Île-de-France (paquebot)

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 20 août 2014 à 18:22 et modifiée en dernier par M-le-mot-dit (discuter | contributions). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.

Modèle:Infobox Navire à passagers

L’Île-de-France est un paquebot construit en 1927 par les Ateliers et chantiers de France de Saint-Nazaire pour la Compagnie générale transatlantique. Il est détruit à Osaka en 1959 après avoir été utilisé pour le tournage du film Panique à bord.
Son histoire est marquée par plusieurs événements dont sa participation à la Seconde Guerre mondiale et deux sauvetages dans l’océan Atlantique.

Histoire

Construction

Sa construction est décidée pour remplacer d'anciens paquebots de la Compagnie générale transatlantique : La Touraine et La Lorraine. L’Île-de-France est mis sur cale le samedi . Il est lancé le dimanche aux Ateliers et chantiers de France à Saint-Nazaire.

Début de carrière

Le paquebot est livré par les Ateliers et chantiers de France le et entame son voyage inaugural entre Le Havre et New York le , devenant pour un temps le plus beau paquebot de l’Atlantique. L’Île-De-France est surnommé aux États-Unis « The longest gangplank » (« la plus grande passerelle ») pendant la Prohibition, car l’alcool coule à profusion à son bord (il est interdit sur les paquebots américains) et permet d’être ainsi immédiatement en France, le pays du « bien vivre », bien avant l’arrivée à destination. À bord du paquebot, il règne l'atmosphère sans souci des années folles et de l’entre-deux-guerres. Le paquebot poursuit sa carrière sans incident jusqu’à la déclaration de guerre le .

Hydravion

Un essage envoyé par l’hydravion du paquebot

Le navire possède un hydravion postal[1], un Lioré et Olivier H-198 avec un moteur Gnome-Jupiter de 420 chevaux. Celui-ci est catapulté, depuis une rampe de 20 mètres installée à l'arrière du navire, lorsque le navire se trouve à 500 milles marins des côtes[1]. Le courrier est ainsi acheminé avec une journée d'avance sur le paquebot. Ce service postal étant inauguré le 13 août 1928, sur la liaison Le Havre— New York[2]. Quelquefois, l'avion embarque également un passager[1]. Mais le catapultage est soumis aux conditions météo et l'hydravion n’est utilisé que quatre fois en 1928, huit fois en 1929 et douze fois en 1930[1]. Si le système fonctionne bien (ce système de catapultage d'hydravion, à air comprimé et poudre, équipera trois bâtiments de ligne, sept croiseurs lourds et dix croiseurs légers de la marine nationale[1]), il est finalement abandonné car la force des catapultages fatigue la structure du paquebot[1].

Pendant la guerre

L’Île-De-France et l’Aquitania pendant la Seconde Guerre mondiale

À la déclaration de guerre, il est rejoint par le paquebot Normandie au pier 88 de la Transat à New York. Au moment de l'invasion allemande de , le paquebot est en route pour l’Indochine et il se réfugie à Singapour. Grâce à l'initiative de son commandement et de son équipage, il rallie les Alliés en et est converti en transport de troupes.

Pour son premier voyage comme transport de troupes, il quitte Singapour le pour aller embarquer des soldats australiens à Sydney qu'il transporte jusqu'à Suez[1]. Il fait ensuite plusieurs transports entre Suez, l’Afrique et les Indes. En , il part pour San Francisco puis retourne dans l’océan Indien. Il part ensuite pour l’Angleterre et passe sous la gérance de la Cunard Line qui y affecte un équipage en partie britannique[1]. Il repart pour New York pour une refonte importante et va alors servir jusqu'à la fin de la guerre pour acheminer des troupes canadiennes et américaines en Grande-Bretagne[1] en vue du débarquement allié. Pendant 4 ans, il transporte ainsi près d'un demi million de soldats.
Cela lui vaut de recevoir la Croix de guerre et d'être nommé Chevalier du Mérite maritime. Il est remis à disposition de la France à Southampton, le .

