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Bigaradier

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Citrus aurantium

Le bigaradier, oranger amer ou oranger de Séville (Citrus aurantium L., 1753) est une espèce d'arbres de la famille des rutacées (agrumes). Le fruit — la bigarade ou orange amère — les feuilles, les rameaux et la fleur parfumés ont de nombreuses applications pharmaceutiques, alimentaires et en parfumerie, c'est également un porte-greffe pour d'autres agrumes et un arbre décoratif.

C'est à l'origine un hybride entre le pamplemoussier Citrus maxima et le mandarinier Citrus reticulata[1],[2].

Dénomination

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Le mot provient du moyen français bigarrat, en provençal bigarrat (« arangi bigarrat »[3]) du verbe bigarrar : barioler[4], (latin vestis bigerica = habit bariolé[5]). Elle est décrite par Olivier de Serres (1600) : « parmi les sortes d’orangers croissant en Provence est le Cornut ou Bigarrat[6]… »

L'orthographe est incertaine au XVIIe siècle : orange bigarrade[7], ou orange bigarade[8]. Au XVIIIe siècle, le mot est adopté par le hollandais[9], l'allemand[10], à travers le vocabulaire de la pharmacie[11], l'anglais[12], le russe бигара́дия…

L'orange amère est en arabe نارنج (nāranǧ), à l'origine des noms européens (espagnol naranja, français orange). زهر (zahar) désigne la fleur d'oranger. Le mot renvoie à « brillant », « lumineux »[13]. Ainsi la favorite du calife Abd al-Rahman III, al-Zahra, « la lumineuse », évoque la blancheur de la fleur d'oranger[réf. souhaitée]. C'est pour elle qu'il bâtit au Xe siècle sa cité califale à Cordoue.

Description

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Le bigaradier est un petit arbre de 3 à 10 mètres, épineux, à feuilles persistantes, à fleurs très odorantes, aux fruits comestibles mais amers.

Il est rustique parmi les agrumes, résistant, il peut vivre jusqu'à 600 ans[14]. Il est tolérant aux sols passagèrement détrempés ou calcaires[15], il préfère un climat chaud mais supporte des gels épisodiques jusqu'à −6 °C. (rusticité USDA 9a à 11) qui sont destructeurs de l'oranger doux ou du citronnier. Mise à part la tristeza, la psorose, la xyloporose, il est plus résistant aux maladies — notamment la gommose à phytophtora — et aux parasites que la plupart des agrumes et sa reproduction par graine est facile[14]. C'est pourquoi il est le plus ancien des porte-greffes méditerranéens[15].

  • Les feuilles du bigaradier (6,5 à 14 cm) sont ovales, luisantes, vert foncé, odorantes, couvertes d'une cuticule cireuse[16] et persistantes avec une épine à l'aisselle des feuilles inférieures.
  • Les fleurs de l'oranger amer sont hermaphrodites (5 à 12 % de fleurs mâles[14]) , axillaires, blanches parfois roses, et très odorantes. Avec 3,75 cm de large, elles sont plus grandes que celles de l'oranger doux. Elles fleurissent en avril autour de la Méditerranée, février, mars en Inde[17].
  • Selon les variétés le fruit est plus ou moins rugueux et plat, la pulpe (contenue dans 10 à 12 quartiers) est amère. Il est plus petit (7 à 8 cm de diamètre) que l'orange douce, de couleur orange parfois teintée de vert ou de jaune. Il contient beaucoup de pépins.

Variétés et cultivars

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Le bergamotier est une sous-espèce de bigaradier (en réalité un hybride bigaradier-cédratier), qui donne l'huile essentielle de bergamote[18].

La bigarade est sujette au chimérisme, l'orange Bizzarria (Citrus aurantium Bizzarria), Arancio di bizzaria chez Gallesio[19], découverte en 1640 est une chimères périclinales[20] décrite par Pietro Nati (1625-1685) a fasciné les botanistes[21].

