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Organisation de libération de la Palestine

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Organisation de libération de la Palestine
OLP
Image illustrative de l’article Organisation de libération de la Palestine

Idéologie Nationalisme palestinien
Nationalisme arabe
Panarabisme
Socialisme arabe
Laïcisme
Anti-impérialisme
Antisionisme (factions)
Solution à deux États (factions)
Factions :
Baasisme
Marxisme
Positionnement politique Gauche
Objectifs Indépendance de la Palestine (dans les frontières précédant la guerre des Six Jours de 1967)
Statut Actif
Site web www.nad-plo.org et www.plo.psVoir et modifier les données sur Wikidata
Fondation
Date de formation 1964
Pays d'origine Drapeau de la Palestine Palestine
Fondé par Ahmed Choukairy
Actions
Mode opératoire Lutte armée
Négociation
Zone d'opération Drapeau de la Palestine Palestine, Drapeau de la Jordanie Jordanie, Drapeau du Liban Liban
Période d'activité depuis 1964
Organisation
Chefs principaux Mahmoud Abbas (président/Fatah)
Saleh Ra'fat (UDP)
Jameel Shihadeh (FAP)
Mohammed Qeis (as-Saiqa)
Bassam as-Salhi (en) (PPP)
Rakad Salem (FLA)
Ahmad Majdalani (FLPP)
Ahmad Saadat (FPLP)
Nayef Hawatmeh (FDLP)
Composée de Fatah
Union démocratique palestinienne (UDP)
Front arabe palestinien (FAP)
As-Saiqa
Parti du peuple palestinien (PPP)
Front de libération arabe (FLA)
Front de libération de la Palestine (FLP)
Front de lutte populaire palestinien (FLPP)
Front populaire de libération de la Palestine (FPLP)
Front démocratique pour la libération de la Palestine (FDLP)
Financement Ligue arabe
Conflit israélo-palestinien

L’Organisation de libération de la Palestine (arabe : مُنَظَمَة ٱلتّحْرِير ٱلْفِلَسْطِينِيَّة, Munaẓamaẗ ʾal-ttaḥrīr ʾal-filasṭīniyya, OLP, anglais : Palestine Liberation Organization, PLO) est une organisation palestinienne politique et militaire, créée le à Jérusalem[1],[2]. L'OLP est composée de plusieurs organisations palestiniennes, dont le Fatah, le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) et le Front démocratique pour la libération de la Palestine (FDLP). Elle a été dirigée par Yasser Arafat à partir de 1969.

Depuis sa création, l'OLP, qui comporte des institutions politiques, s'est présentée comme un mouvement de résistance armée représentant les Palestiniens. Le , l’Assemblée générale des Nations unies, lui accorde le statut d’observateur[3]. L'OLP est signataire des accords d'Oslo en 1993.

Au début des années 1960, les conséquences de la défaite des Palestiniens en 1949 pèsent sur le projet d'établissement d'une Palestine indépendante : des centaines de milliers de réfugiés (Nakba), l’annexion par Israël d’une partie des territoires prévus par les Nations unies pour l’État palestinien, l’annexion de la Cisjordanie par le roi Hussein de Jordanie. Seule la bande de Gaza, sous contrôle égyptien, garde son autonomie. Le Haut Comité arabe (HCA), qui a dirigé les luttes nationales palestiniennes dans les années 1930 et 1940, est considérablement affaibli[4].

L'Organisation de libération de la Palestine est imaginée en 1964, avec à sa tête Ahmed Choukairy, comme un mouvement nationaliste arabe par les membres de la Ligue arabe, en particulier le président égyptien Gamal Abdel Nasser, dans le but de mettre sur pied des institutions qui représenteraient les Palestiniens. Le 28 mai 1964, le 1er Congrès national palestinien rassemble 350 délégués palestiniens et les représentants de la Ligue arabe[4].

La débâcle des armées arabes pendant la guerre des Six Jours de 1967 a changé le mouvement en organisation de guérilla palestinienne à l'arrivée de Yasser Arafat qui la dirigea de 1969 à sa mort, le . Sur le plan politique, le Fatah devient la faction palestinienne majoritaire et oriente l'OLP vers un projet nationaliste palestinien, au détriment de l'unité du monde arabe souhaitée au départ par Nasser [4]. L'Armée de libération de la Palestine, aile militaire de l'OLP, est construite en s'inspirant de l'exemple algérien.

