Prison Saint-Lazare

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La prison Saint-Lazare, qui deviendra l'hôpital Saint-Lazare, était située dans les anciens bâtiments de la maison mère de la congrégation de la mission ou maison de Saint-Lazare, à Paris, 10e arrondissement au no 107 de la rue du Faubourg-Saint-Denis, dans l'ancien enclos Saint-Lazare.

L'enclos Saint-Lazare, 1705

Origines

Une léproserie placée sous l'invocation de saint Ladre ou saint Lazare, avait été fondée le long de la route de Paris à Saint-Denis à la limite de la zone marécageuse de l'ancien lit de la Seine au XIIe siècle, elle est cédée en janvier 1632 à Saint Vincent-de-Paul et à la congrégation de la Mission.

Dès le XVIIe siècle Saint-Lazare sera « la prison des fils de famille » Le modèle {{Guillemets}} ne doit pas être utilisé dans l'espace encyclopédique, Chapelle y sera interné en 1646 et laissera des textes sur Saint-Lazare, qu'on peut lire dans les Œuvres de Chapelle et de Bachaumont[1] dont la LETTRE À MONSIEUR MOREAU et la DESCRIPTION DE SAINT-LAZARE, puis une prison spéciale pour épouses et jeunes débauchés enfermés sur la demande de leur famille, aliénés, prêtres indisciplinés[2],[3].

En mars 1785 Beaumarchais y sera enfermé quelques jours et juste avant la Révolution Sylvain Maréchal y fera quatre mois de prison pour son Almanach des Honnêtes Gens.

En 1792-1793, sous la Révolution, les Lazaristes sont dispersés suite au décret de la Convention sur la suppression des Ordres religieux et en 1794 un autre décret de la Convention reconnaît Saint-Lazare comme prison.

La prison Saint-Lazare sous la Révolution et la Terreur

Sous la Terreur Saint-Lazare connaitra ce qu'on appelle la conspiration des prisons « plan concerté d’élimination physique des prisonniers » avec au final 165 exécutions les 6, 7 et 8 thermidor pour la seule prison Saint-Lazare.

Le peintre Charles-Louis Muller (1815-1892) a réalisé un tableau intitulé Appel des dernières victimes de la terreur à la prison Saint-Lazare à Paris les 7-9 Thermidor an II[4] sur lequel on distingue le poète André Chénier.

Dès la fin de la Terreur la prison Saint-Lazare est affectée aux femmes sur proposition de Pierre Paganel[5],[6]

Prisonniers célèbres pendant la Révolution

Jean-Antoine Roucher à la prison Saint-Lazare

La prison des XIXe et XXe siècles

Prison Saint-Lazare, 1912
Chemin de ronde, 1913
Les cryptes, 1913

La prison Saint-Lazare est cédée au département de la Seine par un acte du 9 avril 1811[8].

C'est une prison et un « hôpital-prison » Le modèle {{Guillemets}} ne doit pas être utilisé dans l'espace encyclopédique, en effet dès 1802 (voir aussi Histoire de la prostitution en France) avait été établie la visite médicale obligatoire des prostituées, les maisons closes se développent rapidement et sont taxées par l'état, elles sont, comme les filles, contrôlées par la Brigade des mœurs. Les filles de rue sont alors dites « en carte » et celle des maisons closes sont dites « à numéro ». Les « insoumises » sont punies, à Paris la seconde section de Saint-Lazare, lieu de punition et hôpital pour les prostituées, voir ci-dessous, remplit ce rôle, l'internement administratif[9] y est possible sur simple avis médical[10], cela perdurera jusqu'à la loi Marthe Richard du 13 avril 1946 qui ferme les maisons closes.

À l'occasion de la démolition de l'église Saint-Lazare, qui menaçait ruine, en 1823 l’administration pénitentiaire décide de réorganiser l’ensemble des bâtiments.

L'ancien édifice de la prison est rasé vers 1824[11], la construction de la nouvelle chapelle, qu'on peut voir au fond du square Alban-Satragne, et de l’infirmerie est alors confiée à Louis-Pierre Baltard par le comte de Chabrol, préfet de la Seine[12].

On fait également élever des murs et un chemin de ronde.

L'architecte y construit en 1834 l'« infirmerie spéciale » Le modèle {{Guillemets}} ne doit pas être utilisé dans l'espace encyclopédique, pour soigner les femmes de la prison Saint-Lazare.

Pour l'année 1837 c'est un total de 11 063 « femmes et jeunes filles » Le modèle {{Guillemets}} ne doit pas être utilisé dans l'espace encyclopédique qui sont passées par Saint-lazare[13].

A partir de 1838, à l'initiative du baron Delessert, alors préfet de police de Paris, la garde des détenues est assurée par des femmes[11], ce sont les Sœurs de Marie-Joseph, dites Sœurs des prisons[14], qui assurent cette tache à partir de 1849 ou 1850[15].

Vers 1857 la prison Saint-Lazare, placée sous l'administration de la Préfecture de police, renferme une population générale de 1 300 détenues environ, elle est divisée en trois sections principales, la première contient les prévenues et condamnées, la seconde est à la fois un lieu de punition et un hôpital pour les prostituées, la troisième est affectée aux jeunes filles renfermées soit par application des articles 66 et 67 du Code pénal[16], soit par voie de correction paternelle[17].

« Ces jeunes filles, dont l'état intellectuel offre un grand intérêt pour le médecin et le moraliste, sont pour la plupart de malheureuses petites créatures que l'on enferme dès l'âge de sept à huit ans pour abriter leur enfance contre les atteintes funestes de la corruption. Rien de plus digne d'éloges que le but que se propose l'autorité en enlevant ces pauvres petites filles, les unes à d'infâmes parents qui les vouaient à une vie honteuse, les autres à des parents faibles ou impuissants à les gouverner, à les protéger, et en les maintenant sous sa tutelle jusqu'à seize, dix-huit et vingt ans.[18] »

— S. Rossignol, Aperçu médical sur la maison de Saint-Lazare p. 8

Au 31 décembre 1856 il y a 48 jeunes filles mineures détenues à Paris, dont 33 à la prison Saint-Lazare par voie de correction paternelle[19]

Toujours vers 1857, la durée de traitement dans la seconde section est de 45 jours pour les « filles publiques inscrites » Le modèle {{Guillemets}} ne doit pas être utilisé dans l'espace encyclopédique et de 3 mois pour les « insoumises » Le modèle {{Guillemets}} ne doit pas être utilisé dans l'espace encyclopédique, la sortie de l'hôpital-prison n'est possible qu'après une contre-visite assurée par la préfecture[20].

Pour l'année 1885 c'est un total de 10 907 « femmes et jeunes filles » Le modèle {{Guillemets}} ne doit pas être utilisé dans l'espace encyclopédique qui sont passées par Saint-lazare[21].

En 1913 les anciennes cryptes du XVIIe siècle existaient toujours[22],[23], elles feront l'objet d'une demande de classement[24], en 1971 le parking souterrain « Magenta Alban Satragne » Le modèle {{Guillemets}} ne doit pas être utilisé dans l'espace encyclopédique occupera l'espace[25].

La prison Saint-Lazare a émis de la monnaie de nécessité qui n'est hélas pas datée[26]. En France c'est la période de 1914 à 1926 qui constitue l'âge d'or de la monnaie de nécessité. La monnaie de nécessité de Saint-Lazare comportait des pièces de 5 centimes, 25 centimes, 50 centimes, 1 franc, 2 francs et même 5 francs.

La prison Saint-Lazare est le cadre de la chanson d'Aristide Bruant À Saint-Lazare.

La prison Saint-Lazare est fermée en 1927[11],[27].

Prisonnières célèbres

De la prison à l'hôpital

Site de l'ancien hôpital Saint-Lazare, le « carré historique » Le modèle {{Guillemets}} ne doit pas être utilisé dans l'espace encyclopédique, 2010

L'ancienne prison devient vers 1930 la « maison de santé Saint-Lazare » Le modèle {{Guillemets}} ne doit pas être utilisé dans l'espace encyclopédique et continuera de fonctionner comme lieu de traitement pour femmes jusqu'en 1955 alors que l'ancienne prison est démolie vers 1935.

En 1955 la préfecture de Police cède une partie de ses lits à l'Assistance publique et l'hôpital Saint-Lazare devient un service de désencombrement de l'hôpital Lariboisière[28].

Le 1er janvier 1961 la préfecture cesse d'administrer l'hôpital qui dépendra alors de l'Assistance publique, cela sera l'hôpital Saint-Lazare, qui dépendra du groupe hospitalier Lariboisière - Fernand-Widal - Saint-Lazare[28].

En 1975, année internationale de la Femme, c'est fermeture à Saint-Lazare du service où les femmes prostituées étaient encore conduites après les rafles par la police[29].

L'hôpital Saint-Lazare fermera définitivement fin 1998, il ne comportait alors plus que 55 lits[28].

Le site de l'ancien hôpital Saint-Lazare

Site de l'ancien hôpital Saint-Lazare, le « carré historique » Le modèle {{Guillemets}} ne doit pas être utilisé dans l'espace encyclopédique, 2002

Il ne reste actuellement de la prison et de l'hôpital Saint-Lazare que l'infirmerie et la chapelle construites toutes deux par Louis-Pierre Baltard en 1834 et dont les bâtiments ont été restaurés en 1931 par Gaston Lefol[30].

Classé monument historique Les restes de la prison et de l'hôpital Saint-Lazare encore existants ont été inscrits au titre des monuments historiques en novembre 2005[31].

L’ancien hôpital Saint-Lazare formait un îlot délimité par la rue du Faubourg-Saint-Denis, la rue de Paradis, la rue de Chabrol et la rue d’Hauteville.

Suite au départ de l'assistance publique un vaste projet de réaménagement de cet îlot, délimité par la rue du Faubourg-Saint-Denis, la rue de Paradis, la rue de Chabrol et la rue d’Hauteville, a été initié à partir de 1999 par la Ville de Paris : réalisation d'équipements culturels, sportifs et scolaires, mise en valeur des bâtiments historiques et création d'un un parc paysager[32],[33],[34],[35].

Annexes

Bibliographie

Jacques Hillairet, Gibets, Piloris et Cachots du vieux Paris, Paris, éditions de Minuit, (ISBN 2707312754)

Notes

  1. Œuvres de Chapelle et de Bachaumont, texte établi et annoté par Tenant de Latour, 1854
  2. Histoire de Saint-Lazare (1122-1912) (1e éd.) / Eugène Pottet 1912 (p. 22)
  3. {pdf}Histoire de Paris par J. A. Dulaure - 1853 (p. 331)
  4. Notice no 000PE011795, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Joconde, ministère français de la Culture
  5. [PDF]L'Abeille de la Nouvelle-Orléans - 1913 - Prison Saint-Lazare
  6. Les prisons de l'Europe: Bicêtre, la Conciergerie, la Force, la Salpêtrière, le For-l'évêque, Saint-Lazare, le Châtelet, la Tournelle, l'Abbaye, Sainte-Pélagie, Pierre en Cize, Poissy, Ham, Fenestrelles, le château d'If, Château Trompette, le Mont Saint-Michel, Clairvaux, les îles ..., Volume 8 (p. 171)
  7. Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments par Félix Lazare,... et Louis Lazare,... 1844-1849 (p. 370)
  8. Vie et histoire du Xe arrondissement - éditions Hervas - ((p. 54)
  9. Les Prisons de Femmes - Albert Letellier Et Robert Debled (aperçu en ligne) (p. 56,64,67)
  10. La medecine anecdotique, historique, litteraire : recueil a l'usage des medecins, chirurgiens et apothicaires erudits, curieux et chercheurs (1902) (p. 280 à 292)
  11. a b et c [PDF] La chapelle de l’ancien hôpital Saint-Lazare (Paris) Agnès Chauvin, Documentaliste-recenseur, Direction régionale des affaires culturelles d'Île-de-France (p. 2)
  12. [PDF] La chapelle de l’ancien hôpital Saint-Lazare (Paris) Agnès Chauvin, Documentaliste-recenseur, Direction régionale des affaires culturelles d'Île-de-France (p. 3)
  13. Revue de Paris - Louis Désiré Véron - 1839 (p. 179)
  14. Philippe Poisson, « Les religieuses des prisons », CRIMINOCORPUS, (consulté le )
  15. Mémoires de Monsieur Claude, chef de la police de sûreté sous le Second ... (1881) (p. n51)
  16. Comte d’Argout, « Circulaire sur le placement en apprentissage des enfants jugés en vertu de l’article 66 du Code pénal », CRIMINOCORPUS, (consulté le )
  17. De la prostitution dans la ville de Paris: considérée sous le rapport de l'hygiène publique, de ... (1857)(p. n42)
  18. De la prostitution dans la ville de Paris: considérée sous le rapport de l'hygiène publique, de ... (1857)(p. n132)
  19. Éléments de droit pénal: pénalité, juridictions, procédure - Joseph Louis Elzéar Ortolan - 1859 Effectifs des prisons (p. 706)
  20. De la prostitution dans la ville de Paris: considérée sous le rapport de l'hygiène publique, de ... (1857)(p. n44)
  21. Journal d'hygiene (1888) (p. n36)
  22. Saint-Lazare, la crypte : photographie de presse / Agence Rol 1913
  23. La Ville lumière : anecdotes et documents historiques, ethnographiques, littéraires, artistiques, commerciaux et encyclopédiques (1909) (p. 556)
  24. « Correspondance : découverte d'une crypte ; demande de classement ; documentation 1884-1933 », Ministère de la culture, Médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine, 2001. (consulté le )
  25. Mathieu Flonneau, « Notre-Dame de Paris défiée par l’automobile », Histoire urbaine, no 7,‎ , p. 163-188 (lire en ligne)
  26. « Prison St Lazare », Monnaies de Nécessité et Jetons (consulté le )
  27. Itinéraire d'un pénitentiaire sous les Trente Glorieuses Par Lucien Lemoisson (p. 52)
  28. a b et c Le service des archives de l’AP-HP, « Saint-Lazare », AP-HP (consulté le )
  29. « La prostitution en question - Dates clés en France », Site du Mouvement du Nid (consulté le )
  30. [PDF] La chapelle de l’ancien hôpital Saint-Lazare (Paris) Agnès Chauvin, Documentaliste-recenseur, Direction régionale des affaires culturelles d'Île-de-France (p. 7)
  31. Notice no PA75100008, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  32. Conseil Municipal de Paris - Délibérations 26 et 27 mai 2003 : Ref 2003 DPA 209-1 (Restructuration du site de l'ancien hôpital Saint Lazare - Bilan de la concertation)
  33. Conseil Municipal de Paris - Délibérations 26 et 27 mai 2003 : Ref 2003 DPA 209-2 (Restructuration du site de l'ancien hôpital Saint Lazare - Avis favorable au projet d'aménagement envisagé et au programme des équipements publics)
  34. Conseil Municipal de Paris - Délibérations 26 et 27 mai 2003 : Ref 2003 DPA 209-3 (Restructuration du site de l'ancien hôpital Saint Lazare - Autorisation à M. le Maire de Paris de signer une convention de mandat de maîtrise d'ouvrage avec la Société d'Economie Mixte d'Aménagement de la Ville de Paris (SEMAVIP) chargeant cette société de concevoir et de réaliser, au nom et pour le compte de la Ville de Paris, la première phase du programme et du projet d'aménagement envisagés ainsi que la poursuite des études relatives à la seconde phase)
  35. Conseil Municipal de Paris - Délibérations 26 et 27 mai 2003 : Ref 2003 DPA 209-4 (Restructuration du site de l'ancien hôpital Saint Lazare - Autorisation à la SEMAVIP, maître d'ouvrage délégué, de déposer les demandes de permis de construire pour l'ensemble de la première phase, à l'exception de l'école, et des demandes de permis de démolir concernant les parties à réhabiliter du "carré historique")