François de France (1555-1584)

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 21 mars 2020 à 14:14 et modifiée en dernier par CodexBot (discuter | contributions). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.
François de France
Description de cette image, également commentée ci-après
François d'Alençon par Nicholas Hilliard.

Titre

Héritier présomptif du trône de France


(10 ans et 11 jours)

Prédécesseur Henri de France, duc d'Anjou
Successeur Henri III de Navarre
Biographie
Titulature Duc d'Alençon
Duc d'Anjou
Comte de Touraine
Duc de Brabant
Duc de Château-Thierry
Dynastie Valois-Angoulême
Naissance
Fontainebleau (France)
Décès (à 29 ans)
Château-Thierry (France)
Sépulture Nécropole de Saint-Denis
Père Henri II
Mère Catherine de Médicis
Fratrie Henri III
Religion Catholicisme

Description de l'image Blason duche fr Anjou (moderne).svg.

François de France (né au château de Fontainebleau le 18 mars 1555, mort à Château-Thierry le (à 29 ans) et inhumé en l'église de l'abbaye royale de Saint-Denis), duc d'Alençon, d'Anjou, de Touraine, de Brabant et de Château-Thierry, est le dernier fils d'Henri II et de Catherine de Médicis.

À la tête du parti des Malcontents, François joua un rôle politique particulièrement important dans la France des années 1570. Il provoqua des troubles à la cour de son frère Henri III et participa aux sixième et septième guerres de religion.

Dans le cadre de la guerre d'indépendance contre l'Espagne, il fut appelé à devenir le nouveau souverain des Pays-Bas. Prétendant de la reine Élisabeth Ire d'Angleterre de 1572 à sa mort, il ne se maria jamais.

Il meurt de la tuberculose le à Château-Thierry. Sa mort eut d'importantes répercussions politiques : le roi Henri III demeurant toujours sans descendance à cette date, la disparition du duc d'Anjou permit au protestant Henri de Navarre (futur Henri IV) de devenir l'héritier direct de la couronne de France. La perspective d'un roi huguenot favorise dès lors un renouveau du radicalisme catholique (la seconde Ligue) et finit par déclencher la huitième guerre de religion.

Le Malcontent

Portrait du jeune François, enfant.

Presque nain à la naissance, François fut pourtant baptisé Hercule et reçut pour parrains le cardinal Louis de Lorraine et le connétable de France Anne de Montmorency, et pour marraine, la duchesse de Ferrare Anne d'Este. On le débarrassa ensuite de ce prénom après la mort de son frère aîné le roi François II en 1560. Il est le dernier né de la famille royale et souffre des grands égards qu'on porte à son frère aîné, le duc d'Anjou (le futur Henri III).

François est un prince revêche, taciturne et ambitieux. Il jalouse à l'extrême son frère Henri, à l'ombre duquel il a grandi. Étant jeune, François a été gravement touché par la petite vérole et son visage en demeure durement marqué. Il est, selon Henri de La Tour, « l’un des plus laids hommes qui se voyaient ». Tout l'oppose à son frère : la physionomie, l'allure et le caractère. François ne reçoit pas de sa mère Catherine de Médicis autant de responsabilité que le duc d'Anjou. Mais dès 1569, il est chargé du gouvernement de la ville de Paris en l'absence du roi. Toutefois la reine-mère Catherine ne lui fait guère confiance, et François en conçoit du dépit.

François de France (1572).

Tout comme son frère le roi Henri III, il s'entoure de mignons dont le plus connu est Bussy d'Amboise, mais contrairement au roi, il ne s'avère pas toujours fidèle en amitié et prêt à trahir certains d'entre eux si le besoin s'en faisait sentir.

En 1571, l'échec des négociations pour marier le duc d'Anjou avec la reine d'Angleterre Élisabeth pousse Catherine de Médicis à proposer son fils François, bien que celui-ci, âgé de 16 ans, soit de 22 ans le cadet de la souveraine britannique. C'est à cette époque que commence la carrière politique de François[1].

Après le massacre de la Saint-Barthélemy en 1572, François devient le point de ralliement des Malcontents qui s'élèvent à la cour contre le renforcement de l'autorité royale. Il prend peu à peu conscience du rôle qu'il peut jouer dans la politique du royaume. Lors du siège de la Rochelle, François, 18 ans, marque son opposition au duc d'Anjou, 22 ans, qui conduit le siège et se lie d'amitié avec son beau-frère, le roi Henri III de Navarre (le futur Henri IV), époux de sa sœur Marguerite, 21 ans.

Après le départ du duc d'Anjou pour la Pologne où il avait été élu roi, François espère succéder comme roi de France à Charles IX, 23 ans, dont la santé se détériore de jour en jour et qui n'a qu'une fille de son mariage avec Élisabeth d'Autriche. Avec Henri de Navarre, il met en place le complot dit des Malcontents, pour s'imposer comme successeur à la place de son frère Henri. Catherine de Médicis parvient à déjouer la conspiration et François est arrêté. Henri, devenu roi, lui pardonne, mais son jeune frère demeurera retenu à la cour sous surveillance.

Le frère rebelle

En 1575, François continue d'être à la cour le chef du parti d'opposition. Il subit les brimades et les moqueries dont il fait l'objet de la part des mignons de son frère. Catherine de Médicis tente de calmer le jeu mais en vain car un soir de bal, François se fait directement insulter et prend la résolution de s'enfuir. Il s'échappe à travers un trou creusé dans les remparts de Paris.

Sa fuite crée la stupeur. Les mécontents de la politique royale et les protestants s'unissent derrière lui. En septembre, il est rejoint par le roi de Navarre qui est parvenu lui aussi à s'enfuir.

La guerre qui s'ouvre est prometteuse pour François. Henri III doit baisser les armes. Le 6 mai 1576, est proclamé l'édit de Beaulieu, surnommé « La paix de Monsieur ». Cet édit permet la liberté de culte pour les réformés dans tout le royaume de France. Dans chaque parlement provincial sont créées des chambres mi-parties. Enfin les victimes du massacre de la Saint-Barthélemy sont réhabilitées.

François reçoit l'Anjou en apanage et une indemnité extraordinaire. Il se réconcilie avec le roi et reprend triomphalement sa place à la Cour sous le titre de « Monsieur ».

Le prince des Pays-Bas

François, duc de Brabant, représenté avec ses cicatrices consécutives à la variole.
Estampe de Jean Rabel, Paris, BnF, département des estampes, vers 1582-1584.

Après avoir rompu avec Philippe II d'Espagne, les Pays-Bas se cherchent un nouveau prince. Leur regard se porte sur François d'Anjou. En 1579, il est invité par Guillaume d'Orange à devenir le souverain des provinces des Pays-Bas. Le , les provinces (à l'exception de la Zélande et de la Hollande) signent le traité de Plessis-lès-Tours avec François qui prend le titre de protecteur de la liberté des Pays-Bas.

En 1581, les négociations continuent pour le mariage de François avec Élisabeth Ire d'Angleterre. Il a vingt-six ans et elle en a quarante-sept. Élisabeth le surnomme sa grenouille. Leur rencontre est de bon augure mais nul ne sait ce qu'en pense réellement la reine. Le peuple anglais est particulièrement opposé à ce mariage, du fait que François est un prince français et aussi de religion catholique. Les négociations finissent par échouer en février 1582 et François obtient un dédommagement qui laisse son honneur intact[2].

Puis François retourne aux Pays-Bas, où il est officiellement intronisé. Il reçoit le titre de duc de Brabant en 1582, mais il commet l'erreur de décider sur un coup de tête l'Attaque d'Anvers, le , où ses troupes sont repoussées.

L'échec du duc d'Anjou ne l'empêche pas de reprendre les négociations avec les provinces des Pays-Bas mais il meurt de la tuberculose en juin 1584.

Ascendance

Notes et références

  1. Jules Michelet, Histoire de France au XVIe siècle, t. IX : Guerres de religion, Paris, Chamerot, (lire en ligne), p. 371-372.
  2. Discours et harangue des ambassadeurs du Roy.

