Henry Clarke

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Henry Clarke
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Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 77 ans)
CannesVoir et modifier les données sur Wikidata
Période d'activité
Nom de naissance
Henry Reynolds ClarkeVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités

Henry Clarke est un photographe de mode américain né le à Los Angeles et mort à Cannes le [1],[2], surtout reconnu pour ces images publiées dans différentes éditions du magazine Vogue avec lesquelles il sera en contrat après la Seconde Guerre mondiale durant plusieurs décennies.

Biographie[modifier | modifier le code]

Henry Clarke est le fils d'immigrés irlandais installés en Californie. Après un premier travail d'étalagiste puis de responsable des vitrines dans des grands magasins de la côte Ouest[3], il décide de traverser les États-Unis pour rejoindre New York[4] où il va découvrir la photographie[5]. Il commence à travailler à la fin des années 1940 comme accessoiriste dans les studios photos de Vogue à New York[6] ; il côtoie Horst P. Horst, Irving Penn et Cecil Beaton[7]. Ce dernier photographiant Dorian Leigh donne goût à Henry Clarke de se consacrer à la photographie[6],[8]. Il apprend à se servir d'un Rolleiflex prêté par Claire Mallison la directrice du studio[5], et présente ses réalisations à Alexander Liberman[5]. Celui-ci l’envoie suivre des cours de photographie à l'université New School for Social Research, entre autres avec Alexey Brodovitch ; il commence à travailler pour la presse américaine[4] : dès 1948, ses premières photographies sont publiées dans Kaleidoscope of American Fashion[3], nouvelle et éphémère revue[5].

Paris[modifier | modifier le code]

Il s'installe à Paris après la Seconde Guerre mondiale, en 1949[8], aidé par Robert Randall qui lui fait découvrir le monde de la mode parisienne[5]. Tel William Klein, il sera surnommé « le plus parisien des photographes américains », et va renouveler, dès ses premières années de métier, le style de la photographie de mode d'après Guerre, au même titre que Richard Avedon et Irving Penn[4].

Depuis quelques années, Paris est redevenue la capitale de la mode et de la haute couture. Condé Nast souhaite donner à l'édition française tous les moyens de retrouver « une place de choix[9] ». Après quelques collaborations avec les magazines Fémina, l'Album du Figaro, et le Harper's Bazaar[4],[3] anglais[9], Henry Clarke obtient un contrat d'exclusivité avec les éditions Condé Nast[6]. Il travaillera pour trois éditions durant près de trente ans[9] : le Vogue France[note 1], au départ avec Michel de Brunhoff, Vogue US alors sous la responsabilité de Alexander Liberman, et le British Vogue. À l'apogée de sa carrière[3], il passera une partie de son contrat à la fin des années 1960 au Vogue américain, composée de plusieurs années de collaborations avec la rédactrice en chef Diana Vreeland. Les transports aériens sont en plein développement, le monde est plus facilement accessible. Certaines de ses publications de l'époque, réalisées dans divers endroits de la planète, souvent ensoleillés[11], peuvent aller jusqu'à 20 pages[6]. Ceci marquera le départ d'une longue tradition de photographies de mode réalisées partout dans le monde[9].

En 1973, Henry Clarke s'éloigne du domaine de la mode pour photographier de grandes demeures : ses images sont publiées dans le supplément féminin du Figaro Madame Figaro, Maison & Jardin, House & Garden, Connaissance des Arts, et Vogue Paris de nouveau.

Il est en activité jusqu'en 1991, et reçoit la « Médaille de vermeil » de la ville de Paris deux ans plus tard. Il meurt le , d'une leucémie[6] dans la région de Cannes. Il restera connu pour ses images de femmes élégantes, sophistiquées, raffinées, féminines[11] le plus souvent dans des décors simples ou minimalistes et en noir et blanc, ainsi que ses portraits de personnalités[6]. Le photographe fait don de l'ensemble de son œuvre personnelle, plusieurs milliers de documents[12], ainsi qu'un exemplaire du notable album, recueil d'illustrations, Les Choses de Paul Poiret vues par Georges Lepape[13] ; ses archives se trouvent au Musée Galliera à Paris[7].

