Concile du Chêne
Le Concile du Chêne est un concile organisé en dans la villa du préfet Rufin, à Chalcédoine, nommée « villa du Chêne »[1]. Il est présidé par Théophile d'Alexandrie, Acace de Béroé, Antiochos de Ptolémaïde, Sévérien de Gabala et Cyrin de Chalcédoine[2]. Cyrille d'Alexandrie y participe avec son oncle[1],[3].
Ce concile organisé par ses ennemis, dépose Jean Chrysostome, patriarche de Constantinople et s'attaque aussi à Héraclide, évêque d'Éphèse, que Chrysostome a fait élire à Éphèse. Il semble être motivé par des raisons politiques et un complot est à envisager, Chrysostome s'étant brouillé avec l'empereur romain Arcadius, l'impératrice Eudoxie et recevant l'hostilité du patriarche d'Alexandrie, Théophile, qui souhaite conserver une position prépondérante dans l'Église d'Orient, face à la montée en puissance de Constantinople[3],[4].
Déroulé
[modifier | modifier le code]Après les persécutions visant les moines origénistes en Égypte, que Théophile d'Alexandrie entreprend, une cinquantaine se réfugie à Constantinople en 401, où ils sont accueillis par Jean Chrysostome[4]. Celui-ci leur accorde l'hospitalité et somme Théophile d'Alexandrie de venir s'expliquer devant un concile dans la capitale. Celui-ci vient, et profitant des relations tendues entre Chrysostome et l'empereur romain Arcadius, est accompagné de quarante-cinq évêques, principalement égyptiens, dont Cyrille d'Alexandrie, son neveu[4]. Ces évêques se réunissent alors dans la villa du préfet Rufin, à Chalcédoine et ouvrent un procès ecclésiastique à l'encontre de Jean Chrysostome, qui se solde par sa déposition et sa réduction à l'état laïc[4]. Jean Chrysostome refuse de s'y présenter[5]. Héraclide d'Éphèse est accusé, mais renvoie la faute des accusations portées contre lui sur Chrysostome[6].
Participants
[modifier | modifier le code]Outre Théophile d'Alexandrie, Cyrille d'Alexandrie, Acace de Béroé, Antiochos de Ptolémaïde, Sévérien de Gabala et Cyrin de Chalcédoine, participent aussi Paul d'Héraclée et Arsace de Constantinople, successeur de Chrysostome au patriarcat de Constantinople, qui est l'un de ses accusateurs[5].
Actes d'accusation
[modifier | modifier le code]Photios, qui a lu les Actes du Concile, renseigne une partie des accusations qui pèsent sur Chrysostome, dont voici les dix premières, mais qui sont au nombre d'une trentaine[5] :
- 1. Il est accusé d'avoir fait fouetter et enchaîner un moine nommé Jean.
- 2. Il est accusé d'avoir vendu des biens de l'Église.
- 3. Il est accusé d'avoir vendu le marbre que Nectaire de Constantinople a mis de côté pour l'église saint Anastase.
- 4. Il est accusé d'avoir insulté le clergé comme étant « sans honneur, corrompu, inutile en soi et sans valeur ».
- 5. Il est accusé d'avoir appelé saint Épiphane un idiot et un démon.
- 6. Il est accusé d'avoir intrigué contre Sévérien de Gabala.
- 7. Il est accusé d'avoir écrit un livre diffamant contre le clergé.
- 8. Il est accusé d'avoir rassemblé les membres du clergé, et accusé trois diacres, Acace, Edaphe et Jean, sur une accusation de vol de sa capuche (scapulaire ou omophorion, le grec n'est pas précis).
- 9. Il est accusé d'avoir consacré Antoine évêque, bien qu'il a été reconnu coupable de piller les tombes.
- 10. Il est accusé d'avoir dénoncé le comte Jean lors d'une réunion séditieuse des troupes.
Liens avec le Concile d'Éphèse
[modifier | modifier le code]Le concile du Chêne comporte des liens avec le concile d'Éphèse, qui dépose et excommunie Nestorius[3],[7]. En effet, Chrysostome est aussi issu de l'École d'Antioche[8], il est aussi un disciple de Diodore de Tarse[9], utilise parfois une terminologie qui sera plus tard condamnée comme « nestorienne »[10],[11],[12],[13],[14] et est ciblé par le patriarche d'Alexandrie et par Cyrille d'Alexandrie, qui s'attaquera plus tard à Nestorius[15],[16],[17]. De plus, comme dans le concile du Chêne et dans les relations entre Chrysostome et Eudoxie, l'impératrice Pulchérie, qui semble se considérer comme une nouvelle Marie, est condamnée comme une « Jézabel » par Nestorius, auquel elle déclare : « N'ai-je pas donné naissance à Dieu ? », se comparant à Marie[18][19], afin de justifier qu'elle peut entrer dans le sanctuaire pour communier avec les prêtres ; à la suite de quoi il lui répond « Non, tu as enfanté Satan »[20].
