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Brigandine

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Brigandine du Handbuch der Waffenkunde («Manuel d'armement»), Wendelin Boeheim (1890).

La brigandine est une armure constituée de plaques rivetées sur du cuir ou du tissu. Fournissant une excellente protection, c'est une armure qui pouvait servir comme alternative moins chère au plastron et simple à fabriquer. Mais elle était également adoptée par la haute noblesse et la royauté. Pour ces raisons, elle est rapidement adoptée par les nombreux mercenaires du XIVe siècle qui portaient alors les noms de « routiers » ou « brigands », d'où dérive le nom de cette armure.

Le mot est aujourd'hui utilisé pour décrire toute sorte d'armure composée de plaques de métal rivetées à du tissu afin de former une protection pour le thorax[1].

Cote de plaques du 13e siècle (cathédrale de Magdeburg)

En Europe occidentale, l'usage de la brigandine est uniquement attesté depuis le troisième quart du XIVe siècle. Avant cela on parlait de « cote de plaques ». Cette armure, apparue au XIIIe siècle, était constituée de plaques relativement larges rivetées à du tissu ou du cuir afin de former une protection supplémentaire à la maille. Elle assumait une forme rectiligne au départ mais des modèles plus élaborés et sinueux apparurent au XIVe siècle[2]. Dès la fin du XIVe siècle, on observe l'apparence de la véritable brigandine. Le principe de fonctionnement est le même que celui de la cote de plaques sauf qu'elle est plus bombée et se resserre à la taille[3]. Ce changement est à la fois esthétique — la taille de guêpe et le buste bombé est devenu à la mode tout au long du bas Moyen Âge — et pratique. En effet, en s'appuyant sur la traille, le poids de la brigandine est déplacé des épaules sur les hanches. C'est une des multiples techniques utilisées par les forgerons pour rendre le harnois moins pesant et encombrant[4].

Grâce à son faible coût comparé à celui des pièces d'armures en plates, elle est souvent adoptée par l'infanterie à travers l'Europe. Au XVe siècle, les archers, qui étaient de la petite noblesse, devaient posséder au minimum une brigandine pour pouvoir faire leur service. En revanche, les hommes d'armes, de rang plus élevé, devaient se présenter avec des cuirasses[5]. Par contre, ce n'était pas uniquement une armure pour les moins aisés. Des versions plus élaborées de la brigandine étaient portées par la haute noblesse[6],[7].

Son emploi perdure durant le XVIe siècle mais décline à partir des années 1550, l'usage de la brigandine étant finalement abandonné dans les premières années du XVIIe siècle. Ces armures légères sont fabriquées par un brigandinier. Toutefois, il semble que l'usage de la brigandine a été très courant dans la Chine ancienne où le vêtement extérieur a été largement utilisé pour faire apparaître un uniforme, des insignes, des signes de reconnaissance. Par extension naturelle, on retrouve largement ce type d'armure, en Corée, en Mongolie ou en Inde (avec des spécificités locales, bien entendu) jusqu'au XIVe siècle.

Description

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Intérieur d'une brigandine (Italie, vers le XVe siècle).
Brigandine dans un manuscrit du XVe siècle produit en Anjou.

Durant toute sa période d'utilisation en Europe, la fonction de cette protection varie peu. La brigandine fournit une protection du torse, de l'abdomen et de la partie supérieure des hanches à la façon d'un doublet dépourvu de manches et créant une silhouette bombée à taille de guêpe. Des protections de bras et de cuisses, à la façon respectivement des spalières et tassettes des armures, complètent parfois la brigandine.

Cette armure est composée de petites plaques métalliques carrées ou rectangulaires rivetées à une couche externe de cuir ou de toile épaisse (lin ou velours), les plaques se chevauchant. Une couche de tissu interne peut être présente. Les plaques sont souvent étamées pour éviter la corrosion, surtout dans le cas où il n'existe pas une couche de tissu interne. Certaines formes de brigandines des XIVe et XVe siècles comportent une protection renforcée au niveau des poumons composée de deux grandes plaques en forme de «L» adossées. La Brigandine se ferme via des sangles d'épaule et une série de sangles sur le devant, à la façon d'une veste ou parfois à l'aide d'aiguillettes passées dans des œillets cousus. La fermeture par un lien sur le côté devient plus fréquente au cours du XVIe siècle.

Parmi les protections apparentées (composite de métal et de cuir/tissus) en Europe occidentale, on peut citer la cotte de plaques, dont les plaques sont plus grandes et non chevauchantes ou la jacques de plaques, composée de plaques (en général de récupération d'autres armures) non chevauchantes et non pas rivetées mais fixées au support de tissus/cuir par un lien passant dans un trou unique pratiqué dans chaque plaque.

Notes et références

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  1. Éditions Larousse, « Définitions : brigandine - Dictionnaire de français Larousse », sur www.larousse.fr (consulté le )
  2. (en) Tobias Schönauer, « The "Hirschstein Armour". A Coat of Plates from the Mid-14th century », sur www.academia.edu, (consulté le ).
  3. (en) Donald J. La Rocca, How to Read European Armor, Metropolitan Museum of Art, (ISBN 978-1-58839-629-7, lire en ligne)
  4. (en) Dirk H. Breiding, « Arms and Armor—Common Misconceptions and Frequently Asked Questions - The Metropolitan Museum of Art », sur www.metmuseum.org, (consulté le )
  5. « Du Costume Militaire des Français en 1446 / René de Belleval », sur Gallica, (consulté le )
  6. María Martín Seijo, Joeri Kaal, César Oliveira et Marta Portillo, « Tracing the biographies of textiles in the transition of medieval to modern times: Wool fabrics and brigandines from an Iberian castle », Journal of Archaeological Science, vol. 165,‎ , p. 105974 (ISSN 0305-4403, DOI 10.1016/j.jas.2024.105974, lire en ligne, consulté le )
  7. THE 15 CENTURY BRIGANDINE OF A CROSSBOWMAN FROM THE GENOESE FORTRESS OF CEMBALO. PDF en ligne.

Articles connexes

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