Fête nationale française
Fête nationale française | |
Feu d'artifice du devant la tour Eiffel. | |
Observé par | France |
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Type | Fête nationale |
Signification | Commémoration de la prise de la Bastille en 1789 et de la fête de la Fédération de 1790 |
Date | 14 juillet |
Célébrations | Défilés militaires, feux d'artifice, bals, concerts |
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La fête nationale française, également appelée 14 Juillet[N 1], est la fête nationale et un jour férié en France.
Elle est instituée par la loi Raspail[1] du (« La République adopte le 14 Juillet comme jour de fête nationale annuelle »), qui ne mentionne pas quel évènement est commémoré[2] : la prise de la Bastille du , symbole de la fin de la monarchie absolue[2],[3], ou la Fête de la Fédération de 1790[4], symbole de l'union de la Nation et premier anniversaire de la prise de la Bastille ; tous deux étant des symboles de la Révolution Française.
Historique
[modifier | modifier le code]Fêtes nationales et autres fêtes organisées par les régimes avant 1880
[modifier | modifier le code]Le 14 juillet 1790 a lieu la Fête de la Fédération. C'est l'une des nombreuses fêtes révolutionnaires.
La « fête de la fondation de la République » est célébrée le 1er vendémiaire de chaque année (22, 23 ou 24 septembre), de 1793 jusqu'en 1803. On cesse alors de célébrer la Saint-Louis (25 août) en l'honneur du roi.
Le premier consul Napoléon Bonaparte abandonne la fête de la Fédération (appelée fête de la Concorde) à partir de 1804, ne conservant que des célébrations honorant sa seule personne : fête du couronnement impérial le 2 décembre, Saint-Napoléon instituée le 15 août par le décret du 19 février 1806[5]. Le 14 juillet, fête subversive, n'est plus commémorée autrement que dans des célébrations clandestines de 1804 à 1848[6].
En 1849, une fête nationale est célébrée le 4 mai, jour anniversaire de la proclamation ou ratification de la République par l'Assemblée nationale constituante[7].
À partir de 1852, Napoléon III restaure la Saint-Napoléon.
À la suite de la guerre franco-allemande de 1870, la fête nationale tend à commémorer une nation amputée de l'Alsace-Lorraine, la Troisième République préparant ainsi les esprits à un désir de revanche et pour ce faire à exalter l'armée de la nation lors d'un défilé militaire[8].
Le 30 juin 1878, une fête nationale a lieu durant l'Exposition universelle.
Instauration comme fête nationale
[modifier | modifier le code]Autre(s) nom(s) | Loi Raspail[1] |
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Titre | Loi ayant pour objet l'établissement d'un jour de fête nationale annuelle |
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Pays | France |
Langue(s) officielle(s) | français |
Type | loi ordinaire |
Régime | IIIe République |
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Présidence | Jules Grévy |
Législature | IIe |
Gouvernement | Freycinet (1) |
Promulgation | [9] |
Publication | [9] |
En 1879, la IIIe République naissante cherche une date pour servir de support à une fête nationale et républicaine. Après que d'autres dates ont été envisagées[10], le député Benjamin Raspail dépose le une proposition de loi tendant à adopter le 14 juillet comme jour de fête nationale annuelle. Si le 14 juillet 1789 (prise de la Bastille) est jugé par certains parlementaires comme une journée trop sanglante, la Fête de la Fédération du 14 juillet 1790, elle, permet d'atteindre un consensus[2]. Cette date « à double acception »[11] permet d'unir tous les républicains.
La loi, signée par 64 députés, est adoptée par la Chambre des députés le 8 juin et par le Sénat le 29 juin. Elle est promulguée le et précise simplement que « La République adopte le 14 juillet comme jour de fête nationale annuelle »[2], sans indiquer quel est l'évènement ainsi commémoré.
La lecture du rapport de séance du Sénat du [2] établissant cette fête nationale éclaire le débat sous-jacent concernant l'évènement effectivement commémoré le 14 juillet :
« M. le rapporteur (Henri Martin) : - Il y a eu ensuite, au 14 juillet 1789, il y a eu du sang versé, quelques actes déplorables ; mais, hélas ! dans tous les grands événements de l’histoire, les progrès ont été jusqu’ici achetés par bien des douleurs, par bien du sang. Espérons qu’il n’en sera plus ainsi dans l’avenir (« très bien » à gauche, interruptions à droite).
