Pierre-Édouard Stérin

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Pierre-Édouard Stérin
Pierre-Édouard Stérin en 2018.
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Pierre-Édouard Stérin, né le à Évreux (Eure), est un entrepreneur et milliardaire français.

Il est cofondateur et devenu principal actionnaire du groupe Smartbox, entreprise spécialisée dans la vente de coffrets cadeaux. À la suite de son premier investissement dans LaFourchette — devenu TheFork —, il crée son family office : Otium capital.

Biographie[modifier | modifier le code]

Enfance et formation[modifier | modifier le code]

Pierre-Édouard Stérin est élève au lycée Aristide-Briand d'Évreux (d) (Eure) en section économique[1]. Après des études à la Sorbonne, il rentre à l'EM Lyon[2] et en sort diplômé en [3].

Carrière[modifier | modifier le code]

En 1998, il débute dans la salle des marchés de la Société générale, où il vend des produits dérivés, un poste qu'il quitte au bout de six mois[4],[5]. Il travaille ensuite un temps comme analyste chez Exane, une société d'investissements financiers[4],[6], puis démissionne[7].

Entrepreneur[modifier | modifier le code]

En 1999, il cofonde avec deux amis Black Orange, une société de distribution de logiciels à domicile[4],[8], qui devient leader en France[2]. Mais, en raison d'une mésentente[6], les associés cèdent l'affaire deux ans plus tard pour « trois fois rien », au moment où la bulle internet éclate[2],[4],[9]. Entre 2001 et 2002, Pierre-Édouard Stérin est à l’initiative d’une vingtaine de projets entrepreneuriaux qui se soldent par des échecs[10],[2],[11].

Smartbox[modifier | modifier le code]

En 2003, Pierre-Edouard Stérin s'associe avec Philippe Deneef[6] pour lancer en France le concept de coffret cadeau créé par la société belge Weekendesk, dont ils deviennent la franchise française[12],[10]. A partir de 2006, sa société s'implante à l'étranger, en Europe, aux États-Unis et au Canada[12]. En 2007, il rachète les parts de ses associés[6]. Il rachète également la maison mère belge avec l'aide de la société Naxicap[6],[10]. Il rebaptise sa société Smart&Co et crée la marque Smartbox[13].

En 2013, il quitte la direction de Smart&Co mais en reste actionnaire[2].

L'année suivante, le fonds d'investissement Naxicap lui cède sa participation ainsi qu'aux dirigeants de Smart&Co[14].

Il délocalise en Irlande le siège de l'entreprise[15].

Investisseur[modifier | modifier le code]

LaFourchette[modifier | modifier le code]

En 2008, il investit une partie des dividendes issus de la Smartbox dans la start-up LaFourchette, service en ligne de réservation de restaurants pour les particuliers[10],[16]. Alors en difficulté, les dirigeants sont accompagnés par Pierre-Edouard Stérin et ses équipes d’investissement dans la transformation de la société. En quatre ans, le nombre de réservations quotidiennes serait passé de 20 à plus de 20 000, à travers un réseau de plus de 12 000 restaurants partenaires en Europe. En 2014, Tripadvisor rachète LaFourchette pour un montant estimé à 110 millions d'euros. Le bénéfice de cette vente rapporte à Stérin 58 millions d'euros, qu'il va immédiatement réinvestir[2],[17].

Otium Capital[modifier | modifier le code]

En 2009, il lance la société d'investissement Smart Co Ventures, entièrement alimentée par ses propres fonds, les bénéfices réalisés dans le groupe Smartbox[18],[2]. Smart & Co Ventures œuvre dans le domaine des start-up du secteur de la distribution de loisirs, investissant 25 millions d'euros dans sept sociétés, dont cinq spécialisées dans la réservation en ligne. Puis, fin 2011, Smart & Co Ventures change de nom et devient Otium Capital (otium signifiant « paresse » en latin), une opération visant à affirmer l'indépendance opérationnelle du fonds d'investissement vis-à-vis de la société Smart&Co[18]. Otium Capital est qualifié par Les Echos de « family office » de Pierre-Edouard Stérin[19]. En 2018, Pierre-Edouard Stérin possède, via Otium Capital, des participations dans une trentaine de sociétés, pour un montant total de 200 millions d'euros investis. La revente en 2014 de LaFourchette a permis de récupérer huit fois la mise de départ. Il s'agit, en 2018, de la seule revente positive[10],[20].

Pierre-Edouard Stérin accompagne Dentelia, un fournisseur de soins dentaires fondé en 2017 par le Dr Alexandre Attia, et signe en 2021 un accord avec Colosseum Dental Group, qui prend alors une participation majoritaire dans Dentelia[21].

En 2020, avec les fondateurs de Birchbox France, il rachète Birchbox France, filiale française du groupe américain Birchbox qui commercialise des coffrets cosmétiques en ligne[22], et finance la startup Tekyn (production de vêtements à la demande en circuit court)[23],[24].

Fin 2022, Otium Capital lance le fonds Resonance, dédié à des investissements dans le secteur de la French Tech[25],[19]. Le choix des projets financés par Resonance est supervisé par Pierre-Edouard Stérin, et les bénéfices sont soit réinvestis soit reversés au Fonds_du_Bien_Commun[26].

Selon un journaliste de l'Express, c'est « un patron aussi intelligent que tranchant » qui « ne s'embarrasse pas de morale chrétienne » quand il s'agit de licenciement[27].

Neo[modifier | modifier le code]

Il finance le média en ligne Neo[28].

Fortune[modifier | modifier le code]

Selon Challenges, sa fortune en 2017 est estimée à 100 M€, passant à 800 M€ pour les années 2018 à 2020. En 2022, elle est de un milliard d'euros ce qui fait de lui le 113e Français le plus fortuné[4]. En 2024, elle est estimée à 1,2 milliard d’euros[29].

A partir de 2017, Pierre-Édouard Stérin est plusieurs fois 1er business angel de France devant Xavier Niel aux classements AngelSquare-Challenges : en 2017 avec 70 M€ investis dans 30 participations[30], en 2019 avec 42 M€ investis dans 24 projets[31], en 2020, 80 M€ investis dans 20 participations[32],[33] et en 2022, 155 M€ investis dans 30 startups[34].

Caritatif[modifier | modifier le code]

Nuit du Bien Commun[modifier | modifier le code]

En 2017, il cofonde la Nuit du Bien Commun, un fonds de dotation à visée sociale et humanitaire, et à but non lucratif. Le fonds a pour objectif de collecter des financements auprès d'entreprises et particuliers, et de les reverser à des associations reconnues d'intérêt général[4],[35],[36],[37]. La première édition de la Nuit du Bien Commun a lieu en novembre 2017. Quinze associations disposent de quatre minutes chacune pour présenter leur projet devant un public composé de 1 000 donateurs. Les donations de l'ensemble de la soirée s'élèvent à 560 000 euros[35],[38],[2]. Les éditions 2018 et 2019 permettent de récolter 800 000, puis 1 100 000 euros[38]. Le Figaro estime que les projets financés révèlent les valeurs auxquelles Pierre-Édouard Stérin est attaché : liberté, travail, identité et culture française[2]. Selon L'Express, certaines associations financées sont identitaires, ou anti-avortement[27].

Fonds du bien commun[modifier | modifier le code]

Pierre-Édouard Stérin, qui se revendique comme très peu attaché aux biens matériels[10],[39], signe en 2018 l'appel « Changer par le don », dont l'objectif est d'inciter les « Français aisés à donner au moins 10% de leurs revenus annuels ou de leur patrimoine à des fins philanthropiques »[note 1],[40]. La même année, il commence à préparer sa reconversion vers le domaine caritatif en rendant son patrimoine plus liquide, afin de pouvoir le céder en 2021, année de ses 50 ans[10]. Fin 2021, il crée le « Fonds du bien commun », auquel il donne une grande part de sa fortune : 800 millions d'euros[41],[39],[42].

Politique[modifier | modifier le code]

Il se revendique libertarien, défavorable à toute intervention de l’État dans l’économie[9]. L'Express le décrit comme conservateur sur les questions sociétales, proche de La Manif pour tous, et favorable à ce que son épouse reste à la maison si elle le souhaite[27].

Depuis 2015, il souhaite investir une partie de sa fortune sur une personnalité politique et mène dans ce but ce qu'il nomme un « tour du marché politique ». À sa demande, des rencontres sont organisées avec diverses personnalités, essentiellement de droite et d'extrême-droite : Marion Maréchal, François-Xavier Bellamy, Bruno Retailleau, Virginie Calmels, David Lisnard, Éric Zemmour, etc. Toujours selon un journaliste de L'Express, à l'issue de ces entretiens, il leur aurait attribue une note, mais a toujours été déçu[27].

Il organise par ailleurs régulièrement des « apéros du bien commun » réunissant grands patrons, acteurs du monde associatif catholique et responsables politiques de droite et d’extrême droite[27],[43].

En 2021, pendant la campagne présidentielle, il est évoqué par la presse comme étant un sympathisant d'Éric Zemmour[44],[45]. Paris Match le décrit comme « appréciant les envolées traditionalistes du journaliste », et Pierre-Édouard Stérin aurait « approuvé » l'engagement de Zemmour dans la course présidentielle[46]. Mais Pierre-Edouard Stérin dément tout soutien ou contribution à Éric Zemmour et à son parti politique[44],[45],[47]. Il affirme avoir rencontré Éric Zemmour « comme une vingtaine d’hommes et de femmes politiques du centre et de droite au cours de ces dernières années », mais aussi « des responsables de gauche patriotes » avec lesquels il partage nombre de valeurs[47],[45]. Il rencontre plusieurs fois Éric Zemmour, mais s'en éloigne lorsque la campagne commence, étant en particulier méfiant au sujet de la place accordée à sa compagne et conseillère, Sarah Knafo : « Un homme qui choisit mal sa femme choisira mal ses ministres. Et celui qui la trompe, trompera aussi les Français »[27].

