Pierre Bolotte

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Pierre Bolotte
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Fonctions
Préfet de la Seine-Maritime
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Directeur général des collectivités locales
-
Préfet de la Seine-Saint-Denis
-
Jean Riolacci (d)
Préfet de Guadeloupe
-
Albert Bonhomme (d)
Jean Deleplanque (d)
Biographie
Naissance
Décès
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Pierre Jacques Bolotte, né le à Neuilly-sur-Seine (France) et mort en à Paris, est un haut fonctionnaire français[3].

Ayant passé une partie importante de sa carrière dans les colonies, il est en poste en Guadeloupe au moment des émeutes de mai 1967 : la répression qu'il dirige fait vraisemblablement plusieurs dizaines de morts. Préfet de Seine-Saint-Denis, il y expérimente les BAC qui seront généralisées à toute la France plusieurs décennies plus tard.

Jeunesse et vie privée[modifier | modifier le code]

Pierre Bolotte naît le à Neuilly-sur-Seine (département de la Seine à l’époque, département des Hauts-de-Seine depuis 1968)[4]. Il est le fils du médecin général Marcel Bolotte et de son épouse Suzanne Fraisse[3]. Il fréquente des établissements parisiens (collège Stanislas, lycée Louis-le-Grand)[3]. Après des études de lettres (licence d'histoire, DES de philosophie), il est diplômé de l’École libre des sciences politiques[4],[3]. Le , il épouse Anne-Marie Guion avec laquelle il a deux enfants[3].

Carrière administrative[modifier | modifier le code]

Il devient chef adjoint du cabinet (CAC) du préfet du Morbihan Roger Constant le [5] (donc sous le régime de Vichy) et, à la Libération, il poursuit sa carrière dans le corps préfectoral[6], et devient directeur du cabinet du ministre de l'Information Pierre-Henri Teitgen, puis de J. Schuller, commissaire de la République à Poitiers[4] en [3]. En août de la même année, il est nommé à Baden-Baden chef de cabinet d’Émile Laffon, administrateur de la zone d'occupation française en Allemagne[4],[3].

Il est appelé ensuite dans divers cabinets ministériels : ministère de la Reconstruction, de la Marine et celui du président du Conseil[4].

En 1950, il est envoyé en Indochine, dans le cabinet civil du maréchal de Lattre de Tassigny[4]. Il fait ensuite un passage à Pointe-à-Pitre au secrétariat général du département de la Guadeloupe (1951-1952), puis rentre en métropole comme directeur adjoint de plusieurs ministères[3].

Il retourne en Indochine en 1953, cette fois au cabinet de Marc Jacquet, ministre chargé des Relations avec les États associés[4].

En 1954, avec le grade de sous-préfet de 1re classe[3], il est nommé chef de cabinet auprès du préfet chargé des relations de l’État français avec le Conseil de l'Europe, à Strasbourg[4].

En 1955, il est nommé sous-préfet de MilianaMiliana)[4],[3], chef d'état-major mixte[3] puis directeur de cabinet du préfet d'Alger[4],[3]. Il atteint le grade de sous-préfet hors-classe en 1956[3]. En 1957, pendant la bataille d'Alger, il est lui-même placé sur écoutes par Robert Lacoste et Charles Ceccaldi-Raynaud[7]. Entre 1958 et 1962, il est secrétaire général à la préfecture de Saint-Denis de la Réunion[4],[3] après un passage au ministère de la France d'Outre-mer[3]. Il franchit les grades : sous-préfet hors-classe spéciale (1961), puis hors-cadre (1962)[3].

De 1962 à 1965, il travaille au ministère de l'Intérieur, au cabinet du préfet J. Aubert, directeur de cabinet du ministre[4].

