Chien viverrin

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Nyctereutes procyonoides

Le chien viverrin (Nyctereutes procyonoides) ou « chien martre » (de l'allemand « Marderhund ») est également appelé « Raccoon dog » par les Anglais et « Wasbeerhond » par les Néerlandais, ce qui signifie littéralement « chien raton laveur ». Il est également connu sous le nom japonais de tanuki.

Le chien viverrin est une espèce de mammifères carnivores qui ressemble à un raton-laveur, mais appartient en fait à la famille des canidés, dont il est le seul représentant à hiberner[1],[2],[3],[4]. C'est la seule espèce actuelle du genre Nyctereutes.

Ce canidé à la morphologie trapue est davantage un opportuniste alimentaire qu'un réel prédateur. Charognes, œufs, insectes, oisillons, escargots, petits rongeurs, grenouilles et même crapauds au venin desquels il semble résister, constituent l'essentiel de son régime alimentaire enrichi toutefois de quelques végétaux type baies ou champignons. Durant l'automne, le poids du viverrin augmente considérablement afin de lui permettre de constituer des réserves pour l'hibernation. Cependant, l'hibernation n'est pas systématique puisqu'elle dépend de la température. Si celle-ci ne descend pas au-dessous de −5 °C, ils peuvent rester actifs ou ne s'endormir que pour quelques jours. De mœurs principalement nocturnes, ce sont des animaux plutôt discrets et solitaires et l'on n'observe pas de structure sociale aussi élaborée que chez d'autres canidés, bien que certains individus apprécient la présence de leurs congénères.

Originaire de l'Asie de l'Est, le chien viverrin a été élevé intensivement pour sa fourrure en Europe et en Russie notamment pendant le XXe siècle. Des spécimens se sont échappés ou ont été introduits pour augmenter la production et ont formé depuis des populations dans l'Europe de l'Est. Il est actuellement en pleine expansion dans le reste de l'Europe, où sa présence est indésirable car il est considéré comme une espèce nuisible et invasive.

Morphologie

Un spécimen au zoo d'Ueckermünde en Allemagne.

Le chien viverrin est un canidé au corps longiligne, avec de courtes pattes et un pelage épais aux poils longs et soyeux. Chez l’adulte, la longueur tête et corps varie de 80 à 110 cm, auquel il faut ajouter une queue de 15 à 25 cm. La hauteur au garrot avoisine 35 à 40 cm. Le chien viverrin est le seul canidé à posséder un masque facial sombre. Il ressemble au raton laveur et au loup par sa silhouette, son masque facial et ses poils longs. Cependant, son masque facial est interrompu au niveau du nez alors qu'il est continu chez le raton laveur et sa queue courte est de couleur unie, contrairement au raton laveur dont la queue est longue et annelée. Son poids varie en fonction du sexe, de l’âge et des saisons et oscille entre 4 et 6 kg en été et entre 6 et 10 kg en hiver. Il existe également un chat viverrin.

Répartition géographique

Aire de répartition du Chien viverrin. En bleu où l'espèce est autochtone, en rouge où elle est introduite.

Origine

Originaire d'Extrême-Orient, jusqu'au début du XXe siècle son aire était limitée à l’Asie de l'Est et couvre la région de l’Amour-Oussouri en Russie, la Corée, la Chine orientale, la Mongolie, le Japon et le nord de l’Indochine.[réf. nécessaire][5],[6]

