Union fédérale des étudiants

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Union fédérale des étudiants
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L'Union fédérale des étudiants (UFE) est une organisation étudiante qui de 1926 à 1938 rassemble des étudiants membres ou proches du Parti communiste français.

Historique[modifier | modifier le code]

Le , des étudiants proches du Parti communiste créent l'Union fédérale des étudiants[1]. Cette organisation, dont l'existence dure jusque vers 1937-1938, considérée par ceux qui en firent partie comme « communiste », comprend cependant de nombreux non-communistes[2]. Il en résulte une ambiguïté sur sa nature : association politique ou « organisation de masse » de type syndicat étudiant. Cette ambiguïté se manifeste ainsi à l'École normale de la Seine, où l'UFE est accusée de concurrencer l'Amicale des élèves et d'insuffler un « mauvais esprit ». Pour améliorer son implantation parmi les élèves instituteurs, l'UFE a créé une Union générale des étudiants pour l'enseignement (UGE) qui apparait en 1927 sur des tracts distribués à l'École normale de la Seine. En 1928, l'UGE prétend avoir une trentaine de sections dans les Écoles normales et édite un journal, Le Jeune travailleur de l'enseignement[3].

Si l'Union fédérale des étudiants est très minoritaire, elle n'est plus, à partir de 1934 un groupuscule, et de nombreux jeunes intellectuels y acquièrent une expérience politique. Elle participe ainsi à l'éphémère « Front populaire de la jeunesse » où elle est représentée dès la réunion de fondation en par André Hoschiller. Elle participe aussi aux cortèges du meeting du [4].

Lors de l'Affaire Jèze, l'UFE n’appelle pas à manifester, car selon Hoschiller : « Manifester contre Jèse, c'est manifester contre la liberté d'opinion »[5]. L'UFE participe à un Front universitaire antifasciste, dirigé par Henri Noguères qui a la particularité d'être membre de l'UFE et des Étudiants socialistes[6].

À la rentrée 1935, elle s’engage aussi contre l'augmentation des frais d'inscriptions décidées par le gouvernement Laval, en partenariat avec les étudiants catholiques de la Fédération française des étudiants catholiques (FFEC)[5]. Cette campagne se mène d'ailleurs sans l'Union nationale des étudiants de France (UNEF), car, selon son secrétaire général, Alain Baron : « L'Union nationale des étudiants de France a depuis longtemps décidé formellement de ne jamais collaborer avec des associations présentant un caractère politique quelconque. Or, l'Union fédérale des étudiants, quoique ses dirigeants puissent en dire, présente tous les caractères d'une association politique de combat »[7].

Lors des élections aux conseils des facultés de Paris le , l'Union corporative, membre de l'UFE, arrive devant l'Association corporative, membre de l'UNEF, en partie grâce au soutien des étudiants catholiques de la FFEC[8]. Cette campagne débouche même sur la création d'un Groupement corporatif interfédéral des étudiants (CGIE) présidé par Roger Millot et rassemblant avec la FFEC, l'UFE et l'union corporative des étudiants, l'amicale des étudiants en Pharmacie, l'association catholique des étudiants en Pharmacie, l'association des étudiants en Médecine, la conférence Laënnec et la corporation de Droit. Le GCIE est reçu par le ministre de l'Instruction publique, Henri Guernut le . Pour calmer la contestation étudiante, le gouvernement Sarraut décide finalement de revenir sur la réforme des droits d'inscription et crée une commission à laquelle participent l'UNEF et la FFEC[9].

Selon une note de la Préfecture de Police du , l'UFE compte 500 adhérents. Elle crée un office de placement qui obtient le patronage du recteur, un office de remplacement pour les officines pharmaceutiques et un service d’échanges de livres. En , son journal, L'Étudiant d'avant-garde devient Étudiants[6].

L'UFE est également présente dans certaines facultés de province. Ainsi à Strasbourg, Maurice Kriegel-Valrimont en est un adhérent depuis [10]. Ses effectifs sont renforcés par l'adhésion des Étudiants socialistes en 1935[11]. Les secrétaires de l'Union fédérale des étudiants[12] en :

  • 1933 : Henri Chrétien, étudiant en médecine[13].
  • 1934-1936 : Aimé Albert, étudiant en médecine[14].
  • 1934-1938 : Francis Cohen, étudiant en sciences naturelles[15].

Personnalités membres de l'UFE[modifier | modifier le code]

Entre 1927 et 1930, Laurent Casanova, étudiant en droit en est un des dirigeants[16]. Le groupe de l'UFE de la faculté de médecine est dirigé par une étudiante corse, Danielle Casanova (à l'époque, elle se nomme Vincentella Perini). Leurs destins se croisent là. Selon une des biographes de Danielle Casanova, « les premiers adhérents de l'UFE se comptaient encore sur les doigts de la main », en 1927[17]. Parmi les militants de l'UFE de ces premières années, les biographies du Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français livrent les noms de Maurice Ténine (médecine) et de sa sœur Juliette Ténine (études dentaires)[18].

