Alpha Andromedae

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
(Redirigé depuis Alphératz)
α Andromedae
(Alpheratz / Sirrah)
Description de l'image Alpheratz.gif.
Données d'observation
(époque J2000.0)
Ascension droite 00h 08m 23,260s[1]
Déclinaison +29° 05′ 25,55″[1]
Constellation Andromède
Magnitude apparente 2,06[2]

Localisation dans la constellation : Andromède

(Voir situation dans la constellation : Andromède)
Caractéristiques
Type spectral B8IVpMnHg
Indice U-B −0,46[2]
Indice B-V −0,11[2]
Indice R-I −0,10[2]
Astrométrie
Vitesse radiale −10,10 ± 0,2 km/s[3]
Mouvement propre μα = +137,46 mas/a[1]
μδ = −163,44 mas/a[1]
Parallaxe 33,62 ± 0,35 mas[1]
Distance 97 ± 1 al
(29,7 ± 0,3 pc)
Magnitude absolue −0,30 ± 0,05
Caractéristiques physiques
Masse ~ 3,6 M
Rayon ~ 2,7 R
Luminosité ~240 L
Température 13 800 K
Composants stellaires
Composants stellaires α And Aa, α And Ab

Désignations

Alpheratz, Sirrah, α And, δ Peg, 21 And, HR 15, HD 358, HIP 677, SAO 73765, BD+28°4, FK5 1, WDS 00084 +2905A[4]

Alpha Andromedae (α And) dans la Désignation de Bayer est l'étoile la plus brillante de la constellation d'Andromède.

Nomenclature et histoire[modifier | modifier le code]

Alpheratz est le nom approuvé pour α And = δ Peg par l’Union astronomique internationale (UAI)[5]. C’est, littéralement, l’arabe الفرس al-Faras, « le Cheval » [6],[7]. C’est en fait le nom منكب الفرس Mankib al-Faras, nom donné à l’origne à β Peg comme le signale ᶜAbd al-Raḥmān al-Ṣūfī [8],[9]. Comme ce nom figure sur l’astrolabe, notamment chez Maslama al-Mağrītī[10], il n’est pas étonnant de le retrouver dans les textes latins sur cet instrument dès l’an mil, notamment mentichel et feraz, chez Llobet de Barcelone[11]. Ce second nom va être déplacé, notamment chez Jean de Londres (ca. 1246), qui donne alpheraz pour α And = δ Peg[12]. Voilà qui est repris dans l’Uranometria de Johann Bayer (1603), à propos de α And: Vmbilicum Equi […] communi Alpberas nomine[13]. Ce nom est noté par Richard Hinckley Allen (1899) [14], qui contribue à le populariser[15].

La figure d’Andromède dans l'Urania's Mirror, 1824
La figure d’Andromède dans l'Urania's Mirror, 1824

.

La figure de Pégase dans l'Urania's Mirror, 1824
La figure de Pégase dans l'Urania's Mirror, 1824

.



Sirrah est l'autre nom, bien plus authentique qu’Alpheratz, pour α And = δ Peg. C’est en effet, à l’origine, سرّة الفرس Surrat al-Faras, « l’Ombilic du Cheval », dans la figure de الفرس al-Faras, soit Pégase dans le ciel gréco-arabe. Relevé sur l’astrolabe par ᶜAbd al-Raḥmān al-Ṣūfī, puis notamment par al-Zarqālluh, l'Azarchel des Latins[16], il n’est pas étonnant que l’on puisse lire chez Jean de Londres (ca. 1246): alpheraz, .i. equus et super vmbilicum eius[17]. Le nom paraît donc d’abord en latin, et il va falloir attendre que, dans sa traduction du زيجِ سلطانی Zīğ-i Sulṭānī ou « Tables sultaniennes » d’Uluġ Bēg (1437), Thomas Hyde (1665), le nom arabe apparaisse en transcripion, sous la graghie ‘Sírra AlPháras‘[18]. À partir de là, le nom entre dans les catalogues sous deux formes. Une première fois, par l’intermédiaire du philologue Friedrich Wilhelm Lach (1796) qui retranscrit ‘sirrah el-pheras’[19], le nom est Sirra chez Johann Elert Bode [20]. Quelques années après, Giuseppe Piazzi donne, directement à partir de Hyde cette fois, le nom Sirrah [21], relevé par Richard Hinckley Allen (1899)[22], qui contribue à le populariser[23],[24].

Caractéristiques physiques[modifier | modifier le code]

De magnitude 2,06[2], éloignée de la Terre d'environ 97 années-lumière[1], Alphératz est une étoile blanc-bleu, la plus brillante d'un groupe d'étoiles nommées « à mercure-manganèse ». Elle présente une abondance anormale de mercure, gallium, manganèse et europium dans son atmosphère et une sous-représentation inhabituelle d'autres éléments. On pense que cette anomalie est le résultat de la séparation des éléments sous l'effet de la propre gravité de l'étoile.

Environnement stellaire[modifier | modifier le code]

Alphératz est une étoile binaire, composée de deux étoiles orbitant très près l'une de l'autre et qui ne peuvent être distinguées que par une analyse spectroscopique très fine. La plus grande des deux est à peu près 10 fois plus lumineuse que la plus petite et elles orbitent en 96,7 jours. La paire est environ 200 fois plus lumineuse que le Soleil.

Par sa brillance, Alphératz est logiquement l'étoile α d'Andromède. Mais, grâce à sa position, elle est aussi l'un des sommets de l'astérisme connu sous le nom de Grand carré de Pégase.