Situation en Europe

Introduction en ex-URSS

Entre 1928 et 1955, plus de 9 000 sujets ont été lâchés dans la partie européenne de l’ex-Union soviétique en vue d’y augmenter la production de fourrures. En effet, la fourrure de cet animal était très prisée et servait en particulier à produire des vêtements pour l'armée soviétique. Les premières introductions ont eu lieu en 1928 en Ukraine, suivies d'autres expériences d'introduction dans le milieu naturel, dans les régions européennes et quelques régions asiatiques de l’ancienne URSS, depuis la Carélie jusqu’en Moldavie en passant par la Baltique, la Biélorussie et l’Ukraine, ainsi que dans des secteurs de la Russie, le Caucase, le Kazakhstan et l’île de Sakhaline en Asie extrême-orientale. Dans les années 1940–1950, l'élevage du chien viverrin s'est intensifié en URSS, en particulier en raison des besoins importants de l'armée rouge au cours de cette période. Des animaux échappés de ces élevages sont alors venus renforcer les populations sauvages. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, les besoins en fourrure n'étant plus si importants, de nombreux élevages ont fermé et les animaux furent lâchés. Plus de 9 000 animaux furent lâchés entre 1948 et 1955[7].

Entre 1935 et 1984, le chien viverrin a colonisé 1,4 million de kilomètres carrés de territoire[8]. Il est jugé fréquent dans les régions situées en Russie, dans le sud de la Finlande, en Estonie, en Lettonie, en Lituanie, en Biélorussie, en Ukraine, en Moldavie, dans le nord et l’est de la Pologne et dans l’est de la Roumanie. Son expansion s'est ralentie dans les années 1970, en raison du manque d’habitats appropriés et du fait également d'un taux de mortalité élevé (chasse, capture et accident avec des automobiles). Au cours des années 1990, un regain d’expansion a été enregistré en Allemagne, mis en évidence par une augmentation très sensible du nombre d'animaux tués par les chasseurs[5]:

Nombre de chiens viverrins tués par la chasse en Allemagne
Saison de chasse Nombre d'animaux tués
1991/1992 12
1994/1995 204
1997/1998 1 735
2000/2001 7 161
2003/2004 18 634

Situation de l'espèce en France

En France, les observations de chiens viverrins restent encore marginales et ne laissent pas présager une installation durable avec une population importante. Observés sur le territoire depuis les années 1970, particulièrement en Alsace et en Lorraine, et bien que les conditions naturelles leur soient plutôt favorables, les effectifs de ces animaux ont peu progressé en 30 ans en France. Le premier signalement certain a été recueilli en 1975 en Moselle, à Schwerdorff, localité frontalière avec l’Allemagne. Une enquête de 2005[5] a permis de recenser 74 observations détaillées, dont 15 sur la base de dépouilles, crânes et clichés. Ces mentions proviennent de 11 départements dont 7 dans l'Est du pays. Des cas de reproduction in natura ont été enregistrés en Haute-Saône. La répartition hétérogène de ces observations dans l'espace et dans le temps suggère deux scénarios à l'origine de la présence de l'espèce sur le territoire français. Les observations réalisées dans l'Est du pays (Moselle, Bas-Rhin, Haut-Rhin, Haute-Saône et Vosges) correspondraient pour l'essentiel à des individus provenant des proches populations allemandes. Celles réalisées dans les départements éloignés de cette frontière correspondraient à des individus évadés de parcs zoologiques ou de chez des particuliers, l'espèce étant réputée ne pas réaliser de déplacements sur de longues distances. Le développement des populations de chiens viverrins, en France, semble donc lié à l'évolution de l'espèce dans l'ouest de l'Allemagne.[réf. nécessaire]

Un chien viverrin a été capturé le 15 avril 2015 à Mouthier en Bresse en Saône-et-Loire[9]. C'est la première observation confirmée dans ce département, même si la présence du chien viverrin y est soupçonnée depuis le début des années 1990.

L'arrêté du 24 mars 2014[10] ajoute le chien viverrin à la liste des animaux nuisibles sur l'ensemble du territoire français. Il peut être piégé toute l'année et peut être détruit à tir sur autorisation préfectorale pendant la période de fermeture de la chasse.

Exploitation de la fourrure du chien viverrin

Deux chiens viverrins.

La fourrure du chien viverrin est très demandée pour sa qualité et l'animal est intensivement chassé au Japon où il représente 11 % des animaux tués[11]. En Russie, l'élevage de chiens viverrins pour leur fourrure a commencé en 1928. À partir des années 1940, on leur a préféré l'élevage de renard roux, plus cher[12]. Une étude de 2004 montre que l'élevage de chiens viverrins pour leur fourrure atteignait 1,5 million d'animaux[13].

Chien viverrin captif.

En 2011, une vidéo de la Fondation Brigitte-Bardot[14] montre de mauvaises conditions de production de fourrure chiens viverrins ; vidéo qui marque l'opinion publique, sans provoquer de réaction notable des pouvoirs publics.

En Europe, la fourrure de chien viverrin n'est pas illégale car au sens du droit européen, il n'est pas classé comme un chien (l'espèce Nyctereutes procynoides est seulement un canidé, mais ne fait pas partie du genre Canis). Les associations de défense des animaux ont montré qu'on retrouve facilement de la fourrure de chien viverrin en Europe, notamment dans les boutiques de mode de Londres, ou sous forme d'objets de décoration étiquetés fausse fourrure[15]. Cependant, les marques utilisent parfois une erreur de traduction sur les étiquettes, le traduisant par « raton-laveur » qui se nomme « Raccoon » en anglais alors que le chien viverrin se nomme « Raccoon dog » pour éviter un blocage psychologique et affectif[réf. souhaitée].

Le tanuki, chien viverrin mythique au Japon

Notes et références

  1. Les Canidés, sur France Loups.
  2. Chien viverrin (Nyctereutes procyonoides), sur ManimalWorld.
  3. Le chien viverrin, sur Kora.
  4. Petit dictionnaire de la médecine du gibier, Bernard Collin (Le gerfaut, 1992, 521 pages), section « Chien viverrin » page 122.
  5. a b et c François Léger et Sandrine Ruette, « Le chien viverrin en France », Faune Sauvage no 269, novembre 2005.
  6. Don E. Wilson & DeeAnn M. Reeder, Mammal Species of the World: A Taxonomic and Geographic Reference, Volume 12.
  7. Nowak & Pielowski, 1964 ; Heptner & Naumov, 1974 ; Nowak, 1974, 1984 et 1993.
  8. E. Nowak, « Verbreitungs- und Bestandsentwicklung des Marderhundes, Nyctereutes procyonoides » (Gray, 1834) in Europa, publié dans Zeitschrift für Jagdwissenschaft, volume 30, numéro 3, septembre 1984, aux éditions Springer (Berlin/Heidelberg), p. 137-184.
  9. http://www.lejsl.com/edition-bresse/2015/04/20/le-chien-viverrin-sera-naturalise.
  10. http://legifrance.gouv.fr/jopdf/common/jo_pdf.jsp?numJO=0&dateJO=20140402&numTexte=37&pageDebut=06309&pageFin=06310.
  11. (en)Quality of the Environment in Japan 1995, section 6 "The Status of the Diversity of Wildlife", The Status of Wildlife Resources (rapport annuel du ministère japonais de l'Environnement).
  12. (en)Vladimir Georgievich Geptner, A. A Nasimovich, Robert S Hoffmann, Andreĭ Grigorʹevich Bannikov, A. A Sludskiĭ, Mammals of the Soviet Union, Vol. II, Part 1a, Sirenai and Carnivora (Sea cows; Wolves and Bears), Smithsonian Institution Libraries and National Science Foundation, 1998, (ISBN 1-886106-81-9).
  13. [PDF]Fun Fur ? A report on the Chinese fur industry, Care for the Wild, p. 3.
  14. Christophe Marie, Des animaux dépecés vivants pour des bottes fourrées : ne l'acceptons pas, Le Plus, Le Nouvel Observateur, 6 octobre 2011.
  15. [PDF]The Gory Fur Trail from China to the UK, Care for the Wild.

Bibliographie

  • Marie-José Duchêne et Marc Artois, Les carnivores introduits: chien viverrin et raton laveur, SFEPM (1988) (ISBN 978-2905216144)

Annexes

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Articles connexes

Références taxonomiques