En 2022, il approche Arnaud Montebourg et Bernard Cazeneuve sur le thème de la souveraineté industrielle[48].

Vie privée[modifier | modifier le code]

Il a cinq enfants, et sa femme a fait l'école à la maison pour les deux aînés[48]. Par ailleurs, la presse le qualifie de catholique traditionaliste[28],[48].

En 2012, Pierre-Édouard Stérin quitte la France avec sa famille pour résider en Belgique, afin d'échapper aux impôts sur les plus-values : il se justifie en affirmant que la gestion privée est plus efficace que la gestion publique, et qu'il est plus utile de donner que payer des impôts[2],[49].

Notes[modifier | modifier le code]

  1. « Changer par le don », lancé par Denis Duverne, président du conseil d’administration d’Axa, et Serge Weinberg, président du conseil d’administration de Sanofi, s'inspire de The Giving Pledge, une campagne menée par Bill Gates et Warren Buffet, au cours de laquelle 170 milliardaires américains ont donné à des causes 50 % de leur fortune[40].

Références[modifier | modifier le code]

  1. Pierre-Édouard Stérin, « Smartbox : un coffret plein de succès », Paris-Normandie,‎ (lire en ligne Accès payant, consulté le )
  2. a b c d e f g h i et j Catherine de Malet (d), « Pierre-Édouard Stérin ou la quête du Graal » Accès payant, sur Le Figaro, (consulté le ).
  3. « Pierre-Edouard Stérin », sur L'Echo Touristique, (consulté le ).
  4. a b c d e et f « La fortune de Pierre-Édouard Stérin - Les 500 plus grandes fortunes de France » Accès payant, sur challenges.fr (consulté le ).
  5. Bruna Basini, « Le futé des coffrets cadeaux », source : Le Journal du dimanche papier, sur lejdd.fr, Paris, Société Lagardère media news, (consulté le ).
  6. a b c d et e Corinne Moriou, « Weekendesk booste le coffret cadeaux », sur LEntreprise.com, (consulté le ).
  7. « Smartbox, mode d'emploi », sur Les Echos, (consulté le ).
  8. Guillaume Fraissard, « Black Orange, le logiciel en express », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  9. a et b Pierre-Édouard Stérin, Interview par la rédaction d' Entreprendre, Pierre-Édouard Stérin : « Je n'ai pas de yacht ou de jet et je n'ai pas envie d'en avoir », Entreprendre,  (consulté le ).
  10. a b c d e f et g William Sadrin, « Pierre-Édouard Stérin : Un investisseur sans peur et sans reproche », sur capitalfinance.lesechos.fr, Paris, Les Échos, (consulté le ).
  11. Mikael Hed, Agnès Touraine, Gilles Babinet, Nicolas Mahut, Pierre-Édouard Stérin et Bruno Bonnell, Témoignages par Capital, Tirer parti de ses erreurs : les leçons de ceux qui ont trouvé la force de rebondir (5e témoignage), Capital,  (consulté le ).
  12. a et b Isabelle Ficek, « Weekendesk vend ses idées cadeaux », sur Les Echos, (consulté le ).
  13. Yves Vilagines, « Smartbox-Wonderbox: le choc des coffrets cadeaux », sur L'Express, (consulté le ).
  14. « Smartbox absorbe les coffrets Dakotabox », sur Capital Finance - Les Echos, (consulté le ).
  15. Thomas Lemahieu, « Pierre-Édouard Stérin, saint patron de l’extrême droite française », sur humanite.fr, .
  16. « La Fourchette.com ouvre son capital à Smart & Co » Accès payant, sur cfnews.net, (consulté le ).
  17. Le JDD, « Un coup de Fourchette à 150 millions de dollars », sur lejdd.fr (consulté le ).
  18. a et b « Smart&co Ventures avance sous le nom d'Otium Capital », sur Capital Finance, (consulté le ).
  19. a et b « Otium Capital débloque 150 M€ pour le first time Resonance », sur Capital Finance, (consulté le ).
  20. « Start-up : les conseils du Top-30 des investisseurs français », sur Challenges (consulté le ).
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  22. Alice Vitard, « Birchbox France est rachetée par ses fondateurs et un fonds d'investissement », L'Usine digitale,‎ (lire en ligne, consulté le )
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  24. FashionNetwork com FR, « Tekyn lève 5,5 millions d'euros auprès d'Otium et BPIFrance », sur FashionNetwork.com (consulté le ).
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  26. Léna Corot, « Otium Capital lance Resonance, un nouveau fonds doté de 150 millions d'euros », Usine Digitale,‎ (lire en ligne, consulté le )
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Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Liens externes[modifier | modifier le code]