Photographies notables[modifier | modifier le code]

Couturiers[modifier | modifier le code]

Durant sa carrière, il photographie les créations de couturiers tel Madeleine de Rauch, Jacques Griffe, Pucci[11] ou Cardin plus tard. À ses débuts, Balenciaga, en plein succès, est un couturier très présent dans les photographies d'Henry Clarke.

En 1950, Elsa Schiaparelli, Dior, ainsi que Balenciaga publié dans le numéro d'avril de L'Album du Figaro, magazine pour lequel il réalisera de nombreuses photos ; Balmain avec le mannequin français Bettina la même année. Il photographie de nouveau, pour le British Vogue, Bettina habillée en Lanvin, un portrait intitulé Chapeau plume pour Balenciaga en 1953, Jean Patou pour le Vogue français l'année suivante. Dorian Leigh dans une robe de Jacques Heim, sans doute l'une de ses photos les plus remarquée[4], puis Leigh en Givenchy durant l'année 1955, Madame Grès, le fameux tailleur Chanel la même année. Suivront plusieurs photos de Dovima habillée par Jacques Fath en 1956, Guy Laroche en 1958, Givenchy, et Dior encore, en 1959…

Dior toujours, Maggy Rouff, ou Nina Ricci en 1960, puis Suzy Parker et le tailleur Chanel pour le British Vogue de la même année, et Madame Grès une fois de plus en 1961.

Portraits[modifier | modifier le code]

Pour Vogue France, il fera les portraits de Sophia Loren, Anouk Aimée (1963 et 1965), ou Catherine Deneuve[11]. Mais également Cristobal Balenciaga en 1952, Anna Magnani, Coco Chanel en 1954, Sophia Loren, Carmen de Tommaso, Cayetana Fitz-James Stuart la duchesse d'Albe, Wallis Simpson la duchesse de Windsor, Marella Agnelli, Robin Duke, Maria Callas, et Veruschka pour le Vogue britannique de , Marisa Berenson en 1968 ou Monica Vitti pour le Vogue Paris de .

Vogue[modifier | modifier le code]

Durant les années 1950, les mannequins Capucine[14], Anne Saint-Marie[note 2], Suzy Parker, Fiona Campbell-Walter, Ivy Nicholson, Dovima, Bettina ou Victoire[15],[16] apparaissent régulièrement sur les photographies de Clarke[11],[5]. Il signe, entre autres, les couverture de [note 3], septembre, octobre, et de Vogue.

En Italie, il réalise pour le numéro de la photo de la comtesse Volpi avec un guépard en laisse[8]. Twiggy est en couverture en France du numéro de de Vogue[17],[18]. Il photographie en à Saint-Jean-Cap-Ferrat Elizabeth Taylor et Richard Burton[8], puis Benedetta Barzini en 1968 pour le Vogue américain. Il fait encore une couverture pour Vogue en .

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. L'édition française de Vogue prend le nom de « Vogue Paris » en 1968 ; avant cette date, elle est communément appelée « Vogue France »[10].
  2. Au milieu des années 1950, Anne Saint-Marie envoie un télégramme à Clarke : « Mon photographe préféré me manque, je n'arrive pas à travailler avec un autre. »[9]
  3. Les couvertures du Vogue français de juillet 1954, octobre 1955, et mai 1967, sont reprises dans l'ouvrage Paris Vogue Cover respectivement page 50, 62, et 179[10].