Repérage[modifier | modifier le code]

Alphératz est le plus brillant des quatre sommets du grand carré de Pégase.

Elle forme également avec Hamal du Bélier et Diphda de la Baleine le Triangle d'automne.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e et f (en) F. van Leeuwen, « Validation of the new Hipparcos reduction », Astronomy & Astrophysics, vol. 474, no 2,‎ , p. 653–664 (DOI 10.1051/0004-6361:20078357, Bibcode 2007A&A...474..653V, arXiv 0708.1752)
  2. a b c d et e (en) D. Hoffleit et W. H. Warren, « Bright Star Catalogue, 5e éd. », Catalogue de données en ligne VizieR : V/50. Publié à l'origine dans : 1964BS....C......0H, vol. 5050,‎ (Bibcode 1995yCat.5050....0H)
  3. (en) D. Pourbaix et al., « SB9: The ninth catalogue of spectroscopic binary orbits », Astronomy & Astrophysics, vol. 424,‎ , p. 727-732 (DOI 10.1051/0004-6361:20041213, Bibcode 2004A&A...424..727P, arXiv astro-ph/0406573)
  4. (en) * alf And -- Variable Star of alpha2 CVn type sur la base de données Simbad du Centre de données astronomiques de Strasbourg.
  5. (en) IAU, « Star Names », 2021. »
  6. (de) Paul Kunitzsch, Arabische Sternnamen in Europa, Wiesbaden : Otto Harrassowitz, 1959, pp. 132-133.
  7. Roland Laffitte, « Étymologie des noms arabes d'étoiles », sur le site de la Selefa (Société d’Études Lexicographiques et Étymologiques Françaises & Arabes), décembre 2002, p. 5. »
  8. (ar) ᶜAbd al-Raḥmān Abū l-Ḥusayn b. ᶜUmar al-Ṣūfī, «  Kitāb Ṣuwar al-kawākib al-ṯābita, 960, ms. arabe 5036 : Copie anonyme et non datée réalisée pour Zāhir al-Dīn Ulūġ Beg Kūrakan, petit-fils de Tamerlan, probablement à Samarqand, ca., 1430-1449, fol. 90v. »
  9. (ar/fr) Hans Karl Frederik Christian Schjellerup, Description des étoiles fixes composée au milieu du Xe siècle de notre ère par l'astronome persan Abd-al-Rahman Al-Sûfi. Traduction littérale de deux manuscrits arabes de la Bibliothèque royale de Copenhague et de la Bibliothèque impériale de Saint-Pétersbourg…, Saint-Pétersbourg : Eggers et Cie, 1874, repr. Fuat Sezgin, Islamic mathematics and Astronomy, vol. XXVI, Frankfurt am Main : Institut für Geschichte der arabisch-islamischen Wissenschaft an der Johann Wolfgang Goethe-Universität, 1997, p. 120 (fr.).
  10. Roland Laffitte, Le ciel des Arabes. Apport de l’uranographie arabe, Paris : Geuthner, 2012, p. 202.
  11. Roland Laffitte, Héritages arabes. Des noms arabes pour les étoiles, Paris : Geuthner, 2005, pp. 190-191.
  12. (de) Paul Kunitzsch, « Typ VI », in : Typen von Sternverzeichnissen in astronomischen Handshriften des zehnten bis vierzehnten Jahrhunderts, Wiesbaden : Harrassowitz, 1966, p. 41.
  13. (la)Johann Bayer, Uranometria, omnium asterismorum continens schemata, nova methodo delineata…, Augusta Vindelicorum : C. Mangus, 1603, fol. 20r.
  14. (en) Richard Hinckley Allen, « ''Star-names and their meaning, New York & al., G. E. Stechert, 1899, p. 35. »
  15. Roland Laffitte, Héritages arabes..., op. cit., p. 195.
  16. Roland Laffitte, Le ciel des Arabes..., op. cit., pp. 198-203.
  17. (de) Paul Kunitzsch, « Typ VI », op. cit., p. 41.
  18. (la) Thomas Hyde, « Tabulae Long. ac Lat. Stellarum Fixarum ex Observatione Ulugh Beighi, Tamerlanis Magni Nepotis, Oxonii : Henry Hall, 1665, Commentarii, p. 26. »
  19. (de) Friedrich Wilhelm Lach, « « Beitrag zur orientalischen Sternkunde », in Algemeine Bibliotek der biblischen Litteratur, Bd. VII, Stück 4, 577-651, Leipzig : Weidmann, 1796, p. 437. »
  20. (la) Johann Elert Bode, Uranographia, sive astrorum descriptio viginti tabulis aeneis incisa ex recentissimis et absolutissimis astronomorum observationibus, Berlin : apud autorem, 1801, pl. X.
  21. Giuseppe Piazzi, Præcipuarum stellarum inerrantium positiones mediæ ineunte sæculo XIX : ex observationibus habitis in specola Panormitana ab anno 1792 ad annum 1813, éd. Panermi : ex regia typ. militari, 1814, p. 171.
  22. (en) Richard Hinckley Allen, Star-names and their meaning, op. cit., p. 35.
  23. (de) Paul Kunitzsch, Arabische Sternnamen in Europa, op. cit., pp. 132-133.
  24. Roland Laffitte, Héritages arabes... , op. cit., pp. 195-196.

Liens externes[modifier | modifier le code]