permet à Marisol, séquestrée par le clan Rodos, de rejoindre son époux et son fils pleurant en permanence, déchirés par cette séparation.

Fiche technique[modifier | modifier le code]

Icône signalant une information Sauf indication contraire ou complémentaire, les informations mentionnées dans cette section peuvent être confirmées par la base de données IMDb.

Distribution[modifier | modifier le code]

Clint Eastwood et Marianne Koch dans une scène du film.
Sources et légende : version française (VF) sur Allodoublage[3]

Production[modifier | modifier le code]

  • Pour l'anecdote, le budget du film fut identique à la somme recherchée par Blondin et Tuco dans Le Bon, la Brute et le Truand, troisième volet de la trilogie, soit 200 000 $.
  • Sergio Leone avait d'abord souhaité confier le rôle principal à une vedette hollywoodienne ; le rôle fut proposé à Henry Fonda, James Coburn et Charles Bronson, mais ceux-ci étaient trop chers pour le budget du film[4],[5]. La production se tourna alors vers Richard Harrison, un acteur américain installé en Italie et spécialisé à l'époque dans les péplums, qui refusa à son tour. Les producteurs, ayant à leur disposition une liste d'acteurs américains inconnus en Europe, sollicitèrent plus tard l'avis de Richard Harrison. Il leur suggéra d'engager Clint Eastwood, alors acteur dans la série Rawhide, parce que ce dernier savait monter à cheval[6],[7].
  • Ce film est une transposition dans le monde du western du film Le Garde du corps (Yojimbo, 1961) d’Akira Kurosawa[8]. Mais les producteurs négligent d'en négocier les droits pour le monde entier, n'imaginant pas le succès international de Pour une poignée de dollars. Un procès s'ensuit, qui retarde la distribution aux États-Unis à l'année 1967 et accorde les droits du film à Kurosawa pour son exploitation pour tout l'Extrême-Orient, où le film a eu un énorme succès, ainsi qu'une partie des profits dans le monde entier[9]. Une dizaine d’années plus tard, Leone reconnaît s’en être largement « inspiré sans aucun complexe ». Il déclare à un journaliste : « J’ai vu un film de Kurosawa : Yojimbo. On ne peut pas dire que c’était un chef-d’œuvre. Il s’agissait d’un démarquage de La Moisson rouge de Dashiell Hammett. Pourtant, le thème me plaisait : un homme arrive dans une ville où deux bandes rivales se font la guerre. Il se place entre les deux camps pour démolir chaque gang. J’ai songé qu’il fallait replacer cette histoire dans son pays d’origine : l’Amérique. Le film de Kurosawa se passait au Japon. En faire un western permettait de retrouver le sens de l’épopée. Et comme ce récit s’inspirait également d’Arlequin serviteur de deux maîtres de Goldoni, je n’avais aucun complexe d’être italien pour opérer cette transplantation[10]. »

Musique[modifier | modifier le code]

Accueil[modifier | modifier le code]

Accueil critique[modifier | modifier le code]

En 1966, le film fut particulièrement mal accueilli par la critique française. Les Cahiers du cinéma écrivent sous la plume de Jacques Bontemps : « Nettement supérieur à tous les autres westerns européens, ce qui ne signifie pas, tant s’en faut, que cela présente le moindre intérêt[11]. » La revue Positif pousse des exclamations : « Quel désert, quelle nullité ! »[12]. Télérama parle d'un film « où l’on met l’accent sur le doigt qui prend plaisir à appuyer sur la détente et à tuer »[13]. Quant à Samuel Lachize dans L'Humanité, il écrit : « Ce n'est pas du cinéma, mais de la pacotille, mais ça brille, brille, brille[14]. » Ce n'est qu'après le succès du film Le Bon, la Brute et le Truand que les critiques réviseront leurs jugements.[réf. nécessaire]

Box office[modifier | modifier le code]

Le film enregistre 14 797 275 entrées soit 3 182 000 000 lires (environ 1 643 365,85 €), ce qui le place 2e au box-office Italie 1964-1965[15].

Éditions en vidéo[modifier | modifier le code]

Version française longtemps indisponible en DVD[modifier | modifier le code]

En France, le film a été exploité avec une version post-synchronisée par la Société Parisienne de Sonorisation (voix du personnage principal par Jacques Deschamps), dont les droits sont détenus par une société française propriétaire de la VF d’origine (les crédits au générique du film indiquent la société Record Film sous la direction artistique de Martine et Gérard Cohen). Les différentes propositions du producteur – la société allemande Constantin Film (groupe Kratz) – auraient été refusées jusqu’en 2010, bloquant ainsi toute réutilisation. Depuis le milieu des années 1990, l’édition en DVD comprenant la VF a donc été compromise. Pourtant, la société Constantin[16] touche régulièrement des redevances lorsque le film est diffusé sur les chaînes françaises ou francophones. Il existe une ancienne édition VF en VHS Sécam du film, mais il faut attendre 2010 pour voir le film publié en DVD, y compris dans la zone 1 (il existait uniquement une version américaine sous-titrée)[17].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Divers auteurs, sous la direction de Gabriele Lucci, Morricone, Cinema e oltre/Cinema and More, Milan, Mondadori, , 303 p., livre + CD (ISBN 978-88-370-4143-4), p. 52.
  2. Pour une poignée de dollars sur le site Ciné-Ressources (Cinémathèque française)
  3. « Fiche du doublage français du film » sur Allodoublage, consulté le 3 décembre 2014.
  4. Robert C. Cumbow, The Films of Sergio Leone, Scarecrow Press, 2008, page 128.
  5. Christopher Frayling, Spaghetti Westerns: Cowboys And Europeans from Karl May to Sergio Leone, I.B.Tauris, 2006, page 141.
  6. Iain Johnstone, The Man with No Name: Clint Eastwood, Plexus, 1981, page 35.
  7. Interview de Richard Harrison sur nanarland.com.
  8. Angela Errigo, « Les Sept Samouraïs », in: 1001 films à voir avant de mourir (dir.: Steven Jay Schneider), Omnibus, 2007, 3e éd., p. 304.
  9. AlloCine, « Pour une poignée de dollars: 10 fameuses affaires de plagiat qui ont empoisonné le cinéma », sur AlloCiné, (consulté le )
  10. Conversations avec Sergio Leone de Noël Simsolo, Stock, Paris, 1987.
  11. Les cahiers du cinéma, no 177, avril 1966.
  12. Positif No 77, juillet 1966, critique signée RT.
  13. Télérama, 17 avril 1966, critique signée PS.
  14. L'Humanité, 7 avril 1966.
  15. (it) Maurizio Baroni, Platea in piedi (1959-1968) : Manifesti e dati statistici del cinema italiano, Bolelli Editore, (ISBN 978-8887019025, lire en ligne)
  16. (en) « Le groupe Constantin : structure », sur le site officiel du groupe.
  17. (fr) « Pour une poignée de dollars (Per un pugno di dollari) 1964 », sur le site Western Décrypté, 2008.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]