Références
[modifier | modifier le code]- « CONCILE DU CHÊNE », sur Encyclopædia Universalis (consulté le ) : « Petit concile organisé par Théophile d'Alexandrie dans la riche villa du préfet Rufin (Ad Quercum), dans la banlieue de Chalcédoine. ».
- (grc) « Bibliothèque de Photius : 59. Actes du Synode du Chêne. », sur remacle.org (consulté le ) : « ἐν ᾗ ὑπῆρχον κατάρχοντες Θεόφιλός τε ὁ Ἀλεξανδρείας, Ἀκάκιος ὁ Βεροίας, Ἀντίοχος ὁ Πτολεμαΐδος καὶ ὁ Σεβηριανὸς Γαβάλων καὶ Κυρῖνος ὁ Καλχηδόνος ».
- (en) John A. McGuckin, THE CONTEXT OF THE EPHESUS CRISIS, Brill, (ISBN 978-90-04-31290-6, DOI 10.1163/9789004312906_002, lire en ligne).
- « CONCILE DU CHÊNE », sur Encyclopædia Universalis (consulté le ).
- « Bibliothèque de Photius : 59. Actes du Synode du Chêne. », sur remacle.org (consulté le ).
- « Bibliothèque de Photius : 59. Actes du Synode du Chêne. », sur remacle.org (consulté le ) : « Ἐνεκάλει δὲ καὶ κατὰ τοῦ Χρυσοστόμου ὡς πολλὰ κακὰ παθὼν χάριν τῶν Ὠριγενειαστῶν διὰ Σαραπίωνος καὶ παρ´ αὐτοῦ ἐκείνου. Εἶτα τούτων ἐξετασθέντων, ἐξητάσθη πάλιν τὸ ἔννατον κεφάλαιον τῶν ἐγκλημάτων, εἶτα τὸ εἰκοστὸν ἕβδομον. ».
- E. Amann, « L'Affaire Nestorius vue de Rome (suite) », Revue des sciences religieuses, vol. 23, no 3, , p. 207-244 (DOI 10.3406/rscir.1949.1887, lire en ligne, consulté le ).
- (en) Samuel Pomeroy, John Chrysostom among the Antiochenes, Brill, (ISBN 978-90-04-46923-5, DOI 10.1163/9789004469235_006, lire en ligne).
- (en) Wendy Mayer, « John Chrysostom as Bishop: The View from Antioch », The Journal of Ecclesiastical History, vol. 55, no 3, , p. 455-466 (ISSN 0022-0469 et 1469-7637, DOI 10.1017/S0022046904000740, lire en ligne, consulté le ).
- (en) Gerrit J. Reinink, Tradition And The Formation Of The "Nestorian" Identity In Sixth- To Seventh-Century Iraq, Brill, (ISBN 978-90-474-4436-7, DOI 10.1163/ej.9789004173750.i-366.55, lire en ligne).
- « Grace and Christology in Early Church », sur academic.oup.com (DOI 10.1093/jts/fli189, consulté le ).
- (en) John A. McGuckin, THE CHRISTOLOGY OF NESTORIUS, Brill, (ISBN 978-90-04-31290-6, DOI 10.1163/9789004312906_003, lire en ligne).
- Rowan A. Greer, « THE ANTIOCHENE CHRISTOLOGY OF DIODORE OF TARSUS », The Journal of Theological Studies, vol. 17, no 2, , p. 327-341 (ISSN 0022-5185, lire en ligne, consulté le ) :
.« But Christ's knowledge is treated in very much the same way by both Chrysostom and Theodore »
- Frances M. Young, Lewis Ayres et Andrew Louth, The Cambridge history of early Christian literature, Cambridge University Press, (ISBN 0-521-46083-2, 978-0-521-46083-5 et 978-0-521-69750-7, OCLC 52838635, lire en ligne).
- « Confrontation in the Early Episcopacy », sur academic.oup.com (DOI 10.1093/acprof:oso/9780199268467.003.0001, consulté le ).
- Susan Wessel, Cyril of Alexandria and the Nestorian controversy: the making of a saint and of a heretic, Oxford University Press, (ISBN 978-1-4356-2267-8, 1-4356-2267-7 et 978-0-19-926846-7, OCLC 463172641, lire en ligne).
- St. Vladimir's Orthodox Theological Seminary (Crestwood, N.Y.), St. Vladimir's Seminary quarterly, Faculty of St Vladimir's Orthodox Seminary (OCLC 1240096554, lire en ligne)
- Chronique de l'Histoire de Nestorius avec la Lettre à Côme, Patrologia Orientalis VIII, fasc. 2 (lire en ligne), p. 270.
- Il s'agit d'un terme honorifique qu'elle se donne en se comparant à la Vierge Marie, une comparaison qui semble avoir indigné Nestorius.
- Kathryn Chew, « Virgins and Eunuchs: Pulcheria, Politics and the Death of Emperor Theodosius II », Historia: Zeitschrift für Alte Geschichte, vol. 55, no 2, , p. 207-227 (ISSN 0018-2311, lire en ligne, consulté le ).
Liens externes
[modifier | modifier le code]
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :