Patrimoine mondial

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 13 janvier 2015 à 13:35 et modifiée en dernier par Aesculus (discuter | contributions). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.
Emblème du patrimoine mondial.
Drapeau du patrimoine mondial.

Le patrimoine mondial, ou patrimoine de l'humanité, désigne un ensemble de biens qui présentent une valeur universelle exceptionnelle justifiant leur inscription sur une liste établie par le comité du patrimoine mondial de l'organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO).

Le but du programme est de cataloguer, nommer, et conserver les biens dits culturels ou naturels d’importance pour l’héritage commun de l’humanité. Sous certaines conditions, les biens répertoriés peuvent obtenir des fonds de l’organisation World Heritage Fund. Le programme fut fondé avec la Convention concernant la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel, qui fut adoptée à la conférence générale de l’UNESCO le . Au 31 octobre 2011, l’UNESCO compte 195 États membres, ainsi que 8 membres associés.

À l’issue de la 38e session du Comité du patrimoine mondial, qui s’est tenue à Doha (Qatar) du 15 au , 1007 biens y étaient inscrits répartis dans 161 États. L'Italie est le pays qui en possède le plus grand nombre (50).

Tableau synoptique du patrimoine mondial

L’UNESCO s’efforce de respecter un équilibre entre continents dans la localisation du patrimoine mondial. À l’origine, l’Europe était surreprésentée. C'est encore le cas, mais l’apparition des sites naturels exceptionnels contribue à une harmonisation géographique. Il existe à l’heure actuelle 1007 biens répertoriés, répartis dans 161 États parties : 779 sont culturels, 197 naturels, et 31 mixtes (culturels et naturels). Ces biens sont aussi répertoriés suivant cinq zones géographiques : Afrique subsaharienne, États arabes (composés de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient), Asie et Pacifique (incluant Australie et Océanie), Europe et Amérique du Nord (États-Unis et Canada), et Amérique latine (incluant le Mexique et les Caraïbes).

Les 5 zones géographiques définies par l'UNESCO :
  • Afrique
  • États arabes
  • Asie et Pacifique
  • Europe et Amérique du Nord
  • Amérique latine et Caraïbes
  • Culturel Naturel Mixte Total %
    Afrique 48 36 4 88 9 %
    États arabes 68 4 2 74 7,5 %
    Asie et Pacifique 154 57 10 221[1] 22,5 %
    Europe et Amérique du Nord 399 60 10 469[1] 47,8 %
    Amérique latine et Caraïbes 90 36 3 129 13,1 %
    Total 759[2] 193[2] 29[2] 981[2] 100 %
    % 77,4 % 19,7 % 3 % 100 %

    Liste du patrimoine mondial par aire géographique

    Liste des États parties (à la Convention de 1972) possédant les plus grands nombres de sites en 2014[3] :

    États parties Nombre de sites
    1 Italie 50
    2 Chine 47
    3 Espagne 44
    4 France 39
    4 Allemagne 39
    6 Mexique 32
    6 Inde 32
    8 Royaume-Uni 28
    9 Russie 26
    10 États-Unis 22
    Panorama de la Grande Mosquée de Kairouan, IXe siècle, architecture islamique, classée avec l'ensemble historique de la ville de Kairouan (Tunisie).
    Panorama du Temple de Brihadesvara, XIe siècle, architecture Tamil, Thanjavur.

    Origines

    • Conceptions antiques : les sept merveilles du monde
    • 1954 : Convention de La Haye (1954) pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé
    • 1964 : l'UNESCO entreprend les travaux de sauvetage des temples d'Abou Simbel contre la montée des eaux du lac Nasser, à la suite de la construction du Haut barrage d'Assouan en Égypte. Ce sauvetage fait reconnaître à plusieurs pays l'importance de préserver le patrimoine mondial.
    • 1965 : demande par les États-Unis de la création d'une Fondation mondiale pour préserver les sites culturels et naturels.
    • 1970 : Convention concernant les mesures à prendre pour interdire et empêcher l'importation, l'exportation et le transfert de propriété illicites des biens culturels[4]. Ratifiée par 120 États parties en 2010, cette convention n'est pas rétroactive : pour les objets déplacés avant 1970, la restitution se fait au cas par cas (négociation bilatérale entre États, médiation du comité intergouvernemental de l'UNESCO[5], après 1970, la restitution est systématique)
    • 1972 : Convention pour la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel
    • 1976 : création du Comité du patrimoine mondial
    • 1978 : premiers sites inscrits sur la liste du patrimoine mondial

    Missions

    « Le patrimoine est l’héritage du passé, dont nous profitons aujourd’hui et que nous transmettons aux générations à venir. »

    — Extrait de la convention de 1972.

    L'objectif principal de la liste du patrimoine mondial est de faire connaître et de protéger les sites que l’organisation considère comme exceptionnels. Pour ce faire, et dans un souci d’objectivité, ont été mis en place des critères. À l'origine, seuls existaient les sites culturels (1978), dont l'inscription sur la liste était régie par six critères. Puis, à la suite notamment d'un souci de rééquilibrer la localisation du patrimoine mondial entre les continents, sont apparus les sites naturels et quatre nouveaux critères. Enfin, en 2005, tous les critères ont été fondus en 10 critères uniques applicables à tous les sites[6]. Ce sont les suivants :

    1. ou (I) : Représenter un chef-d’œuvre du génie créateur humain.
    2. ou (II) : Témoigner d'un échange d'influences considérable pendant une période donnée ou dans une aire culturelle déterminée, sur le développement de l'architecture ou de la technologie, des arts monumentaux, de la planification des villes ou de la création de paysages.
    3. ou (III) : Apporter un témoignage unique ou du moins exceptionnel sur une tradition culturelle ou une civilisation vivante ou disparue.
    4. ou (IV) : Offrir un exemple éminent d'un type de construction ou d'ensemble architectural ou technologique ou de paysage illustrant une ou des périodes significative(s) de l'histoire humaine.
    5. ou (V) : Être un exemple éminent d'établissement humain traditionnel, de l'utilisation traditionnelle du territoire ou de la mer.
    6. ou (VI) : Être directement ou matériellement associé à des événements ou des traditions vivantes, des idées, des croyances ou des œuvres artistiques et littéraires ayant une signification universelle exceptionnelle.
    7. ou (VII) : Représenter des phénomènes naturels ou des aires d'une beauté naturelle et d'une importance esthétique exceptionnelles.
    8. ou (VIII) : Être des exemples éminemment représentatifs des grands stades de l'histoire de la Terre.
    9. ou (IX) : Être des exemples éminemment représentatifs de processus écologiques et biologiques en cours dans l'évolution et le développement des écosystèmes.
    10. ou (X) : Contenir les habitats naturels les plus représentatifs et les plus importants pour la conservation in situ de la diversité biologique[6].

    Statut juridique

    La conservation, la gestion et la transmission aux générations futures des biens inscrits sur la liste du patrimoine mondial incombent en premier chef à l’État partie signataire de la convention mais l’inscription sur la liste postule que ces biens appartiennent aussi à l’« Humanité » et sont ainsi placés sous une sorte de sauvegarde internationale. Il y a donc un système de coopération et d’assistance pour aider l’État partie du point de vue financier et matériel. La communauté n’entre pas directement dans la gestion des biens concernés, mais il y a un suivi qui est réalisé par des organismes internationaux indépendants de l’État partie (exemple : centre mondial de surveillance continue de la conservation de la nature). Cette protection est toute relative par rapport à la puissance de l’État partie sur son territoire.

    Patrimoine en danger

    Le Comité du patrimoine mondial étudie les rapports sur l’état de conservation des biens naturels et culturels inscrits sur la liste du patrimoine mondial en péril. Il établit, met à jour et diffuse, chaque fois que les circonstances l'exigent, sous le nom de « liste du patrimoine mondial en péril », une liste des biens figurant sur la liste du patrimoine mondial pour la sauvegarde desquels de grands travaux sont nécessaires et pour lesquels une assistance a été demandée aux termes de la convention. Cette liste contient une estimation du coût des opérations. Ne peuvent figurer sur cette liste que des biens du patrimoine culturel et naturel qui sont menacés de dangers graves et précis, tels que menace de disparition due à une dégradation accélérée, projets de grands travaux publics ou privés, rapide développement urbain et touristique, destruction due à des changements d'utilisation ou de propriété de la terre, altérations profondes dues à une cause inconnue, abandon pour des raisons quelconques, conflit armé venant ou menaçant d'éclater, calamités et cataclysmes, grands incendies, séismes, glissements de terrain, éruptions volcaniques, modification du niveau des eaux, inondations, raz-de-marée[7].