À droite : - Oui, espérons !
M. Hervé de Saisy : - Nous n’en sommes pas bien sûrs !
M. le rapporteur : - Nous avons le droit de l’espérer. Mais n’oubliez pas que, derrière ce 14 juillet, où la victoire de l’ère nouvelle sur l’ancien régime fut achetée par une lutte armée, n’oubliez pas qu’après la journée du 14 juillet 1789 il y a eu la journée du (« très-bien ! » à gauche).
Cette journée-là, vous ne lui reprocherez pas d’avoir versé une goutte de sang, d’avoir jeté la division à un degré quelconque dans le pays, Elle a été la consécration de l’unité de la France. Oui, elle a consacré ce que l’ancienne royauté avait préparé. L’ancienne royauté avait fait pour ainsi dire le corps de la France, et nous ne l’avons pas oublié ; la Révolution, ce jour-là, le 14 juillet 1790, a fait, je ne veux pas dire l’âme de la France – personne que Dieu n’a fait l’âme de la France – mais la Révolution a donné à la France conscience d’elle-même (« très-bien ! » sur les mêmes bancs) ; elle a révélé à elle-même l’âme de la France. »
Un peu plus loin, le rapport du Sénat, préalable à l'adoption de la proposition de loi, fait également référence au 14 juillet 1790 :
« Mais, à ceux de nos collègues que des souvenirs tragiques feraient hésiter, rappelons que le 14 juillet 1789, ce 14 juillet qui vit prendre la Bastille, fut suivi d’un autre 14 juillet, celui de 1790, qui consacra le premier par l’adhésion de la France entière, d’après l’initiative de Bordeaux et de la Bretagne. Cette seconde journée du 14 juillet, qui n’a coûté ni une goutte de sang ni une larme, cette journée de la Grande Fédération, nous espérons qu’aucun de vous ne refusera de se joindre à nous pour la renouveler et la perpétuer, comme le symbole de l’union fraternelle de toutes les parties de la France et de tous les citoyens français dans la liberté et l’égalité. Le 14 juillet 1790 est le plus beau jour de l’histoire de France, et peut-être de toute l’histoire. C’est en ce jour qu’a été enfin accomplie l’unité nationale, préparée par les efforts de tant de générations et de tant de grands hommes, auxquels la postérité garde un souvenir reconnaissant. Fédération, ce jour-là, a signifié unité volontaire. »
Célébrations et notoriété
[modifier | modifier le code]Défilé militaire
[modifier | modifier le code]Un défilé militaire a lieu chaque sur les Champs-Élysées de Paris. Son départ a lieu généralement à 10 heures juste après le passage de la Patrouille de France et la revue des différents corps armés par le président de la République. D'autres défilés ou des cérémonies militaires ont lieu dans la plupart des grandes communes françaises. À Lyon, le défilé a traditionnellement lieu le .
Les feux d'artifice
[modifier | modifier le code]Ces spectacles nocturnes prennent place autour de sites dégagés au sein des villes, comme des esplanades, des parcs ou des cours d'eau. Malgré leur coût parfois élevé, les feux d'artifice sont des spectacles très appréciés de la population. Le feu d'artifice peut être tiré la veille au soir ().
Ces spectacles pyrotechniques « son et lumière » font de la France un haut lieu du feu d'artifice, où des compétitions de spectacles pyrotechniques sont organisées toute l'année.
Le spectacle pyrotechnique de Paris se déroule aux alentours de la tour Eiffel. Le feu est tiré depuis le Trocadéro, le pont d'Iéna, et la tour Eiffel même. Le spectacle a acquis une certaine notoriété au fil du temps et attire chaque année entre 500 000 et 1 000 000 de spectateurs.
Bals populaires
[modifier | modifier le code]De nombreux bals sont organisés dans le pays, notamment des bals musette ou des bals des pompiers. Souvent, le bal a lieu le 13 juillet, veille de jour férié, ce qui permet d'aller travailler le 15 juillet tôt le matin. On parle alors de « bal de la veille du 14 juillet ».