Origine et histoire

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Le génome du bigaradier est composé à 50 % de mandarinier et à 50 % de pamplemoussier[22].

En Occident

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La variété la plus répandue en Occident (C. aurantium var. bigaradia Hook. f.) est originaire du sud de l’HimalayaJoseph Hooker signale des arbres sauvages[17] .

Il aurait été acclimaté en Mésopotamie « à l'époque romaine tardive »[23]. Silvestre de Sacy annotant Kitāb al-Ifāda wa-ʾl-iʿtibār pense qu'il a aurait été transporté par les Arabes depuis l'Inde au début du Xe siècle (année 300 de l’Hégire)[24]. Les Arabes l'introduisent en Syrie en 943[23]. Sa culture est mentionnée en Sicile en 1002[14], il est présent en Al-Andalus au XIe siècle, successivement à Malaga, dans la Vega de Grenade, puis la province de Castellón. La plupart des agronomes arabes andalous le mentionnent et décrivent parfaitement sa culture.

Il est cultivé comme plante décorative parfumée (la cour de la grande mosquée de Cordoue en est plantée, la bigarade est aussi appelée cordobesa[25]), pour son intérêt pharmaceutique (liniment obtenu par macération du zeste dans l'huile d'olive), cosmétique (désodorisant corporel) et pour son huile essentielle qui « fortifie les articulations » selon Ibn al-Awam[23]. Au XIIIe siècle, le livre de cuisine de l'Anonyme Andalou, donne une recette de pâte d'orange (1/4 de zeste d'orange « rouge » désamérisés à l'eau froide, 3/4 de miel) dont il énumère les profits — digestion, diurétique, et « elle fait du bien aux narines froides » — ; le texte confirme qu'il existait divers cultivars de bigaradier[26].

Les Espagnols l'introduisent en Floride espagnole d'où il se répand dans le nouveau monde. Elle est présente au Mexique en 1568, au Brésil en 1587[27]. En 1763, l'Amérique exporte des bigarades vers le Royaume-Uni[14], où une tentative de culture a commencé en 1595, dans le Surrey, détruite par le froid en 1739[27]. La première recette de Marmelet of oranges date de 1677[28].

La diffusion vers le sud-est asiatique puis l'Océanie (Fidji, Samoa, Guam) est vraisemblablement ancienne[27] : « les peuples des îles du Pacifique pensent que l'arbre est arrivé chez eux dès la préhistoire »[14].

Daïdaï, bigarade asiatique

En Chine, l'orange amère (Citrus aurantium var. amara dans l'encyclopédie Baïdu) 苦 (amère) 橙 (orange)[réf. souhaitée], la bigarade de Méditerranée, est distinguée de 酸 (aigre) 橙 (orange) (Citrus aurantium L. On y cultive diverses variétés à usage pharmaceutique, alimentaire, et pour l'huile essentielle, dont le daïdaï (Citrus aurantium L. cv. Daidai). Ce même daïdaï est le principal bigaradier japonais (ダイダイ)[29] avec son fruit de bon augure, présage de longévité car il peut passer plusieurs années sur l'arbre (en reverdissant l'été).

En termes de phytosociologie, il a été constaté que cette espèce a des capacités allélopathiques (c'est-à-dire à éloigner d'autres espèces)[30].

Utilisations

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Le fruit du bigaradier est surtout utilisé en conserve ou cuit (confiture, sirop, marmelade). La marmelade d'orange est faite uniquement à partir de l'orange amère et non de l'orange douce.

Bouquetier de Nice, cultivar à fleur pour l'huile essentielle

Très parfumée, la fleur de bigaradier sert à la fabrication de l'absolu de fleur d'oranger, de l'eau de fleur d'oranger et de l'essence de néroli utilisée en parfumerie et pour aromatiser les aliments. Les rameaux sont utilisés pour la fabrication de l'essence de petit grain bigarade, une huile essentielle riche en acétate de linalyle[31].

