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« Guerre de Succession d'Espagne » : différence entre les versions

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La '''guerre de Succession d'Espagne''' a opposé de [[1701]] à [[1714]] la [[France]] et l'[[Espagne]] à une coalition européenne. L'enjeu en était le trône d'Espagne et, à travers lui, la domination en Europe. Dernière grande guerre de [[Louis XIV]], elle permit à la France d'installer un monarque français à [[Madrid]] : [[Philippe V]], mais avec un pouvoir reduit, et le renoncement, pour lui et pour sa descendance, au trône de France même dans le cas où les autres princes du sang français disparaîtraient. Ces conditions ne permettant pas une union aussi étroite que celle espérée par Louis XIV.<br />Rappelons que, de nos jours, cette dynastie règne toujours à Madrid.

==La [[succession d'Espagne (1680-1701)|succession d'Espagne]]==
Le {{1er novembre}} [[1700]], [[Charles II d'Espagne|Charles II]], [[Monarques d'Espagne|roi d'Espagne]], meurt sans successeur. Les deux principales familles régnantes d'Europe, celle de France ([[Maison capétienne de Bourbon|Bourbons]]) et celle d'[[Autriche]] ([[Habsbourgs]]), et toutes deux très apparentées à [[Charles II d'Espagne|Charles II]], revendiquent alors le trône.

[[Charles II d'Espagne|Charles II]] a légué sa couronne par testament à [[Philippe V d'Espagne|Philippe]], [[Liste des comtes et ducs d'Anjou|duc d'Anjou]], petit-fils du roi de France [[Louis XIV]]. Ce dernier est, en effet, par sa mère [[Anne d'Autriche (1601-1666)|Anne d'Autriche]], petit-fils du roi [[Philippe III d'Espagne]], donc cousin germain de [[Charles II d'Espagne|Charles II]]. [[Philippe V d'Espagne|Philippe]], âgé de 17&nbsp;ans, va à [[Madrid]] où il est couronné sous le nom de [[Philippe V d'Espagne|Philippe V]].

==Origines et préparation de la guerre==
{{Article détaillé|succession d'Espagne (1680-1701)}}

La question de la succession d'Espagne se pose depuis 1665 en raison de la débilité du roi Charles II de Habsbourg (épileptique, hérédosyphilitique, impuissant).

===Les attitudes des principales puissances europénnes===
*L'Espagne, affaiblie et appauvrie, cherche essentiellement à sauver son empire colonial (elle renonce à jouer un rôle important en Europe);
*Les Habsbourg d'Autriche, branche cadette de la Maison d'Espagne, estiment que cet héritage doit tout naturellement leur revenir;
*Le roi de France estime qu’il a autant de droits, étant fils et époux d’infante;
*Les puissances maritimes d'[[Angleterre]] et des [[Provinces-Unies]] voudraient éviter aussi bien une hégémonie française que la reconstitution de l'empire de [[Charles Quint]] et sont favorables à un compromis.

===La mort de Charles II===
Le dernier testament de Charles II ({{date|2|octobre|1700}}) fait du duc d'Anjou l'héritier unique des Espagnes à la condition expresse que l'héritage ne soit pas divisé : c'est la victoire du parti castillan sur le parti autrichien, qui était incarné par la reine ([[Marie-Anne de Neubourg]]). Or Charles II meurt le {{date|1|novembre|1700}}.
Louis XIV est mis au courant le 9 novembre. Il est alors face à un dilemme :
*ou il exécute le traité de partage de [[mars 1700]] ;
*ou bien il accepte le testament de Charles II.
Le [[Conseil d'en haut]], consulté, est partagé :
*deux d'entre eux préfèreraient accepter le testament : [[Louis Phélypeaux (1643-1727)|Pontchartrain]] et le [[Philippe V d'Espagne|Dauphin]];
*deux autres conseillent de refuser : [[Jean-Baptiste Colbert de Torcy|Torcy]] et [[Paul de Beauvilliers|Beauvilliers]].
[[Madame de Maintenon]], consultée en dernier lieu, est d'avis d'accepter. Le roi ne se prononce pas aussitôt : ce n'est qu'après avoir reçu d'autres courriers de Madrid qu'il accepte le testament et présente le duc d'Anjou à la cour sous son nouveau titre, le {{date|16|novembre|1700}} : « Messieurs, voici le roi d'Espagne ».

Les avantages de ce choix sont la neutralisation définitive de l'Espagne, grande puissance maritime et coloniale (« il n'y a plus de Pyrénées »); l'Espagne de fait sera l'alliée de la France jusqu'à la Révolution (sauf pendant la [[guerre de la Quadruple-Alliance]], sous l'influence du cardinal [[Jules Alberoni|Giulio Alberoni]], guerre de l'Espagne contre la France et l'Angleterre en [[1719]] ; a noter également l'échec des fiançailles de la [[Marie-Anne-Victoire de Bourbon (1718-1781)|fille]] de [[Philippe V d'Espagne|Philippe V]] avec [[Louis XV]] en [[1725]]).
Un autre avantage est l'apparente ouverture du marché américain à la France.

Les inconvénients de ce choix sont clairs : toute l'Europe se sent menacée par l'alliance dynastique de la France et de l'Espagne, d’autant plus forte que, par lettres patentes du {{date|1er|février|1701}}, Louis XIV reconnaît le droit de Philippe V à succéder à la couronne de France. La guerre européenne serait donc prévisible.

==La guerre==
[[Image:Louis le Grand; Rigaud Hyacinthe.jpg|230px|thumb|Louis XIV]]

L'[[Royaume d'Angleterre|Angleterre]] (qui a été rejointe pendant la guerre par l'[[Royaume d'Écosse|Écosse]] en [[1707]] pour devenir la [[Royaume de Grande-Bretagne|Grande-Bretagne]]) et les [[Provinces-Unies]], craignant la nouvelle puissance de la France alliée à l'Espagne, forme en [[1702]] la Grande Alliance de la Haye, sous l'égide de l'Empereur [[Léopold Ier du Saint-Empire|Léopold I{{er}}]], avec le [[Frédéric Ier de Prusse|Brandebourg]], l'[[Autriche]], le [[Piémont]] et le [[Pierre II de Portugal|Portugal]]. Cette alliance durera jusqu'en 1712. Les accords de cette alliance stipulent que l'Angleterre et les Provinces-Unies conserveront toutes les conquêtes qu’ils pourront faire dans les colonies espagnoles, l'Empire se réservant les territoires italiens.

La France a comme alliés l'Espagne et les [[Prince électeur|princes électeurs]] de [[Maximilien-Emmanuel de Bavière|Bavière]] et de [[Électorat de Cologne|Cologne]], ainsi que le prétendant d'Angleterre, [[Jacques François Stuart|Jacques III]]. L'appui du pape [[Clément XI]], qui veut contrer les pays protestants comme l'Angleterre et les Provinces-Unies, est acquis à la France. Jusqu'en [[1704]], la France conserve l'initiative stratégique.

Mais au cours des années qui suivent, les armées de la coalition, dirigées par le [[Eugène de Savoie-Carignan|prince Eugène]] et le [[John Churchill|duc de Marlborough]], remportent de nombreuses victoires sur tous les terrains : la [[bataille de Blenheim]] en [[1704]] fait perdre à la France son champ d'action en Allemagne. En [[1706]], les batailles de Turin et de [[Bataille de Ramillies|Ramillies]] chassent la France d'Italie du Nord ([[Valteline]]) et des [[Pays-Bas espagnols]]. La frontière du Nord de la France est menacée : après une retentissante défaite des armées françaises à la [[Bataille d'Audenarde]], [[Lille]] est prise en août [[1708]].

En [[1708]], [[Louis XIV de France|Louis XIV]] demande la paix. La coalition exige qu'il retire son soutien à [[Philippe V d'Espagne|Philippe V]] et qu'il se charge de déposer lui-même son petit-fils en lui envoyant l'armée française. [[Louis XIV de France|Louis XIV]] refuse ces conditions humiliantes et poursuit la guerre. Il lance un appel aux Français et leur expose la situation (appel du {{date|12|juin|1709}}). C'est à ce moment que le rapport de forces se met à évoluer. À [[Bataille de Malplaquet|Malplaquet]], l'armée française, bien que vaincue, inflige de telles pertes aux Anglo-Prussiens que ceux-ci doivent se retirer et renoncer à envahir la France. En [[1710]], à la [[bataille de Brihuega]] et à la [[bataille de Villaviciosa]], en Espagne, les forces des Habsbourg sont écrasées. L'année suivante, à [[Bataille de Denain|Denain]], le [[maréchal de France|maréchal]] [[Charles Louis Hector, duc de Villars|de Villars]] remporte contre les forces impériales une victoire décisive : le trône de [[Philippe V d'Espagne|Philippe V]] est sauvé.

Le coût de la guerre commence à peser chez les coalisés, et la situation politique évolue favorablement pour Louis XIV : en Grande-Bretagne, il y a une montée du [[pacifisme]], les Britanniques supportant par de lourdes contributions financières l'entretien des forces de la coalition.

En fait, c'est toute l'Europe qui est épuisée. La France, elle aussi, a considérablement souffert des impôts rendus nécessaires par les combats. L'issue de la guerre ne pourra venir que de la diplomatie. Au [[congrès d'Utrecht]], qui réunit les belligérants depuis janvier [[1712]], chacun essaie de trouver une sortie honorable. [[Philippe V d'Espagne|Philippe V]] conserve le trône d'Espagne. Toutefois Philippe doit renoncer, pour lui et pour sa descendance, au trône de France même dans le cas où les autres princes du sang français disparaîtraient. De la même manière, la France conserve toutes les conquêtes de [[Louis XIV de France|Louis XIV]] ([[Flandre française]], [[Roussillon (région)|Roussillon]], [[Lille]], [[Artois]], [[Franche-Comté]], [[Alsace]]). En [[Amérique]], la France cède l'[[Acadie]], la [[Terre-Neuve]] et la [[baie d'Hudson]] à la Grande-Bretagne et l'Espagne perd le monopole de l'''asiento'' ou [[Traite des noirs]]. Les combats cessent définitivement en [[1713]], après une campagne militaire en Allemagne victorieuse pour [[Louis XIV de France|Louis XIV]]. Le [[6 mars]] [[1714]] est signé le [[Traité de Rastatt]]. Ce Traité marque pour l'Autriche un agrandissement de ses États héréditaires au détriment de sa puissance impériale. Mais les [[Habsbourg]] renoncent à la couronne d'Espagne et des Amériques. En [[1738]], ils perdront [[Naples]] et la [[Sicile]] au profit de [[Charles III d'Espagne]] fils de [[Philippe V d'Espagne|Philippe V]] à l'issue de la fin de la [[Guerre de Succession de Pologne]].

==Un tournant dans l'histoire européenne==
La guerre de succession d'Espagne a profondément marqué l'évolution du rapport des forces entre les puissances européennes. La Grande-Bretagne s'est affirmée comme l'une des puissances majeures en Europe (précieux avantages outre-mer et affirmation de sa suprématie sur les mers). L'Espagne a définitivement coupé deux siècles de liens familiaux avec l'Autriche et devient une puissance secondaire en Europe. Mais la France demeure la première puissance militaire du continent, et son ensemble colonial reste plus important que celui de la Grande-Bretagne. À Utrecht, la Prusse et le Piémont sont érigés en royaume, tandis que le traité sanctionne l'affaissement de la puissance économique des Provinces-Unies, victoire posthume de Louis XIV et de Colbert.

==Chronologie et batailles==
* [[1700]] : le [[16 novembre]], [[Philippe V d'Espagne|Philippe d'Anjou]] devient roi d'Espagne.
* [[1701]] : février, la France envahit les possessions espagnoles hollandaises.
* [[1701]] : [[Philippe V d'Espagne|Philippe d'Anjou]] proclamé roi d'Espagne.
* [[1701]] : En juillet, le [[Prince Eugène]] force le [[Nicolas de Catinat|maréchal de Catinat]] à la retraite à la [[bataille de Carpi]].
* [[1701]] : En septembre, le [[Prince Eugène]] bat le [[François de Neufville de Villeroy|maréchal de Villeroy]] à la [[bataille de Chiari]].
* [[1702]] : [[2 février]], le [[François de Neufville de Villeroy|maréchal de Villeroy]] est fait prisonnier à la [[Bataille de Crémone (1702)|bataille de Crémone]].
* [[1702]] : [[15 août]], [[Eugène de Savoie-Carignan|Eugène de Savoie]] manque de remporter la victoire sur [[Louis-Joseph de Vendôme]] à la [[bataille de Luzzara]]
* [[1702]] : Mort de [[Guillaume III d'Angleterre]].
* [[1702]] : L'Angleterre, l'Empereur et les [[Provinces-Unies]] déclarent la guerre à la France
* [[1703]] : Prise de [[Bonn]] par le duc de Marlborough.
* [[1704]] : [[Bataille de Blenheim]] ou [[Höchstädt]].
* [[1704]] : Les Anglais s'emparent de [[Gibraltar]].
* [[1705]] : [[Barcelone]] prise par le Marquis de Peterborough.
* [[1706]] : [[Bataille de Ramillies]].
* [[1706]] : [[Bataille de Turin]].
* [[1707]] : [[Bataille d'Almanza]].
* [[1708]] : [[Bataille d'Audenarde]].
* [[1708]] : [[Bataille de Wijnendale]] [http://nl.wikipedia.org/wiki/Slag_bij_Wijnendale].
* [[1708]] : Prise de [[Minorque]] et de la [[Sardaigne]].
* [[1709]] : [[Bataille de Malplaquet]].
* [[1709]] : Prise de [[Tournai]].
* [[1710]] : [[27 juillet]], Les troupes de [[Philippe V d'Espagne|Philippe V]] sont vaincues par l'[[Charles VI du Saint-Empire|archiduc Charles]] à la [[bataille d'Almenara]].
* [[1710]] : [[20 août]], Victoire décisive des anglo-aragonais à la [[bataille de Saragosse]]
* [[1710]] : [[10 décembre]], [[Louis-Joseph de Vendôme|Vendôme]] gagne la [[bataille de Villaviciosa]]
* [[1712]] : [[Bataille de Denain]].
* [[1713]] : [[Traité d'Utrecht (1713)|Traité d'Utrecht]].
* [[1714]] : [[Traité de Rastatt]].

Par l'article X du traité de Utrecht, l'Espagne cède à la Grande-Bretagne les bases de Minorque et de Gibraltar. Londres devra rendre Minorque au [[traité de Versailles]] de 1783.

==Voir aussi==

===Liens internes===
*''Article connexe en Histoire de l'Art, pour l'Espagne :'' [[Siècle d'or espagnol]]
*[[guerres de Louis XIV]]
*[[Succession d'Espagne]]
*[[Philippe Charles de La Fare]]

===Liens externes===
* [http://theses.enc.sorbonne.fr/document985.html Les défaites françaises de la guerre de Succession d'Espagne (1704-1708)] par Clément Oury, Thèse de l'Ecole nationale des chartes, [[2005]]

{{Louis XIV}}
{{lien AdQ|en}}

{{multi bandeau|Portail histoire militaire|Portail Espagne}}

[[Catégorie:Histoire de l'Europe]]
[[Catégorie:Guerre de Succession|Espagne]]
[[Catégorie:Guerre de l'histoire de France|Succession d'Espagne]]
[[Catégorie:Histoire de l'Espagne]]
[[Catégorie:Guerre de Louis XIV]]
[[Catégorie:Guerre franco-hollandaise]]
[[Catégorie:Formation territoriale de la France]]
[[Catégorie:XVIIIe siècle]]

[[ar:حرب الخلافة الأسبانية]]
[[bg:Война за испанското наследство]]
[[ca:Guerra de Successió Espanyola]]
[[cs:Války o dědictví španělské]]
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[[de:Spanischer Erbfolgekrieg]]
[[el:Πόλεμος της Ισπανικής Διαδοχής]]
[[en:War of the Spanish Succession]]
[[eo:Milito de postveno de Hispanio]]
[[es:Guerra de Sucesión Española]]
[[fi:Espanjan perimyssota]]
[[gl:Guerra de Sucesión Española]]
[[he:מלחמת הירושה הספרדית]]
[[hu:Spanyol örökösödési háború]]
[[it:Guerra di successione spagnola]]
[[ja:スペイン継承戦争]]
[[ko:스페인 왕위계승전쟁]]
[[nl:Spaanse Successieoorlog]]
[[no:Den spanske arvefølgekrigen]]
[[pl:Wojna o sukcesję hiszpańską]]
[[pt:Guerra da Sucessão Espanhola]]
[[ru:Война за Испанское наследство]]
[[sk:Vojna o španielske dedičstvo]]
[[sr:Рат за шпанско наслеђе]]
[[sv:Spanska tronföljdskriget]]
[[tr:İspanya Veraset Savaşları]]
[[uk:Війна за іспанську спадщину]]
[[vi:Chiến tranh Kế vị Tây Ban Nha]]
[[zh:西班牙王位繼承戰爭]]

Version du 10 octobre 2007 à 14:33

Guerre de Succession d'Espagne
[[Fichier:Fichier:Denain.jpg |frameless |upright=1.2 |alt=Description de cette image, également commentée ci-après ]]
Bataille de Denain
Informations générales
Date 1701-1714
Lieu Europe
Issue Traité d'Utrecht
Philippe d'Anjou est reconnu comme roi d'Espagne mais renonce à ses droits de succession au trône de France
Belligérants
Couronne de Castille
France
Bavière
Cologne		 Provinces-Unies
Angleterre
Grande-Bretagne
Brandebourg
Saint Empire
Piémont
Portugal
Couronne d'Aragon
Commandants
Maréchal de Villars
Maréchal de Vendôme
Maximilien-Emmanuel de Bavière		 Prince Eugène de Savoie
Duc de Malborough
Margrave de Bade

Guerre de Succession d'Espagne

Batailles

Campagnes de Flandre et du Rhin

Campagnes d'Italie

Campagnes d'Espagne et de Portugal

Campagnes de Hongrie

Antilles et Amérique du sud

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La guerre de Succession d'Espagne a opposé de 1701 à 1714 la France et l'Espagne à une coalition européenne. L'enjeu en était le trône d'Espagne et, à travers lui, la domination en Europe. Dernière grande guerre de Louis XIV, elle permit à la France d'installer un monarque français à Madrid : Philippe V, mais avec un pouvoir reduit, et le renoncement, pour lui et pour sa descendance, au trône de France même dans le cas où les autres princes du sang français disparaîtraient. Ces conditions ne permettant pas une union aussi étroite que celle espérée par Louis XIV.
Rappelons que, de nos jours, cette dynastie règne toujours à Madrid.

La succession d'Espagne

Le 1er novembre 1700, Charles II, roi d'Espagne, meurt sans successeur. Les deux principales familles régnantes d'Europe, celle de France (Bourbons) et celle d'Autriche (Habsbourgs), et toutes deux très apparentées à Charles II, revendiquent alors le trône.

Charles II a légué sa couronne par testament à Philippe, duc d'Anjou, petit-fils du roi de France Louis XIV. Ce dernier est, en effet, par sa mère Anne d'Autriche, petit-fils du roi Philippe III d'Espagne, donc cousin germain de Charles II. Philippe, âgé de 17 ans, va à Madrid où il est couronné sous le nom de Philippe V.

Origines et préparation de la guerre

Article détaillé : succession d'Espagne (1680-1701).

La question de la succession d'Espagne se pose depuis 1665 en raison de la débilité du roi Charles II de Habsbourg (épileptique, hérédosyphilitique, impuissant).

Les attitudes des principales puissances europénnes

  • L'Espagne, affaiblie et appauvrie, cherche essentiellement à sauver son empire colonial (elle renonce à jouer un rôle important en Europe);
  • Les Habsbourg d'Autriche, branche cadette de la Maison d'Espagne, estiment que cet héritage doit tout naturellement leur revenir;
  • Le roi de France estime qu’il a autant de droits, étant fils et époux d’infante;
  • Les puissances maritimes d'Angleterre et des Provinces-Unies voudraient éviter aussi bien une hégémonie française que la reconstitution de l'empire de Charles Quint et sont favorables à un compromis.

La mort de Charles II

Le dernier testament de Charles II () fait du duc d'Anjou l'héritier unique des Espagnes à la condition expresse que l'héritage ne soit pas divisé : c'est la victoire du parti castillan sur le parti autrichien, qui était incarné par la reine (Marie-Anne de Neubourg). Or Charles II meurt le . Louis XIV est mis au courant le 9 novembre. Il est alors face à un dilemme :

  • ou il exécute le traité de partage de mars 1700 ;
  • ou bien il accepte le testament de Charles II.

Le Conseil d'en haut, consulté, est partagé :

Madame de Maintenon, consultée en dernier lieu, est d'avis d'accepter. Le roi ne se prononce pas aussitôt : ce n'est qu'après avoir reçu d'autres courriers de Madrid qu'il accepte le testament et présente le duc d'Anjou à la cour sous son nouveau titre, le  : « Messieurs, voici le roi d'Espagne ».

Les avantages de ce choix sont la neutralisation définitive de l'Espagne, grande puissance maritime et coloniale (« il n'y a plus de Pyrénées »); l'Espagne de fait sera l'alliée de la France jusqu'à la Révolution (sauf pendant la guerre de la Quadruple-Alliance, sous l'influence du cardinal Giulio Alberoni, guerre de l'Espagne contre la France et l'Angleterre en 1719 ; a noter également l'échec des fiançailles de la fille de Philippe V avec Louis XV en 1725). Un autre avantage est l'apparente ouverture du marché américain à la France.

Les inconvénients de ce choix sont clairs : toute l'Europe se sent menacée par l'alliance dynastique de la France et de l'Espagne, d’autant plus forte que, par lettres patentes du , Louis XIV reconnaît le droit de Philippe V à succéder à la couronne de France. La guerre européenne serait donc prévisible.

La guerre

Louis XIV

L'Angleterre (qui a été rejointe pendant la guerre par l'Écosse en 1707 pour devenir la Grande-Bretagne) et les Provinces-Unies, craignant la nouvelle puissance de la France alliée à l'Espagne, forme en 1702 la Grande Alliance de la Haye, sous l'égide de l'Empereur Léopold Ier, avec le Brandebourg, l'Autriche, le Piémont et le Portugal. Cette alliance durera jusqu'en 1712. Les accords de cette alliance stipulent que l'Angleterre et les Provinces-Unies conserveront toutes les conquêtes qu’ils pourront faire dans les colonies espagnoles, l'Empire se réservant les territoires italiens.

La France a comme alliés l'Espagne et les princes électeurs de Bavière et de Cologne, ainsi que le prétendant d'Angleterre, Jacques III. L'appui du pape Clément XI, qui veut contrer les pays protestants comme l'Angleterre et les Provinces-Unies, est acquis à la France. Jusqu'en 1704, la France conserve l'initiative stratégique.

Mais au cours des années qui suivent, les armées de la coalition, dirigées par le prince Eugène et le duc de Marlborough, remportent de nombreuses victoires sur tous les terrains : la bataille de Blenheim en 1704 fait perdre à la France son champ d'action en Allemagne. En 1706, les batailles de Turin et de Ramillies chassent la France d'Italie du Nord (Valteline) et des Pays-Bas espagnols. La frontière du Nord de la France est menacée : après une retentissante défaite des armées françaises à la Bataille d'Audenarde, Lille est prise en août 1708.

En 1708, Louis XIV demande la paix. La coalition exige qu'il retire son soutien à Philippe V et qu'il se charge de déposer lui-même son petit-fils en lui envoyant l'armée française. Louis XIV refuse ces conditions humiliantes et poursuit la guerre. Il lance un appel aux Français et leur expose la situation (appel du ). C'est à ce moment que le rapport de forces se met à évoluer. À Malplaquet, l'armée française, bien que vaincue, inflige de telles pertes aux Anglo-Prussiens que ceux-ci doivent se retirer et renoncer à envahir la France. En 1710, à la bataille de Brihuega et à la bataille de Villaviciosa, en Espagne, les forces des Habsbourg sont écrasées. L'année suivante, à Denain, le maréchal de Villars remporte contre les forces impériales une victoire décisive : le trône de Philippe V est sauvé.

Le coût de la guerre commence à peser chez les coalisés, et la situation politique évolue favorablement pour Louis XIV : en Grande-Bretagne, il y a une montée du pacifisme, les Britanniques supportant par de lourdes contributions financières l'entretien des forces de la coalition.

En fait, c'est toute l'Europe qui est épuisée. La France, elle aussi, a considérablement souffert des impôts rendus nécessaires par les combats. L'issue de la guerre ne pourra venir que de la diplomatie. Au congrès d'Utrecht, qui réunit les belligérants depuis janvier 1712, chacun essaie de trouver une sortie honorable. Philippe V conserve le trône d'Espagne. Toutefois Philippe doit renoncer, pour lui et pour sa descendance, au trône de France même dans le cas où les autres princes du sang français disparaîtraient. De la même manière, la France conserve toutes les conquêtes de Louis XIV (Flandre française, Roussillon, Lille, Artois, Franche-Comté, Alsace). En Amérique, la France cède l'Acadie, la Terre-Neuve et la baie d'Hudson à la Grande-Bretagne et l'Espagne perd le monopole de l'asiento ou Traite des noirs. Les combats cessent définitivement en 1713, après une campagne militaire en Allemagne victorieuse pour Louis XIV. Le 6 mars 1714 est signé le Traité de Rastatt. Ce Traité marque pour l'Autriche un agrandissement de ses États héréditaires au détriment de sa puissance impériale. Mais les Habsbourg renoncent à la couronne d'Espagne et des Amériques. En 1738, ils perdront Naples et la Sicile au profit de Charles III d'Espagne fils de Philippe V à l'issue de la fin de la Guerre de Succession de Pologne.

Un tournant dans l'histoire européenne

La guerre de succession d'Espagne a profondément marqué l'évolution du rapport des forces entre les puissances européennes. La Grande-Bretagne s'est affirmée comme l'une des puissances majeures en Europe (précieux avantages outre-mer et affirmation de sa suprématie sur les mers). L'Espagne a définitivement coupé deux siècles de liens familiaux avec l'Autriche et devient une puissance secondaire en Europe. Mais la France demeure la première puissance militaire du continent, et son ensemble colonial reste plus important que celui de la Grande-Bretagne. À Utrecht, la Prusse et le Piémont sont érigés en royaume, tandis que le traité sanctionne l'affaissement de la puissance économique des Provinces-Unies, victoire posthume de Louis XIV et de Colbert.

Chronologie et batailles

Par l'article X du traité de Utrecht, l'Espagne cède à la Grande-Bretagne les bases de Minorque et de Gibraltar. Londres devra rendre Minorque au traité de Versailles de 1783.

Voir aussi

Liens internes

Liens externes

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