Il existe trois types principaux de bals ; le groupe traditionnel ou fanfare (appelée banda dans le sud du pays), le bal musette, qui était tombé en désuétude entre les années 1970 et les années 2010, ou enfin, les plus courants, des bals organisés par des orchestres itinérants spécialisés dans les fêtes de village.
Œuvres d'art
[modifier | modifier le code]Plusieurs artistes ont été inspirés par la fête nationale française. En 1873, Alfred Sisley peint lors des festivités du 14 juillet La Seine au Point-du-Jour, 14 juillet près de la porte de Saint-Cloud[12].
En 1875, le même artiste peint Jour de Fête à Marly-le-Roi, précédemment appelé 14 Juillet à Marly-le-Roi[13]. On lui a donné « le tableau d'or », un prix que les peintres pouvaient gagner.
La fête organisée en 1878 à l'occasion de l'Exposition universelle est immortalisée par plusieurs toiles de Claude Monet (La Rue Montorgueil à Paris. Fête du 30 juin 1878.) et d'Édouard Manet (La Rue Mosnier aux drapeaux.).
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La Rue Montorgueil, fête nationale du 30 juin 1878, par Claude Monet, 1878.
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14-Juillet, rue Daunou par Childe Hassam, 1910.
Décalage de date
[modifier | modifier le code]Viriat, situé dans le département de l'Ain au nord de Bourg-en-Bresse, fête le 14 juillet le premier dimanche du mois d'août depuis un arrêté municipal de 1880, afin de ne pas perturber les fenaisons[14],[15].
Galerie
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La prise de la Bastille.
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Fête de la Fédération, le 14 juillet 1790 au Champ de Mars.
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Champs-Élysées le 14 juillet.
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Feu d'artifice sur la tour Eiffel.
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Défilé militaire sur l'Axe historique de Paris.
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De nombreuses villes françaises (ici Tours) organisent un bal le soir du 13 ou du 14.
Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]- Le terme peut s'écrire « 14-Juillet » avec trait d'union (écriture des dates historiques selon Jean-Pierre Colignon, La majuscule, c’est capital !, Albin Michel, collection « Les Dicos d’or de Bernard Pivot », 2005, 214 pages (ISBN 2-226-14389-0), p. 84) ou « 14 Juillet » sans trait d'union (Typographie des fêtes civiles et religieuses, Lexique des règles typographiques en usage à l'Imprimerie nationale, 2007 (ISBN 978-2-7433-0482-9), p. 81). Selon Serge Aslanoff, « Dans la pratique française, le nom du mois a souvent une majuscule, que le quantième soit en chiffres ou en lettres ; les codes ne sont pas unanimes sur la présence du trait d’union » (Manuel typographique du russiste, Institut d’études slaves, Paris, 1986, 255 pages (ISBN 2-7204-0225-7), p. 181).
Références
[modifier | modifier le code]- Garrigues 2012, p. 39.
- « Tout savoir sur le 14 Juillet - La fête nationale », sur 14juillet.senat.fr (version du sur Internet Archive).
- Voir Jean Favier, audition à l'Assemblée nationale : « le 14 juillet […] n’est pas la date de la prise de la Bastille mais celle de la fête de la Fédération et donc de la monarchie constitutionnelle ». En revanche, Christian Amalvi, dans Les lieux de mémoire (article « Le 14-Juillet »), indique que « la fête nationale que l'on célèbre en 1880 ne commémore pas seulement le 14 juillet 1789 ; c'est une date bicéphale qui renvoie simultanément à la prise de la Bastille et à la fête de la Fédération : le second événement permet de conjurer, par son aspect national et œcuménique, le caractère violent et sanglant du premier, et de rassurer à bon compte les modérés. Cependant, pour les vrais républicains, c'est d'abord et avant tout au 14 juillet 1789, en dépit des excès sanglants commis par le peuple ce jour-là, que la fête nationale rend hommage ».
- SCÉRÉN-CNDP, « Le 14 juillet 1790, la fête de la Fédération », sur www.cndp.fr, (consulté le ).
- Rémi Dalisson, Célébrer la nation. Les fêtes nationales en France de 1789 à nos jours, Nouveau Monde, , p. 70.
- Pascal Dupuy, La fête de la Fédération, Publications des universités de Rouen et du Havre, , p. 140-144.
- Maurice Agulhon, Marianne au Combat, p. 130.
