Iván Duque

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Iván Duque
Illustration.
Iván Duque en 2020.
Fonctions
Président de la république de Colombie

(4 ans)
Élection 17 juin 2018
Vice-président Marta Lucía Ramírez
Prédécesseur Juan Manuel Santos
Successeur Gustavo Petro
Membre du Sénat de la République

(3 ans, 8 mois et 21 jours)
Biographie
Nom de naissance Iván Duque Márquez
Date de naissance (47 ans)
Lieu de naissance Bogota (Colombie)
Nationalité Colombienne
Parti politique Centre démocratique
Conjoint María Juliana Ruiz
Diplômé de Université Sergio Arboleda
American University
Université de Georgetown
Profession Juriste
Religion Catholicisme

Signature de Iván Duque

Iván Duque
Présidents de la république de Colombie

Iván Duque Márquez, né le à Bogota, est un homme d'État colombien.

Membre du parti de droite radicale Centre démocratique et proche d'Álvaro Uribe, il est président de la République du au .

Situation personnelle[modifier | modifier le code]

Origines[modifier | modifier le code]

Son père, Iván Duque Escobar, est ministre des Mines sous la présidence de Belisario Betancur Cuartas, puis gouverneur de l'Antioquia[1]. Sa mère, Juliana Márquez Tono, est politologue.

Formation[modifier | modifier le code]

En plus d’être diplômé de l’université Sergio Arboleda de Bogotá, il est titulaire d'un LL.M., obtenu à l'American University, et d'un master en gestion publique de l'université de Georgetown.

Carrière professionnelle[modifier | modifier le code]

Il est juriste de profession et a travaillé à la Banque interaméricaine de développement et à l'Organisation des Nations unies[2].

Parcours politique[modifier | modifier le code]

Sénateur et soutien d'Álvaro Uribe[modifier | modifier le code]

Membre du Centre démocratique et proche de l'ex-président Álvaro Uribe, il est sénateur de 2014 à 2018[2]. Il fait notamment voter une loi sur la liberté d'entreprise et l'économie de l'innovation[3].

Élection présidentielle de 2018[modifier | modifier le code]

Le , il remporte la primaire de droite (Grande consultation pour la Colombie) en vue de l'élection présidentielle colombienne de 2018, obtenant 67,8 % face à Marta Lucía Ramírez et Alejandro Ordonez[4]. Il prend comme colistière Marta Lucía Ramírez[5].

Pendant la campagne présidentielle, il reçoit l'appui explicite des milieux d'affaires colombiens[6]. Il est également soutenu par les anciens présidents Álvaro Uribe, Andrés Pastrana et César Gaviria[7]. Après être arrivé en tête du premier tour, il est élu au second, le 17 juin, avec 54,0 % des voix contre 41,8 % pour le candidat de gauche, Gustavo Petro[8].

Son élection est entachée à partir de 2020 par le scandale de la « Ñeñepolitique » - du nom d'un riche éleveur et narcotrafiquant tué au Brésil en mai 2019-, concernant un achat présumé de votes et de dessous de table en faveur de la campagne du président élu en juin 2018[9].

Président de la République[modifier | modifier le code]

Iván Duque est investi président de la République le . L'ancien président Álvaro Uribe, considéré comme son mentor, exerce de l'avis des observateurs une grande influence sur son gouvernement[10].

Opposition aux processus de paix avec les guérillas[modifier | modifier le code]

Opposé à l'accord de paix signé en 2016 avec la guérilla des FARC, il affirme toutefois lors de son élection ne pas avoir l'intention de le « réduire en miettes ». Au pouvoir, il s'efforce d'éliminer certains points de l'accord. Son gouvernement cherche ainsi à affaiblir la Juridiction spéciale pour la paix et diminue de 30 % le budget de la Commission de la vérité et de l’Unité de recherche des personnes disparues. Le gouvernement promeut également des généraux impliqués dans des exécutions extrajudiciaires, nomme des personnalités polémiques à des postes-clé et stoppe les négociations avec l’autre guérilla de l’Armée de libération nationale (ELN)[11]. Enfin, il refuse de faire appliquer le premier chapitre de l’accord de paix : consacré à la question agraire, il prévoyait la distribution de trois millions d’hectares aux paysans[12].

Questions sécuritaires[modifier | modifier le code]

L'insécurité en Colombie a augmenté pendant la présidence d'Iván Duque. En quatre ans, il y a eu plus de 260 massacres qui ont fait plus de 1 100 morts. D'autre part, la violence contre les leaders sociaux dans les territoires ruraux a considérablement augmenté. Au 4 juin 2022, 930 leaders sociaux avaient été tués. En outre, 245 anciens combattants des FARC qui avaient signé les accords de paix ont été tués sous l'administration Duque[13]. La production de cocaïne atteint un niveau record de plus de 1 700 tonnes en 2022. Cela fait de la Colombie le premier producteur mondial de cette drogue, selon l'ONU[14]. Son mandat conduit aussi à une accélération de la déforestation[15].

Politique économique et mouvements sociaux[modifier | modifier le code]

Par son plan national de développement 2018-2022, le gouvernement colombien prévoit de relancer les marchés de l’or et du cuivre dans le pays. En outre, 161 nouveaux sites de forage pétrolier sont programmés pour 2022, soit quatre fois plus que les 46 existants en 2018. La fracturation hydraulique (fracking) est en cours de légalisation en 2019. Ce plan est largement décrié par les écologistes, qui le jugent dangereux pour l'environnement et le climat (au profit des énergies fossiles, très émissives de gaz à effet de serre), et offrant des ressources non renouvelables du pays des multinationales étrangères (la part des bénéfices de l’extraction versée à l’État a chuté au taux de 0,4 % pour l’or et l’argent, et 3,27 % pour les mines de charbon à ciel ouvert). Ce plan menace en outre des communautés indigènes, dont les territoires et ressources sont à nouveau menacés (mi-2019 la route Panaméricaine est bloquée pendant plusieurs semaines par la mobilisation de milliers d'indigènes dans le département du Cauca)[16].

Le , dans un contexte d’autres mouvements de protestations en Amérique du Sud, un important mouvement social commence en Colombie. Les manifestants critiquent le souhait du gouvernement de flexibiliser le marché du travail, de réduire le fonds public des retraites en faveur d'entités privées et de reculer l'âge de la retraite[17]. Les syndicats protestent aussi contre la réforme fiscale visant à réduire les impôts payés par les entreprises et contre le projet de privatisation d’entreprises publiques comme la compagnie pétrolière Ecopetrol et la compagnie électrique Cenit. L’armée est déployée dans les principales villes du pays et un couvre-feu est instauré[18]. Le taux d'impopularité d’Iván Duque atteint alors près de 70 %[19].

Iván Duque est de nouveau confronté à des manifestations à partir du , en protestation contre une réforme fiscale du gouvernement. La répression qui en découle donne lieu à une soixantaine de morts et plusieurs milliers de blessés.

Politique étrangère[modifier | modifier le code]

Très proche de l’administration Trump aux États-Unis, il soutient les projets de celle-ci en Colombie et en Amérique latine et reçoit en retour un soutien politique indéfectible et des milliards de dollars d'aide économique et militaire[20]

Il poursuit la guerre contre la drogue telle que définie par le gouvernement américain et soutient les efforts de l'administration Trump pour un changement de régime au Venezuela en soutenant les tentatives de coup d'État dans ce pays et en autorisant des groupes armés vénézuéliens à s'entraîner en Colombie[20]. Il qualifie le gouvernement vénézuélien de Nicolás Maduro de "dictatorial" et déclare ne pas exclure une intervention armée contre le Venezuela[21], tout en reconnaissant l'opposant Juan Guaidó comme président de ce pays[22].

Son gouvernement salue la destitution du président bolivien Evo Morales lors de la crise bolivienne de 2019 et soutient le candidat de droite Guillermo Lasso lors des élections équatoriennes de 2021, accusant le candidat de gauche Andrés Arauz d’être financé par la guérilla colombienne de l'ELN[20].

Il conserve de très bons rapports avec les États-Unis après l'élection de Joe Biden à la présidence américaine en 2020, bien que son parti, le Centre démocratique, avait soutenu Donald Trump lors du scrutin présidentiel. L’administration Biden a manifesté des signes de préférence pour les candidats de droite lors de l'élection présidentielle colombienne de 2022. Des diplomates américains de haut rang ont évoqué dans la presse une supposée ingérence russe, cubaine et vénézuélienne dans les élections en faveur du candidat de gauche Gustavo Petro, tandis que les responsables américains ont évité de rencontrer Petro avant l'élection tout en rencontrant d'autres candidats[20].

Opposition à la légalisation de l'avortement[modifier | modifier le code]

Il se déclare opposé au droit à l'avortement : « Je suis une personne pro-vie, je crois en la vie dès la conception », explique t-il en 2020[23]. L’avortement est cependant dépénalisé sur décision de la Cour suprême le 21 février 2022[24].

Fin de mandat[modifier | modifier le code]

Iván Duque utilise dans les mois précédant la fin de son mandat sa proximité avec le gouvernement américain pour obtenir un poste qui le projetterait à l'échelle internationale après sa retraite politique. Il convoiterait la présidence du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés ou de la Banque interaméricaine de développement selon la presse colombienne[25].

Il quitte ses fonctions présidentielles le tandis que Gustavo Petro lui succède, ce qui fait de celui-ci le premier président de gauche de l'histoire contemporaine de la Colombie. Le président sortant achève son mandat avec un taux d'approbation de 27 %[26]. Deux jours après la fin de sa présidence, il est nommé "membre distingué" au sein de l'influent Woodrow Wilson Center de Washington, un think tank financé par le gouvernement américain, pour un salaire mensuel de 10 000 dollars[20].

Affaire judiciaire[modifier | modifier le code]

En 2017, Iván Duque est accusé d’avoir des liens avec la multinationale brésilienne Odebrecht. Les enquêtes relatives à l'affaire Odebrecht auraient confirmé que Duque a eu une rencontre avec l'homme d'affaires controversé Duda Mendonça et Óscar Iván Zuluaga (ancien ministre de l'Économie et ex-candidat à la présidence de la République), qui fait l'objet de poursuites judiciaires. L'affaire fait l'objet d'une enquête de la part du système judiciaire colombien et de la justice brésilienne[27].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (es) « Las 22 cosas que no sabía de Iván Duque, el nuevo presidente de Colombia - Las2orillas », Las2orillas,‎ (lire en ligne, consulté le )
  2. a et b Reuters Editorial, « Colombians pick candidates in two primaries for May presidential... »
  3. Léo Tescher, « Colombie : Ivan Duque, cet homme pressé »,
  4. Editor, « Iván Duque Presidente, Marta Lucía Vicepresidente - Periódico Debate », sur periodicodebate.com
  5. « Colombie: Ivan Duque, en tête, et Gustavo Petro s'affronteront au second tour »,
  6. (es) « Iván Duque suma nuevo apoyo de sector financiero », Blu Radio señal,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  7. (es) « Gaviria se unió a Duque supuestamente para proteger a su hijo de una investigación », Voces,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  8. (es) « ¿Regresa el uribismo a Colombia tras elección de Duque como presidente? », Telesur,‎ (lire en ligne, consulté le )
  9. Par Guylaine Roujol Perez Le 5 août 2020 à 00h16, « Colombie : pourquoi l’ex-président Uribe est rattrapé par la justice », sur leparisien.fr, (consulté le )
  10. Diego Calmard, « En Colombie, le peuple ne veut plus du tandem Duque-Uribe », Slate,‎ (lire en ligne)
  11. Anne Proenza, « Accord de paix en Colombie : le gouvernement sape le travail de mémoire », sur libération.fr,
  12. « En Colombie, le président Gustavo Petro engage une ambitieuse réforme agraire », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  13. « Iván Duque centró su periodo en la seguridad, pero deja una Colombia más violenta », sur France 24, (consulté le )
  14. « La Colombie atteint un nouveau record de production de cocaïne en 2022 », sur Le Télégramme, (consulté le )
  15. (es) « Deforestación: más allá de tumbar y sembrar árboles | Cambio Colombia », sur cambiocolombia.com (consulté le )
  16. « En Amazonie colombienne, les terres autochtones pillées par l'extractivisme », sur Reporterre (consulté le )
  17. « Colombie: manifestations et concerts de casseroles contre le président Duque », sur Orange Actualités,
  18. « Colombie. Un exemple de divorce entre la société et la politique institutionnelle », Decio Machado, A l'encontre, 3 décembre 2019.
  19. https://www.eltiempo.com/politica/gobierno/uribe-y-duque-alcanzan-niveles-historicos-de-impopularidad-444790
  20. a b c d et e (en-US) admin, « A Warm Washington Welcome for Colombia’s Controversial Ex-President », sur Center for Economic and Policy Research,
  21. « Venezuela : pourquoi Nicolas Maduro accuse la Colombie d'avoir tenté de l'assassiner ? », Les Inrocks,‎ (lire en ligne, consulté le )
  22. (es) Juan Diego Quesada, « Petro y Maduro anuncian la apertura de la frontera y el restablecimiento de los vuelos entre Colombia y Venezuela », sur El País América Colombia, (consulté le )
  23. Colombie : le chef de l'Etat contre la dépénalisation totale de l'IVG, France Info, 20 février 2020
  24. Pascale Mariani, « La Colombie dépénalise l’avortement », sur Mediapart, (consulté le )
  25. (es) « El “lobby” de Duque en EE. UU. por emplearse luego del 7 de agosto », sur El Espectador, (consulté le )
  26. (es-MX) Forbes Staff, « Aprobación de Petro sube a 64% y la de Duque cierra en 27%: encuesta Invamer », sur Forbes Colombia, (consulté le )
  27. « Iván Duque, testigo de reunión de Zuluaga con 'Duda' Mendonça ». El Tiempo (Colombia) 2 février 2017.

Liens externes[modifier | modifier le code]