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Jacques Varin, « Les étudiants communistes, des origines à la veille de Mai 1968 », Matériaux pour l'histoire de notre temps, no 74,‎ , p. 37
  2. Par non-communiste, on entend ici, qu'ils n'ont pas la carte du PCF ou du Mouvement de la Jeunesse communiste. Rien ne permet d'établir une quelconque proportion des uns et des autres.
  3. Jean-Paul Thomas, « De la fâcheuse influence d'esprits mal équilibrés », Communications, no 66,‎ , p. 157-159.
  4. Cédric Meletta, « Une biennale de l’engagement militant : le Front populaire de la jeunesse de Paris (1935-1937) », Matériaux pour l'histoire de notre temps, no 74,‎ , p. 9.
  5. a et b David Collon, « Les étudiants catholiques sur le terrain syndical: la FFEC et l'UNEF, de 1929 à 1949 », Les Cahiers du GERME, no 27,‎ 2007/2008, p. 59
  6. a et b Alain Monchablon, « Les années Front populaire des étudiants de Paris », Vingtième Siècle. Revue d'histoire, vol. 1, no 133,‎ , p. 27-37 (lire en ligne, consulté le )
  7. Alain Baron, Lettre du 19 décembre 1935, citée dans David Collon, « Les étudiants catholiques sur le terrain syndical: la FFEC et l'UNEF, de 1929 à 1949 », Les Cahiers du GERME, no 27,‎ 2007/2008, p. 60.
  8. David Collon, « Les étudiants catholiques sur le terrain syndical: la FFEC et l'UNEF, de 1929 à 1949 », Les Cahiers du GERME, no 27,‎ 2007/2008, p. 60
  9. David Collon, « Les étudiants catholiques sur le terrain syndical: la FFEC et l'UNEF, de 1929 à 1949 », Les Cahiers du GERME, no 27,‎ 2007/2008, p. 61
  10. Voir le témoignage de celui qui ne s'appelle encore que Maurice Kriegel, Mémoires rebelles, éditions Odile Jacob, Paris, 1999, p. 19. La définition de l'Union fédérale des étudiants qu'il donne est celle-ci : « quelques étudiants de gauche, autour de militants communistes ». Les deux responsables nationaux de l'UFE dont il se souvient sont vers 1936 Pierre Hervé et le docteur Albert (probablement Aimé Albert).
  11. ?
  12. D'après les notices biographiques du Maitron.
  13. Le docteur Henri Chrétien, né en 1912, membre de l'UFE de 1929 à 1936, participe au service médical des Brigades internationales puis à la Résistance (tome 22 du Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français)
  14. J. Varin, Les étudiants communistes... .etc, matériaux pour l'histoire du temps présents, op.cit. Aimé Albert, né en 1909, mort à Paris en 1982 était membre du Parti communiste depuis 1928. En 1935 il est délégué à Moscou au 6e congrès de l'Internationale des jeunesses communistes. Établi médecin à Ivry-sur-Seine, il participe à la Résistance, où il fut médecin des FTP. Cf. la biographie d'Aimé Albert dans Claude Pennetier(sous la direction de) : Figures militantes en Val-de-Marne, 1870-1970, Paris, Les éditions de l'Atelier, 2009.
  15. Notice de Francis Cohen, dans le Maitron, tome 23, signée par Jean Maitron. Jacques Varin, ibid.. nomme un autre responsable de l'UFE entre 1936 et 1939, Gaston Casanova.
  16. notice "Laurent Casanova", établie par Jean Maitron et Claude Pennetier, dans le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, tome 21.
  17. Simone Téry, Du soleil plein le cœur. La merveilleuse histoire de Danielle Casanova, Les éditeurs français réunis, 1949, p. 63-68.
  18. Maurice Ténine, fusillé en octobre 1941, à Châteaubriant, "milite activement à l'Union fédérale des étudiants" note, tome 41 sa biographe Nadia Ténine-Michel.
  19. Victor Leduc, Les Tribulations d'un idéologue, éditions Syros, Paris, 1985. Il y donne une définition de l'UFE : « L'Union fédérale des étudiants constituait sous cette enseigne neutre l'organisation large des communistes », p. 29.
  20. Jean-Pierre Vernant, La Volonté de comprendre, éditions de l'aube, 1999.
  21. Henri Douzou, Lucie Aubrac, éditions Perrin, 2009, p. 65-70.
  22. France Bloch, née en 1913, fille de l'écrivain Jean-Richard Bloch, étudiante chercheuse en Chimie, participe à la Résistance. Arrêtée en mai 1942, condamnée à mort, elle est emprisonnée en Allemagne. Le 12 février 1943, elle est exécutée à Hambourg. Cf Lettres de fusillés, éditions sociales, Paris, 1958, page 48.
  23. M-E. Nordmann, née en 1910, étudiante en chimie, puis chercheuse, appartient au même réseau FTP que France Bloch. Elle fut déportée à Auschwitz, puis à Ravensbrück. Voir Charlotte Delbo, Le Convoi du 24 janvier 1943, Les éditions de Minuit, Paris 1965. Dans le même convoi, composée majoritairement de résistantes, figurait Danielle Casanova
  24. Valentin Feldman, né en 1909 à Saint-Pétersbourg, philosophe, résistant et communiste est fusillé par les Allemands au Mont Valérien le 27 juillet 1942
  25. Tous sont cités par Victor Leduc.
  26. Cf Laurent Douzou, op. cit.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Article connexe[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Cédric Meletta, « Une biennale de l’engagement militant : le Front populaire de la jeunesse de Paris (1935-1937) », Matériaux pour l'histoire de notre temps, no 74,‎ , p. 7-13 (lire en ligne)
  • Jean-Paul Thomas, « De la fâcheuse influence d'esprits mal équilibrés », Communications, no 66,‎ , p. 147-164 (lire en ligne)
  • Jacques Varin, « L'Union fédérale des étudiantes », Cahiers du Germe, no 3,‎
  • Jacques Varin, « Les étudiants communistes, des origines à la veille de Mai 1968 », Matériaux pour l'histoire de notre temps, no 74,‎ , p. 37-49 (lire en ligne)