Faustin Potain
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Nationalité | |
Activité |
homme d'affaires |
Conjoint |
Maria Malfrait |
Domaine |
matériel de construction et appareils de levage |
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Distinction |
Faustin Potain, né le à Vareilles (Saône-et-Loire) et mort le à La Clayette (Saône-et-Loire), est un industriel et inventeur français.
En 1928, il fonde et donne son nom à la société Potain qui devient numéro un mondial de la grue[1].
Biographie
Famille et jeunesse
Faustin Potain grandit au sein d'une famille d'agriculteurs à Vareilles en Brionnais.
Il quitte l'école à 12 ans et travaille à la ferme, puis aux mines de La Chapelle-sous-Dun. À 16 ans, il se tourne vers l'apprentissage de la maçonnerie avant d'être mobilisé en 1917 sur le front de l'Est pendant la Première Guerre mondiale.
Démobilisé en 1920, il entre comme ouvrier aux forges de La Clayette où il apprend à travailler le métal. Il y rencontre un dénommé Klein qui lui donnera plus tard l'idée de développer et commercialiser un lien d'échafaudage en chaînes.
En 1924, il se marie à Marie Louise Malfrait dite « Maria » avec qui il ouvre un magasin de cycles en 1926[2].
Carrière
En 1928, Maria et Faustin Potain cessent leur activité de cycles et créent la société Potain qui est alors un atelier de fabrication de matériel de construction[3].
En 1929-30, Faustin Potain dépose le brevet de « l'indécrochable » (un lien d'échafaudage en chaînes) avant de lancer un « monte-charge mécanique » (treuil à manivelle fixé à la base d’un échafaudage)[4].
En 1931-32, la société s'installe avenue de Noblet à La Clayette, puis commercialise sa première grue[5].
En 1936, une gamme de grues est lancée sous la marque « Record »[6].
Pendant la Seconde Guerre mondiale, Potain sous-traite pour Schneider et Cie au Creusot. Après la Libération, l'affaire est relancée, portée par l'effort de reconstruction entrepris par la France. Jean Noly est missionné en 1946 pour perfectionner la gamme des grues « Record »[7].
De 1950 à 1960, diverses inventions permettent de mettre au point la grue à tour (une tour verticale et une flèche horizontale), à l'international ce concept technique assimilé à Potain. La croissance de l'entreprise est rapide, elle devient leader mondial et célèbre la 10 000e grue en 1961[8].
Après Charlieu (Loire) en 1955 et Moulins (Allier) en 1958, de nouveaux sites de production ouvrent à Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire) en 1966, à Saint-Nizier-sous-Charlieu (Loire) en 1967, à Jassans (Ain) et Villefranche-sur-Saône (Rhône) en 1968. Les grues Potain représentent alors 60 % du marché français, 25 % du marché allemand et 30 % du marché britannique[9].
À la mort de Faustin Potain en 1968, l'entreprise compte plus de 2 000 salariés[10].
Postérité
Impact sur la vie locale
Faustin Potain, « un paysan qui s'est fait ouvrier, puis artisan, puis industriel », est devenu un exemple de « réussite industrielle spontanée »[11]. Autour de ses usines du centre-est de la France s'est constitué une zone de fabrication diversifiée de matériel pour le bâtiment, à partir de la sous-traitance[12].
De par sa volonté d'implanter son usine principale en zone rurale et d'y maintenir le siège de la société, Faustin Potain a marqué l'histoire économique et sociale du Brionnais et de La Clayette qui a compté jusqu'à 800 salariés Potain (usine, bureaux d'études, services administratifs) pour 2 845 habitants dans les années 1970[13],[14]. La ville a fortement évolué au rythme de l'entreprise, des Trente Glorieuses aux plans sociaux successifs des années 1990[15] et 2000[16],[17] sous les directions respectives de Legris Industries[18] et Manitowoc[19].
Le site de production historique de La Clayette ferme en 2010[20] suivi du centre de formation des grutiers de La Clayette-Baudemont en 2013, ce qui met fin à une aventure industrielle en Brionnais commencée huit décennies plus tôt avec Faustin Potain[21]. La ville connaît aujourd'hui un déclin démographique marqué (1 636 habitants en 2018)[22].
Les maires de La Clayette Jean Garmier (1971-1983) et André Luminet (1983-1989) étaient des salariés Potain[23],[24].
Christian Lavenir, maire de La Clayette depuis 2020, est un ancien ouvrier Potain[25].
Hommages
En 2012, l'association Mémoire industrielle et sociale de Potain voit le jour autour d'une « volonté de transmission »[26].
En 2017, un mémorial est inauguré pour marquer le « souvenir de l'aventure industrielle majeure qu'a connu La Clayette »[27].
En 2018, le salon international de la construction et des infrastructures « Intermat » à Paris Nord Villepinte a été l'occasion d'organiser une réception pour le 90e anniversaire de Potain[28]. Le CEO de Manitowoc, Barry Pennypacker, a insisté sur l'héritage du fondateur Faustin Potain : « Pendant plus de neuf décennies, le nom de Potain est devenu le synonyme de l'industrie de la grue à tour. [...] En créant et en développant son entreprise, Faustin Potain a mis en avant des valeurs fondamentales : proximité avec le client, innovation et performance »[29].
Du au s'est tenue l'exposition Potain, la Traversée d'un Siècle au Musée du Bâtiment à Moulins (Allier)[30].
En 2021, un livre intitulé L'inoubliable épopée de Potain à La Clayette est tiré à 1 000 exemplaires[31]. Distribué gratuitement, il est destiné aux anciens salariés[32]. Une réédition n'est pas à exclure dans l'hypothèse d'un engouement du public pour se le procurer[33].
Une allée à La Clayette porte le nom Faustin Potain[34].
Décoration
Faustin Potain est chevalier de l'ordre national du Mérite.
Notes et références
- Geffroy Tomasovitch, « L'interminable combat de l'héritière des grues Potain », Le Parisien, (lire en ligne, consulté le ).
- « Potain, portrait d'un innovateur né », Le Journal de Saône-et-Loire, (lire en ligne, consulté le ).
- « Manitowoc rassemble ses forces vives et tourne la page Potain », La Tribune, (lire en ligne, consulté le ).
- « Quelques innovations Potain », sur Le Journal de Saône-et-Loire, .
- « Potain à La Clayette : une incroyable saga », Le Pays, (lire en ligne, consulté le ).
- Mathilde Duchatelle, « 1928-2018 : l’ascension des grues Potain », La Montagne, (lire en ligne, consulté le ).
- « Jean Noly, l'homme de main », Le Journal de Saône-et-Loire, (lire en ligne, consulté le ).
- Groupe Legris Industries, « Potain, la Traversée d'un Siècle », p. 18
- Franck Nadel, La Clayette et son canton, .
- Charlotte Rebet, « Les dernières grues Potain s’envolent pour de bon », Le Journal de Saône-et-Loire, (lire en ligne, consulté le ).
- Jean-Pierre Houssel, « La région de Roanne et le Beaujolais textile face à l’économie moderne », (consulté le ).
- Jean-Pierre Houssel, Hommes et Terres du Nord (lire en ligne), p. 92.
- « Le mémorial Potain prêt à être inauguré à La Clayette », Le Journal de Saône-et-Loire, (lire en ligne, consulté le ).
- « La Clayette - Notice Communale », sur EHESS (consulté le ).
- Marie-Annick Depagneux, « Potain ébranlé par la crise de la construction », Les Échos, (lire en ligne, consulté le ).
- « Les ex-Potain dans la tourmente », L'Humanité, (lire en ligne, consulté le ).
- « Quand la récession frappe la campagne », France 24, (lire en ligne, consulté le ).
- « Grugée, l'héritière des grues Potain ne se démonte pas », Libération, (lire en ligne, consulté le ).
- Valérie Leboucq, « Legris Industries cède les grues Potain à l'américain Manitowoc Company », Les Échos, (lire en ligne, consulté le ).
- « Manitowoc ferme le site historique des grues Potain en Saône-et-Loire », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
- Christophe Tarrisse, « Les grues Potain et La Clayette (71), la fin d’une histoire vieille de 84 ans ! », France 3 Bourgogne-Franche-Comté, (lire en ligne, consulté le ).
- « Populations légales 2018 Commune de la Clayette », sur le site de l'Insee, (consulté le ).
- Madeleine Jambon, « Jean Garmier vient de disparaître », Le Journal de Saône-et-Loire, (lire en ligne, consulté le ).
- Marcelle Nadel, « André Luminet nous a quittés brusquement », Le Journal de Saône-et-Loire, (lire en ligne, consulté le ).
- Madeleine Jambon, « Christian Lavenir élu à La Clayette avec 70 % des voix », Le Journal de Saône-et-Loire, (lire en ligne, consulté le ).
- Madeleine Jambon, « La mémoire vive de Potain », Le Journal de Saône-et-Loire, (lire en ligne, consulté le ).
- Madeleine Jambon, « Un mémorial Potain inauguré à la Clayette », Le Journal de Saône-et-Loire, (lire en ligne, consulté le ).
- Julia Tortorici, « Sur Intermat, tous les chemins mènent à Potain ! », sur constructioncayola.com, (consulté le ).
- « Événement – 90 ans de Potain », sur chantiersdefrance.fr, (consulté le ).
- « POTAIN 90 ans : La traversée d'un siècle - Journées du Patrimoine 2018 », Le Parisien - Aujourd'hui en France, (lire en ligne, consulté le ).
- Charlotte Rebet, « L’inoubliable épopée de Potain à La Clayette, désormais gravée dans un livre », Le Journal de Saône-et-Loire, (lire en ligne).
- Cécile Revollat, « La Clayette. Un livre pour retracer l'inoubliable épopée Potain », La Renaissance, (lire en ligne).
- Charlotte Rebet, « L'inoubliable épopée de Potain à La Clayette, en images », Le Journal de Saône-et-Loire, (lire en ligne).
- « Plan Allée FAUSTIN POTAIN (La Clayette) », sur gralon.net (consulté le ).
Pour approfondir
Bibliographie
- Franck Nadel, La Clayette et son canton, Imprimerie Clayettoise, (ISBN 9782402265836)
- Jean-Pierre Houssel, Hommes et Terres du Nord, Spécialisation spatiale et dynamisme régional : l'exemple de la région de Roanne, (lire en ligne), p. 91-99
- Roger Michaudon, La Clayette et le Brionnais, Mémoire en Images, Éditions Alan Sutton, , 128 p. (ISBN 9782842531331)
Articles connexes
Liens externes
- Potain, la Traversée d'un Siècle, Groupe Legris Industries
- Les grues à tour Potain, site de Manitowoc
- Mémorial Potain, inauguré le 24 Juin 2017 , Office de Tourisme du Sud Brionnais
- Célébrités de Saône-et-Loire, Jean-Philippe Henry pour FranceGenWeb