Du zeste du fruit, on extrait l'essence d'orange amère par exemple utilisée pour la fabrication du triple sec, d'amers, du Grand Marnier, de la liqueur de curaçao et du Cointreau, dont on trouve des plantations notamment en Haïti du côté du Cap-Haïtien.

Dans le sud-est de la France, on utilise les fruits en macération dans du vin (blanc, rosé ou même rouge) additionné de sucre et d'alcool pour confectionner un apéritif : le vin d'orange.

À Malte, où le bigaradier a été introduit avant l'oranger, la bigarade est aujourd'hui utilisée dans la fabrication du soda maltais, le Kinnie, ce qui lui donne son amertume caractéristique.

Citrus salicifolia Raf. Granito

La clémentine a d'abord été considérée comme un hybride entre le mandarinier (C. reticulata Blanco) et une variété de bigaradier à feuille de saule (Citrus salicifolia Raf. Granito). Ce dernier avait été importé d'Espagne comme porte-greffe pour les cultures d'agrumes. Toutefois des études récentes menées par la station INRA de San-Giuliano en Corse, consacrée à l'agrumiculture, ont montré à partir de l'analyse des chromosomes qu'il s'agissait en réalité d'un hybride entre le mandarinier et l'orange douce (Citrus sinensis).

Il est utilisé comme ingrédient dans certains compléments alimentaires ou aliments vendus pour la perte de poids[32], mais interdit (pour ce qui concerne le fruit vert) pour cet usage dans certains pays (dont en France depuis mai 2012[33]). Plusieurs études (dans les années 1990 et 2000) ont mis en évidence sur le modèle animal (rat de laboratoire) un effet amaigrissant (ou plus précisément « thermogénique »[34],[35]), mais l'une d'entre elles a aussi trouvé un effet cardiotoxique, avec des arythmies cardiaques et un accroissement du taux de mortalité chez les rats traités (par voie orale) par des extraits de fruits[36],[37], sans doute en raison de la teneur du fruit en un alcaloïde, la synéphrine, mais une revue d'études publiées en 2006 conclut que l'on manque de données pour évaluer le rapport coût avantage ou l'efficacité de cette molécule pour maigrir[38].

Propriétés médicinales et risques médicaux

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Des études de 2002 et 2005 indiquent que les huiles essentielles de zeste (essence d'orange amère) et de rameaux (essence de petit grain bigarade) sont traditionnellement utilisées comme alternative aux médicaments pour :

Une étude japonaise de 1999 laisse penser que les polyméthoxyflavonoides de cette espèce pourraient avoir des effets antimutagènes[43] et une autre étude suggère des propriétés intéressantes contre le cancer du colon[44].

Le bigaradier exerce les mêmes effets d’interactions médicamenteuses que le pamplemousse[45].

Le bigaradier entre littérature et culture

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Georges Caméra évoque la culture de la fleur du bigaradier et la vie dans les campagnes de la Côte d'Azur, où la culture du bigaradier était très développée, dans la première moitié du XXe siècle dans deux de ses ouvrages (La Fleur du Bigaradier et Toi, le Bigaradier).

Le 26 fructidor du calendrier républicain ou révolutionnaire français était officiellement dénommé jour de la bigarade, généralement chaque du calendrier grégorien.

Physiologie et génétique

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Depuis les années 1990, les chercheurs ont acquis des données sur son génome[46], qui ont notamment été exploitées pour tester la création d'arbres transgéniques (OGM)[47]. Des travaux visent aussi à sélectionner ou créer des souches plus résistantes aux augmentations de salinité[48],[49]. On s'intéresse aussi à ses réactions face à l'augmentation du taux de CO2 de l'atmosphère[50],[51],[52].

Références

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Références taxonomiques

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Notes et références autres que taxonomiques

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Bibliographie

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Articles connexes

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Agrumes décrits comme des C. aurantium

Liens externes

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