Patrick Tissier (criminel)

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Patrick Tissier
Tueur et violeur en série
Information
Nom de naissance Patrick Tissier
Naissance (71 ans)
Bourges, France
Nationalité Française
Surnom « L'Ogre de Perpignan »
Condamnation

Sentence 20 ans de prison
10 ans de prison
Réclusion criminelle à perpétuité
Actions criminelles Meurtres, viols
Victimes 5
Période -
Pays Drapeau de la France France
Régions Centre, Midi-Pyrénées, Languedoc-Roussillon
Ville Bourges, Toulouse, Perpignan
Arrestation

Patrick Tissier, surnommé « L'Ogre de Perpignan », né le à Bourges dans le département du Cher, est un tueur en série et un violeur en série français.

Condamné une première fois en avril 1972 à 20 ans de prison — sa qualité de mineur lui évite la peine de mort en France et l'emprisonnement à perpétuité — puis une seconde fois en 1985 à cette fois-ci 10 ans de réclusion criminelle, il est libéré à la suite de ces deux peines. Tissier sera finalement condamné à une troisième reprise, en janvier 1998, à la réclusion criminelle à perpétuité.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse[modifier | modifier le code]

Patrick Tissier est né le à Bourges (Cher). Il grandit dans un contexte familial difficile, au milieu de cinq frères et sœurs, dont il est le benjamin, et avec des parents violents. Cette enfance, qu'il décrit comme étant « dégueulasse », lui laissera des séquelles.

En , alors que Patrick est âgé de 11 ans, sa mère quitte le domicile familial. Il fait un apprentissage d'électricien.

Son père se met en couple avec Marie Luna.

Premiers crimes[modifier | modifier le code]

En , à 12 ans et demi, Patrick Tissier tente de violer sa sœur. Elle le raisonne et il renonce.

En mars et , il tente de violer sa belle-mère dans la salle de bain. Il la frappe à la tête et l'étrangle, mais il échoue. Sa belle-mère porte plainte. La DDASS enquête. Il est alors suivi par un juge des enfants et plusieurs psychiatres et ne commet plus de violences[1].

Tissier est embauché comme pompiste dans une station-service. Dans un bar, il rencontre Marie-Françoise Pinson, 16 ans, apprentie coiffeuse[1].

Le , Tissier doit bientôt partir pour le service militaire. Ils vont danser à un bal. Puis ils se promènent le long de la rivière près de Bourges. Tissier tente d'avoir un rapport sexuel avec Marie-Françoise. Elle refuse. Il la tue par strangulation, la déshabille, la viole et jette son corps dans la rivière. Le corps est découvert par des promeneurs dès le lendemain. Rapidement, les soupçons se portent sur le petit-ami de la victime : Patrick Tissier.

Patrick Tissier est arrêté, le , après s'être réfugié dans une chambre d'hôtel du centre-ville[1]. Il est placé en détention préventive.

Le , le procès de Patrick Tissier a lieu à la cour d'assises du Cher. Tissier est condamné à 20 ans de réclusion criminelle. Le fait qu'il soit mineur (la majorité étant fixée à 21 ans à l'époque) lui permet d'échapper à la peine de mort et la perpétuité.

Détention, permissions de sortie et récidive[modifier | modifier le code]

Durant sa détention, à la maison d'arrêt de Bourges, Patrick Tissier est un détenu exemplaire[2].

En , après 11 ans de détention, Patrick Tissier bénéficie de cinq permissions de sortir durant lesquelles tout se passe bien.

Le , Tissier entame sa sixième permission de sortie.

Le , à Toulouse, une secrétaire mange dans sa voiture. Il la menace avec un pistolet à grenaille et l'oblige à conduire hors de la ville et la viole. Il part en cavale.

Le , il tente de violer une deuxième jeune femme, mais elle s'échappe et Tissier lui vole son sac. À la suite de cela, Patrick Tissier commet de nombreux vols afin d'assurer sa cavale.

En , Patrick Tissier est finalement repéré par des passants, lors d'un vol avec violence, à Nice. Il est arrêté pour les faits de viol, évasion, tentative de viol et vols avec violence qui lui sont reprochés puis placé en détention provisoire[1].

En 1985, Patrick Tissier est jugé pour son évasion, le viol de la secrétaire, la tentative de viol commise sur une autre jeune femme et les vols avec violence commis par la suite. Il est condamné à 10 ans de réclusion criminelle[3].

Libération et nouvelle récidive[modifier | modifier le code]

Patrick Tissier est libéré le , après 8 ans et demi de détention. Il a alors 39 ans. À la suite de sa libération, Tissier part à Perpignan afin d’entamer une nouvelle vie[4]. Il intègre la communauté mormone. Il rencontre par la suite la famille Volckaert, avec qui il partagera une grande amitié. Il est surnommé « tonton Patrick » par les enfants Volckaert. À cette période, la famille est loin de connaître le passé criminel de Tissier. Ils le considèrent plutôt comme étant quelqu'un de « gentil » et « serviable »[1].

Le , à Perpignan, Tissier tue sa voisine de palier Concetta Lemma, 45 ans. Il l'a probablement violée puis tuée par strangulation. Il la ligote et l'enveloppe dans un rideau de douche, avant de cacher son corps dans le tunnel souterrain des « Coves » à Canohès, à plusieurs centaines de mètres de profondeur. À la suite de la disparition de Concetta Lemma, une enquête est ouverte. Cependant, l'enquête est infructueuse, aucun indice n'étant retrouvé chez la disparue.

Le , à Perpignan, Tissier agresse une amie, Marie-Josée Gauze. Il tente de l'étrangler avec un foulard, elle lui résiste. Il frappe violemment sa tête contre le sol à plusieurs reprises, elle s'évanouit. Tissier la ligote et la déshabille. Lorsqu'elle se réveille, il l'a très certainement violée[5]. Tissier s'apprête à la tuer, mais Marie-Josée Gauze le raisonne, il se calme et s'en va.

Le , à 18 h, sur le parking de l'école primaire, Tissier attend Karine Volckaert, 8 ans, la fille de Jocelyne Milluy, une amie mormone. Karine accepte volontiers sa proposition de la ramener chez elle. Il se gare près d'un entrepôt à l'abri des regards et lui dit qu'il vont faire un jeu. Il la menotte, la bâillonne et lui met une cagoule. Il l'oblige à descendre du siège et se cacher. Il se rend à Fitou et gare la voiture près d'une maison abandonnée à l'extérieur du village. Il installe Karine à l'arrière de la voiture, la viole en maintenant de force ses poignets. Elle essaie de se débattre, Tissier la frappe plusieurs fois. Réalisant ce qu'il vient de faire, Tissier l'étrangle[5]. Il la viole de nouveau, la transporte, la jette dans le puits de la maison abandonnée et jette des détritus par-dessus pour la dissimuler[1].

Arrestation, aveux et conséquences sur la récidive[modifier | modifier le code]

Le , Patrick Tissier est arrêté par les gendarmes à Paulhan (dans l'Hérault), après une course-poursuite. Il se rend sans résistance. Dans sa voiture, il y a des armes. Il indique aux enquêteurs où trouver le corps de Karine Volckaert. Au cours des interrogatoires, il avoue l'agression de Marie-Josée Gauze ainsi que le viol et le meurtre de Karine. Tissier est placé en détention provisoire, inculpé du meurtre suivi de viol sur mineure de moins de 15 ans de Karine Volkaert et de la tentative de meurtre de Marie-Josée Gauze.

L'arrestation de Patrick Tissier ainsi que son placement en prison provoquent un débat médiatique sur la récidive et engendrent une polémique sur la création d'une peine de réclusion criminelle à perpétuité « réelle ».

Le , Pierre Méhaignerie, alors ministre de la Justice, propose une loi dite de « perpétuité incompressible » qui permet à la Cour d'exclure la libération anticipée d'un condamné pour viol et meurtre sur mineur, évitant pour le futur que d'autres criminels comme Patrick Tissier puissent éventuellement sortir de prison à la fin d'une période de sûreté, si le tribunal le décide[4].

Le , Dominique Milluy, oncle de Karine, prend en otage le directeur de cabinet du maire de Perpignan dans son bureau, sous la menace d'une arme de poing. Il exige que Patrick Tissier lui soit livré. Il se rend sans conditions aux policiers, un peu avant 21 h[6].

En , alors qu'il est en prison depuis deux ans, Patrick Tissier est interrogé dans sa cellule par les enquêteurs sur la disparition de Concetta Lemma. Il finit par avouer qu'il l’a tuée en l'étranglant, avant de la dépecer. Inculpé de ce meurtre, Tissier avoue, dans un premier temps, avoir jeté le cadavre de la disparue dans un étang de Fitou. Des recherches sont alors menées durant plusieurs mois, mais ne donnent rien. À la suite des recherches infructueuses des enquêteurs, Patrick Tissier avoue finalement avoir menti sur l'endroit où il a caché le corps de Concetta Lemma et donne une autre version, dans laquelle il affirme avoir caché le corps sous 2 000 m3 de gravats. Les aveux de Tissier s'avèrent également être une « pure invention »[7].

Patrick Tissier est de nouveau extrait de sa cellule de prison, le , afin d'être de nouveau interrogé sur le meurtre de Concetta Lemma. En garde à vue, Tissier donne de nouveaux indices détaillés aux enquêteurs, en avouant finalement que le corps de Concetta se trouve dans le tunnel souterrain des « Coves » à Canohès. Des fouilles sont faites sur les lieux et permettent de découvrir le corps de Concetta, trois ans après sa disparition, le [1].

Patrick Tissier passe alors plus de quatre ans en détention provisoire, inculpé du meurtre de Concetta Lemma en état de « récidive légale » puis de la tentative de meurtre de Marie-Josée Gauze ainsi que du meurtre de Karine Volkaert suivi de viol sur mineure de moins de 15 ans[1]. Tissier est dès lors surnommé « L'Ogre de Perpignan »[8].

Procès et condamnation[modifier | modifier le code]

Le , le procès de Patrick Tissier s'ouvre à la cour d'assises des Pyrénées-Orientales à Perpignan[9].

Étienne Nicolau est avocat de Jocelyne Milluy et de Marie-Josée Gauze. André Coll est l'avocat de la famille Lemma. La défense de Patrick Tissier est assurée par Enric Vilanova et Pierre Parrat.

Les experts psychiatres concluent que Patrick Tissier ne souffre pas de pathologie mentale et qu'il associe violence et sexualité : pour lui ces deux termes sont indissociables[4]. Il fait ainsi subir à ses victimes des tortures multiples afin de satisfaire ses besoins sexuels. Patrick Tissier est interrogé sur les meurtres commis à Perpignan et déclare entre autres avoir « eu envie » de Karine Volckaert et qu'il avait ressenti des pulsions le week-end précédant la mort de la fillette. Il raconte qu'entre l'agression de Marie-Josée Gauze et l'enlèvement de Karine Volckaert qui a duré un week-end entier, il redoutait que la police ne le retrouve et qu'il s'était caché dans Perpignan. À la fin du procès, Patrick Tissier s'excuse pour toutes les atrocités commises et déclare ne pas souhaiter que la ville de Perpignan connaisse « un autre Patrick Tissier ».

Le , Patrick Tissier est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une période de sûreté de 30 ans[10],[11]. Il pourrait être libéré a partir de [12].

Liste des victimes connues de Tissier[modifier | modifier le code]

Les faits Découverte Identité[N 1] Âge
Date Lieu Date Lieu
Bourges Bourges Marie-Françoise Pinson 18
Toulouse Toulouse une secrétaire 18
Perpignan 16 septembre 1996 Canohès Concetta Lemma 35
Perpignan Perpignan Marie-Josée Gauze 44
Perpignan Fitou Karine Volckaert 8

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Si la case du nom de la victime est sur fond saumon, cela signifie que Patrick Tissier a tué cette victime.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g et h « Patrick Tissier, le récidiviste » en mai 2008 et décembre 2009 dans Faites entrer l'accusé présenté par Christophe Hondelatte sur France 2
  2. Christophe Hondelatte, « Episode 87 : Patrick Tissier - Le récidiviste »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur fela.5v.pl (consulté le ).
  3. « L'assassin de Karine était le suspect numéro un »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur L'Humanité, (consulté le ).
  4. a b et c Georges Fenech, Criminels récidivistes : peut-on les laisser sortir ?, Éditions de l'Archipel, 2009, (ISBN 978-2-809-80295-5), chapitre « Patrick Tissier, le sournois »
  5. a et b Dominique Begles, « L’assassin de Karine était le suspect numéro un », L'Humanité,‎ (lire en ligne)
  6. « Un preneur d'otage se rend à Perpignan » Article publié le 26 février 1994 dans L'Humanité
  7. Guy BENHAMOU, « Le dernier procès du tueur multirécidiviste. L'assassin de Karine avait déjà été condamné pour viols et meurtre. », sur Libération (consulté le ).
  8. « Patrick Tissier, l'ogre de Perpignan - L'intégrale », sur Europe 1 (consulté le ).
  9. « La justice face au meurtrier de Karine » Article de Pierre Magre publié le 26 janvier 1998 dans L'Humanité
  10. « Patrick Tissier condamné à perpétuité » Article publié le 31 janvier 1998 dans Libération
  11. « Patrick Tissier est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité » Article publié le 2 février 1998 dans La Croix
  12. « L’ogre de Perpignan » le psychopathe dangereux est « libérable » dans quelques jours Article publié le 26 août 2023 dans le Journal Catalan.

Documentaires télévisés[modifier | modifier le code]

  • « L'affaire Patrick Tissier » en 2002 dans Autopsie d'un meurtre sur 13e rue.
  • « Patrick Tissier, le récidiviste » en et décembre 2009 dans Faites entrer l'accusé présenté par Christophe Hondelatte sur France 2. Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • « Karine, 8 ans » premier reportage du « Spécial : ils ont récidivé » dans Crimes diffusé le 6, 13 et sur NRJ 12.
  • « Dans les yeux d'Olivier : ils ont frôlé la mort », reportages et interview de plusieurs personnes dont Marie-Josée Gauze. Diffusé le sur France 2.
  • « Affaire Patrick Tissier : la petite fille et l'ami de la famille » le dans Au bout de l'enquête, la fin du crime parfait ? sur France 2.

Articles de presse[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]