Références[modifier | modifier le code]

  1. État civil sur le fichier des personnes décédées en France depuis 1970
  2. Mort du photographe Henry Clarke., Libération.
  3. a b c et d Nathalie Herschdorfer (trad. de l'anglais, préf. Todd Brandow), Papier glacé : un siècle de photographie de mode chez Condé Nast, Paris, Thames & Hudson, , 296 p. (ISBN 978-2-87811-393-8), « Biographies des photographes », p. 289
  4. a b c d et e (en) Val Williams, « Obituary: Henry Clarke », People, sur independent.co.uk, The Independent, (consulté le )
  5. a b c d e et f Dictionnaire mondial de la Photographie, Paris, Larousse, , 766 p. (ISBN 2-03-750014-9, lire en ligne), « Clarke Henry - photographe américain », p. 130

    « Avec la complicité des grands mannequins comme Suzy Parker, Capucine, Bettina, Ann Saint-Marie, etc., il traduit admirablement l'élégance de la femme « moderne », celle qui est jeune, vivace, insouciante et prête à séduire. »

  6. a b c d e et f (en) Enid Nemy, « Henry Clarke, 77, Photographer Of High Fashion for Magazines », sur nytimes.com, The New York Times, (consulté le )
  7. a et b Musée Galliera, « Henry Clarke, photographe de mode », Loisirs, sur paris.fr, Mairie de Paris (consulté le )
  8. a b c et d Brigitte Ollier, « Mort du photographe Henry Clarke », Culture, sur libération.fr, Libération, (consulté le ) : « C'était un homme discret, moins extraverti que ses collègues de l'époque loufoque du magazine Vogue, dont il rejoignit l'équipe grâce à Alexander Liberman, l'impérial directeur artistique »
  9. a b c d et e Nathalie Herschdorfer (trad. de l'anglais, préf. Todd Brandow), Papier glacé : un siècle de photographie de mode chez Condé Nast, Paris, Thames & Hudson, , 296 p. (ISBN 978-2-87811-393-8), p. 135 à 143
  10. a et b (en) Sonia Rachline, Paris Vogue covers 1920-2009, New York, Thames & Hudson, , 207 p. (ISBN 978-0-500-51513-6, présentation en ligne)
  11. a b c d et e Laurence Bagot, « Henry Clarke », sur photophiles.com, (consulté le ) : « Il s'affirme comme le témoin évident de son époque, tout en faisant preuve d'une grande modernité avec ses sujets. C'est un photographe de mode tout en étant créateur et initiateur de cette discipline. »
  12. Musée Galliera, « Le fonds Henry Clarke (1918-1996) », sur paris.fr, Mairie de Paris (consulté le )
  13. Olivier Saillard et Anne Zazzo (préf. Bertrand Delanoë), Paris Haute Couture, Paris, Skira, , 287 p. (ISBN 978-2-08-128605-4), « Galatée 1910 », p. 86
  14. Jean-Noël Liaut, Modèles et mannequins : 1945 - 1965, Paris, Filipacchi, , 220 p. (ISBN 978-2-85018-341-6, BNF 35660421), « Capucine », p. 76

    « elle [Capucine] travaillait, entre deux séances de studio, avec les photographes de mode les plus prestigieux, d'Henry Clarke, avec qui elle fit sa première couverture pour le Vogue France […] »

  15. Jean-Noël Liaut, Modèles et mannequins : 1945 - 1965, Paris, Filipacchi, , 220 p. (ISBN 978-2-85018-341-6, BNF 35660421, présentation en ligne), « Victoire », p. 187

    « […] c'est ainsi qu'on la [Victoire] vit beaucoup dans les pages de « Vogue », « Bazaar » ou « Elle » face à l'objectif d'Henry Clarke, d'Hiro, ou de William Klein. »

  16. Victoire Doutreleau, Et Dior créa Victoire, Paris, Robert Laffont, , 332 p. (ISBN 2-221-08514-0), chap. 17, p. 223

    « J'étais au studio de Vogue, assise au miroir de la pièce à maquillage. J'attendais de poser pour Henry Clarke. »

  17. [image] « Photo de Henry Clarke - mai 1967 », sur pixelcreation.fr (consulté le )
  18. « Twiggy », sur vogue.fr, Condé Nast (consulté le ) : « L’année d’après, elle pose en couverture du Vogue Paris immortalisée par Henry Clarke. Son visage de baby doll aux yeux immenses émeut de Tokyo à New York »

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Bibliographie connexe[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]