Pergame

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Pergame
(grc) Πέργαμον
Image illustrative de l’article Pergame
Maquette de la ville antique de Pergame, Staatliche Museen, Berlin.
Localisation
Pays Drapeau de la Turquie Turquie
Province Izmir
District Bergama
Régions antiques Mysie
Protection Patrimoine mondial Patrimoine mondial (2014)
Coordonnées 39° 07′ 08″ nord, 27° 09′ 56″ est
Géolocalisation sur la carte : Turquie
(Voir situation sur carte : Turquie)
Pergame
Pergame

Pergame *
Coordonnées 39° 07′ 00″ nord, 27° 11′ 00″ est
Critères [2]
Numéro
d’identification
1457
* Descriptif officiel UNESCO
** Classification UNESCO
Cistophore de la cité de Pergame. Date : ca. 123-100 av. J.-C. Nom de l'atelier/ville : Pergame Description avers : Ciste mystique de laquelle s'échappe un serpent ; le tout dans une couronne dionysiaque. Description revers : Arc et goryte orné d'un aplustre[1] entre deux serpents ; dans le champ à droite, le bâton d’Esculape ; au-dessus, une étoile.

Pergame (en grec Πέργαμον / Pérgamon, littéralement « citadelle », en latin Pergamum) est une ancienne ville d'Asie Mineure, en Éolide située au nord de Smyrne, au confluent du Caïque et du Cétios, à environ 25 km de la mer Égée. À l'heure actuelle, son nom est Bergama (Turquie, province d'Izmir).

Histoire

Le peuplement de Pergame est attesté dès le VIIIe siècle av. J.-C.. Bien que la tradition la dise fondée par des Grecs d'Arcadie, il est peu probable qu'elle ait été une colonie grecque, vu son éloignement de la mer. Le roi de Perse la donne au Spartiate Démarate vers -480 Une autre mention attestée de la ville remonte à -339, date à laquelle elle est gouvernée par un tyran grec.

Le royaume de Pergame

Pergame émerge après la mort d'Alexandre le Grand, en -323. Le diadoque Lysimaque, un de ses généraux, y a entreposé ses trésors sous la garde de l'eunuque Philétairos. Celui-ci s'empare de Pergame et fonde en -282 l'État Pergamien. Il règne d'abord sous la tutelle des Séleucides. Profitant de la lutte entre ces derniers, son neveu et fils adoptif Eumène Ier, véritable fondateur de la dynastie des Attalides, vainc Antiochos Ier en -262 et assure ainsi l'indépendance de Pergame, consolidée par son successeur Attale Ier Sôter, premier de la dynastie à prendre le titre de roi. Il s'allie avec les Romains au cours de la première guerre macédonienne, contre Philippe V de Macédoine. Après la victoire romaine de Magnésie du Sipyle en -189, par la paix d'Apamée, Pergame reçoit de Rome une grande partie de l'Asie mineure. Par la victoire d'Attale Ier Sôter contre les Galates (des Celtes d'Anatolie centrale), Pergame étend son territoire de l'Hellespont à la Carie et l'Ionie, à la Cappadoce et à la partie occidentale de la Phrygie. C'est alors un royaume continental, avec un seul port important, Attalia, car les ports grecs de la mer Égée gardent leur indépendance.

L'apogée de Pergame est atteint sous Eumène II (roi à partir de -197, mort en -159). La ville possède une agriculture et une industrie prospères : l'industrie fabrique des tissus, de la céramique et surtout, des parchemins (grec ancien : περγαμηνή / pergamênế, c'est-à-dire qui veut dire « peau de Pergame », devenu en français « parchemin »), dont l'industrie s'est développée après l'interdiction de Ptolémée V, jaloux de la bibliothèque de Pergame, d'exporter des papyrus égyptiens vers Pergame. Grand bâtisseur, Eumène II agrandit la ville, consolide les fortifications, édifie le Grand Autel (actuellement au Pergamon Museum de Berlin) et le temple d'Athéna, de nombreux gymnases, et une grande bibliothèque. Il acquiert des sculptures et protège Delphes. À cette époque, Pergame est à la fois l'alliée de Rome et un promoteur de l'hellénisme en Asie Mineure pour contrebalancer cette alliance génératrice d'inimitiés de la part des villes grecques. Elle devient l'un des grands centres de la culture hellénistique, avec Athènes et Alexandrie. Elle attire de nombreux sculpteurs et philosophes.

Le royaume de Pergame à son apogée territoriale 188.

