Aller au contenu

Lysandre

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 8 septembre 2022 à 12:25 et modifiée en dernier par IvanBondarev (discuter | contributions). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.
Lysandre
Fonctions
Epistoleus (d)
Navarque
- av. J.-C.
Stratège
Biographie
Naissance
Décès
Allégeance
Activités
Homme politique, militaireVoir et modifier les données sur Wikidata
Père
Aristocritos (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Grade militaire
Conflits
Distinctions
Apothéose
Statue honorifique (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Lysandre (en grec ancien : Λύσανδρος / Lýsandros), mort à Haliarte en 395 av. J.-C. est un homme d'État et général spartiate. Sa victoire décisive à la bataille d'Aigos Potamos entraîne la reddition d'Athènes et met un terme à la guerre du Péloponnèse. Il joue un rôle central dans la domination lacédémonienne en Grèce pendant la décennie suivante jusqu'à sa mort lors de la bataille d'Haliarte.

Biographie

Lysandre est le fils d'Aristocritos ; il appartient à la lignée des Héraclides, mais non à la branche qui règne à Sparte ; sa famille est pauvre[1]. Il parvient à se hisser dans les sphères du pouvoir et, en -407, il est nommé navarque. Il est alors envoyé à Éphèse où il s'efforce de reconstituer les forces navales. Là, il noue des liens avec Cyrus le Jeune, fils cadet de Darius II. Habilement, il se plaint du satrape Tissapherne, ennemi personnel de Cyrus, l'accusant de s'être laissé circonvenir par Alcibiade. Cyrus lui accorde alors d'amples subsides, de l'ordre de 10 000 dariques[2], soit 200 000 drachmes. Ceci permet à Lysandre d'augmenter la solde des marins, qui passe de trois à quatre oboles[3]. De ce fait, Lysandre peut non seulement recruter aisément, mais aussi débaucher les équipages ennemis.

En -406, Antiochos, qu'Alcibiade a laissé maître de la flotte athénienne, engage le combat contre Lysandre à Notion, où Lysandre remporte la victoire et prend 15 trières ennemies[4]. La navarchie ne durant qu'un an, Lysandre est remplacé par Callicratidas qui, piètre diplomate, déplaît à Cyrus et est privé de subsides[5]. Il est par ailleurs battu et tué par les Athéniens aux Arginuses[6]. Les amis de Lysandre intriguent alors pour obtenir le retour de ce dernier à la tête de la flotte. La loi spartiate interdisant à un citoyen d'être navarque plus d'une fois, on accorde à un dénommé Aracos la navarchie, mais c'est Lysandre, officiellement nommé pour seconder Aracos, qui exerce le véritable pouvoir sur la flotte[7],[8].

Lysandre rétablit l'entente entre Sparte et Cyrus, qui lui confiera même l'administration des provinces qui doivent un tribut lors de son voyage en Médie pour les funérailles du roi son père[9],[10]. Ne possédant pas de flotte assez importante pour engager un combat naval frontal, il se contente de coups de main contre Égine et Salamine, puis repart vers l'Asie Mineure quand les Athéniens se lancent à sa poursuite. Il se porte alors vers l'Hellespont, dans le but de couper l'approvisionnement en blé d'Athènes, et s'empare de Lampsaque[11].

La flotte athénienne, forte de 180 trières, contrôle les détroits pour assurer l'acheminement des blés de la mer Noire vers Athènes, coupée à ce stade de la guerre de toutes ses autres sources d'approvisionnement. Devant son infériorité numérique, Lysandre choisit la ruse, et réussit à attirer les Athéniens à terre, où la supériorité terrestre spartiate lui donne la victoire, sur les rives du fleuve Aigos Potamos. Les stratèges athéniens, méprisant les conseils d'Alcibiade, tombent dans le piège : leur flotte est anéantie, plus de 3 000 hommes sont capturés[12], et la dernière route du blé est coupée. Cette victoire est décisive et met fin à la guerre du Péloponnèse.

De concert avec le roi de Sparte, Agis II, il fait brûler la flotte athénienne, détruire les Longs Murs au son de l'aulos[13],[14], et instaure à Athènes le gouvernement des Trente tyrans[15],[16]. Il enlève ensuite Samos et chasse les Athéniens de Mélos et Sicyone. Il installe des oligarchies dans toutes les anciennes cités de la Ligue de Délos[17].

Il est ensuite écarté du gouvernement de Sparte par les éphores qu'indisposent son enrichissement et sa popularité. En -396, il accompagne en Asie Agésilas II, l'un des deux rois de Sparte (que Lysandre avait aidé à accéder au pouvoir), pour faire la guerre aux Perses, mais ne s'y attarde guère. Il veut modifier la constitution de Sparte : il souhaite abolir le privilège des deux maisons royales, celle des Agiades et celle des Eurypontides, au bénéfice des Héraclides[18]. Ses idées inquiètent : il est envoyé en Béotie. Ses adversaires espèrent gagner du temps en attendant le retour d'Agésilas II, qui seul, pensent-ils, est capable de le neutraliser. Lysandre envahit donc la Béotie, déclenchant la guerre de Corinthe, mais est tué au cours de la bataille d'Haliarte en -395[19].

Théophraste rapporte qu’un historien lacédémonien, Étéocle, a écrit que la Grèce n'aurait pu supporter deux Lysandre. Ce qui choquait le plus en Lysandre, c'était une excessive dureté de caractère qui rendait son pouvoir tyrannique et sans pitié. Plutarque rapporte ce cruel épisode où l’un des commandants de la flotte athénienne vaincue à Aigos Potamos, Philoclès, dut comparaître devant Lysandre, qui lui demanda à quelle peine il se condamnait lui-même, à cause du décret qu'il avait fait prononcer à Athènes qui ordonnait que l'on couperait le pouce droit à tous les prisonniers de guerre, afin qu'ils ne pussent plus tenir une lance, pour ne plus manier que la rame. Philoclès, dédaigneux, marcha le premier au supplice, suivi par les autres condamnés[20].

Notes et références

Sources

Références

  1. Plutarque, Vie de Lysandre, II, 1.
  2. Plutarque, Vie de Lysandre, IV, 4.
  3. Plutarque, Vie de Lysandre, IV, 3.
  4. Plutarque, Vie de Lysandre, V, 1-2.
  5. Plutarque, Vie de Lysandre, VI, 5-7.
  6. Plutarque, Vie de Lysandre, VII, 1.
  7. Xénophon, Helléniques, livre II, ch. 1, 7.
  8. Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, XIII, 100.
  9. Plutarque, Vie de Lysandre, IX, 1-2.
  10. Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, XIII, 104.
  11. Xénophon, Helléniques, livre II, ch. 1, 18-19.
  12. Plutarque, Vie de Lysandre, XI, 6.
  13. Xénophon, Helléniques, livre II, ch. 2, 23.
  14. Plutarque, Vie de Lysandre, XV, 4.
  15. Xénophon, Helléniques, livre II, ch. 3, 1-3.
  16. Plutarque, Vie de Lysandre, XV, 5.
  17. Plutarque, Vie de Lysandre, XIII, 3-4.
  18. Bommelaer (1981), p. 224.
  19. Xénophon, Helléniques, livre III, ch. 5, 19.
  20. Plutarque, Vie de Lysandre, XIII, 1-2.

Voir aussi

Bibliographie

  • Jean-François Bommelaer, Lysandre de Sparte. Histoire et traditions, Bibliothèques de l’École française d'Athènes et de Rome, série Athènes, volume 240, Athènes, 1981.
  • Pierre Carlier, Le IVe siècle grec jusqu’à la mort d’Alexandre, Paris, Seuil, coll. « Points Histoire / Nouvelle histoire de l'Antiquité », (ISBN 2-02-013129-3).
  • Edmond Lévy, La Grèce au Ve siècle de Clisthène à Socrate, Paris, Seuil, coll. « Points Histoire / Nouvelle histoire de l'Antiquité », (ISBN 2-02-013128-5).
  • (en) I. Malkin, Myth and Territory in the Spartan Mediterranean, Cambridge University Press, 1994 (ISBN 0521411831).

Liens externes

Sur les autres projets Wikimedia :

Articles connexes