L'OLP est admise aux Nations unies en 1974 comme membre observateur et reconnue comme « seul et légitime représentant du peuple palestinien[5]. » Le 13 novembre de la même année, Yasser Arafat prononce un discours marquant devant l’Assemblée générale des Nations unies au cours duquel il exprime clairement le but de l’OLP : la création en Palestine d'un État démocratique où chrétiens, juifs et musulmans pourront vivre dans la justice, l'égalité et la fraternité. Grâce au soutien des pays du Tiers monde (la plupart des États occidentaux s’abstiennent, tandis qu’Israël et les Etats-Unis s'y opposent), l'ONU reconnaît le droit du peuple palestinien à la « souveraineté et à l'indépendance nationale »[5].

Septembre noir

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En septembre 1970, l'OLP subit un revers majeur, déplorant la mort de milliers de Palestiniens, lors de l'assaut des armées jordaniennes contre ses groupes armés, qui déloge les groupes palestiniens de la Jordanie[6]'[7].

OLP au Liban

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L'OLP s'établit au Liban, où vivent de nombreux réfugiés palestiniens, à la fin des années 1960. Elle y construit des institutions sociales, caritatives, militaires et artistiques en exil, mobilisant la population des camps de réfugiés et nouant des liens avec la gauche libanaise comme le Parti communiste (PCL). Elle est aussi rejointe par des volontaires internationaux, en particulier libanais et arabes, mais aussi parfois des militants venus du Bangladesh, du Japon ou d'Amérique latine[8]. Ses membres sont régulièrement visés par des actions israéliennes. Kamal Nasser, Kamal Adwan et Muhammad Youssef Al-Najjar sont tous trois exécutés par le Mossad le 9 avril 1973 dans un immeuble de Beyrouth, tandis Ali Hassan Salameh est assassiné lors de l'explosion d'une voiture piégée le 22 janvier 1979[8].

L'armée israélienne envahit le Liban du Sud en 1978 pour y déloger les combattants de l'OLP[9]. En juin 1982, le premier ministre Menahem Begin et son ministre de la défense, Ariel Sharon, lancent une invasion du Liban, cette fois de grande ampleur, en « représailles » aux attaques de l'OLP. Après plusieurs semaines de siège de Beyrouth, un accord conduit à l’évacuation des combattants palestiniens. La guerre fait 20 000 morts Libanais et Palestiniens[10], y compris de nombreux civils[11], et quelques centaines de morts dans les rangs de l'armée israélienne[9]. Ce conflit a été marqué notamment par le massacre de Sabra et Chatila commis par les milices chrétiennes alliées à Tel-Aviv lors de l'occupation de Beyrouth, qui fit entre 2 000 et 3 500 victimes.

La direction de l'OLP s'établit alors en Tunisie. En 1985, le premier ministre israélien Shimon Peres fait organiser un attentat contre le siège de l'OLP à Tunis ; 50 Palestiniens et 18 Tunisiens sont tués[12].

Première intifada

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Le soulèvement des Palestiniens des territoires occupés contre l'Autorité israélienne, entre 1987 et 1993, provoque des émeutes et des attentats contre les colons et les militaires israéliens ainsi que des conflits entre factions palestiniennes et conduit à une vague de répression dans les territoires palestiniens occupés[13],[14].

Pochoir sur un mur de Rome (Italie).

Seconde intifada

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La Seconde intifada désigne une période de violences israélo-palestiniennes, entre et 2003 voire 2005, selon les observateurs[15]. Les événements sont décrits par Israël comme une campagne de terrorisme palestinien, et par les Palestiniens comme une révolte contre l'occupation et la colonisation[16].