Bibliographie

Sur les autres projets Wikimedia :

Le duc François d’Alençon portraituré par Jean Decourt, vers 1576.
  • Jacqueline Boucher, « Autour de François, duc d'Alençon et d'Anjou, un parti d'opposition à Charles IX et Henri III », dans Robert Sauzet (dir.), Henri III et son temps : actes du Colloque international du Centre de la Renaissance de Tours, octobre 1989, Paris, Librairie philosophique J. Vrin, coll. « De Pétrarque à Descartes » (no 56), , 332 p. (ISBN 2-7116-1065-9), p. 121-131.
  • Laurent Bourquin, Les nobles, la ville et le roi : l'autorité nobiliaire en Anjou pendant les Guerres de religion, 1560-1598, Paris, Belin, coll. « Essais d'histoire moderne », , 314 p. (ISBN 2-7011-2976-1, présentation en ligne), chap. 4 (« François d'Anjou, un autre roi René ? (1576-1584) »), p. 103-136, [présentation en ligne], [présentation en ligne].
  • Ivan Cloulas, « La diplomatie pontificale médiatrice entre la France et l'Espagne : la mission de l'archevêque de Nazareth auprès de François d'Anjou (1578) », Mélanges de la Casa de Velázquez, t. V,‎ , p. 451-459 (lire en ligne).
  • Francis de Crue, Le Parti des Politiques au lendemain de la Saint-Barthélemy : La Molle et Coconat, Paris, Librairie Plon, Nourrit et Cie, , VII-365 p. (lire en ligne).
  • Frédéric Duquenne (préf. Jean-François Labourdette), L'entreprise du duc d'Anjou aux Pays-Bas de 1580 à 1584 : les responsabilités d'un échec à partager, Villeneuve-d'Ascq, Presses universitaires du Septentrion, coll. « Histoire et civilisation », , 289 p. (ISBN 2-85939-518-0, présentation en ligne), [présentation en ligne].
  • (en) Mack P. Holt, The Duke of Anjou and the Politique Struggle during the Wars of Religion, Londres / New York / Melbourne, Cambridge University Press, coll. « Cambridge Studies in Early Modern History », , XIII-242 p. (ISBN 0-521-32232-4, présentation en ligne).
  • Arlette Jouanna, Jacqueline Boucher, Dominique Biloghi et Guy Thiec, Histoire et dictionnaire des guerres de religion, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1526 p. (ISBN 2-221-07425-4, présentation en ligne).
  • Nicolas Le Roux, « Associations nobiliaires et processus de recomposition : les avatars de l’entourage de François, duc d'Anjou », dans David Bates et Véronique Gazeau (dir.), Liens personnels, réseaux, solidarités en France et dans les îles britanniques (XIe et XXe siècles) : actes de la table ronde, 10-11 mai 2002 / organisée par le Groupe de recherche 2136 et l'Université de Glasgow, Paris, Publications de la Sorbonne, coll. « Hommes et société » (no 30), , 352 p. (ISBN 2-85944-534-X), p. 169-197.
  • Nicolas Le Roux, La faveur du Roi : mignons et courtisans au temps des derniers Valois, Seyssel, Champ Vallon, coll. « Époques », , 805 p. (ISBN 2-87673-311-0, présentation en ligne), [présentation en ligne]
    Réédition : Nicolas Le Roux, La faveur du Roi : mignons et courtisans au temps des derniers Valois, Seyssel, Champ Vallon, coll. « Les classiques de Champ Vallon », , 2e éd. (1re éd. 2001), 805 p. (ISBN 978-2-87673-907-9, présentation en ligne).
  • Jean-François Maillard, « Monsieur, frère du roi, mécène », dans Isabelle de Conihout, Jean-François Maillard et Guy Poirier (dir.), Henri III mécène des arts, des sciences et des lettres, Paris, Presses de l'Université Paris-Sorbonne (PUPS), , 342 p. (ISBN 2-84050-431-6), p. 263-272.

Littérature

Filmographie

Liens externes

Sur les autres projets Wikimedia :