Le Testament du docteur Cordelier
Réalisation | Jean Renoir |
---|---|
Scénario | Jean Renoir |
Acteurs principaux | |
Sociétés de production |
RTF Sofirad Compagnie Jean Renoir |
Pays de production | France |
Genre | Drame fantastique |
Durée | 95 minutes |
Première diffusion | 1961 |
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.
Le Testament du docteur Cordelier est un téléfilm français réalisé par Jean Renoir, diffusé sur RTF Télévision le , et sorti en salles le lendemain. Il s'agit d'une adaptation non officielle de l'histoire du docteur Jekyll.
Synopsis
Maitre Joly, notaire, reçoit le testament du docteur Cordelier, un célèbre psychiatre, qui désigne comme héritier l'un de ses patients, un certain Opale. Ce dernier se révèle être un dangereux meurtrier. Mais on découvre bientôt qu'Opale et Cordelier ne font qu'un : le docteur s'est en effet transformé en buvant une drogue dans le cadre de ses recherches sur la source du mal et des forces des ténèbres.
Fiche technique
- Titre : Le Testament du docteur Cordelier
- Réalisation : Jean Renoir
- Scénario et dialogues : Jean Renoir (d'après le roman de Robert Louis Stevenson L'Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde, non cité au générique)
- Assistants réalisateurs : Philippe Collin, Jean-Pierre Spiero (stagiaire), Maurice Beuchey, Alain Blancel, Heidy Naka
- Collaborateur technique : Yves-André Hubert
- Collaborateur artistique : Jean Serge
- Images : Georges Leclerc
- Cadreurs : Jean Graglia, Pierre Guéguen, Bernard Giraux, Pierre Lebon, Gilbert Perrot-Minot, Arthur Raymondo, Gilbert Sandoz
- Décors : Marcel-Louis Dieulot
- Son : Joseph Richard
- Costumes : Monique Dunant
- Montage : Renée Lichtig, assistée de Maryse Barbut et Françoise London
- Musique : Joseph Kosma ; orchestre sous la direction de Serge Baudo
- Affiche : Yves Thos
- Pays d'origine : France
- Production : RTF, Sofirad, Compagnie Jean Renoir
- Tourné par la Radiodiffusion-télévision française, en (pendant une dizaine de jours) dans les studios R.T.F (rue Carducci) et les extérieurs à Paris (Montmartre et avenue Paul Doumer) et Marnes-la-Coquette
- Distribution : Consortium Pathé
- Format : Noir et blanc — 35 mm — 1,37:1 — Son : Mono
- Durée : 95 minutes
- Diffusion à la télévision :
- Sortie en salles (Paris) : [1]
- Genre : Drame / fantastique
Distribution
- Jean-Louis Barrault : le docteur Cordelier et Opale
- Michel Vitold : le docteur Lucien Séverin, le psychanalyste
- Teddy Bilis : Maître Joly, le notaire et ami de Cordelier
- Micheline Gary : Marguerite, l'assistante de Séverin
- Jean Topart : Désiré, le majordome de Cordelier
- Gaston Modot : Blaise, le jardinier de Cordelier
- Jaque Catelain : l'ambassadeur à la réception
- Régine Blaess : la femme de l'ambassadeur
- Jacqueline Morane : Alberte, une voisine d'Opale
- André Certes : l'inspecteur Salbris
- Jean-Pierre Granval : le patron de l'hôtel de passe
- Jean Bertho : un passant lors de l'agression de la fillette
- Jacques Ciron : un autre passant lors de l'agression
- Didier d'Yd : Georges, le chauffeur de Cordelier
- Sylviane Margolle : la petite fille agressée par Opale
- Annick Allières : une voisine
- Primerose Perret : Mary, la bonne de Séverin
- Madeleine Marion : Juliette
- Raymone : Mme des Essarts, une cliente de Cordelier
- Raymond Jourdan : l'infirme agressé par Opale
- Marcel Rouzé : le facteur
- Henri Guegan : un gendarme sur le toit
- Jean Degrave : Bastien, le domestique de Maître Joly
- Émile Genevois : M. Magnier, un voisin
- Bernard Fresson : un extra
- Jean Renoir : lui-même en introduction du film, avec également Renée Lichtig, Georges Leclerc et quelques techniciens de la R.T.F
- Claudie Bourbon : Lise, la bonne allemande de Cordelier
- Françoise Boyer : Françoise, une patiente de Cordelier
- Jacques Dannoville : le commissaire Lardaut
- Dominique Dangon : la mère de la fillette
- Ghislaine Dumont : Suzy, une fille
- Jacqueline Frot : Camille
- Céline Sales : une fille
- Monique Theffo : Annie
Autour du film
Un projet novateur mais controversé
Le Testament du docteur Cordelier est conçu à la fois comme une expérimentation des rapports entre cinéma et télévision et comme une opération de prestige pour la Radiodiffusion-télévision française, qui met ses moyens à la disposition de Jean Renoir, l'un des grands noms du cinéma français. Le réalisateur vise quant à lui à mettre au service du cinéma les techniques de la télévision, afin de pouvoir produire dans des conditions économiques plus avantageuses, et à prouver dans le même temps que le grand et le petit écran, réputés antagonistes, peuvent travailler de concert. Le film, prévu pour être diffusé simultanément en salles et à la télévision, bénéficie d'un budget très supérieur à celui des productions télévisuelles françaises de l'époque : il s'agit de l'une des « dramatiques » les plus onéreuses de la RTF, bien que son budget soit cinq fois inférieur à la moyenne du coût des longs-métrages de cinéma français[1].
Bénéficiant d'abord d'échos favorables dans la presse, le projet suscite bientôt l'hostilité des professionnels du cinéma comme de ceux de la télévision, qui voient à l'époque d'un mauvais œil ce mélange des genres. Les milieux du cinéma, qui se méfient alors de la concurrence de la télévision, appellent les distributeurs à boycotter le film de Renoir, auquel ils reprochent en outre d'avoir — via la télévision publique — bénéficié des fonds de l'État. Les syndicats des professionnels de la télévision protestent de leur côté contre le fait que des techniciens de la RTF soient employés sur un film prévu pour être projeté sur le grand écran, alors même qu'ils sont beaucoup moins bien payés que leurs collègues du cinéma. Les milieux syndicaux proches du Parti communiste, en particulier, dénoncent une réalisation qui risque de pousser à « rogner sur les devis » dans les milieux de l'audiovisuel et de mettre en péril les accords salariaux. La distribution prévue pour le film, qui constitue une première en France, comporte également un problème juridique car la législation française interdit à l'époque à la télévision de diffuser un long-métrage de cinéma vieux de moins de cinq ans. Le film est projeté à la Mostra de Venise 1959, où il ne soulève guère l'enthousiasme des journalistes[1].
Une sortie retardée
Face aux multiples oppositions dont il fait l'objet, Le Testament du docteur Cordelier est mis « au placard », et doit attendre plus de deux ans après son tournage pour être montré à un large public. Dans le courant de l'année 1961, il est distribué au cinéma en Suisse et en Italie ; à partir du mois de juin, on peut le voir en France dans des salles de province. Ce n'est finalement qu'en qu'il est enfin montré à la télévision (à grands renforts de publicité, ce qui suscite l'agacement de certains journaux). Le lendemain de sa diffusion sur le petit écran, il sort au cinéma à Paris, en exclusivité au Georges V. L'exploitation en salles du Testament du docteur Cordelier, qui avait valeur de test pour les collaborations entre cinéma et télévision, est finalement un échec commercial[1].
Accueil critique
Lors de sa sortie, après deux ans d'attente, Le Testament du docteur Cordelier suscite la déception de la majorité des critiques français. Jean de Baroncelli, dans Le Monde, se dit consterné par « la puérilité de l'histoire, la banalité de la mise en scène, l'incroyable médiocrité de l'interprétation », et se désole de n'y avoir rien retrouvé du talent de Jean Renoir[1]. À l'inverse, le film est défendu par les Cahiers du cinéma, dans lesquels Claude Beylie écrit : « Le Testament du docteur Cordelier est-il le chef-d'œuvre de Jean Renoir ? J'en jurerais presque. C'est en tout cas son film le plus émouvant, le plus simple, le plus économe de moyens, le plus profond, le plus insolite, le plus neuf, et qui nous conte, en toute familiarité, la plus passionnante des aventures : celle d'un homme écartelé, jusqu'à son dernier souffle, entre deux aspirations antagonistes, deux démons irréconciliables que sont Nature et Société. Admirons que cet homme ait su conserver la plénitude de sa jeunesse jusqu'aux portes de son agonie[2]. »
Bibliographie
- Radio-Cinéma,
- Les Nouvelles littéraires,
- Cinéma 59 no 50, Cinéma 60 no 49 et Cinéma 62 no 62
- Cahiers du Cinéma no 95, no 100 et no 123
- Image et Son no 120
- Jean Domarchi, « Le Testament du docteur Cordelier », Arts N° 827, Paris,
- André S. Labarthe, « Le Testament du docteur Cordelier », France-Observateur, Paris,
- Claude Miller, « Le Testament du docteur Cordelier », Téléciné, no 100, Paris, Fédération des Loisirs et Culture Cinématographique (FLECC), , (ISSN 0049-3287)
- Pierre Leprohon, « Le Testament du docteur Cordelier », Jean Renoir, Éditions Seghers (Collection Cinéma d'Aujourd'hui no 49, Paris, 1967, 192 p., p. 110-11, 112, 179
- Jean Tulard, « testament du docteur Cordelier (Le) », Guide des Films P-Z, Éditions Robert Laffont (collection Bouquins), Paris, 2005, 3704 p., p. 3163-3164, (ISBN 9782221104538)
Notes et références
- Laurent Creton, Le Cinéma à l'épreuve du système télévisuel, CNRS Éditions, 2013, pages 14-27
- Cahiers du cinéma, no 123,
Liens externes
- Ressources relatives à l'audiovisuel :
- Affiche originale
- Le Testament du docteur Cordelier sur Ciné-club de Caen.com
- Téléfilm français des années 1960
- Téléfilm diffusé en 1961
- Téléfilm fantastique
- Téléfilm d'horreur
- Téléfilm sorti au cinéma
- Film réalisé par Jean Renoir
- Film avec une musique composée par Joseph Kosma
- Adaptation d'un roman britannique à la télévision
- Adaptation de Docteur Jekyll et M. Hyde au cinéma
- Film se déroulant à Paris
- Film tourné dans les Hauts-de-Seine
- Film tourné à Paris
- Film en français
- Film français en noir et blanc
- Film tourné en 1959