Reprise du service civil

Menu du déjeuner servi à l'occasion du retour de l'Île-de-France sous pavillon français

À la fin de son service de guerre, il prend la direction des chantiers qui l’ont vu naître. Il y arrive le et y subit une profonde refonte qui le modernise. Sa silhouette est entièrement transformé. Il perd ses trois fines et hautes cheminées au profit de deux cheminées plus larges au dessin elliptique, le trait de coque avant est affiné en montrant une courbe pour séparer la peinture noire de la blanche. Ces modifications sont inspirées du dessin et des formes du paquebot Normandie. De plus, le mobilier de ce dernier est en partie récupéré par l’Île-De-France. Il reçoit également l’air conditionné, une nouvelle piscine au pont C et la capacité est réduite pour un meilleur confort, passant de 1 794 passagers à 1 345. Il est rejoint à Saint-Nazaire par le paquebot Liberté. L’Île-De-France démarre son second voyage inaugural vers New York le .

Le « Saint-Bernard » des mers

C’est une carrière exceptionnelle qui est marquée par de nombreux sauvetages dont celui particulièrement périlleux du cargo Greenville le et celui du paquebot italien Andrea Doria, éperonné par le paquebot Stockholm dans la nuit du 25 au . À l'issue du sauvetage de 753 des 1 706 passagers de l’Andrea Doria (vs 46 décédés), l’Île-de-France effectue une troisième remontée triomphale de l’Hudson accompagné par les remorqueurs, le moindre des bateaux présents ce jour-là, ainsi que de nombreux avions dans le ciel new-yorkais. Il était alors commandé par le capitaine au long cours Raoul De Beaudéan. Ce paquebot est le seul à avoir connu un tel privilège. Les nombreux et spectaculaires sauvetages réalisés par l’Île-de-France valent au navire le surnom de « Saint-Bernard des mers », en référence à cette race de chiens spécialistes du sauvetage.

Le paquebot France commandé le par la Compagnie générale transatlantique est en cours de construction depuis le à Saint-Nazaire et pointe du doigt l'âge du paquebot Île-de-France tout comme celui du Liberté. Finalement, après de nombreuses traversées de l’océan Atlantique, l’Île-de-France effectue son dernier voyage transatlantique le .

Fin de vie

L’Île-de-France est vendu par la Compagnie générale transatlantique à Yamamoto & Co d'Osaka le ; et c'est le qu'il quitte le port du Havre sous le nom de Furanzu Maru. Il arrive à Osaka le . La fin du paquebot provoque un scandale comparable à celui de la fin du paquebot France, car malgré une cérémonie Shinto tenue le pour célébrer l'âme du vaillant paquebot, il sert de cadre à un film hollywoodien Panique à bord (The Last Voyage). Pour les besoins du film, il est partiellement coulé en mer du Japon et saccagé sous le nom de Centurion. À la fin du tournage, le navire est détruit.

Design

Intérieurs

Il innove en apportant pour sa décoration la première grande expression de l’art déco (on parle même d’« art déco paquebot »). Ce style sera repris sur L’Atlantique et sur le Normandie. Sa salle à manger des premières classes est d’ailleurs reproduite au sommet de l’ancien magasin à rayons Eaton de Montréal. Elle est longtemps considérée comme l'un des endroits les plus chics de cette ville. La décoration fut confiée à l'architecte-décorateur Louis Süe et au peintre Gustave Louis Jaulmes qui réalisèrent là leur dernière collaboration[3].L'artiste peintre Yvonne Jean-Haffen participa également à la décoration de ce navire, en compagnie de son ami et professeur, le peintre Mathurin Méheut qui y réalisa la décoration des appartements du commissaire principal de bord, ainsi que celle de la suite Fontainebleau.

Notes et références

  1. a b c d e f g h et i « 1934 Île-de-France », p. 70 à 81, Paquebots de Daniel Hillion, éd. Ouest-France, septembre 1992, (ISBN 2737311845).
  2. Le 13 août 1928 dans le ciel : Nouveau service postal aérien entre la France et l’Amérique Air-journal.fr 13 août 2011
  3. Archiwebture, fiche descriptive, Fonds Louis Süe

Annexes

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie

  • Charles Offrey, Chronique transatlantique du 20e siècle, éditions MDV (Maîtres du Vent), La Falaise, 2000 (ISBN 9782352610083)
  • Aymeric Perroy et Didier Mouchel, Voyages en mer - Paquebots et cargos, Librairie de la mer, 2003 (ISBN 9782842774912)
  • Daniel Hillion, Paquebots, éd. Ouest-France, 1992 (ISBN 2737311845)

Articles connexes

Liens externes