En 1965, il est nommé préfet de la Guadeloupe[4] puis passe préfet hors-cadre[3]. En poste à la Guadeloupe, il dirige la répression des manifestations des 26 et 27 mai 1967 en ordonnant l'ouverture du feu[8] sur les manifestants de la place de la Victoire[9]. La répression dure trois jours où toute personne de couleur sortant dans la rue peut se faire tirer dessus par les forces de l'ordre[9]. Les bilans vont de 7 morts (bilans officiels)[8] jusqu'à plus de 80 morts[10] (87 selon le secrétaire d’État aux DOM-TOM Georges Lemoine, en 1985, utilisant des sources administratives, dont les Renseignements généraux (RG)[9]. Trente gendarmes sont blessés[11].

En 1967, il est nommé secrétaire général à la Délégation générale à la recherche scientifique et technique (DGRST), où il reste deux ans, avant de devenir en 1969, préfet du département de la Seine-Saint-Denis, nouvellement créé[4]. Il y forme la première brigade anti-criminalité (BAC) à Saint-Denis en 1971[10].

Il est promu au grade d'officier dans l'ordre national du Mérite[12].

En 1974, il est nommé directeur général des collectivités locales au ministère de l'Intérieur. En 1977, il est nommé préfet de la région de Haute-Normandie[4] et de la Seine-Maritime[3].

En 1982, il est nommé conseiller maître à la Cour des comptes[4] puis prend sa retraite de la fonction publique en 1986[3].

Carrière politique[modifier | modifier le code]

En 1983, il est élu conseiller municipal, puis adjoint au maire du 16e arrondissement de Paris, jusqu'en 2001 où il décide de prendre sa retraite[4].

Il a exercé la présidence de l'Association pour la connaissance et la mise en valeur du patrimoine[4].

Décorations[modifier | modifier le code]

Commandeur de la Légion d’honneur[13], et de l’ordre national du Mérite, Croix de guerre 1939-1945, commandeur de l'ordre des Palmes académiques[3].

Décès[modifier | modifier le code]

Il est inhumé le [13].

Références[modifier | modifier le code]

  1. « http://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/UD/FRAN_IR_001514/d_214 »
  2. « http://chsp.sciences-po.fr/fond-archive/bolotte-pierre » (consulté le )
  3. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s et t Biographie de Pierre Bolotte, Who’s Who in France en ligne, page consultée le 15 février 2017.
  4. a b c d e f g h i j k l m n o p q et r Centre d'histoire de Sciences Po, Pierre Bolotte, notice biographique, consulté le 15 février 2017.
  5. René Bargeton, Dictionnaire biographique des préfets (septembre 1870-mai 1982), Paris, Archives nationales, , 555 p. (ISBN 2-86000-232-4), « Bolotte (Pierre Jacques) », p. 99-100.
  6. Jean-Marc Le Page, Les services secrets en Indochine, Nouveau Monde éditions, , 528 p. (ISBN 978-2-36942-024-8, lire en ligne)
  7. Fabrice Arfi, « De Gaulle et la guerre d’Algérie : dans les nouvelles archives de la raison d’État | Panoramiques », sur Mediapart, (consulté le )
  8. a et b Béatrice Gurrey, « Quarante ans de silence et toujours pas de bilan authentifié », Le Monde, 26 mai 2009, consulté le 15 février 2017.
  9. a b et c François-Xavier Gomez, « « Mé 67 », la mémoire d'un massacre en Guadeloupe », Libération, 7 mai 2015.
  10. a et b Warda Mohamed, « Affaire Théo » : les violences et sévices sexuels perpétrés par des policiers sont-ils exceptionnels ?, Bastamag, 14 février 2017, consulté le 15 février 2017.
  11. Oana Panaïté, Reading Communities : A Dialogical Approach to French and Francophone, Newcastle, Cambridge Scholars Publishing, , 210 p. (ISBN 978-1-4438-9856-0, lire en ligne), p. 52
  12. Marchés tropicaux et méditerranéens, vol. 23, (lire en ligne), p. 316
  13. a et b Fred Réno, Jean-Claude William et Fabienne Alvarez, Mobilisations sociales aux Antilles : les événements de 2009 dans tous leurs sens, Paris, KARTHALA Editions, , 370 p. (ISBN 978-2-8111-0650-8, lire en ligne), p. 346

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]