- Franck Ferrand, « Que fête-t-on le 14 juillet ? », émission L'ombre d'un doute sur France 3, 11 juillet 2012.
- L. .
- Le 15 juillet correspondant à la Saint-Henri pour les partisans d'Henri d'Orléans, 5 mai pour l'ouverture des états généraux en 1789, 21 janvier pour la mort de Louis XVI, 20 juin pour le serment du Jeu de paume, etc.
- « La fête nationale du 14 juillet », sur elysee.fr (version du sur Internet Archive).
- François Daulte, Alfred Sisley, Diffusion Princesse, 1974, p. 26 : « La Seine au Point-du-Jour, 14 juillet, 1873 - Huile sur toile, 38 X 46 cm A.M. Walter H. Salomon, Londres ».
- « Fete Day at Marly le Roi (The Fourteenth of July at Marly le Roi), 1875 - Alfred Sisley - WikiArt.org », sur www.wikiart.org (consulté le ).
- « Patrimoine », sur viriat.fr (version du sur Internet Archive).
- « Bal populaire, feu d'artifice le 07 août 2011 »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur viriat.fr.
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Textes officiels
[modifier | modifier le code]- Discussion du projet de loi ayant pour objet l'établissement d'une fête nationale, dans Annales du Sénat et de la Chambre des députés, t. IX, Sénat, séance du , p. 110-124.
- [L. ] Loi du ayant pour objet l'établissement d'un jour de fête nationale annuelle, dans Journal officiel de la République française, vol. 12e an., no 185, , part. offic., lois, texte no 1, p. 7681, col. 1-2.
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Remi Dalisson, Célébrer la nation, les fêtes nationales en France de 1789 à nos jours, Paris, Nouveau monde éditions, 2009.
- Christian Amalvi, « Le 14-Juillet », Pierre Nora (dir), Les lieux de mémoire, t . 1 « La République », Paris, Gallimard, 1996.
- [Académie française 2000] Académie française (avant-propos de Maurice Druon), Dictionnaire de l'Académie française, t. II : Éoc – Map, Paris, A. Fayard et Imprimerie nationale, , 9e éd., 594 p. (ISBN 2-213-60790-7 et 2-7433-0398-0, OCLC 45699294, BNF 37210743, SUDOC 054356776).
- [Bois 1991] Jean-Pierre Bois, Histoire des 14 Juillet : 1789-1919, Rennes, Ouest-France Université, coll. « De mémoire d'homme : l'histoire », , 281 p. (ISBN 2-7373-0658-2, OCLC 299434860, BNF 35469255, SUDOC 002393336).
- [Garrigues 2012] Jean Garrigues, « Existe-t-il un « modèle » républicain ? : l'exemple de la IIIe République en France », dans Luis P. Martin, Jean-Paul Pellegrinetti et Jérémy Guedj (dir.), La République en Méditerranée : diffusions, espaces et cultures républicaines en France, Italie et Espagne (XVIIIe – XXe siècles) (acte du colloque organisé les 1 et ), Paris, L'Harmattan, coll. « Cliopolis », , 387 p. (lire en ligne), p. 34-45.
- [Ozouf 1980] Mona Ouzouf, « Le premier 14 Juillet de la République : 1880 », L'Histoire, no 25, (lire en ligne, consulté le ).
- [Richard 2011] Bernard Richard (préf. Alain Corbin), « La 14 Juillet, fête nationale, et ses divers concurrents, à droite et à gauche », dans Les emblèmes de la République, Paris, CNRS Éditions, (réimpr. 2012), 430 p. (ISBN 978-2-271-07299-3, OCLC 800994648, BNF 42591902, SUDOC 158416945, lire en ligne), chap. VII.
- [Sanson 1976] Rosemonde Sanson, Les 14 juillet : fête et conscience nationale (1789-1975), Paris, Flammarion, coll. « La tradition et le quotidien », , 220 p. (ISBN 2-08-210903-8, OCLC 299346320, BNF 34693273, SUDOC 000547859).
Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
[modifier | modifier le code]- Le , naissance d'une fête nationale, sur le site du réseau Canopé.
- La fête nationale du , sur le site officiel de la présidence de la République française.
- Le , jour de Fête nationale depuis , sur le site officiel du Gouvernement de la République française.
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :