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Georges Oltramare

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Georges Albert Oltramare
Nom de naissance Georges Albert Oltramare
Alias
Charles Dieudonné
Naissance
Le Petit-Saconnex, Suisse
Décès (à 64 ans)
Genève, Suisse
Nationalité Drapeau de la Suisse Suisse
Pays de résidence Drapeau de la Suisse Suisse, Drapeau de la France France, Drapeau de l'Espagne Espagne, Drapeau de l'Égypte Égypte
Profession
Autres activités
Formation
Conjoint
Marcelle-Juliette Pictet de Rochemont.

Georges Albert Oltramare est aussi connu en France sous le pseudonyme de « Charles Dieudonné ». Né le 17 avril 1896 au Petit-Saconnex, ce dernier meurt le 16 août 1960 à Genève. D'origine suisse, Georges Oltramare endosse plusieurs rôles dont ceux de journaliste, écrivain ou militant fasciste et ultra de la collaboration en France durant l'occupation du pays par les forces armées du Troisième Reich.

Biographie

Il naît dans une famille aisée originaire de Gênes et réfugiée à Genève. Fils d'un professeur d'université, Jean-Paul Oltramare, doyen de la faculté des lettres de l'université de Genève et de Berthe Carteret, fille du conseiller d'État Antoine Carteret.

Il épouse en 1925 Marcelle-Juliette Pictet de Rochemont, issue d'une famille genevoise distinguée, puis en secondes noces Olga-Anna de Donici.

Univers littéraire

Au Collège de Genève il se lie d'une amitié profonde avec Marc Dufaux, auquel il va succéder à la direction de la Revue des Idées après sa mort en 1918[1]. En 1916, il part pour Bucarest où il devient précepteur de l'un des enfants du prince Ghica et, de la Roumanie en guerre, il envoie des articles au Journal de Genève. Rentré à Genève en 1917, il collabore au journal La Suisse, où il publie ses billets hebdomadaires qu'il signe G.O. qui se transformera en Géo. En avril 1918, il donne sa première conférence sur Jules Laforgue à l'Athénée, en 1919, ayant obtenu une demi-licence en droit, il quitte les études à la Faculté de droit de l’université de Genève pour se consacrer à l'écriture et il donne à la Comédie une revue écrite en collaboration avec René-Louis Piachaud et, en 1920, est jouée sa comédie Le Rat d'Hôtel. En 1921 il donne au Théâtre Pitoëff une conférence sur Oscar Wilde et il travaille au secrétariat de la Société des Nations, dont il devient rédacteur du Journal Officiel en 1922. Mais, ayant publié sous le manteau un très vif pamphlet contre la Société des Nations, il perd sa place. En 1923, il part pour La Haye, où il va travailler comme procès-verbaliste à la conférence des Juristes chargés de réviser les lois de la guerre. À son retour, le journal La Suisse le licencie en raison de la virulence de ses articles antisémites. En réaction, il lance en 1923 son propre journal satirique, Le Pilori, qui atteindra les 20 000 exemplaires et dans lequel il s'en prend aux juifs, aux politiciens et aux « affairistes ».

Il participe également à plusieurs revues littéraires. Il écrit des poèmes libertins comme À mi-corps et publie des pièces de théâtre[2] dont L'escalier de service[3] qui est jouée au Théâtre Michel à Paris. En 1925, il reçoit le prix de la Fondation Schiller pour sa pièce Don Juan ou la Solitude qui est jouée au Théâtre de l'Œuvre à Paris.

Avec Michel Simon, il fait partie de la première troupe de théâtre de Georges Pitoëff installée à Genève en 1915. Il apparait sous le nom de scène d'André Soral dans trois films[4] dont deux d'un proche, le réalisateur Jean Choux, qui réalisera sous l'Occupation des films d'inspiration vichyste.

Activités politiques en Suisse

Monument commémorant les morts de la fusillade du 9 novembre 1932.

En 1930, il se lance dans la politique en se présentant aux élections cantonales genevoises qu'il perd. En décembre de la même année, il crée son propre parti d'idéologie fasciste, l'Ordre politique national. Ce dernier fusionne le 24 juin 1932 avec l'Union de défense économique, autre parti genevois proche du patronat, pour former l'Union Nationale, dont Oltramare devient le chef unique à partir de 1934 et dont Le Pilori devient l'organe officiel.

L'Union Nationale épouse les thèses fascistes d'un régime fort, le corporatisme au niveau économique et la lutte contre le marxisme et les juifs. Elle a pour devise « une doctrine, une foi, un chef ». Son organisation est militaire avec un cérémonial et une discipline fasciste et le parti compte jusqu'à 2 000 membres en 1937. Ses militants défilent dans les rues de Genève en uniforme (béret basque et chemise grise) au son d'une clique.

Le 9 novembre 1932, l'Union Nationale met en accusation publique à la salle communale de Plainpalais deux dirigeants socialistes : Léon Nicole et Jacques Dicker. Une contre-manifestation est organisée par les militants de gauche. Pour maintenir l'ordre, le gouvernement genevois fait intervenir les recrues de l'école d'infanterie de Lausanne. Certains des soldats ouvrent le feu sur la foule des manifestants faisant 13 morts et 65 blessés. Le gouvernement dominé par la droite, à qui l'Union Nationale assure une majorité au Grand Conseil et qui y est représentée par Edmond Turrettini, intervient pour que Nicole et d'autres socialistes soient inculpés pour ces troubles. Condamné, Nicole est pourtant élu six mois plus tard, à sa sortie de prison, au gouvernement.

En 1934, avec le lancement de l'Initiative Fonjallaz, Oltramare s'attaque à la franc-maçonnerie, qu'il veut faire interdire en Suisse. En 1935, Georges Oltramare est élu au Conseil national pour un mandat de quatre ans. Il est alors surnommé « Le petit Duce de Genève ». À la mi-décembre 1935, il assiste au congrès fasciste de Montreux, avec d'autres leaders tels que Ante Pavelić, Léon Degrelle et José Antonio Primo de Rivera. En 1936, l'Union Nationale obtient dix sièges au Grand Conseil genevois et Nicole abandonne le gouvernement. Oltramare bénéficie de l'aide et des subsides du dictateur italien Benito Mussolini qui le reçoit en mai 1937 à Rome avec un groupe de militants. En 1938, il se rallie au nazisme. Après l'échec d'un projet de fusion entre l'Union nationale et le Parti démocratique (par la suite Parti libéral, puis après fusion Parti libéral-radical) genevois, Oltramare quitte en 1939 son mouvement qui périclite.

Activités politiques en France

En juin 1940, à la demande d'Otto Abetz, il s'installe en France où il dirige, sous le pseudonyme de Charles Dieudonné, le journal La France au travail (futur La France socialiste) qu'il quitte courant 1941 pour animer à Radio Paris plusieurs émissions comme Au rythme du temps, Les juifs contre la France (cabaret antisémite) et Un neutre vous parle, une chronique personnelle.

Le 20 mars 1942, il assiste à l'Écu de France au déjeuner organisé par l'Association des journalistes antijuifs (AJA) dont le président d'honneur est Jean Drault pour célébrer le cinquantième anniversaire du premier numéro de La Libre Parole d'Édouard Drumont. Céline, Pierre-Antoine Cousteau, Henry Coston, Jean Hérold-Paquis, Jacques Dyssord, Robert Denoël et Titaÿna sont également présents à cet évènement.

D'après Patrice Miannay[5], il aurait émargé sur les fonds de l'ambassade d'Allemagne et aurait été un agent de l'Abwehr.

Après-guerre

En septembre 1944, il fuit à Sigmaringen. Arrêté par des troupes alliées, il est extradé vers la Suisse où, le 21 avril 1945, il est inculpé pour atteinte à la sûreté de l'État et à l'indépendance de la Confédération suisse. Sur l'intervention de ses amis et de sa famille, il est relâché en 1946 mais interdit de publier des journaux.

Il est à nouveau inculpé en 1947 et condamné avec Arthur Fonjallaz à trois ans de prison et cinq ans de privation de droits civiques par la Cour pénale fédérale pour son activité d’agent stipendié du Troisième Reich allemand et d’exécuteur docile de la propagande allemande contre la Suisse. De plus la Cour pénale précise dans sa condamnation le caractère particulièrement haineux des attaques contre la Suisse et la bassesse de caractère manifestée en devenant agent des services d’espionnage allemands.

Le 12 janvier 1950, la cour de justice de la Seine le condamne à mort par contumace. Il partage la fin de sa vie entre l'Espagne franquiste et l'Égypte où il est employé comme speaker à la Voix des Arabes. En 1956, il publie ses souvenirs par une suite de billets et de portraits des personnalités politiques ou littéraires qu'il a rencontrées sous le titre Les souvenirs nous vengent. Il y égrène aussi ses succès féminins. Malgré son interdiction, en 1958, il relance Le Pilori et confie des articles à un journal d'extrême droite appelé L'Europe réelle. En 1960, année de sa mort, il publie son dernier ouvrage, un recueil de 20 poèmes érotiques, sous le titre Limbes et lombes sous le pseudonyme de Tancrède Pisan.

Décorations

Officier de l'Ordre des Saints-Maurice-et-Lazare (1936)[6]

Publications

  • Sans laisser de traces..., Genève, éditions A. Ciana,
  • Don Juan ou la solitude, Genève, Les beaux livres de l'édition indépendante,
  • Divertissements, Genève, sociétés d’éditions indépendantes,
  • L’amour en Suisse romande, Lausanne, René et ses Amis,
    Coécrit avec M. Porta et R. Fonjallaz
  • Dans le Vieux Faubourg, Genève, Comptoir de librairie,
    Onze sonnets illustrés
  • Les souvenirs nous vengent, Genève, L’Autre Son de Cloche,
    Réédité en 2000 par Déterna dans la collection Documents pour l'Histoire
  • Limbes et Lombes,

Bibliographie

  • Georges Oltramare, l'homme, qui, demain…, Éditions de l'Arbalète, Genève, s.d. [1938]

Notes et références

  1. Georges Oltramare, l'homme, qui, demain..., Éditions de l'Arbalète, Genève, s.d., p. 11.
  2. Parmi ses titres figurent Ménage à trois, Sans laisser de trace et Le rat d'Hôtel.
  3. Georges Oltramare, L'Escalier de service, éd. de l'Illustration, Paris, 1929.
  4. Le Baiser qui tue (1927), Chacun porte sa croix et Un soir au cocktail's bar (1929).
  5. Patrice Miannay, Dictionnaire des agents doubles dans la Résistance, éd. Le Cherche Midi.
  6. Georges Oltramare, l'homme, qui, demain..., Éditions de l'Arbalète, Genève, s.d., p. 143.

Liens externes