Totonaques

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Cérémonie traditionnelle totonaque appelée en espagnol Danza de los Voladores.

Les Totonaques, peuple amérindien, vivaient sur les côtes montagneuses de l'est du Mexique à l'arrivée des Espagnols en 1519. De nos jours, ils résident dans les États de Veracruz et de Puebla. Ils ont bâti la cité précolombienne de El Tajín. Jusqu'au milieu du XIXe siècle, ils étaient les premiers producteurs mondiaux de vanille.

Géographie et style de vie[modifier | modifier le code]

Sculpture tononaque. Nopiloa, Veracruz, Mexique. Terre cuite polychrome, 550 à 950 ap. J-C. MAAOA.

La région occupée par les Totonaques, appelée Totonacapan, s'étalait approximativement de Papantla au nord à Cempoala au sud. Totonacapan était une région chaude et humide. Parallèlement à la culture de maïs, courges, haricots et piments, les Totonaques se distinguaient de leurs voisins par la production d'ambre liquide et de coton. Même pendant la désastreuse famine de 1450-1454 touchant le cœur du Mexique, la région resta un centre de l'agriculture mexicaine. À cette époque, de nombreux Aztèques furent forcés de se vendre ou de vendre des membres de leur famille comme esclaves aux Totonaques en échange du maïs indispensable à leur survie.

Les femmes totonaques étaient expertes en tissage et broderie ; elles s'habillaient de manière splendide et ornaient leurs cheveux de plumes. Le frère franciscain Bernardino de Sahagún témoigna que ces femmes étaient « tout à fait élégantes ». De même, les hommes s'habillaient bien, se parant de vêtements multicolores, de colliers, de bandes autour des bras, et de parures provenant du précieux quetzal.

Histoire[modifier | modifier le code]

Statue totonaque du dieu de la mort Mictlantecuhtli (site archéologique d'El Zapotal).

La région de Totonacapan fut l'objet des incursions militaires aztèques du milieu du XVe siècle jusqu'à l'arrivée des Espagnols. Malgré l'établissement de fortifications aztèques dans toute la région, la rébellion resta endémique. Les principaux centres totonaques étaient Papantla, peuplée par 60 000 habitants en 1519, Xalapa (environ 120 000), et Cempoala (environ 80 000).

Cempoala fut la première cité amérindienne rencontrée par Hernán Cortés dans sa marche vers la capitale aztèque Tenochtitlán. Les Totonaques de Cempoala joignirent leurs forces à celles de Cortés et, avec les Tlaxcaltèques, contribuèrent de manière significative à la conquête espagnole[1]. Totonacapan fut intégrée au régime espagnol avec relativement peu de violence, mais la région fut dévastée par les épidémies au cours du XVIe siècle. Aujourd'hui, approximativement 400 000 locuteurs totonaques habitent la région à cheval entre les États de Puebla et de Veracruz.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Jean-Michel Sallmann, Le grand désenclavement du monde (1200-1600), Payot & Rivages 2011, p. 437

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • [1](es) I. Bernal and E. Dávalos, Huastecos y Totonacos, 1953.
  • (en) H.R. Harvey and Isabel Kelly, « The Totonac », in Handbook of Middle American Indians, 1969.
  • (en) Isabel Kelly and Ángel Palerm, The Tajín Totonac, 1952.
  • Ichon, A., La Religion des Totonaques de la sierra, éditions du CNRS, Paris, 1969.
  • (es) Lozada Vázquez, Luz María, El papel de Progresa en la reproducción de las unidades domésticas campesinas : Estudio en una comunidad totonaca de Huehuetla, Puebla, Mexico, Universidad nacional autónoma de México, 2002.
  • Lozada Vázquez, Luz María, « Chaleur et odeurs pour nos morts. La cuisine cérémonielle de la Fête des Morts dans une communauté Totonaque de Puebla, Mexique », in Food and History 6 (2) 2008 : 133-154.
  • Ellison, Nicolas, Semé sans compter. Appréhension de l'environnement et statut de l'économie en pays totonaque (Sierra de Puebla, Mexique), Editions de la Maison des Sciences de l'Homme, 2013.
  • Ellison, N, «  Symbolisme sylvestre et rapports d’altérité dans une danse rituelle totonaque », Annales de la Fondation Fyssen. n°22, 2007, pp. 83–97.
  • Ellison N., « Au service des Saints : Cultiver la forêt, nourrir la terre, protéger la communauté » in Cahiers d’anthropologie sociale, N°3, 2007, pp. 81–96.
  • Ellison N., « Les enjeux locaux de la ‘reconstitution des peuples indiens’ au Mexique. Reconfiguration des rapports entre minorités et pouvoirs publics, le cas totonaque », in Cahiers des Amériques latines, N°52, (Novembre-Décembre), 2006 ; pp. 5.
  • Ellison N., « Une écologie symbolique totonaque, le municipe de Huehuetla (Mexique) », Journal de la Société des américanistes, pp. 35-62, Tome 90-2, 2004.
  • (es) Ellison N., « Cambio ecológico y percepción ambiental en la región totonaca de Huehuetla ». Actes du colloque international «Territoires et Migrations » (Zacatecas, Mexique), Sociedad Mexicana de Antropología, Mexico. Version publiée dans la revue électronique Nuevo Mundo, Mundos Nuevos (CNRS/EHESS), 2003, n°3.

Liens externes[modifier | modifier le code]

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  1. Annamaria Lammel, « Mécanismes de défense face à la violence constante », Adaptation, violence et révolte au Mexique (livre),‎ , p. 195-223