Évolution du mouvement

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La fin des années 1980 et l'ouverture de discussions avec Israël marqueront un tournant pour cette organisation. L'OLP négocia les accords d'Oslo, signés en 1993, avec le gouvernement de Yitzhak Rabin. La reconnaissance de la légitimité de l'OLP par Israël est un fait marquant. En 1988, l'OLP reconnait le droit d'Israël à vivre « en paix et en sécurité » et déclare « renoncer totalement » au terrorisme[17], et est depuis lors reconnue comme le partenaire palestinien des négociations pour régler le conflit israélo-palestinien. Ayant proclamé en 1988 à Alger un « État de Palestine » reconnu par 89 États (en )[18], l'OLP siège à l'ONU en tant qu'observateur permanent, sous le nom de « Palestine », et entretient des relations diplomatiques ou quasi diplomatiques avec de nombreux États. L'OLP a modifié, en avril 1996, sa charte qui visait la destruction de l'État d'Israël afin de bâtir une « Palestine démocratique » regroupant juifs, chrétiens et musulmans[19],[20]'[8]. Naturellement, elle entretient des liens étroits avec l’Autorité palestinienne qui est née des accords d'Oslo. Les accords d’Oslo étaient cependant très asymétriques et ne correspondaient pas aux attentes des Palestiniens, ce qui a affaibli le prestige de l'OLP et favorisé l’essor de nouvelles organisations[21]. Ces accords ont divisé la Cisjordanie en zone A, B et C, dans le but de créer un État Palestinien, mais la construction par le gouvernement israélien en 2002 d'une barrière de séparation ne respectant pas les accords a enterré, à ce stade, la possibilité de construction d'un État palestinien. D'autre part, les accords n'évoquaient pas le droit au retour des réfugiés palestiniens et le statut de Jérusalem-Est[21].

Ainsi, de nombreuses voix au sein du mouvement national palestinien s’élèvent contre une OLP jugée trop modérée. Le Hamas, proche des Frères musulmans, est fondé en 1987 dans le sillage de la première intifada[5]. Les autorités israéliennes favorisent dans un premier temps le développement de l'organisation islamiste afin d'affaiblir l'OLP[9].

Succession de Yasser Arafat

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Mahmoud Abbas (novembre 2023)

Depuis la mort de Yasser Arafat, son ancien Premier ministre Mahmoud Abbas est devenu son successeur à la tête de l'OLP et de l'Autorité palestinienne ; en 2005, et a poursuivi le dialogue avec Israël. Il a obtenu un cessez-le-feu mais son autorité est mise à mal par les tirs fréquents de roquettes revendiquées par le Hamas ou le Jihad islamique palestinien.

Le plan de désengagement de la bande de Gaza, adopté et appliqué unilatéralement par le gouvernement israélien d'Ariel Sharon sans concertation avec l'Autorité palestinienne permet au Hamas de présenter le retrait des colons et de l'armée israélienne réalisé en comme une victoire de sa « résistance islamique » et de conforter sa popularité. Il remporte les élections législatives de 2006 et prend le contrôle de la bande de Gaza en 2007[9].

Après la mort en 2020 de Saeb Erekat, négociateur en chef des Palestiniens, et la démission d'Hanan Ashrawi, son porte-parole, l'OLP appelle à rajeunir le leadership palestinien[22]. En effet, depuis les accords d'Oslo, le président Mahmoud Abbas poursuit son mandat qui devait s'achever en 2009. Aussi, l'ensemble des institutions palestiniennes vieillissantes sont décriées pour leur manque de légitimité comme de représentativité mais les nombreuses divisions au sein de l'OLP ne parviennent pas à trouver un accord politique[22].

L'OLP est contestée par une nouvelle génération de militants qui l'accuse de corruption et de collaboration avec Israël au détriment de la lutte pour la libération nationale. Elle apparait particulièrement impuissante lors de la guerre à Gaza de 2023-2024. Les organisations de la gauche de l'OLP, comme le Parti du peuple palestinien et le Front démocratique de libération de la Palestine, ainsi que les partisans de Marwan Barghouti au sein du Fatah, militent pour une unité nationale incluant le Hamas et le Jihad islamique palestinien[23].

Fonctionnement des institutions

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Charte de l'OLP

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Lutte armée

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Le , l'OLP en formation tente de faire exploser le conduit national d'eau d'Israël pour son premier attentat. Durant les trois années suivantes, l'organisation établit un réseau international de cellules de guérilla. Elle amasse clandestinement des armes et des explosifs. Les objectifs sont de rendre la cause palestinienne connue internationalement, perturber le trafic aérien et maritime d'Israël, perturber le tourisme et l'économie israélienne et blesser son image de pays fort et gagnant[24].

