Het Bloemken Jesse

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Het Bloemken Jesse
Description de cette image, également commentée ci-après
Le blason (de 1589) et la devise de la chambre de rhétorique Het Bloemken Jesse de Middelbourg. L'arbre de Jessé est une représentation allégorique de la généalogie du Christ : Jessé est représenté couché. De son flanc sort un arbre dont les branches portent David et Marie. Au-dessus d'eux se trouve un petit enfant : le Christ[1]. Ce n'est qu'à partir du XVIe siècle qu'une représentation de ce sujet apparaît en relation avec cette chambre[2]. Une inscription fait référence à une formule du livre du prophète Isaïe Is 11,1[3] : « Uit de wortel van Jesse zal een struyxken rijzen, En daaruit een bloeme, waardig om prijzen[4]. » Dans les angles du losange se trouvent les armoiries de Zélande et de Middelbourg et, au-dessus tout, celles de la maison d'Orange-Nassau, avec l'inscription « in minnen groeijende »[5].
Type Société littéraire
Compagnie de théâtre
Lieu Middelbourg en Zélande
Drapeau du Saint-Empire Saint-Empire romain germanique
Drapeau des Provinces-Unies Provinces-Unies
Protection Sainte Anne

Het Bloemken Jesse (en français : La Petite Fleur de Jessé) est une chambre de rhétorique de Middelbourg en Zélande, qui existait déjà au XVe siècle. Elle serait la plus ancienne des Pays-Bas septentrionaux[6]. Sa sainte patronne était sainte Anne (attestée à partir de 1484) et sa devise était, sans doute, In minnen groeyende (« Croissant en amour »)[7].

Bref historique[modifier | modifier le code]

XVe siècle[modifier | modifier le code]

Traditionnellement, la fondation de cette chambre de rhétorique, la plus ancienne de la Zélande, eut lieu en 1430[8],[9],[10].

En 1479, un chapitre fut fondé, soit dans l'église Saint-Pierre, soit dans l'église de Westmonster (étymologiquement : l'église du monastère de l'ouest). Le chapitre de cette dernière église, où les guildes occupaient des chapelles, entretenait des relations étroites avec le gouvernement de la ville et les bourgeois. Exactement un an plus tard apparaît la première mention des rhétoriciens, qui semblent avoir eu des liens étroits avec l'église de Westmonster. Compte tenu du lien qui aurait existé, aussi ailleurs, entre les chapitres et les rhétoriciens, il se peut qu'il y ait également un lien de causalité. Ainsi, en 1445, la procession de Notre-Dame de Veere fut animée par les « joueurs d’esbatements » de Middelbourg[11], qui se produisirent de nouveau à Veere en 1464 et en 1466. Mais, dans les comptes de la Ville de Middelbourg, il n'est indubitablement question des rhétoriciens qu'à partir de 1480[12]. Le , par ordonnance, le bailli, le bourgmestre, les échevins et les conseillers de la ville accordèrent au Bloemken Jesse un privilège identique à celui conféré à une chambre de Reimerswaal en 1484[9],[7]. C'est grâce à la lettre de privilège que l'on sait que la chambre avait sainte Anne comme patronne et qu'elle fêtait son anniversaire chaque année le dimanche après la fête de la sainte (le 26 juillet)[9],[13].

XVIe siècle[modifier | modifier le code]

Au concours de Reimerswaal, qui eut lieu en 1507 et auquel participèrent six chambres zélandaises, Het Bloemken Jesse remporta le prix qui consistait en sept cruches et dix carafes d'étain[14].

En 1515, les autorités de la ville et la chambre signèrent un contrat stipulant dans quelles circonstances festives cette dernière devait se produire en échange de faveurs financières de la part de l'administration communale. La chambre était obligée de représenter des jeux à la demande de la Ville lorsque celle-ci avait quelque chose à célébrer, ainsi que tous les jours fériés et les dimanches, pendant la foire. Le jour de l'an et la nuit de l'Épiphanie, la chambre devait, selon l'ancienne coutume (« nair oude coustume »), représenter un jeu dramatique à l'hôtel de ville, devant le magistrat. Et enfin, la chambre devait aider à organiser la procession en échange de subventions et d'indemnités annuelles. Simultanément à la signature de ce contrat exigeant, établi à la demande de la chambre elle-même, l'administration communale éleva Het Bloemken Jesse au rang de guilde principale de la ville. Jusque-là, cet honneur avait été réservé aux trois milices bourgeoises. Dès 1515, la chambre avait à remplir les mêmes devoirs que ces sociétés de tir ; de surcroît, les rhétoriciens avaient à se vêtir de robes aux couleurs de la ville et l'administration communale était obligée de consulter la chambre, de concert avec les trois compagnies de milice, dans des affaires de grand intérêt pour la ville[15].

Het Bloemken Jesse coorganisa les festivités à Middelbourg en mai 1515 à l'occasion de la Joyeuse Entrée du prince Charles, qui fut accueilli comme comte de Zélande[16],[17]. À l'occasion de la remise du premier prix par ordre du bourgmestre et des échevins, les rhétoriciens reçurent 20 livres de gros pour avoir le mieux célébré la Joyeuse Entrée du roi d'Espagne en 1519[18],[17]. En 1524, la chambre se produisit lors de la célébration de la victoire sur le roi de France et du traité de paix qui fut conclu en conséquence. En 1559, la chambre s'occupa d'une représentation pour célébrer la paix de Cateau-Cambrésis. La dernière représentation publique à l'occasion d'une fête en l'honneur d'un membre de la maison des Habsbourg eut lieu en 1571[17].

Même parmi les rhétoriciens de Middelbourg, des convictions réformées existaient et elles furent manifestées lors de la représentation, le , de « l'arbre des écritures » (« de boom der schriftueren »). Le jeu finit par être mis à l'index des livres prohibés[7],[19]. Dans une note contemporaine dans un exemplaire de l'édition des Spelen van Sinne ou moralités (publiée par Joos Lambrecht en 1539) qui avaient été représentées au concours de Gand figure la phrase suivante : « Les jeux ont été offerts à la chambre de rhétorique de Middelbourg en Zélande par amour par M. Pieter Wilsens, notaire dans cette ville, le [20]. » En cette année, le conseil nomma une commission où siégeait, parmi d'autres, le chef-doyen de la guilde, M. Pieter van der Baerse, secrétaire de Middelbourg, chargé de contrôler au préalable la moralité que la chambre voulait jouer le lundi de Pentecôte[7].

Dès le début, la chambre était en relation étroite avec les autorités communales, avec les vingt-deux corporations de la ville et, surtout, avec les sociétés de tir[7]. Ainsi, en 1575, pendant la guerre de Quatre-Vingts Ans, lorsque les royalistes eurent proposé des négociations, le bourgmestre, les échevins et les conseillers signèrent la réponse écrite conjointement avec les trois sociétés de tir et la chambre de rhétorique, représentant le « corps entier » de la ville[21] ; comme ces milices bourgeoises, les rhétoriciens assuraient la garde dans la ville[7]. Dans la culture publique de Middelbourg, ils prenaient une place prépondérante, si bien qu'ils ne furent à peine bridés pendant les troubles du XVIe siècle[7]. Toutefois, en 1561, les autorités leur imposèrent l'interdiction de se réunir pour une durée de six mois[22].