    Liste indicative

    L'inscription sur la liste indicative (en anglais : Tentative list) constitue la première étape de l'inscription sur la liste du patrimoine mondial. Elle regroupe les éléments pour lesquels l'État partie a l'intention de déposer un dossier de candidature à l'UNESCO, avant que ne soit validé son passage en session du Comité du patrimoine mondial[8].

    La liste indicative du patrimoine mondial est donc une antichambre de la liste du patrimoine mondial listant les éléments recensés et mis en valeur par chaque État partie[8].

    Autres programmes de l'UNESCO liés au patrimoine

    En dehors du patrimoine mondial, il existe d'autres programmes de l'UNESCO liés au patrimoine[9].

    Depuis 1992, le registre international « Mémoire du monde » recense notamment les collections documentaires d’intérêt universel. Au , il comprenait 193 éléments du patrimoine documentaire.

    En 1997, le concept de patrimoine oral et immatériel de l'humanité a été défini. Une proclamation des chefs-d’œuvre culturels immatériels, dont la première a eu lieu en 2001, établit une liste qui vient compléter celle du patrimoine matériel mais dont la « Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel » de 2003 et le « Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel » sont différents de ceux du « patrimoine mondial »[10].

    Projets de volontariat

    The World Heritage Volunteer (WHV), créé par l’UNESCO, cherche à surmonter les frontières et les territoires pour rassembler de jeunes bénévoles du monde autour d'un projet de protection du patrimoine mondial. Le World Heritage Volunteer sensibilise les jeunes au patrimoine mondial via des projets de volontariat afin qu’ils soient en mesure d'en prendre soin et qu’ils puissent transmettre cet héritage. C’est pourquoi le Comité de Coordination du Service Volontaire International (CCSVI) et le Centre du patrimoine mondial ont lancé conjointement ce projet en 2008. En 2012, WHV propose des projets de volontariat dans plus de 25 pays sur tous les continents. Le projet comprend 33 associations de jeunesse et quelques 700 bénévoles venant de part et d’autre du globe afin de partager leur culture, préserver les sites naturels, restaurer les découvertes archéologiques et sensibiliser les communautés locales. Les partenaires agissent sur divers sites du patrimoine mondial : de l’antique Chan Chan zone archéologique au Pérou aux sites naturels tels que l’énorme chute Victoria en Zambie, les projets proposés sont aussi nombreux que diversifiés. Le WHV espère, de cette façon, favoriser la paix et les échanges entre les cultures et sensibiliser les jeunes sur l’importance de préserver le patrimoine mondial. Derrière ces projets, différentes associations, notamment Vive Mexico, Nataté[11], SJ Vietnam[12] ou encore le Service Volontaire International[13] qui entretiennent les partenariats nécessaires en vue de permettre aux jeunes dans leurs pays de se préparer pour participer ensuite à ces multiples chantiers à l'étranger.

    Notes et références

    1. a et b Le bassin d’Ubs Nuur (Mongolie, Fédération de Russie) est un site transrégional, situé à la fois en Europe et en Asie et Pacifique selon la classification de l’UNESCO. Il est comptabilisé ici en Asie et Pacifique.
    2. a b c et d (fr) Liste du patrimoine mondial (Unesco.org)
    3. Liste du patrimoine mondial, statistiques (Unesco.org)", 15 août 2014
    4. texte de la Convention de l'Unesco de 1970
    5. exemple : frise du Parthénon
    6. a et b (fr) Les critères de sélection (Unesco)
    7. Article 11.4 de la Convention du patrimoine mondial.
    8. a et b (fr) Listes indicatives (Unesco)
    9. Thèmes de l'UNESCO - Section Culture
    10. Patrimoine culturel immatériel
    11. Nataté
    12. SJ Vietnam
    13. Service Volontaire International

    Voir aussi

    Sur les autres projets Wikimedia :

    Articles connexes

    Liens externes