Les années qui suivent la fondation de l'OLP sont celles d'une intensification des actions de guérilla en Cisjordanie occupée. De 97 en 1967, elles passent à 916 en 1968, 2 432 en 1969 et 1 887 jusqu’à septembre 1970. Lors de la bataille de Karameh, le 20 mars 1968, les Palestiniens résistent pendant toute une journée à une incursion blindée israélienne en Jordanie destinée à détruire une de leurs bases. Les Israéliens perdent plusieurs dizaines de soldats et de nombreux blindés. Les Palestiniens sont ensuite très durement touchés par le Septembre noir, en 1970, lorsque le roi de Jordanie Hussein, allié des Etats-Unis, fait écraser par surprise les camps de l'OLP en Jordanie. L'année suivante, seules 45 actions de guérilla sont réalisées[7]

De 1969 à 1985, les groupes de l'OLP auraient commis, selon un rapport du Ministère des Affaires Étrangères israélien visant à discréditer l'OLP en tant que participant possible aux pourparlers de paix au Proche-Orient, 8 000 attaques terroristes (dont 435 en dehors d'Israël) qui totalisent 650 morts israéliens, principalement des civils[25]. Une stratégie perçue comme efficace par l'organisation, en partie pour faire connaître internationalement la question palestinienne[26].

Notes et références

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  1. « OLP », Le Monde diplomatique,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  2. (en) « Arabs Create Organization For Recovery of Palestine », The New York Times, (consulté le ).
  3. Persée.
  4. a b et c https://orientxxi.info/magazine/il-y-a-cinquante-ans-naissait-l-organisation-de-liberation-de-la-palestine,0641
  5. a b et c https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/le-cours-de-l-histoire/histoire-de-l-organisation-de-liberation-de-la-palestine-4756387
  6. Hamit Bozarslan, Une histoire de la violence au Moyen-Orient : de la fin de l'empire ottoman à al-Qaida, Paris, la Découverte, , 318 p. (ISBN 978-2-7071-4958-9), p 81.
  7. a et b https://www.monde-diplomatique.fr/2020/09/GRESH/62186
  8. a b et c https://www.monde-diplomatique.fr/2022/08/DOT_POUILLARD/64945
  9. a b c et d https://www.lemonde.fr/un-si-proche-orient/article/2024/09/29/le-terrible-cout-pour-israel-de-la-marginalisation-de-l-olp_6338346_6116995.html
  10. https://orientxxi.info/magazine/liban-moussa-sadr-la-presence-de-l-absent,2675
  11. (en) « Background & Overview of First Lebanon War », sur www.jewishvirtuallibrary.org (consulté le ).
  12. « Jeremy Corbyn, les Palestiniens et l'antisémitisme », Orient XXI,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  13. « Le soulèvement comme violence : armes, cibles et structures. »
  14. Rachid Peace research institute in the Middle East et Rosie Pinhas-Delpuech, Histoire de l'autre, L. Lievi, (ISBN 978-2-86746-358-7).
  15. Jonathan Schachter, « The End of the Second Intifada? », Strategic Assessment, Institute for National Security Studies, vol. 13, no 3,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  16. Alain Gresh, « Intifada pour une vraie paix », sur Le Monde diplomatique, (consulté le ).
  17. Le Monde, « M. Arafat reconnait le droit d'Israël à vivre "en paix et en sécurité" et déclare "renoncer totalement" au terrorisme », Le Monde,‎ (lire en ligne Accès payant, consulté le ).
  18. (en) Anis Kassim, The Palestine Yearbook of International Law 1989, (lire en ligne), p. 49.
  19. (en) « CNN - Clinton, Netanyahu and Arafat to meet Tuesday - December 14, 1998 », sur edition.cnn.com, (consulté le ).
  20. (en) Muath Bakri, « MIFTAH - Letter From President Yasser Arafat to President Clinton », sur miftah.org (consulté le ).
  21. a et b https://www.lefigaro.fr/international/fabrice-blanche-l-olp-a-ete-completement-depassee-par-le-hamas-20240530
  22. a et b Alice Froussard, « Ces divisions qui mine(nt) l'Organisation de libération de la Palestine », sur RFI, (consulté le ).
  23. https://www.humanite.fr/monde/bande-de-gaza/guerre-a-gaza-la-gauche-palestinienne-a-loffensive
  24. Décrit par Boaz Ganor dans son livre "The Counter-Terrorism Puzzle: A Guide for Decision Makers, The Interdisciplinary Center (IDC) Herzliya, 2003 p. 203.
  25. (en-US) « Israeli White Paper Cites PLO Terrorism », sur Los Angeles Times, (consulté le ).
  26. Barry M. Rubin, Revolution Until Victory? : The Politics and History of the PLO, , p. 25.

Articles connexes

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Liens externes

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