Le dernier souverain attalide, Attale III (-139 à -133), sans héritier, choisit par testament Rome comme exécuteur testamentaire, en -133, lui laissant le choix de trouver le meilleur successeur. Le Sénat romain préfère conserver l'administration du riche royaume, dont il fait la province d'Asie. Sous gouvernement romain, la prospérité et l'expansion de Pergame continuent.

Au IIe siècle apr. J.-C., elle connaît même un second apogée, avec l'édification de temples, dont le temple des dieux égyptiens, dit « Basilique rouge » (Kızıl Avlu). Le sanctuaire d'Asclépios devient un centre médical d'une grande renommée. C'est la patrie du grand médecin Galien.

À la fin de ce même IIe siècle, Pergame se convertit au christianisme. Le temple de Sérapis, dans le sanctuaire des dieux égyptiens, est transformé en église chrétienne, elle est citée dans l'Apocalypse parmi les sept Églises d'Asie[2]. Et les chrétiens de la ville sont mis en garde contre les tenants du nicolaïsme[3]. La ville connaît ensuite le déclin de l'Empire romain.

En 716, elle est conquise par les Arabes, puis est reprise par les Byzantins et passe sous domination ottomane au XIVe siècle. Cette ville provinciale existe toujours, sous le nom de Bergama.

La ville à son apogée au IIe siècle av. J.-C.

Pergame, construite sur une hauteur (335 m), est la superposition de trois villes, réunies les unes aux autres par des escaliers, avec des belvédères et des terrasses supportant des portiques à deux étages. Dans la ville haute se trouvent les bâtiments administratifs (agora, palais, arsenal, bibliothèque, théâtre, temples de Dionysos, d’Athéna Polias, Grand Autel dit Autel de Zeus) et dans la ville moyenne, un magnifique gymnase, les temples de Déméter et d’Héra Basileia, le Prytanée. La ville basse constitue le centre commercial.

La ville est au centre d’un riche terroir (blé, oliviers, vignes, élevage). L’industrie est diversifiée (parfums, draps fins, parchemins). Sa bibliothèque, riche de 200 000 volumes, rivalise avec celle d'Alexandrie[4]. Le palais royal renferme un véritable musée de sculptures. Elle est fameuse pour son école de rhéteurs, ses ateliers de sculpteurs. Ses artistes dionysiaques en font le principal foyer de l’art dramatique.

La bibliothèque de Pergame

Liste des rois de Pergame

Archéologie

Acropole haute

Plans de l'acropole de Pergame
Carte historique de l'acropole de Pergame (1880).
Monuments de l'acropole de Pergame

Autel de Pergame

Fondations de grand autel de Pergame, in situ.
Le grand autel de Pergame, reconstitué au Pergamon Museum de Berlin.

La construction la plus prestigieuse de la ville antique est l'autel monumental du début du -IIe siècle, probablement dédié à Zeus ou à Athéna, dont les fondations sont toujours visibles au sommet de l'acropole, dominant le théâtre, la ville et les autres temples de Pergame. Les vestiges de la frise du grand autel de Pergame ont été recueillis par les archéologues allemands à la fin du XIXe siècle, qui les ont réassemblés et reconstitués dans toute la mesure du possible. Ils sont conservés et exposés au musée de Pergame, à Berlin (fermé jusqu'en 2023 pour une nouvelle configuration).

Pour la construction de l'autel, la colline a été aplanie et aménagée en terrasses, afin d'harmoniser l'orientation du monument avec le temple d'Athéna voisin. La base, d'environ 36 x 33 m, était ornée à l'extérieur d'une représentation détaillée en haut-relief de la Gigantomachie, la bataille mythique entre les dieux de l'Olympe et les Géants. La frise, d'une hauteur de 2,30 m et d'une longueur de 113 m, est la plus longue frise de l’Antiquité après la celle du Parthénon. Un escalier monumental de 20 m de large, du côté ouest, mène à la structure supérieure, formée d'une vaste cour ceinte d'une colonnade dont les murs intérieurs étaient ornés d'une seconde frise illustrant la vie de Télèphe, fils d'Héraclès et fondateur légendaire de la cité. Cette frise, d'une hauteur d'environ 1,60 m, est donc de dimensions nettement moindres que la frise extérieure[5],[6].

Temple de Trajan

Temple de Trajan

Au point culminant de l'acropole se dressait le temple de Trajan et de Zeus Philios. Au milieu d'une terrasse établie sur une structure en voûte, le temple s'élevait sur un podium d'une hauteur de 2,90 m. Le temple lui-même était d'ordre corinthien, de 18 mètres de large, de 6 × 9 colonnes et deux colonnes in antis[7].

Les fouilles de la cella ont révélé des fragments de statues de Trajan et d'Hadrien, et de la statue de culte de Zeus Philios.

Théâtre

Théâtre de Pergame

Le théâtre, bien conservé, est lui aussi rattaché à la période hellénistique, sans qu'il soit possible de donner une date précise pour sa construction. Il pouvait accueillir environ 10 000 spectateurs, sur 78 rangées de gradins. D'une hauteur de 36 mètres, c'est le plus abrupt de tous les théâtres antiques. Le koilon (ensemble des gradins) est divisé horizontalement par deux allées, (diazomata), et verticalement par des escaliers de 0,75 m de large en sept secteurs dans la partie basse et six dans les parties du milieu et du haut[8],[9].

Terrasse du théâtre et temple de Dionysos

Temple de Dionysos, à l'extrémité nord de la terrasse du théâtre.

Au-dessous du théâtre s'étend une longue terrasse de 247 m x 17,4 m, reposant sur un haut mur de soutènement et encadrée par une stoa (portique). Venant de l'agora supérieure, on pouvait y accéder par un bâtiment d'entrée situé au sud.

À la fin du -IIIe siècle, les Attalides firent de Dionysos le dieu tutélaire de leur dynastie[10]. Au début du -IIe siècle, Eumène II fit ériger un temple de Dionysos à l'extrémité nord et à 4,50 m au-dessus du niveau de la terrasse du théâtre. Ce temple a été conçu comme un édifice prostyle d'ordre ionique en marbre, tétrastyle avec deux colonnes en arrière-plan donnant accès au pronaos[11]. Seuls quelques vestiges de la phase de construction hellénistique ont été conservés. La plus grande partie des matériaux visibles résultent d'une rénovation du temple, probablement sous Caracalla, peut-être aussi sous Hadrien[12].

Acropole basse 

À mi-hauteur de l'Acropole se trouvent les vestiges d'un sanctuaire de Déméter, d'un temple d'Héra, d'un gymnase et un peu plus bas, d'une seconde agora.

Cour rouge et pont romain sur le Sélinus

La basilique vue de l'ouest
Intérieur de la basilique, depuis l'est.

La Basilique rouge ou Cour rouge (en turc : Kızıl Avlu) est un temple romain monumental dont les ruines imposantes en briques rouges dominent le centre de la ville actuelle de Pergame. Le temple a probablement été construit du temps d'Hadrien, pour le culte des dieux égyptiens Isis, Sérapis, peut-être Osiris, et aussi d'autres dieux mineurs, à qui peut-être était dédiée une paire de rotondes annexes pratiquement intactes, de part et d'autre du temple principal.

Plan de la basilique et des monuments annexes.
Les parties romaines sont en gris, les ajouts d'époque byzantine en rouge ; les installations souterraines sont en bistre et les bassins en bleu.

Bien que le bâtiment lui-même soit d'une taille immense, il ne s'agit que d'une partie d'un complexe sacré beaucoup plus vaste, entouré de hauts murs, comparable à celui du temple colossal de Jupiter à Baalbek.

L'ensemble du complexe a été construit directement au-dessus de la rivière Sélinus, ce qui constitue un exploit technique : la construction d'un immense pont d'une largeur de 196 mètres de largeur, unique en son genre durant toute l'Antiquité, a permis de canaliser la rivière en un double tunnel traversant en diagonale l'esplanade du temple. Le pont-tunnel romain de Pergame tient toujours aujourd'hui, soutenant des bâtiments modernes et même le trafic des véhicules.

Une autre série de tunnels et de chambres se trouve sous le temple principal, le reliant aux rotondes latérales et donnant un accès privé à différentes zones du complexe. Divers bassins et canaux de drainage situés sous le temple principal ont peut-être servi à des reconstitutions symboliques de la crue du Nil.

Le temple a été converti par les Byzantins en une église chrétienne dédiée à saint Jean, qui fut ensuite détruite et abandonnée. De nos jours, on peut visiter les ruines du temple principal et l’une des rotondes latérales, tandis que l’autre rotonde (au nord) est utilisée comme une petite mosquée.

Sanctuaire d'Asclépios 

Vue générale de l'Asclépiéion
Théâtre romain

Le sanctuaire d'Asclépios (ou Asclépiéion), le dieu guérisseur, se trouve adossé à une colline, à 3 km au sud-ouest de l'Acropole, à laquelle il était relié par une voie sacrée bordée d'une colonnade. Les patients venaient s'y faire soigner sous des portiques d'incubation et d'autres bâtiments organisés autour d'une source sacrée. Comme dans tous les autres sanctuaires d'Asclépios, ils espéraient être visités dans leurs rêves par le dieu Asclépios, censé leur apporter la guérison. Galien, médecin personnel de l'empereur Marc-Aurèle, a exercé à l'Asclépiéion de Pergame durant de nombreuses années.

Le site archéologique conserve un théâtre romain, des portiques (stoa nord et sud), le temple d'Asclépios, ainsi qu'un centre de traitement circulaire parfois appelé temple de Télesphore.

Temple de Télesphore

Notes et références

  1. ornement de la poupe d'un navire
  2. Les sept Églises d'Asie sont Éphèse, Smyrne, Pergame, Thyatire, Sardes, Philadelphie, et Laodicée. Voir l'Apocalypse 1,11.
  3. Apocalypse 2,12-23
  4. Véronique Boudon-Millot, Galien de Pergame, Les Belles Lettres, , 404 p.
  5. Wolf-Dieter Heilmeyer (ed.), Der Pergamonaltar. Die neue Präsentation nach Restaurierung des Telephosfrieses. Wasmuth, Tübingen 1997, (ISBN 3-8030-1045-4); Huberta Heres & Volker Kästner: Der Pergamonaltar. Zabern, Mainz 2004 (ISBN 3-8053-3307-2)
  6. Tucker, pp. 28–29.
  7. Zum Trajaneum: Jens Rohmann: Die Kapitellproduktion der römischen Kaiserzeit in Pergamon. W. de Gruyter, Berlin – New York 1998, (ISBN 3-11-015555-9), S. 8–38 (Pergamenische Forschungen. Bd. 10); Altertümer von Pergamon. V 2; älterer Forschungsstand bei Gottfried Gruben: Die Tempel der Griechen. 3. Auflage. Hirmer, München 1980, S. 434–435.
  8. Altertümer von Pergamon. IV; Gottfried Gruben: Die Tempel der Griechen. 3rd edition. Hirmer, München 1980, pp. 439–440.
  9. [1] accessed September 24, 2007
  10. Helmut Müller: Ein neues hellenistisches Weihepigramm aus Pergamon. In: Chiron 1989, S. 539–553.
  11. Wolfgang Radt: Pergamon: Geschichte und Bauten einer antiken Metropole. Darmstadt 1999, S. 189.
  12. Wolfgang Radt: Pergamon: Geschichte und Bauten einer antiken Metropole. Darmstadt 2005, S. 190.

Annexes

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Articles connexes

Bibliographie

  • Le grand Mourre, dictionnaire encyclopédique d'histoire, (ISBN 2-04-006517-2)
  • (de) Klaus Grewe et Ünal Özis, « Die antiken Flußüberbauungen von Pergamon und Nysa (Türkei) », Antike Welt, vol. 25, no 4,‎ , p. 348–352
  • Hansen, Esther V. (1971). The Attalids of Pergamon. Ithaca, New York: Cornell University Press; London: Cornell University Press Ltd. (ISBN 0-8014-0615-3).
  • Kekeç, Tevhit. (1989). Pergamon. Istanbul, Turkey: Hitit Color. (ISBN 9789757487012).
  • Kosmetatou, Elizabeth (2003) "The Attalids of Pergamon", in Andrew Erskine, ed., A Companion to the Hellenistic World. Oxford: Blackwell: p. 159–174. (ISBN 1-4051-3278-7).
  • McEvedy, Colin (2012). Cities of the Classical World. Penguin Global
  • Nagy, Gregory (1998). "The Library of Pergamon as a Classical Model", in Helmut Koester, ed., Pergamon: Citadel of the Gods. Harrisburg PA: Trinity Press International: 185-232.
  • Nagy, Gregory (2007). "The Idea of the Library as a Classical Model for European Culture", http://chs.harvard.edu/publications.sec/online_print_books.ssp/. Center for Hellenic Studies
  • Jack Tucker, Innocents Return Abroad: Exploring Ancient Sites in Western Turkey, (ISBN 9781478343585).
  • Xenophon. Xenophon in Seven Volumes, Carleton L. Brownson. Harvard University Press, Cambridge, MA; William Heinemann, Ltd., London. vol. 1. 1918, vol. 2. 1921, vol 3. 1922.
  • Ventroux, Olivier, Pergame. Les élites d'une ancienne capitale royale à l'époque romaine, Presses universitaires de Rennes, 2017, Rennes, (ISBN 978-2-7535-5524-2)

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