L'article 37 de l'ordonnance « politique » (« politique ordonnancie ») du , promulguée par Guillaume le Taciturne, interdisait tous les jeux et esbatements publics pour la raison qu'ils semblaient provenir d'un excès de richesse et qu'ils incitaient à la frivolité, au désordre et à des actions nuisibles à l'édification[23]. Les États de Zélande renouvelèrent l'interdiction le . La mesure visait sans doute surtout les concours où l'on tire au papegai, ainsi que d'autres exercices semblables[24]. Les rhétoriciens participèrent, sans doute, à l'entrée solennelle de Maurice de Nassau à Middelbourg en 1589 ; c'est probablement à cette occasion que leur blason fut renouvelé (voir l'image de l'article)[25]. En 1591, les 36 frères de la chambre se firent dépeindre et, en 1592, la chambre fit frapper une médaille, la première de la série de médailles conservées[7].

XVIIe siècle[modifier | modifier le code]

Middelbourg au milieu du XVIIe siècle. Carte provenant de l'atlas de Joan Blaeu, intitulé Théâtre des villes des Pays-Bas unis (Blaeu's Toonneel der Steden van de Vereenighde Nederlanden), publié en 1652.

Au XVIIe siècle, la chambre prit part à diverses compétitions en Hollande et en Zélande[7], comme le concours très mémorable de Flessingue en 1641, où elle remporta trois prix[26]. Au concours des rhétoriciens à Haarlem, qui eut lieu en août 1613, pendant la paix de Douze Ans, la chambre Het Bloemken Jesse, alors sous l'emprise de l'arminianisme, remporta le premier prix[27]. Probablement, Het Bloemken Jesse en organisa un elle-même en 1616, où était présente la chambre Het Vreugdendal (La Vallée de Joie) de Bréda. En 1649, sans doute après un conflit, la guilde se réorganisa. Samuel Bollaert, le facteur[28],[7], entama un livre de questions de concours dans lequel furent inscrits toutes les questions de concours jusqu'en 1663. Toutefois, rien n'est inscrit sur ce registre quant aux années 1651 et 1652, ce qui est peut-être lié aux querelles civiles de 1651[7].

Apparemment, ni le gouvernement ni l'église s'opposaient beaucoup aux activités de cette chambre[7], même si, le , on lui interdit de jouer en public. Le , cependant, on lui accorda le droit d'organiser une loterie[29],[7].

Dans le livre de la guilde de Saint-Luc, publié par Bredius, la chambre de rhétorique est mentionnée plusieurs fois jusqu'en 1679 comme lieu de réunion de cette guilde. La ville loua la salle de la chambre pour y établir les services du landrecht[30] de 1579 jusqu'en 1648[31], année où celui-ci déménagea pour établir son bureau à l'hôtel de ville[7]. Les services rendus à la ville diminuèrent au cours du XVIIe siècle, ce qui explique peut-être la situation financière de plus en plus difficile de la chambre[7]. En 1639, la chambre hypothéqua la propriété pour garantir un emprunt de 204 livres à 5 %. En 1665, on consentit à la chambre un deuxième prêt hypothécaire de 2 000 florins à 4 %, et de nouveau, en 1678, un de 1 500 florins Carolus. Le , le bâtiment fut vendu[7] à d'anciens membres, qui le transformèrent en auberge sans toucher à l'intérieur[32]. La vente rapporta 401 livres et les acheteurs étaient Cornelis Versluis, Anthon Colyn, Cornelis Govaerts et Pieter van Goethem. Encore la même année, Het Bloemken Jesse organisa une compétition destinée uniquement à ses propres membres. Après cela, la chambre cessa sans doute temporairement d'exister, quoique pas définitivement car, en 1685, la chambre fut invitée à Bleiswijk[7]. En 1816 fut démoli le bâtiment qu'avait occupé la chambre[33].

Annexes[modifier | modifier le code]

Quelques membres[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. Lambrechtsen van Ritthem, p. 155.
  2. Moser, p. 49.
  3. « Puis un rameau sortira du tronc d'Isaïe, et un rejeton naîtra de ses racines. »
  4. « De la racine de Jessé poussera un buisson et de celui-ci, une fleur qui mérite d'en faire l'éloge. »
  5. Lambrechtsen van Ritthem, p. 154-155.
  6. Laserna Santander, p. 190.
  7. a b c d e f g h i j k l m n o p et q Dixhoorn (van), « Het Bloemken Jesse », Répertoire numérique des chambres de rhétorique des Pays-Bas septentrionaux, [En ligne], 2005, réf. du . [www.dbnl.org].
  8. Heussen, van, p. 104-105.
  9. a b et c Meertens, p. 75.
  10. Lambrechtsen van Ritthem, p. 132.
  11. L’esbatement est un genre de farce.
  12. « […] de wagenen van den rethorike […] », les chars de la rhétorique, et la « […] toren van den rethorike […] », la tour de la rhétorique.
  13. Lambrechtsen van Ritthem, p. 144.
  14. Lambrechtsen van Ritthem, p. 127.
  15. Dixhoorn (van), Lustige geesten, p. 195.
  16. Lambrechtsen van Ritthem, p. 145-148.
  17. a b et c Dixhoorn (van), Lustige geesten, p. 203.
  18. « […] dien vander retherycke over den eersten prijs gheordoneert bij Burgemeesteren en schepenen van scoonst te viere ter blijder compste van ons ghenadighen heer den co. uut spaengien 20 pond gr. […] », cité de Dixhoorn (van), Bref historique de la chambre Het Bloemken Jesse, dans le répertoire numérique des chambres de rhétorique des Pays-Bas septentrionaux, et là de Kesteloo 402, Wagenaar IV, 422.
  19. Lambrechtsen van Ritthem, p. 149-150.
  20. « De Spelen zijn de Camere van Rhetorica binnen Middelburg in Zeelant geschoncken vuyt Liefden by Mr Pieter Wilsens, notaris aldaer, de vii'en octobris 1582, jaar benoemde de raad een commissie, waarin onder andere de overdeken van het gilde, mr Pieter van der Baerse, secretaris van Middelburg, zitting had, om het spel van zinnen door te zien dat de kamer op Tweede Pinksterdag wilde spelen », Bibliothèque universitaire de Gand, G.1335.
  21. « […] gansche corpus der stad […] » ; cité de Lambrechtsen van Ritthem, p. 152-153.
  22. Lambrechtsen van Ritthem, p. 150.
  23. « […] als schijnende te komen uit weelde, en strekkende tot ontstigtinge, ligtvaardigheid en ongeregeldheid […] » ; cité de Lambrechtsen van Ritthem, p. 154.
  24. Lambrechtsen van Ritthem, p. 154.
  25. Lambrechtsen van Ritthem, p. 154-155.
  26. Lambrechtsen van Ritthem, p. 157.
  27. Dixhoorn (van), Lustige geesten, p. 259.
  28. Le facteur d'une chambre de rhétorique était son poète en titre ou dramaturge principal. Samuel Bollaert, né en 1619 à Middelbourg, descendait d'une bonne famille et appartenait à un réseau familial profondément enraciné dans la vie économique, politique et intellectuelle de la capitale de la Zélande. Du Bloemken Jesse, plusieurs de ses parents devinrent membres, dont, en 1613, Tobias Coorne (son beau-père) et, en 1640, également Cornelis Coorne. Voir : Dixhoorn (van), Lustige geesten, p. 181.
  29. Lambrechtsen van Ritthem, p. 160.
  30. Le landrecht était l'autorité compétente pour le droit coutumier d'une province.
  31. Lambrechtsen van Ritthem, p. 161.
  32. Dixhoorn (van), Lustige geesten, p. 62.
  33. Lambrechtsen van Ritthem, p. 162.

Sources[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Sur la littérature néerlandaise[modifier | modifier le code]

Sur les chambres de rhétorique[modifier | modifier le code]

Quelques chambres de rhétorique[modifier | modifier le code]

Lien externe[modifier | modifier le code]