Rouge-gorge familier

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Le Rouge-gorge familier (Erithacus rubecula) est une espèce de passereau. Classiquement placé dans l'ancienne famille des Turdidae, il figure actuellement, avec d'autres représentants de celle-ci (particulièrement les tariers et les traquets), dans celle des Muscicapidae. La liste de la Commission de l'Avifaune française orthographie Rougegorge.

Morphologie

Le mâle et la femelle sont presque identiques, avec une couronne, des ailes, le dessus et la queue de couleur brune, une bande grise sur les côtés de la gorge, un ventre blanc et la fameuse « gorge rouge », plus précisément de couleur orange foncé tirant vers le rouge. L'identification des jeunes peut se révéler difficile, car il leur manque la tache rouge et ils présentent un plumage brun tacheté ressemblant fortement à celui du jeune d'un membre de la même famille, le rossignol philomèle. Le rouge-gorge est légèrement plus petit qu'un moineau avec une taille de 14 cm et un poids de 16 à 22 grammes, il est rondelet et haut sur pattes, ses yeux noirs sont également caractéristiques. L'âge maximal d'un rouge-gorge est de 18 ans.

Comportement

Alimentation

Le rouge-gorge se nourrit dans les campagnes ouvertes et dans les sous-bois. Son régime alimentaire est composé surtout des invertébrés vivant par terre (insectes, notamment des coléoptères, escargots, vers, araignées). De l'automne au début du printemps, il consomme aussi beaucoup de baies et autres petits fruits. Sa technique de chasse est bien adaptée au mélange de végétation épaisse et d'espaces libres que l'on trouve dans les jardins et les sous-bois. Perché à faible hauteur, l'oiseau observe les environs, descend, saisit sa proie et se perche à nouveau. Ou bien il sautille, s'arrêtant ici et là pour chercher une victime. En forêt, le rouge-gorge profite des insectes dérangés par les faisans, cerfs et sangliers. C'est peut-être pour cela qu'il est si familier et qu'il suit de façon très intéressée la bêche du jardinier. On a vu aussi des rouges-gorges suivre des taupes creusant leurs galeries et attraper des vers.

Comportement social

Sa nature peu farouche et son plumage attractif l'ont rendu populaire chez des générations de jardiniers. Le rouge-gorge fait partie d'une espèce d'oiseau très active, dont les adultes patrouillent et défendent vivement leur territoire. Présent dans presque chaque jardin, c'est l'un des oiseaux les plus familiers, cherchant sa nourriture à proximité des humains en train de jardiner. Il ira jusqu'à venir se nourrir de proies vivantes, comme des vers de terre ou des vers de farine, présentés à la main. Si l'hiver est rude, il deviendra encore plus familier, car vu son métabolisme, le manque de nourriture dû au froid le rend très vulnérable et la mortalité est alors importante, l'espèce étant casanière et rechignant à migrer.

Le rouge-gorge défend son territoire à longueur d'année, sauf durant la mue ou si l'hiver est très froid. En hiver, les femelles aussi occupent et défendent un territoire, qui leur est nécessaire non seulement pour nicher mais aussi pour garantir des sources suffisantes de nourriture. Un rouge-gorge sans territoire meurt au bout de quelques semaines. C'est pourquoi cet espace est défendu avec une telle énergie. En général, il suffit que le propriétaire exhibe son plastron rouge pour que l'intrus recule mais il peut arriver que la lutte s'engage et les combats s'achèvent parfois par la mort de l'un des adversaires.

À l'opposé de nombreux autres oiseaux, le rouge-gorge vit en solitaire pendant l'automne et l'hiver, mâle et femelle restant sur leur territoire hivernal respectif avec comme résultat qu'ils continuent à chanter même l'hiver, y compris la nuit.

C'est surtout en hiver que le rouge-gorge vient dans les jardins des villes et des villages. À la belle saison, il habite les bois et les forêts ou le bocage dans les haies, les boqueteaux et sous-bois denses. Dans certaines régions, les rouges-gorges restent toute l'année près de l'homme. Ce petit oiseau passe la nuit sur un buisson touffu, un lierre, parfois dans un nichoir.

Vocalisations

Le rouge-gorge chante toute l'année sauf en été. En hiver, les deux sexes défendent chacun un territoire en chantant. Son chant mélodieux et allongé lui sert à défendre ses territoires de printemps et d'hiver.

Dickcissel d'Amérique mâle perché sur un poteau métallique, chantant cou tendu et bec ouvert.

Chants et appels

Enregistrement 1 :

Reproduction

Œufs de Erithacus rubecula Muséum de Toulouse
  • Période de nidification : avril à août
  • Nombre de couvaisons : 1-2
  • Nombre d'œufs : 4 à 7 œufs blancs, mouchetés de brun-roux
  • Incubation : 13 à 14 jours (femelle)
  • Nidification : Les rouges-gorges s'apparient dès décembre. En général, la femelle rejoint le mâle sur son territoire. L'accouplement et la nidification sont plus précoces si l'oiseau est bien nourri. Lorsque la femelle pond une nouvelle couvée, le mâle se charge de nourrir la précédente.
  • Nid : Le rouge-gorge fait son nid dans les trous d'arbre et de mur, également dans les jardins et dans les haies, parmi les plantes grimpantes, sur les étagères des dépendances, souvent à proximité d'une touffe herbeuse ou d'un arbuste. Il utilise parfois des boîtes à lettres ou des boîtes de conserve usagées. Il construit un nid hémisphérique bâti à base de mousse, d'herbe et de feuilles sèches, garni de duvet, de plume et de crins. Le nid du rougegorge est souvent parasité par le Coucou gris (Cuculus canorus).
  • Type de nichoir : Nichoir à grande ouverture
Nichoir ouvert ou semi-ouvert. Plancher intérieur : min. 100 x 100 mm. Vieux récipients en étain, cruches ou autres d'une contenance minimale de 25 cL, situés à l'ombre et perforés pour permettre à l'eau de s'écouler. Attachez le nichoir sur un arbre, à une hauteur d'environ 1,5 mètre. Garnissez d'une petite couronne de paille tressée.
  • Envol : 2-3 semaines

Répartition et habitat

Répartition du Rouge-gorge familier :
  • Zone de présence estivale
  • Zone de présence annuelle
  • Zone de présence hivernale
  • Le rouge-gorge est présent sur une grande partie du continent eurasien ainsi qu'en Afrique du Nord. Il est totalement absent du continent américain et de l'Océanie.

    Migration

    Ce migrateur partiel peut migrer jusqu'en Afrique du Nord de septembre à avril.

    Principalement sédentaire en France, néanmoins durant l'hiver sa population augmente par afflux d'individus venant du Nord de l'Europe.

    Vulnérabilité aux champs électromagnétiques

    On sait depuis les années 1970 que les oiseaux disposent d'une sorte de compas magnétique interne leur permettant de ressentir le champ magnétique terrestre[1],[2],[3],[4],[5]. Ce « compas interne », qui peut être (au moins pour certaines espèces) étalonné[6] grâce à la lumière polarisée du soleil ou de la lune[7] est important pour la survie des oiseaux nocturnes ou migrant de nuit[8]. Des chercheurs ont montré en 2011 que le rouge-gorge qui est diurne (mais migre de nuit) possède un tel compas, associé à son système de vision[9]. On a aussi montré (en 2012) que tous les oiseaux nocturnes en possèdent[10].

    Il a été suspecté que les champs électromagnétiques générés par les activités anthropiques (en forte augmentation) pouvaient perturber les migration ou déplacement des oiseaux.

    Le rouge-gorge familier fait partie des espèces dont la sensibilité au smog électromagnétique. Il a été récemment servi d'espèce modèle, dans une étude en double-aveugle) réalisée par une équipe de chercheurs allemands et anglais[11] de l’université d'Oldenburg (Allemagne) qui a publié ses conclusions dans la Revue Nature en mai 2014[12],[13]. Plusieurs expériences montrent que la boussole interne du Rouge-gorge semble désorienté par certains champs électromagnétiques (Les auteurs ont testé les capacités à s'orienter de l'animal exposé à des champs de 50 kHz à 5 MHz (différence d'environ deux ordres de grandeur) et donc à des intensité similaire à celles issues d'équipements radio AM (modulation d’amplitude) ou de matériels de surveillance électronique, c'est-à-dire d'intensité 1 000 fois moindre que celles des téléphones mobiles, mais 400 fois plus intenses que celle d'une ligne à haute tension.
    Dans tous les cas, l'effet inhibant sa capacité d'orientation disparaissait quand l'oiseau était placé dans une cage de Faraday reliée au sol (dans cette cage métallique, l'oiseau perçoit le champ magnétique terrestre et s'oriente alors sans difficulté vers sa direction migratoire, ce qu'il ne peut plus faire dès qu'il est placé dans une cage en bois).
    De même quand on supprimait la mise à la terre de la cage métallique ou que l'on introduisait un émetteur de champ électromagnétique à large bande dans la cage métallique, l'oiseau perdait de nouveau sa capacité à s'orienter.
    Les auteurs ont conclu que ces champs artificiels sont la cause d'une désorientation migratoire globale ; et ils alertent sur le fait que cet effet nuisible existe pour toute la gamme de fréquence et que ce sont les champs magnétiques de faible intensité dans les gammes d'ondes moyennes qui avaient le plus d'effet lors de l'expérimentation[14].
    Le smog électromagnétique urbain pourrait avoir un effet sur d'autres espèces estiment les auteurs, ce que d'autres études pourraient confirmer. On ne comprend pas encore comment le cerveau ou d'autre organes impliqués dans l'orientation sont ainsi perturbés ; Selon Hervé Cadiou soit « L’animal se servirait du cryptochrome pour s’orienter, un photorécepteur capable de détecter la lumière et le champ magnétique terrestre. Une autre piste réside dans la fonction des cristaux de magnétite, des petits aimants présents dans le cerveau. Quoi qu’il en soit, les recherches doivent continuer pour confirmer ou informer ces hypothèses »[15].

    Systématique

    L'espèce a été décrite par le naturaliste suédois Carl von Linné en 1758, sous le nom initial de Motacilla Rubecula[16].

    Synonyme

    Le Rouge-gorge et l'homme

    Actions de protection

    Adepte des mangeoires, où il se régale tout particulièrement des vers de farine, le rouge-gorge se nourrit également de petites graines, de noix, d'avoine, le pudding pour oiseaux, etc. Le rouge-gorge adore le beurre et la margarine. Il accepte les miettes de pain, la graisse, les débris de viande et de pomme de terre. Certains rouges-gorges mangent les cacahuètes placées dans un filet. Asocial, il ne partage les mangeoires avec les autres rouges-gorges qu'en période de disette.

    Les rouges-gorges recherchent leur nourriture surtout au sol ; c'est pourquoi il convient de leur procurer des aliments (raisins secs, baies séchées, flocons d'avoine trempés dans l'huile, insectes) au niveau du sol, à l'abri de la pluie.

    Les rouges-gorges apprécient aussi l'aide de l'homme pour trouver des lieux où nicher : trou dans un mur, nichoir semi-ouvert, plantes grimpantes comme le lierre ou la vigne-vierge.

    Protection

    Le rouge-gorge familier bénéficie d'une protection totale sur le territoire français depuis l'arrêté ministériel du 17 avril 1981(modifié en 2009) relatif aux oiseaux protégés sur l'ensemble du territoire[17]. Il est donc interdit de le détruire, le mutiler, le capturer ou l'enlever, de le perturber intentionnellement ou de le naturaliser, ainsi que de détruire ou enlever les œufs et les nids, et de détruire, altérer ou dégrader son milieu. Qu'il soit vivant ou mort, il est aussi interdit de le transporter, colporter, de l'utiliser, de le détenir, de le vendre ou de l'acheter s'il s'agit d'oiseaux prélevés dans le milieu naturel. Depuis mars 2006 et en application de la réglementation européenne, les oiseaux d'élevage ne sont plus concernés par ces interdictions.

    Culture

    Le poète René Char a plusieurs fois évoqué le rouge-gorge, notamment dans Feuillets d'Hypnos (aphorisme 33) et dans Lettera Amorosa : « Le rouge-gorge est arrivé, le gentil luthier des campagnes. Les gouttes de son chant s'égrènent sur le carreau de la fenêtre.»
    Son nom anglais « Robin » fut repris par le premier partenaire de Batman. Il est également le symbole d'Auchan, pour son « caractère sympathique » et « proche de l'homme »[18].
    En Belgique, le Rouge-gorge Familier, est aussi le logo de la Ligue Belge pour la Protection des Oiseaux (LRBPO).


    Articles connexes

    • Le rouge-gorge a été représenté sur un timbre-poste français dont une version a été l'objet de spéculation. Voir rouge-gorge (timbre) ;
    • « Rouge-gorge » fut le surnom d'Aristide Bruant.

    Notes et références

    1. Wiltschko, W. & Wiltschko, R. (1972) Magnetic compass of European robins. Science 176, 62–64
    2. Wiltschko, R. & Wiltschko, W. (1995) Magnetic Orientation in Animals (Springer)
    3. Ritz, T., Thalau, P., Phillips, J. B., Wiltschko, R. & Wiltschko, W. (2004) Resonance effects indicate a radical-pair mechanism for avian magnetic compass. Nature 429, 177–180
    4. Ritz, T. et al. (2009) Magnetic compass of birds is based on a molecule with optimal directional sensitivity. Biophys. J. 96, 3451–3457
    5. Zapka, M. et al. (2009) Visual but not trigeminal mediation of magnetic compass information in a migratory bird. Nature 461, 1274–1277
    6. Muheim, R., Phillips, J. B. & Åkesson, S. (2006)Polarized light cues underlie compass calibration in migratory songbirds Science 313, 837–839
    7. Dacke M, J. Byrne MJ, Baird E, Scholtz CH & Warrant EJ (2011) How dim is dim? Precision of the celestial compass in moonlight and sunlight ; Phil Trans R Soc B 12 Mars 2011: 697-702 (résumé)
    8. Hein, C. M. et al. Night-migratory garden warblers can orient with their magnetic compass using the left, the right or both eyes. J. R. Soc. Interface 7, 227–233 (2010)
    9. Hein, C. M., Engels, S., Kishkinev, D. & Mouritsen, H. Robins have a magnetic compass in both eyes. Nature 471, E11 (2011)
    10. Engels, S., Hein, C. M., Lefeldt, N., Prior, H. & Mouritsen, H. (2012) Night-migratory songbirds possess a magnetic compass in both eyes. PLoS ONE 7, e43271 (résumé)
    11. Institut für Biologie und Umweltwissenschaften, Universität Oldenburg,
      Research Centre for Neurosensory Sciences, University of Oldenburg
      Institute of Physics, University of Oldenburg
      Department of Chemistry, University of Oxford, Physical and Theoretical Chemistry Laboratory, Oxford, Royaume-Uni
    12. Svenja Engels, Nils-Lasse Schneider, Nele Lefeldt, Christine Maira Hein, Manuela Zapka, Andreas Michalik, Dana Elbers, Achim Kittel, P. J. Hore & Henrik Mouritsen (2014) Anthropogenic electromagnetic noise disrupts magnetic compass orientation in a migratory bird ; Nature (2014) doi:10.1038/nature13290, mis en ligne le 07 mai 2014
    13. Morrison J (2014), Electronics' noise disorients migratory birds Man-made electromagnetic radiation disrupts robins' internal magnetic compasses., 2014-05-07 ; doi:10.1038/nature.2014.15176
    14. Joseph L. Kirschvink (2014) Sensory biology: Radio waves zap the biomagnetic compass ; Nature New 07 May 2014 ; doi:10.1038/nature13334
    15. Cadu F (2014) Le rouge-gorge est désorienté par les ondes électromagnétiques, article du Journal Le Monde, Le Monde.fr daté 09.05.2014
    16. Linnaeus, C. 1758: Systema Naturae per regna tria naturæ, secundum classes, ordines, genera, species, cum characteribus, differentiis, synonymis, locis, Tomus I. Editio decima, reformata. Holmiæ: impensis direct. Laurentii Salvii. i–ii, 1–824 pp
    17. Le statut juridique des oiseaux sauvages en France, Ligue pour la protection des oiseaux
    18. « Historique - Les dates clés », Groupe Auchan (consulté le )

    Sur les autres projets Wikimedia :

    Références taxonomiques

    Liens externes

    rouge-gorge chantant la nuit (Montpellier, Décembre 2011): http://www.youtube.com/watch?v=oQWwzXL8wE4