Seconde intifada

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 12 janvier 2015 à 19:28 et modifiée en dernier par 176.183.144.64 (discuter). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.
Seconde Intifada

Informations générales
Date 28 septembre 2000 - 2004/2005
Lieu Cisjordanie, Bande de Gaza, Israël
Issue
Belligérants
Drapeau d’Israël Israël Fatah
Hamas
Jihad islamique
FPLP

et d'autres groupes activistes
Pertes
29/09/2000 – 26/12/2008 :
  • 1 062 Israéliens au total:
    • 727 civils Israéliens tués par des activistes Palestiniens
    • 335 militaires israéliens tués par des Palestiniens
    • 12 civils israéliens tués par la police israélienne
29/09/2000 – 26/12/2008 :
  • 3057 Palestiniens au total[1] (3500 selon Israël):
    • 2 860 civils et armés Palestiniens tués par des militaires israéliens
    • 47 Palestiniens civils tués par des civils israéliens
    • 593 Palestiniens tués par des Palestiniens
  • Plusieurs milliers de prisonniers

64 civils étrangers au total :

    • 54 citoyens étrangers tués par des Palestiniens
    • 10 citoyens étrangers tués par des militaires israéliens

Notes

Sources (en)

La seconde Intifada ou Intifada el-Aqsa (arabe : الإنتفاضة الفلسطينية الثانية ou إنتفاضة الأقصى, hébreu : אינתיפאדת אל-אקצה) désigne l'ensemble des événements ayant marqué le soulèvement des Palestiniens à partir de la fin du mois de septembre 2000.

Si le déclenchement de ces événements est généralement daté au (jour de la visite d'Ariel Sharon sur l'Esplanade des Mosquées) bien qu'il fut planifié bien avant par Yasser Arafat, prevoyant l'echec du sommet de Camp David II, il n'existe pas de consensus sur la date de fin de ce soulèvement parmi les auteurs et commentateurs. Certains auteurs considèrent que le soulèvement prend fin en 2003 avec l'amorce de la Feuille de route pour la paix du Quartet pour le Moyen-Orient, l'accord sur une trêve avec Israël entre les différentes factions palestiniennes, et le début des pourparlers de paix entre Ariel Sharon et Mahmoud Abbas[2]. D'autres auteurs considèrent qu'ils ont pris fin en 2004 avec la mort de Yasser Arafat[3], ou encore avec un cessez-le-feu observé par le Hamas, conséquence de mesures politiques et diplomatiques pour certains[4], ou de la force de dissuasion des assassinats ciblés pour d'autres[5]. Il est cependant très probable que la construction de la barrière de séparation et la lutte anti-terroriste qui amènent à une forte diminution des attaques marquent réellement la fin du soulèvement courant 2004[1]. Marquée notamment par la rencontre de Charm-el-Cheikh entre Sharon et Abbas, et le désengagement unilatéral israélien de Gaza, l'année 2005 est une autre date communément admise pour le terme de ces événements[6],[7],[8]. Enfin, certains auteurs considèrent que les moyens d'actions ont changé, mais que la seconde Intifada se poursuit jusqu'à nos jours, inscrivant notamment les attaques à la roquette contre Israël dans la continuité des nombreux attentats-suicide commis de 2002 à 2005[9].

Elle débute par une insurrection populaire palestinienne dans les territoires occupés à laquelle se joint la population arabe israélienne. Elle est immédiatement réprimée par l'armée israélienne. Après 15 jours, on compte plus de 100 morts côté palestinien et 10 côté israélien[10] auxquels s'ajoutent 14 Arabes israéliens (en) tués par la police israélienne[11].

Le 30 octobre, la violence grimpe d'un cran quand le Hamas entame une campagne d'attentats-suicides avec une quarantaine d'attaques perpétrées jusqu'à la fin 2001[12]. Les Israéliens ripostent en lançant l'Opération Rempart en avril 2002 marquée par la bataille de Jénine ainsi que par une campagne d'« éliminations ciblées » et la construction d'une barrière de séparation en Cisjordanie.

Du au l'armée israélienne lance l'Opération Arc-en-ciel qui a pour but officiel de mettre un terme à la guérilla dans la bande de Gaza en affaiblissant les infrastructures des groupes palestiniens armés et en détruisant les tunnels utilisés par les trafiquants d'armes à la frontière égyptienne.

Le l'armée israélienne lance l'Opération Pluies d'été. L’opération mobilise des milliers de troupes dans le but officiel de sauver la vie du soldat Gilad Shalit, devenu prisonnier de guerre par un commando palestinien en territoire israélien au , le lendemain de l’incident de détention de la famille Muamar au petit matin du . Mettre un terme aux tirs de roquettes sur les villes israéliennes et déstabiliser le gouvernement Hamas qui soutient ces attaques sont des objectifs secondaires de l’opération, mais les officiels israéliens disent clairement qu’ils ne comptent pas réoccuper la bande de Gaza et que l’armée se retirera au terme de l’opération[13].

Les premiers jours de l’opération sont marqués par la destruction de la principale centrale électrique, trois ponts et l’arrestation de plusieurs parlementaires palestiniens et de ministres Hamas de l’Autorité palestinienne.

Du au , l'armée israélienne lance l'Opération Plomb durci ou Guerre de Gaza. L'objectif déclaré des Israéliens est de mettre fin aux tirs de roquettes Qassam du Hamas sur le territoire israélien, en particulier sur la ville voisine de Sderot, et à son réapprovisionnement en armement, en s'en prenant aux militants du Hamas et en détruisant des infrastructures qu'il utilise[14], en particulier les centaines de tunnels creusés sous la frontière entre la Bande de Gaza et le Sinaï égyptien.

Contexte historique

  • Processus de paix israélo-palestinien dans l'impasse ;
  • Retrait israélien du Liban-Sud interprété par certains comme un succès des méthodes du Hezbollah ;
  • Luttes d'influence entre les factions palestiniennes du Fatah et du Hamas ;
  • Désaccord d'une partie de la population israélienne avec les concessions proposées par le gouvernement en place lors des sommets de Camp David II () puis de Taba ().

Déclenchement

Le , Ariel Sharon, parlementaire et membre du Likoud (à l'époque dans l'opposition politique au gouvernement de Ehud Barak), fait une visite sous haute sécurité sur l'esplanade des mosquées/Mont du Temple à Jérusalem. Cette visite est interprétée comme une provocation par les Palestiniens et la population arabe.

La veille, Yasser Arafat, invité à diner par Ehud Barak à son domicile, s'entretient avec le Premier ministre israélien. Il s'agit de la première rencontre entre les deux dirigeants depuis le sommet de Camp David II. Le statut de l'Esplanade des mosquées et du Mont du temple occupe l'essentiel de la conversation[15]. Arafat demande à Ehud Barak d'interdire la visite car il s'agit selon lui d'une provocation susceptible d'accroître les tensions entre les deux peuples et qui risque de provoquer de nouvelles émeutes. Le général Amos Guilad, chef d'Aman, et Yehouda Wilk, inspecteur général de la police, partagent ses craintes. Barak répond à Arafat qu'il ne peut pas s'opposer à la volonté d'un membre de la Knesset de se rendre sur l'endroit[16].

Le lien entre le déplacement d'Ariel Sharon et le déclenchement de la seconde Intifada est discutable : certains commentateurs israéliens et internationaux n'y voient que le prétexte au déclenchement d'une insurrection préparée par Yasser Arafat depuis l'échec du sommet de Camp David II à l'été 2000 et après 8 ans de négociations infructueuses et dans le contexte des attentats par les groupes extrémistes palestiniens. D'autres analystes excluent le caractère prémédité du soulèvement et pensent au contraire qu'Arafat n'a fait que prendre en marche le train de l'Intifada.

Le rapport Mitchell (en) a établi que les émeutes n'étaient pas la conséquence de la visite d'Ariel Sharon[17], bien que son effet provocateur aurait dû être prévu. Selon la même Commission, le Premier ministre Ehud Barak déclare que la visite était destinée à être un acte de politique intérieure dirigé contre lui par un adversaire politique et qu'il a refusé de l'interdire.

Chronologie

Modèle:Intifada

Cycle de la violence

Le 28 septembre 2000, alors que le processus de paix israélo-palestinien, relancé vainement par le deuxième sommet de Camp David, est dans l'impasse, la visite d’Ariel Sharon sur l’Esplanade des mosquées provoque la colère des Palestiniens qui y voient une provocation. Les manifestations qui s'ensuivent sont fortement réprimées : trois jours plus tard, on compte quinze morts et trois cents blessés parmi les Palestiniens[18]. Le 30 septembre, les médias rapportent la mort de Mohammed al-Durah qui devient une « figure symbolique de l'intifada »[19]. Les violences s'amplifient et au 10 octobre, on compte quatre-vingt-dix morts et deux mille blessés parmi les Palestiniens[20] ainsi que 14 Arabes israéliens (en)[11] tués lors de manifestations de soutien. Le 12 octobre, 2 réservistes israéliens sont lynchés à Ramallah par la foule fanatisée[21].

Internazionale

Attentats palestiniens

146 attentats-suicides ciblant principalement des civils sont perpétrés en Israël peu après le déclenchement de l'Intifada en 2000.

Le 1er juin 2001, un attentat est commis dans une discothèque à Tel-Aviv faisant 21 victimes et 120 blessés, principalement des adolescents. Cet attentat marquera très durablement les esprits en Israël. Cet attentat sera une des raisons invoquées par le gouvernement israélien pour la construction d'un mur de séparation ou clôture de sécurité majoritairement soutenu par la population israélienne[22]. Bien que validé en tant que mesure de sécurité provisoire par la cour suprême d'Israël, l'ONU votera une résolution en sa défaveur (par 90 États pour sur 181) et demandera à Israël son démantèlement[23], bien qu'elle soit probablement à l'origine de la fin du conflit.

En 2002, L'attentat de l'hôtel Park de Netanya, qui fera 29 victimes civils poussera le gouvernement israélien à lancer l'Opération Rempart qui avait pour objectif une réoccupation partielle des territoires autonomes sous contrôle directe de l'autorité palestinienne afin de stopper les attentats[22].

Les Palestiniens s'en prennent également aux emblèmes du pouvoir israélien dans les territoires occupés (la Cisjordanie et Gaza) en tendant des embuscades meurtrières aux colons israéliens. Marouan Barghouti s'impose comme « un vrai chef de guerre »[16]. Son rôle dans la campagne d'attentats-suicides contre Israël en fera l'un des Palestiniens les plus recherchés par les forces de sécurité israéliennes. Le 15 avril 2002, Israël capture Barghouti. Il sera inculpé par un tribunal civil pour meurtres et tentatives de meurtres dans une entreprise terroriste sous son commandement.

Violence israélienne

Les généraux israéliens qui dirigent l'armée en Cisjordanie et dans la bande de Gaza demandent des instructions claires. Les troupes reçoivent l'ordre de ne circuler qu'en voitures blindées et sont autorisées à tirer dans les jambes des manifestants. Des brigades sont envoyées en renfort dans les territoires occupés[16].

Un rapport de 2001 du Public Committee Against Torture in Israel et d'autres organisations (dont l'Organisation mondiale contre la torture, basée en Suisse) affirment avoir eu connaissance d'une vingtaine de cas de torture entre la décision de 1999 de la Cour suprême israélienne interdisant la torture, et 2001[24].

Après le lynchage de deux soldats réservistes israéliens en civil à Ramallah, retransmis par une télévision italienne, l'armée israélienne commence à répondre par des raids aériens contre des cibles de l'Autorité palestinienne.

Les circonstances de l'« assassinat ciblé » de Salah Shehadeh, membre des Brigades Izz el-Din el-Qassam, en juillet 2002, tué par une bombe d'une tonne ayant tué 14 civils et blessé 150 personnes, ont conduit à l'ouverture d'une enquête, en Israël et en Espagne, contre les responsables de cette opération, dont le général Dan Haloutz, alors chef d'état-major de l'armée; Benjamin Ben-Eliezer, alors ministre de la Défense[25].

Violence interpalestinienne

Depuis le début de la seconde intifada, plusieurs centaines de Palestiniens sont morts lors d'affrontements armés interpalestiniens, selon les chiffres du Ministère de l'intérieur de l'Autorité palestinienne.

Selon une ONG, cette violence a fait entre 2000 et 2005 au moins 267 victimes par armes à feu (excluant autre catégorie d'arme) dont 98 pour la seule année 2005 Voir statistiques annuelles.

En 2005, le départ des troupes israéliennes et des populations juives de la bande de Gaza, décidé par Ariel Sharon devenu Premier ministre, a laissé une situation tendue. Les échanges de tirs entre des membres du Hamas et du Fatah sont courants et des incidents armés ont également eu lieu en entre groupes rivaux palestiniens au Liban. On compte enfin parmi les victimes des Palestiniens accusés d'être des collaborateurs.

Bilans

Bilan humain

Depuis , les affrontements ont fait 5,580 morts, dont 4,458 Palestiniens, 1,045 Israéliens et 77 autres au .

Conséquences politiques

Le politologue français Olivier Roy considérait en 2002 que la seconde intifada et la victoire du Likoud en 2001 ont « relancé la volonté israélienne de réoccuper les territoires, bref de revenir à la politique d'avant Oslo : pas d'État palestinien, maintien des colonies, contrôle direct par l'armée, fragmentation de l'espace palestinien, paupérisation des populations condamnées soit à s'exiler, soit à devenir des citoyens de seconde zone dans une situation de plus en plus proche de l'apartheid »[26].

Traitement médiatique du conflit


Notes et références

  1. Medea (Institut européen de recherche sur la coopération européenne et euro-arabe), « Deuxième Intifada », sur www.medea.be (consulté le )
  2. Gregory Harms, Palestine Israel Conflict: A Basic Introduction, Pluto Press, 2008, p.175.
  3. « 2nd Intifada Forgotten », Ynet News,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. Zuhur, 2008
  5. Kober, 2007
  6. Arnold Luethold, Entry-points to Palestinian security sector reform, DCAF, , 186 p. (ISBN 9292220616, lire en ligne), p. 44
  7. « Palestinian ceasefire ends four-year intifada », The Telegraph,‎ (lire en ligne, consulté le )
  8. « Rising of the oppressed: the second Intifada », International Socialism, a quarterly journal of socalist theory,‎ (lire en ligne, consulté le )
  9. Jonathan Schachter, « The End of the Second Intifada? », Strategic Assessment, Institute for National Security Studies, vol. 13, no 3,‎ (lire en ligne, consulté le )
  10. Howard Sachar, A History of Israel. From the Rise of Zionism to our Time, 2007, p.1038.
  11. a et b Sébastien Boussois, Israël confronté à son passé : essai sur l'influence de la "nouvelle histoire, L'Harmattan, 2008, p.213.
  12. Robert Pape, The Strategic Logic of Suicide Terrorism, American Political Science Review, Vol.97, n°3, août 2003
  13. (en) « PM: We will not recapture Gaza », Ynetnews, .
  14. (en) « Israel vows war on Hamas in Gaza », BBC, (consulté le )
  15. Ton rêve est mon cauchemar, Elizabeth Schemla, page 111
  16. a b et c Tsahal, Pierre Razoux, p. 443-445.
  17. « Traduction du rapport Mitchell »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?) [PDF]
  18. BBC News, Violence engulfs West Bank and Gaza, 30 septembre 2010.
  19. Edward Saïd, Culture and resistance: conversations with Edward W. Said, South End Press, p.175.
  20. Benny Morris, Victimes. Histoire revisitée du conflit arabo-sioniste, 2003, p.719.
  21. Benny Morris, Victimes. Histoire revisitée du conflit arabo-sioniste, 2003, p.719.
  22. a et b http://www.mfa.gov.il/MFA/Terrorism-+Obstacle+to+Peace/Terrorism+and+Islamic+Fundamentalism-/Four+Years+of+Conflict+3-Oct-2004.htm
  23. http://www.mfa.gov.il/NR/rdonlyres/BD90C19E-6FE5-44DA-8A1B-C781AE5C7400/0/savinglives_fr.pdf
  24. Steve Weizman, Israel uses torture in defiance of court ban, report says, The Independent, 12 novembre 2001.
  25. Sharon Weill, De Gaza à Madrid, l’assassinat ciblé de Salah Shehadeh, Le Monde diplomatique, septembre 2009
  26. Olivier Roy, Les illusions du 11 septembre, Seuil, La République des Idées, 2002, p. 50-51.

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes